AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Rose Tremain (132)


(...) les religieuses se mirent à leur poser des questions sur l'hospice des Enfants trouvés, la façon dont s'y déroulaient les journées. Et quand Bridget déclara : "Personne ne nous aime, là-bas", elles tendirent leurs mains rougies par la vapeur, lui effleurèrent la tête et dirent : "Vous ne devez pourtant pas en souffrir, car Dieu est amour et cela doit vous suffire."
(p. 111)
Commenter  J’apprécie          42
les gens au moins m'appelaient parfois "monsieur". Des barmen. Des serveurs. De vendeuses. J'aimais bien cela. Je m'installais au bar en souriant béatement. Mais je ne ressentis plus jamais l'impression de félicité imbécile qui m'avait envahie près de la Serpentine lorsque le préposé aux bateaux m'avait appelée "mon garçon". Il y a dans l'inattendu quelque chose qui nous touche profondément. Comme si tout, dans la vie, se payait d'une manière ou d'une autre, sauf ces moments uniques qui, eux, seraient gratuits.
p 279
Commenter  J’apprécie          40
Pour endormir Pearl, je lui racontai une histoire à propos de Joseph Mongolfier, Français, 1782, inventeur du ballon à air chaud. Dans mon histoire, Mongolfier parcourait le ciel en ballon, cherchant l'univers et ne le trouvant pas, parce que son engin se déplaçait aussi vite que le soleil. À la place, il découvrait l'Australie et décidait d'y rester, et, durant sa première nuit dans la jungle australienne, entouré de kangourou et de perroquets caquetant et bavardant dans un langage qu'il ne pouvait comprendre, il regardait le ciel et voyait soudain l'univers. Il pensait alors : « Oh, sacrebleu, c'est trop loin. On est mieux en Australie. »
Commenter  J’apprécie          40
Exprimer ce que l'on croit penser petit parfois le faire surgir, comme ébloui, dans le monde lumineux de la certitude. Toutefois, j'ai toujours reconnu que la connaissance est source de pouvoir, et que savoir quand la garder secrète est un art que tout écrivain sérieux doit cultiver.
Commenter  J’apprécie          40
Quand je pense à cette image extraordinaire, je comprends que si vous passez une partie de votre enfance dans un paradis tel que Linkenholt, un voile tombe entre vos yeux et les vérités qu’il vous fait apprendre sur le monde. C’est plus tard que ce voile se déchire.
Commenter  J’apprécie          40
Nous avons appris à taper à la machine. On nous avait dit que ce qui nous attendait une fois que nous serions « finies » (et avant notre mariage, bien évidemment un mariage avec un homme riche), c’était un travail de secrétariat. Nous travaillerions pour des hommes ayant été éduqués en fonction de l’avenir qu’ils étaient capables d’avoir, et nous répondrions à leurs besoins. Il n’était pas question que nous aspirions à avoir un avenir. (On était en 1960, et le féminisme n’avait pas encore fait irruption sur la scène mondiale.) Nous devions faciliter les rêves et les ambitions d’autres personnes, les mâles de l’espèce.
Commenter  J’apprécie          40
Et pour nos devoirs (et non pas « travail à la maison », car nous étions loin de celle-ci), elle a commencé très tôt à nous demander d’inventer des histoires. « L’imagination, disait-elle, permet à l’esprit humain de s’échapper du quotidien. Les gens dépourvus d’imagination mènent des vies ternes. »
Commenter  J’apprécie          40
Audrun se souvenait des vieilles magnaneries du mas, de leur odeur, de la fraîcheur soudaine de l'air quand on montait les marches vers les pièces bien ventilées, du bruit que faisaient trente mille vers mastiquant des feuilles, un crépitement qui évoquait la grêle sur le toit.
"C'était terrible comme travail, lui avait raconté Bernadette. Vraiment terrible. Il fallait ramasser des paquets et des paquets de feuilles de mûrier, tous les jours que le bon Dieu faisait. Et s'il avait plu, et que les feuilles étaient mouillées, on savait que beaucoup de vers allaient mourir, parce que l'humidité leur causait une sorte d'infection intestinale. Mais on n'y pouvait rien. Chaque matin, on n'avait plus qu'à enlever les vers morts et à continuer. Quelle puanteur ils laissaient là-haut, qui s'ajoutait à celle des déjections. C'était épouvantable. Certains jours, j'en aurais vomi. Je détestais ce travail, vraiment !"
Commenter  J’apprécie          40
“Rester toujours à la même place vous défigurait.”
Commenter  J’apprécie          40
C'est difficile de parler des fois. Des fois, on est comme un insecte qui, privé de voix, doit se contenter de remuer une partie de son anatomie, pendant que, tout autour, le mistral n'arrête pas de souffler, les feuilles de tomber, même au beau milieu de l'été.
Commenter  J’apprécie          40
Certains moments, dans la vie, sont à un autre temps verbal : ils sont au futur. Et c'est seulement lorsque ce futur devient le présent qu'ils vous révèlent leur vraie nature et leur vraie signification, que vous vous apercevez qu'un seul moment a entraîné tout ce qui est venu ensuite, et que vous vous dites que si seulement vous aviez su...
Commenter  J’apprécie          40
Mary entendit une chouette hululer dans le vide de la nuit, et elle pensa : « C'est comme mon enfance, tout près et en même temps très loin, s'arrêtant un moment pour vous appeler, puis s'envolant on ne sait où. »
Commenter  J’apprécie          30
Voilà le monde où nous venions d'entrer, un monde où rien ne se produisait en apparence, mais où, sous la surface, d'énormes plaques tectoniques d'émotions dérivaient.
Commenter  J’apprécie          30
Les écrivains ont besoin d’être immergés dans une langue, comme des requins maléfiques évoluant dans les profondeurs. Sortez-nous de notre océan de mots et nous commençons à mourir.
Commenter  J’apprécie          30
Exprimer ce que l’on croit penser peut parfois le faire surgir, comme ébloui, dans le monde lumineux de la certitude.
Commenter  J’apprécie          30
Pour la simple raison que ces histoires s’enracinaient dans des objets du quotidien, qui pouvaient devenir autres par la force de l’imagination, je les préférais à Alice au Pays des merveilles, où l’on me demandait de croire à des créatures grotesques ou à voir d’un bon œil leurs excentricités. Il m’a toujours semblé que pour le romancier, c’est une tâche plus ardue (plus adulte aussi) de réinventer le monde réel en le faisant paraître à la fois nouveau et familier, que d’imaginer des lutins et des elfes ou même des gens issus de cartes à jouer.
Commenter  J’apprécie          30
J’ai toujours eu le sentiment que les femmes de la génération de ma mère, nées juste avant la Première Guerre mondiale et ayant tant souffert pendant la Seconde, avaient reçu une bien mauvaise donne. Celles qui avaient survécu correctement avaient rué dans les brancards pour se débarrasser de tout ce qui bridait leurs aspirations et trouvé leur équilibre et leur raison de vivre dans le travail. Jane n’était pas de ces femmes-là. Humainement, sa plus grande faiblesse était d’attacher une importance excessive à l’apparence des autres, alors que sa paresse intellectuelle et affective l’empêchait de comprendre leur ressenti. Le cœur brisé dans son enfance, elle avait choisi de jurer, boire et fumer comme une cheminée tout au long d’une vie qui s’est déroulée comme une sorte de rêve étrange et complaisant, jamais interrogé ni totalement compris.
Commenter  J’apprécie          30
Oh,dit Anton,c'est juste un fragment que j'ai compose a Genève.J'ai fait ça pendant une nuit épouvantable ou j'ai compris toutes les/erreurs d'aiguillage que j'ai commises dans ma vie,et l'endroit ou je voulais être.Il n'est pas termine comme tu as pu le voir,mais je mourais recommencer a y travailler maintenant. Je l'ai intitulé "Sonate pour Gustav."
Commenter  J’apprécie          30
Après avoir fait le ménage à l'église, Gustav et Émilie s'installaient devant l'étagère rabattable de la cuisine en buvant du chocolat chaud et en mangeant des tartines de pain noir beurrées. la longue journée d'hiver s'étendait devant eux, froide et vide. Parfois, Émilie retournait se coucher et lisait ses magazines. Elle ne s'en excusait pas. Elle disait que les enfants devaient apprendre à jouer tous seuls. Que s'ils n'apprenaient pas à le faire, ils ne développeraient jamais leur imagination.
Gustav regardait le ciel blanc par la fenêtre de sa chambre. Le seul jouet qu'il possédait était un petit train de métal. Il le mettait donc sur le rebord de la fenêtre et le faisait aller et venir. Souvent, il faisait si froid près de la fenêtre que l'haleine de Gustav faisait des jets de vapeur réalistes, qu'il soufflait au -dessus de la locomotive. Sur les fenêtres des wagons, étaient peints des visages de voyageurs, qui avaient tous le même air ahuri. À ces gens étonnés, Gustav chuchotait parfois : " Vous devez vous maîtriser".
Commenter  J’apprécie          30
L'homme qui est simplement malade ira chercher, au premier signe de cette maladie, le service d'un médecin pour l'aider à trouver la guérison ; au contraire, le dément n'est amené dans une maison de fous ou un hôpital que lorsque "sa" maladie, la folie, est si avancée qu'elle ne peut plus être guérie. En d'autres termes, si la maladie peut vite être arrêté, la folie ne l'est jamais... pour la raison que, si tout le monde apprend et sait ce que peuvent être les prodromes de la maladie, qui peut dire ce que sont les signes annonciateurs de la folie?
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Rose Tremain (661)Voir plus

Quiz Voir plus

Vendredi ou La Vie sauvage

Tout au début, Robinson est accompagné par un perroquet

vrai
faux

7 questions
1055 lecteurs ont répondu
Thème : Vendredi ou La Vie sauvage de Michel TournierCréer un quiz sur cet auteur

{* *}