Citations de Saint Augustin (403)
Je me réjouis, Seigneur, de ce que vous m’avez donné, et je m’afflige de rester inachevé, et j’espère que vous accomplirez en moi votre oeuvre de clémence, jusqu’à la paix définitive que mes puissances intérieures et extérieures feront avec vous, au jour où la mort sera engloutie dans la victoire ( I Cor. XV, 54). (464)
Vainement je me plaisais en votre loi, selon l’homme intérieur, puisqu’une autre loi luttait dans ma chair contre la loi de mon esprit, et m’entraînait captif de la loi du péché, incarnée dans mes membres. Car la loi du péché, c’est la violence de la coutume qui entraîne l’esprit et le retient contre son gré, mais non contre la justice, puisqu’il s’est volontairement asservi. Malheureux homme ! qui me délivrera du corps de cette mort, sinon votre grâce par Jésus-Christ Notre Seigneur (Rom. VII, 22-25) ?
Seule la connaissance nous fait revenir sur nos erreurs. Et pour nous donner la connaissance, la parole nous éclaire parce qu’elle est le commencement, et parce qu’elle nous parle.
Usant des mêmes sens charnels, l’âme ne tire pas alors son plaisir directement de la chair mais de l’expérience charnelle d’un désir vide et cupide, affublé du nom de science et de connaissance. Un appétit de savoir dont les yeux se font les principaux agents sensoriels, et que la parole divine a appelé désir des yeux.
Le temps n’est plus aujourd’hui aux questions mais aux aveux.
J’étais malheureux. L’âme est malheureuse, garrottée par l’amitié des choses mortelles, et lacérée quand elles les perd. Le malheur qu’elle éprouve était déjà son malheur avant même de les perdre.
Et qu’est-ce qu’un homme, n’importe quel homme, si c’est un homme ?
Les forts et les puissants peuvent bien rire de nous, mais nous, infirmes, pauvres, nous te faisons nos aveux.
Si les corps sans défense des tout petits sont innocents, leurs intentions, elles, ne le sont pas.
"Seigneur je vous aime:et ce n'est point avec doute mais avec certitude que je sais que je vous aime.
Quiconque énonce quelque chose, rend témoignage à son âme.
vous avez commencé d'exécuter dans le temps ce que vous aviez décidé en dehors du temps, afin de révéler ce qui était caché et d'ordonner nos désordres - car nos péchés étaient sur nous et nous nous perdions loin de vous dans de profondes ténèbres, et votre Esprit bienveillamment était suspendu sur nous, pour nous secourir au moment opportun
Les hommes s'en vont admirer les cimes des montagnes, les vagues énormes de la mer, le large cours des fleuves, les côtes de l'océan, les révolutions des astres, et ils se détournent d'eux-mêmes !
Ce qui n'est pas douteux, ce dont ma conscience est certaine, Seigneur, c'est que je vous aime. Vous avez frappé mon cœur de votre parole, et je vous ai aimé. Mais le ciel, la terre et tout ce qu'ils renferment, de toutes parts me disent de vous aimer, et ils ne cessent de le dire à tous les hommes, « afin qu'ils soient sans excuse ».
IIs ignorent évidemment que vous êtes partout, qu'aucun lieu ne vous limite, et que seul vous êtes présent même à ceux qui s'éloignent de vous. Qu'ils se retournent donc, qu'ils vous cherchent : ils ont abandonné leur Créateur, mais vous n'abandonnez pas, vous, votre créature. Qu'ils se retournent d'eux-mêmes, qu'ils vous cherchent, et voici que vous êtes dans leur cœur, dans le cœur de ceux qui se confessent à vous, se jettent dans vos bras et pleurent dans votre sein, après tant de rudes chemins parcourus, Et vous, avec douceur vous essuyez leurs larmes ; elles redoublent, mais ils sont heureux de pleurer, car c'est vous, Seigneur
En quelle manière sont donc ces deux temps, le passé et l'avenir : puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore ? Et quant au présent, s'il était toujours présent, et qu'en s'écoulant il ne devint point un temps passé, ce ne serait plus le temps, mais l'éternité.
Invoquer Dieu, c’est l’appeler en soi-même.
Et comment invoquerai-je mon Dieu, mon Dieu et mon Seigneur, puisque l’invoquer, c’est nécessairement l’appeler en moi ?
Y a-t-il en moi une place où puisse venir mon Dieu ? où Dieu puisse venir en moi, Dieu qui créa le ciel et la terre (Gn 1, 1) ?
Se peut-il, Seigneur mon Dieu, qu’il y ait en moi de quoi vous contenir ?
Les Confessions
Tu nous a faits pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos avant qu’il se repose en toi.
Vous n'étiez pour ma pensée rien de consistant ni de réel. Ce n'était pas vous, mais un vain fantôme, et mon erreur était mon dieu. Si j'essayais d'y reposer mon âme, elle tombait dans le vide et de nouveau s'affaissait sur moi. Et je restais pour moi-même comme un lieu désolé où je ne pouvais me tenir et que je ne pouvais quitter. Où mon Cœur aurait-il pu s'enfuir de mon Cœur? Où fuir loin de moi-même ? Où échapper à ma propre poursuite ? Et pourtant je m'enfuis de ma patrie. Mes yeux le cherchaient moins, là où ils n'avaient pas l'habitude de le voir. De Thagaste j'allai à Carthage .
Je lui demandai alors de me dire comment il se faisait qu'à partir de telles erreurs on pût prédire souvent la vérité. A quoi il répondit, comme il put, que la cause en était le pouvoir du hasard, répandu par- tout dans la nature. Si, en consultant à l'aventure une page d'un poète quelconque, qui chante un sujet très différent dans une tout autre pensée, on tombe souvent sur un vers qui s'accorde à merveille avec l'affaire qui vous occupe, il n'est point étonnant, disait-il, qu'en vertu de quelque instinct d'en haut, l'âme humaine, dans l'inconscience de ce qui se passe en elle, non par l'effet d'un art, mais par fortune, fasse entendre quelque parole qui convienne aux faits et gestes du questionneur.
Et comme, dans l'âme humaine, il y a une partie qui commande par la réflexion et une autre qui se soumet et obéit, ainsi la femme a été créée physiquement pour l'homme ; sans doute elle a un esprit et une intelligence raisonnable pareils à ceux de l'homme, cependant son sexe la met sous la dépendance du masculin : c'est de cette façon que le désir, principe de l'action, se soumet à la raison pour en tirer l'art de bien faire. Voilà ce que nous voyons, et que chacune de ces choses, prise à part, est bonne, et que toutes dans leur ensemble, sont très bonnes.
... il résulte que pour moi le temps n'est rien d'autre qu'une distension. Mais une distension de quoi, je ne sais au juste, probablement de l'âme elle-même.