Citations de Romain Sardou (327)
- On dit toujours que la meilleure défense, c'est l'attaque, reprit John Bateman. C'est exact dans la plupart des cas, sauf avec les cons. Avec les cons, il ne faut jamais rien faire... Seulement attendre, et encaisser... A force, ils s'agitent et font eux-mêmes les conneries qui les perdent. C'est plus fort qu'eux... Ils se croient toujours tout permis. Moins on en fait, moins ils comprennent. Plus on est patient, plus ça les rend fous. Avec les cons, la meilleure défense, c'est la défense...
- Moi, ce qui m'a le plus gêné à l'enterrement, ç'a été l'âge moyen autour de nous, dit l'Ardoise. Quand tout le monde est plus vieux que le prêtre, c'est jamais bon signe...
Depuis Charles Dickens, on sait qu'il ne fait pas toujours bon être un enfant en Grande-Bretagne. Proportionnellement, aucun pays d'Occident ne détenait plus d'enfants sous les verrous que le Royaume-Uni. L'âge de la majorité pénale y était de dix ans et un nouveau concept politique, notoirement électoral, la "Tolérance zéro", avait doublé, dans les années quatre-vingt-dix, le nombre de détenus de moins de dix-huit ans dans les prisons et les centre communautaires fermés du pays. Cockham Wood était l'un des plus mal notés. Parmi ses prisonniers se trouvaient des enfants de huit à seize ans, des enfants qui avaient tué d'autres enfants, des enfants qui avaient tué leurs parents, qui avaient torturé de plus petits qu'eux, des enfants drogués, abusés... L'administration de Cockham fut plusieurs fois rappelée à l'ordre, au titre de l'article 44 du Chidren and Young Persons Act de 1933 qui inscrivait dans la loi le bien-être et la sécurité de tout mineur qui purge une peine d'enfermement.
"...Harold insista pour que l'emballage du jouet soit de nouveau identique au cadeau illuminé offert par la petite Lucie. "Il faut qu'un présent soit une fête ! Déjà ! Avant même que l'enfant l'ait ouvert !"..."
Charles dévora toute la nuit les pages rédigées par Franklin. Elles envisageaient la création d'un Grand Conseil au sein duquel les treize colonies unies obtiendraient chacune entre deux et sept sièges de délégué, selon leur implication financière. Ce Conseil aurait un pouvoir économique et chapeauterait toutes les relations avec les Indiens.
Bateman était satisfait. Ce Plan allait rendre Londres ivre de rage.
Benjamin Franklin recherchait pour l'Amérique un statut politique proche de celui de l’Écosse ou de l'Irlande au sein du royaume de Grande-Bretagne. Il n'envisageait pas encore de couper l'Amérique de la Couronne royale.
- Vous passez à côté de l'Histoire, Benjamin Franklin ! l'accusa Charles.
Rien ne fut statué à Albany au sujet du Plan. On se contenta de recommander qu'une copie soit portée par chaque délégation dans sa colonie afin d'y être débattue.
Ainsi qu'à Londres. "Pour avis".
Au moment de se séparer, Franklin répondit à Charles :
- l'Histoire se tient du côté-ci de l'Atlantique, monsieur Bateman. Tous ceux qui y vivent l'éprouveront, tôt ou tard ...
En Géorgie, sur l'île de Tybee, deux familles et six colons qui travaillaient à l'érection du premier phare de la colonie furent les seuls à apercevoir le Batavia de Charles Bateman qui retournait vers New York, avec ses Irlandais rescapés de Montserrat.
L'architecte du phare voulut prévenir Savannah, mais sa femme le lui défendit.
- Avec le diable qui s'y passe ! Reste tranquille.
L'homme lui donna raison.
Rentrer aujourd'hui à Savannah, c'était risquer inconsidérément sa vie.
Le gouverneur ne parlait plus, il suppliait :
Jamais je n'ai commis la moindre action illégale de ma vie. Je vais être jeté en pâture... Condamné avant même d'être jugé ! On ne se relève pas d'un scandale public de nos jours dans une société qui, avec Internet, n'oublie plus rien et ne pardonne jamais personne...
Il faudra toujours me dire la vérité. Avec le pouvoir, on parle de moins en moins ouvertement au chef. On redoute de lui transmettre les mauvaises nouvelles. À vouloir le protéger, on le fragilise. Je vous demande de ne jamais agir ainsi avec moi.
Un homme cesse de vivre, on se tourmente pour trouver les causes et les raisons de sa mort ; mais au fond, à reprendre les choses jusque dans leur source, la vérité est qu'il meurt, parce que la vOlonté de Dieu n’était pas qu'il vive davantage....
Par deux fois, il passa devant un gibet où se balançait un pauvre hère qui séchait avec une mitre de papier sur le front. La règle voulait que personne ne touchat à un pendu tant que le noeud ou la nuque n'avaient pas cédé. Cette interdiction laissait pendouiller des cadavres pendant plusieurs jours, parfois des semaines. Leurs odeurs fétides se liaient alors aux parfums des étals de fruits, à la crasse des hommes et aux eaux usées qui coulaient comme des ruisseaux.
Il faudra toujours me dire la vérité. Avec le pouvoir, on parle de moins en moins ouvertement au chef. On redoute de lui transmettre les mauvaises nouvelles. À vouloir le protéger, on le fragilise. Je vous demande de ne jamais agir ainsi avec moi.
On n’employait jamais le mot de gangster au sujet des Bateman, car ils étaient là depuis toujours et que tout le monde leur devait quelque chose, mais leurs activités étaient strictement d’ordre mafieux. Se mettre sous la protection de la famille Bateman, c’était, comme on le disait en gaélique, « avoir un toit ».
que ni la fortune ni aucune puissance ne pouvait empêcher un homme de se faire justice lui-même, surtout au nom d’une femme. Conrad arborait l’air de ceux qui disparaissent sans motif, qui n’écoutent qu’à demi, qui se méfient de tout, qui épient quiconque pourrait se glisser derrière eux.
Il avait l’air d’un homme traqué...
Avant, je lisais avec terreur ces légendes antiques où l’on ordonnait à des époux de ne pas se survivre. Je trouvais cela horrible. Aujourd’hui, je comprends.
Ma mère voulait être écrivain. À aucun moment il n’a accepté qu’elle s’interrompe pour prendre un petit boulot et le soulager. Il croyait en son talent. Parfois, on aurait cru que c’était lui qui écrivait, tant il aimait et admirait ce qu’elle faisait ! Ils étaient pourtant très différents. Lui, il voulait que tout ce qu’il touche se transforme en or. Elle, elle voulait que tout ce qu’elle touche se transforme en art.
Celui qui aime, aime toujours pour la première fois, et il aime aussi pour tous ceux qui ont aimé avant lui. Il y a donc bien, en permanence, quelque chose de nouveau sous le soleil !… Je te remets un cœur absolument vierge. Tu n’y trouveras logé ni un père, ni une mère, ni un frère, ni une sœur, ni des ex… Hors toi, personne.
Les experts, c’est autre chose. Des enquêteurs, vraiment. Leur périmètre d’investigation est plus large. À chaque sinistre important, on envoie quelqu’un vérifier si nous ne sommes pas victimes d’une escroquerie. C’est au sein de cette Agence que vous allez commencer votre apprentissage des rouages de notre groupe. Pour défendre nos intérêts, il faut se montrer malin, persuasif, et savoir être menaçant.
L’assurance est l’activité la plus rentable du groupe. C’était la volonté de John quand il a repris les affaires familiales. Il avait compris, avant les autres, que le monde moderne serait un monde d’assurés. De nos jours, plus personne ne veut courir de risques sans être couvert. On a peur d’avoir peur, et personne n’a le courage d’avoir du courage… Imaginez, à l’époque, les passagers du Mayflower refusant d’embarquer sans assurance ?
L’Amérique va encore « rêver » pendant quelque temps que le monde et l’avenir lui appartiennent… Avant de disparaître, toutes les grandes civilisations ont une période troublante de somnambulisme…