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Critiques de Salim Bachi (86)
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Dieu, Allah, moi et les autres

Voilà un roman qui pourrait être victime de son titre pour tous ceux et toutes celles qui se détournent des religions , n'y imaginant qu'un vaste débat sur un sujet qui divise le monde . En fait , ici , il s'agit de suivre l'enfance puis la jeunesse d'un algérien , Salim Bachi dans un contexte qui va le mener au rejet de la religion tant les hommes ont fait , en son nom , acte de violence et intransigeance dans un pays où l'Islam est devenu enjeu de pouvoir et de domination sur les institutions , créant , il n'y a pas si longtemps , une guerre civile de triste mémoire .

Toute la rancoeur de cet homme se déverse dans des pages plutôt bien écrites mais manquant de lien , manquant de ce " je ne sais quoi " d'original qui fait le charme et l'intérêt de belles autobiographies .Si certains passages sont trés beaux , d'autres sont plutôt des règlements de comptes avec des hommes , des femmes , avec un climat tyrannique qui a forgé l'intellect et la détestation d'un pays , d'une société , le renoncement aux valeurs de la vie humaine libre .

Salim Bachi , victime d'une éducation "virile", rigoriste , vide son sac et explique ses choix .

Un acte courageux et libérateur qu'il nous dévoile comme une sorte de " confession ".

On trouvera beaucoup d'exemples de ses " ruades ", de ses attitudes , de ses envies de se démarquer , un exercice louable mais un peu " léger " une fois que l'on exclut le système éducatif dont il fut victime .Un peu plus d'analyse aurait été bienvenu .

Je ne rejette pas , loin de là , ce choix , loin de mes préoccupations personnelles

, mais j'aurais aimé " un peu plus "....

Allez , amis et amies , cette aventure est terminée , une autre arrive et , tenez - vous bien , il paraît qu'elle sera tempétueuse ....

alors , à bientôt , peut-être ....
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Le consul

Les héros sont des hommes ordinaires. Ils ne sont pas des anges, ils doutent, mais le jour J, ils prennent le parti de ce qui est juste et humain plutôt que celui du respect des règles. Il n'y a aucun mérite à être courageux quand on n'a pas peur et le consul n'était pas un homme inconscient.



Aristedes est de ceux-là, un monarchiste pas très opposé à Salazar, un catholique qui trompe sa femme, un fonctionnaire qui parfois détourne de l'argent public. Un homme fasciné par Victor Hugo, qui blanchit comme lui, l'espace d'une douloureuse nuit de tempête sous un crâne.



Je connaissais l'histoire du consul du Portugal pendant la débâcle de juin 40 à Bordeaux, qui fit son possible pour sauver des vies, profitant de l'épouvantable chaos pour délivrer entre 30000 et 50000 visas à des réfugiés fuyant devant les troupes du Reich. Ce roman le rapproche de nous . Ce ne sont pas tant les éléments biographiques connus qui importent, mais comment le Consul en est venu à cette décision irrévocable qui le situe à contre courant des collaborateurs du nazisme et de la neutralité officielle de son pays.



Il est construit comme le journal d'un homme à sa maîtresse qui devint plus tard sa seconde épouse pour lui faire partager son histoire au travers de ses errements, faiblesses et autres petits arrangements avec la vie . Ce faisant, l'auteur tente la reconstitution du paysage intérieur de son personnage, de saisir la vérité de l'homme .



Il a choisi l'humain, ça s'est imposé à lui comme une évidence, et il a tout risqué et tout perdu, carrière, argent, position sociale. Salazar a même récupéré son action à son profit .



L'histoire ne dit pas si les dirigeants d'après ont réhabilité sa mémoire par un acte fort, mais Salim Bachi lui, s'en est très bien occupé avec sa prose lyrique . Il en fait un héros hugolien, un Jean Valjean lusitanien. Il nous raconte le choix d'un homme qui a sauvé des vies de milliers de réfugiés qui fuyaient la guerre, une leçon d'humanité qui devraient nous inspirer en ces temps troublés .
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Dieu, Allah, moi et les autres

Dieu, Allah, moi et les autres n'est pas un roman. Ce n'est pas non plus une simple autobiographie. A travers de courts chapitres à la chronologie non linéaire, Salim Bachi, tour à tour ou en même temps, raconte des éléments de sa vie, explique son rejet absolu de tout embrigadement, dénonce et déplore l'obscurantisme religieux qui conduit aux massacres et chante son amour pour la littérature, la langue française et les femmes.



Né en 1971 en Algérie, dans une famille non pratiquante, il décrit l'enfer des écoles algériennes issues de la décolonisation. Coups, insultes, cours dirigés par des intégristes, ... Le moins qu'on puisse dire est que le jeune Salim n'y apprend pas grand chose si ce n'est une méfiance envers ce Dieu qui laisse faire et une détestation viscérale de toute vérité assénée par la violence et la terreur.

Gravement malade et obligé trop souvent à rester alité, il trouve refuge - comme je le comprends! - dans les merveilles offertes par la littérature. Il y découvre, outre de formidables histoires, un horizon qui éclate les cadres rigides de la religion, de l'identité à outrance.



Salim Bachi, qui partit par la suite étudier à la Sorbonne, quitta alors une Algérie en proie à la décennie noire, entre viols et massacres des islamistes du GIA et et tortures et exécutions des forces militaires. La jeunesse - il a alors vingt ans - se retrouvait prise dans un étau et trop souvent forcée de choisir un camp.



Salim Bachi est un esprit résolument libre. On sent dans son récit toute son exécration pour le dogmatisme, les fondamentalismes, les hypocrisies qu'elles soient religieuses ou politiques. Il se sert de son talent d'écrivain pour dénoncer ces abhorrations. Il y a beaucoup de violences dans ses chapitres, factuelle avec le terrorisme, et intellectuelle avec l'indigence brutale et cruelle de ses premiers "maîtres de savoir".



La littérature et les penseurs occupent également une large place dans ces pages. On y retrouve Ibn Sina dit Avicenne, un autre grand esprit libre du Xème siècle, Molière, Malraux, Camus - qui occupe une place toujours ambiguë en Algérie mais qui est cher au coeur de l'auteur.



Je ne connaissais pas du tout Salim Bachi et c'est un peu par hasard que j'ai pris cet ouvrage, attirée par le titre. J'ai aimé découvrir son écriture et ses réflexions. Je suis admirative du courage qu'il montre en dénonçant avec virulence l'obscurantisme religieux et l'état qu'il juge déplorable à tous niveaux de son pays natal. Il ne mâche pas ses mots, qui se font pourtant si doux et caressants lorsqu'il parle d'amour, des femmes et bien sûr des lettres.

Un auteur à lire en notre actualité assombrie par le terrorisme et les idées nauséabondes qui jaillissent un peu partout.
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L'exil d'Ovide

Publius Ovidius, Ovide, qui porte pour surnom Naso à cause de son nez proéminent, poète latin est l' auteur de L’Art d’aimer et des Métamorphoses.

A l’automne de l’an 8 après J-C, sur un simple édit d'Auguste le poète est relégué par l’empereur Auguste à Tomis, aujourd’hui la ville portuaire de Constantza à l’est de la Roumanie sur les rives de la Mer Noire.

Pourquoi cette déportation ?

Plusieurs hypothèses sur cet exil sont émises :

- Son poème L'Art d'aimer : ce recueil de poèmes est considéré comme contraire à la morale prônée par l’empereur Auguste,

- Une relation amoureuse nouée avec la fille d'Auguste Julie et déplaisant à l’auguste père,

- La pratique de l'art divinatoire, illégale,

- Avoir été le témoin d’une scène d’adultère…



Cet exil de dix ans sera fatal à Ovide , triste, loin de sa famille, plein d'une nostalgie douloureuse, de pertes de repères, il s’éteindra sans avoir revu sa terre natale .

Comme Ovide, Salim BACHI se retrouve loin de son pays, de sa famille, un éloignement, un isolement douloureux , Ovide est pour lui comme un compagnon d’exil, un ami secret, et comme eux, Salim Bachi évoque aussi Stefan Zweig, Thomas Mann, Alfred Döblin qui ont dû fuir leur pays, Ossip Mandelstam, condamné à la relégation par Staline, Fernando Pessoa, exilé à lui-même , enclos dans son propre pays, James Joyce, exilé volontaire…



Alors l’écriture "qui pousse toujours vers l'avant, gardienne, épouse fidèle" est pour les uns et les autres un remède , à court ou long terme, les mots éclairent leur l’horizon obscurci.

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Le consul

Le Consul est un récit sur Aristides de Sousa Mendes, un des Justes qui sauva des milliers de juifs de la déportation et leur permit de s'échapper en Espagne puis en Amérique. C'est un récit bouleversant par moments. La torture que s'inflige le consul nous touche : le choix entre la vie et mort. Le style est simple et direct, il ne faut pas le lire d'une traite pour pouvoir mieux apprécier et ne pas tomber dans l'ennui à cause des longueurs. Avec ce livre, on en apprend plus sur la dictature salazariste et la bureaucratie portugaise. L'auteur nous décrit aussi la ville de Bordeaux qui est au centre du roman. Salim Bachi rend justice à ce consul héroïque qui fut injustement oublié. Il est louable de vouloir mettre en valeur Aristides de Sousa Mendes pour pouvoir le sortir de l'anonymat et faire connaître au plus grand nombre son acte de désobéissance. Le courage de l'auteur lui a permis de sauver des milliers de vies. C'est un roman qui nous fait réfléchir au sens de nos choix et de nos actes.
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Un jeune homme en colère

Tristan, jeune khâgneux des beaux quartiers a survécu aux attentats du Bataclan. Plusieurs mois après il n’a toujours pas repris le dessus. Tristan vomi le monde qui l’entoure, personne ne trouve grâce à ses yeux. Fils d’un écrivain célèbre, il traine sa colère dans les fêtes branchées des grands appartements haussmanniens, il ne peut oublier Eurydice, sa sœur morte dans ses bras le 13 novembre 2015.



Il ne se rend pas compte qu’en se nourrissant de l’indifférence du monde qui l’entoure, sa rage est en train de le détruire peu à peu.



Court et efficace roman sur l’après Bataclan, le récit de Salim Bachi, après son récit Dieu, Allah, moi et les autres, rappelle « L’attrape cœurs » de Salinger. Roman moral sur une remise en question dans un monde superficiel que rien ne semble ébranler, Tristan après son errance aura grandi. L’apprentissage de la vie passe toujours par la perte précieuse de personnes aimées.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le consul

Ce livre raconte par sa propre voix la désobéissance d'Aristides de Sousa Mendes, consul du Portugal, qui sauva des milliers de réfugiés sans distinction de race, de religion ou de condition sociale en juin 1940 à Bordeaux. Aristides est mourant et ses pensées fusent en désordre mais revenant sans cesse vers cette période de juin 1940 où sa vie a basculé. Un témoignage poignant qui réhabilite un juste et qui fut traité par son pays en traitre. Je ne connaissais pas cet homme, comme beaucoup dans mon entourage et je comprends pourquoi Salim Bachi a choisi de nous crier littéralement son histoire. Le livre est court mais cinglant. Curieuse j’ai effectué quelques recherches et je suis tombée sur un site où figure une liste des réfugiés sauvés. J’y ai découvert les noms de :

DALÍ, Elena Ivanovna “Gala” née DIAKONOVA

Age 46 | Visa #2520

DALÍ, Salvador

Age 36 | Visa #2519

Je vous poste le lien : http://sousamendesfoundation.org/recipients

Je vous invite à faire connaissance avec ce grand homme qui mourra toutefois avec un regret, celui de n’avoir pu signer encore plus de visas…

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La peau des nuits cubaines

Réalisateur délaissé par sa femme, le narrateur est parti quelques semaines à Cuba pour y tourner un documentaire.



A la Havane où le cinéaste se rend pour filmer le grand théâtre du monde qui l'entoure, il fait la rencontre d'un certain Chaytan, un Iranien en exil, coureur de jupons et ami fidèle.



Transcendant les désillusions et les anciennes rancoeurs, notre cinéaste va s'affranchir de sa désespérance et renaître au désir et à la vie



Récit de voyage divisé en sept étapes linéaires, "La peau des nuits cubaines » de Salim Bachi traite de l'exil et du voyage de façon philosophique, presque métaphysique.



Le romancier Salim Bachi, après son récit Dieu, Allah, moi et les autres, ou un Un jeune homme en colère aime les voyages et il aime nous les faire partager



Il le fait joliment à travers ce livre, paru en mai 2021, un an après sa sortie initiale retardée pour cause de confinement, qui semble être autant un récit fictionnalisé sur un pays Cuba qu'il décrit avec volupté et sincérité.

Court et efficace, cette déambulation sur une remise en question dans un monde superficiel que rien ne semble ébranler, entremêle joliment mythes d'Ulysse et de Faust en exacerbant la vie.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La Kahéna

Deux thèmes majeurs traversent ce roman : l’histoire de la colonisation en général et celle de la guerre d’Algérie en particulier. La Kahéna lieu de l’intrigue et titre générique, est le carrefour par où transitent, symboles et références historiques. Une dénomination qui ressuscite la reine berbère, perpétuant ainsi son mythe dans la mémoire collective malmenée par les amnésies volontaires. Dans cet espace qui féconde les imaginations et qui heurte les certitudes, se retrouvent des protagonistes qui veulent comprendre et en finir avec les clichés réducteurs distillés par la culture ambiante. Cette quête de la vérité, ne va pas leur permettre de sortir indemne de cette expédition dans les entrailles d’une époque mythique. Les souvenirs et les événements vont les mettre à mal. Hamid Kaim, Ali Khan, Samira, tous les trois, dans ce huis clos volontaire, traquent tous les recoins du lieu et s’arrêtent à tous les indices et à chaque étape du questionnement. Ils se heurtent à la statue de Louis Bergagna : Le colon bâtisseur de la maison la plus convoitée de son époque. Ce personnage énigmatique et atypique reste difficile à cerner. Malgré l’existence de documents écrits et de témoignages de ses contemporains, beaucoup de zones d’ombres parasitent la trajectoire de cet homme. Le travail d’investigation effectué par les personnages du roman ne fait que compliquer sa biographie. De l’époque où il avait ramené des bagnes d’Outre mer deux prisonniers jusqu’à son intronisation maire de Cyrtha, il n’a semé que le doute et la méfiance dans les esprits. Même son ralliement à la cause révolutionnaire des Algériens demeure un phénomène d’une ambiguïté presque romantique. Exécuté à l’aube de l’indépendance par Jeanvelle qu’il avait sauvéde la prison de Cayenne, sa mort a englouti le peu de visibilité entrevue par ceux qui l’ont côtoyé. Les histoires de ses amours et les filiations qu’il a laissées demeurent autant de mystères à percer. Tout s’imbrique à partir de la découverte de son journal intime caché dans un aigle royal empaillé. Ces carnets remettent en cause beaucoup de généalogies qu’on croyait bien établies. De révélations en révélations, les personnages corrigent leur vision de l’histoire et comprennent à travers ce lieu mythique qu’est la Kahéna que le travail sur la mémoire, n’est pas une sinécure. Dans cette introspection historique construite sous forme d’une fresque lyrique Salim Bachi renverse quelques dogmes bien ancrés dans la culture officielle et propose un regard iconoclaste, représentatif de celui de la génération post indépendance ; une génération qui voudrait poser un regard serein sur une histoire tumultueuse. Une génération en quête d’une histoire expurgée de la grandiloquence et des légendes surfaites.



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Le consul

Aristides de Sousa Mendes a bien existé. Il était consul général du Portugal dans la ville de Bordeaux en France. Lorsqu'éclate la Seconde Guerre Mondiale en 1939, la demande de visa portuguais augmente car beaucoup de réfugiés tentent d'échapper aux nazis en quittant la France. le Président portuguais d'alors, Antonio de Oliveira Salazar, ne voulant pas la charge de réfugiés sur son territoire émet de nouveaux règlements pour la délivrance de visas, la fameuse circulaire no 14. Mendes trouve ces restrictions tout à fait inhumaines et décide de les transgresser. En quelques jours il délivre près de 30 000 visas dont 10 000 à des juifs.



Le narrateur ici, c'est Mendes, il raconte à sa maîtresse Andrée, ce qu'il a dû faire afin de sauver toutes ces vies. Un roman très intéressant qui ouvre nos yeux sur un personnage de l'histoire peu ou pas connu. Un homme qui savait qu'il aurait à payer le prix pour avoir ignoré les directives émises par son pays.

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Le consul

« J’ai désobéi devant Dieu et les hommes et je ne sais lequel de ces péchés a été le plus lourd à porter, pourtant tous deux ont été commis par amour. » Ainsi commence le livre de Salmi Bachi.

Aristides de Sousa Mendes, ancien consul du Portugal à Bordeaux pendant la débâcle est sur son lit de souffrance et de mort. Andrée, sa seconde femme, son péché envers les hommes, est à son chevet. Il se souvient.



Noble portugais, ayant toujours refusé la chute de la monarchie, c’est un homme de son temps, catholique, croyant, pratiquant, avec femme et 14 enfants, la pilule n’existait pas et nous sommes dans un pays catholique de chez catholique. Il suit la carrière diplomatique pour faire comme son frère jumeau, mais sans son aura.



Que se passa t-il à Bordeaux pendant ces 3 jours de juin, du 14 au 17, où le Consul s’enferme dans sa chambre dans le noir absolu, l’isolement le plus complet ? « Je dormis trois longues journées et trois longues nuits dans mon appartement bordelais pendant que les armées du Démon enfonçaient les lignes françaises, transperçaient t le pays de part en part, violaient Paris. » Quelles furent ses réflexions, ses peurs, ses hurlements, ses croyances, ses pensées ? Est-ce le remord de voir sa maîtresse enceinte de ses œuvres ? Est-ce sa haine de Salazar ? Est-ce sa foi chrétienne ? Je ne sais, mais un matin, il se leva et « Je n’étais plus le même homme. J’étais mort pendant cette nuit ». Cet homme dans la plénitude de l’âge, un peu médiocre, il faut bien le reconnaître, a décidé d’obéir à la loi de dieu plutôt qu’à celle des hommes.

« Je ne laisserais pas mourir ces femmes et ces hommes qui étaient venus à moi à travers les épreuves et la mort, ces enfants qui avaient traversé l’enfer pour me trouver, je ne devais pas les abandonner, et puisqu’il était en mon pouvoir de consul général du Portugal de les aider, je devais le faire en mon âme et conscience de chrétien qui se devait de porter secours à d’autres êtres humains dans l’affliction et la peine… ». Refusant d’appliquer la circulaire du 14 janvier qui interdit de délivrer des visas aux juifs et autres errants, il signe à tour de bras, tamponne visas, cartes d’identité, voire feuilles volantes lorsque les pauvres hères ont tout perdu.



Consul sous Salazar qu’il exècre, le Portugal, neutre, n’a de cesse de faire des courbettes devant l’Espagne et l’Allemagne pour ne pas que soit brisé leur accord de neutralité. Pourtant, après la victoire des alliés, ce même Salazar, s’attribue les mérites de la désobéissance du Consul et l’arrivée en masse de réfugiés dans son pays avant leurs départs pour un ailleurs meilleur. Aristides de Sousa Mendes ne tire, quant à lui, que brimades, souffrances de cet acte plus que courageux. Salazar ne reviendra jamais sur sa décision de destituer le consul de toutes ses fonctions. Sans argent, il va même manger à la soupe populaire !



Bien que fervent admirateur de saint François d’Assise, Aristides de Sousa Mendes, consul du Portugal à Bordeaux n’en a pas suivi un des préceptes écrit en préface de ce livre : « L’homme obéissant doit être comme un cadavre qui se laisse mettre n’importe où, sans protester ». Heureusement pour les dizaines de milliers de personnes qu’il a sauvées des camps de la mort ou d’une exécution pendant la seconde guerre mondiale. Cet homme finit pauvre, miséreux, oublié de tous dans un monastère, vêtu de bure comme son modèle.



Le livre de Salim Bachi rend un fervent hommage à Aristides de Sousa Mendes. Merci à lui de me faire découvrir cet homme qui « perméable à toute la souffrance du monde » a agi, peut-être en bon catholique qu’il était mais, surtout en Juste (bien que le mot n’existât pas encore pour désigner ces actes de résistance). Un Juste parmi les Justes.



Un livre que j’ai lu d’une seule traite. L’écriture nerveuse de Salim Bachi , amplifiée par l’utilisation du je au lieu d’une narration simple, rend palpable la frénésie de l’urgence.




Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Le dernier été d'un jeune homme

C’est le premier roman de Salim Bachi que je lis et ça n’est sûrement pas le dernier. Je suis impressionnée par la qualité de cette écriture.

Que dire, sinon de ce « Dernier été d’un jeune homme » ?

Ce n’est pas une autobiographie mais ça y ressemble fort ; ça n’est pas un roman dédié à une cause politique mais la défense des droits démocratiques y est présente tout au long des pages, ça n’est pas non plus le roman d’un Don Juan, mais apparemment Camus avait quand même un succès fou.

Car, oui, Salim Bachi écrit comme s’il avait incarné Albert Camus. Sa page remerciements replace les 20 chapitres de ce roman dans son contexte : une rétrospective de la vie de Camus , de sa naissance dans une famille pauvre d’une pauvre région d’Algérie, jusqu’à ses succès d’écrivain, en passant par ses succès féminins, jusqu’à cet été qui devait être le dernier à cause de cette vilaine tuberculose contractée trop jeune, par obéissance à une aïeule tyrannique qui maniait le nerf de bœuf avec dextérité.

Et, qualité non négligeable : un style d’une élégance rare, ce n’est pas de la poésie, mais c’est de la très bonne prose

.S.Bachi a déjà une réputation de grand écrivain ; ce n’est pas ce dernier roman qui viendra changer la donne.
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Le dernier été d'un jeune homme

Salim Bachi s’est glissé dans la peau de l'auteur de "La Peste" pour un voyage au Brésil que l'écrivain a effectué par bâteau en 1949, quatre ans après les massacres du 8 Mai 1945. Lors de cette traversée, le personnage de Camus, souffrant d'une rechute de la tuberculose, se souvient des premières années de la maladie qu'il traîne depuis l’âge de dix-sept ans et de son impact sur sa formation littéraire et philosophique. Construit en vingt chapitres, ce roman de 267 pages, raconté à la première personne du singulier, oscille entre le récit du voyage et les réminiscences de Camus, enfant et lycéen, puis écrivain et journaliste reconnu. Des souvenirs que Salim Bachi fait raisonner avec des thèmes majeurs de l’œuvre du romancier, philosophe et dramaturge français. Par l’introspection et les retours en arrière, il évoque le sentiment de l'absurde développé par Camus dans "Le mythe de Sisyphe" (1942) ou encore l'attachement à la beauté et civilisation de la Méditerranée dans "Noces" (1939). Ces thèmes sont abordés à travers des récits d’expériences personnelles de Camus, de portraits de membres de sa famille, de rencontres amoureuses et intellectuelles, mais aussi par le souvenir d'auteurs (André Gide, André Malraux, etc.) qui ont marqué le jeune Albert, dès ses années de lycée à Alger. Salim Bachi dépeint un Camus à la fois seul et tourmenté, orphelin marqué par sa condition d'enfant pauvre et par la surdité de sa mère, mais aussi épicurien et jouisseur, multipliant conquêtes féminines et voyages. Avec une langue classique et un style mesuré, proche dans de nombreux passages des phrases lapidaires et profondes de Camus, Salim Bachi réserve également des passages aux personnages déterminants dans la formation intellectuelle du penseur, comme Jean Grenier, son professeur, ou Gustave, l'oncle maternel. Salim Bachi met aussi en lumière les rapports ambigus de Camus aux Algériens et à la réalité coloniale, dans une Algérie sous domination française, et apporte un éclairage sur la position controversée de l'auteur de "L'étranger" sur l'indépendance. Grâce à ce portrait romancé d’un écrivain et philosophe majeur du vingtième siècle, brossé avec une admiration évidente pour l’homme de lettres, mais sans concession aux erreurs politiques de l'intellectuel humaniste et engagé, Salim Bachi convie le lecteur à une réflexion profonde sur les rapports entre vie et création littéraire .

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Le dernier été d'un jeune homme

Salim Bachi a musardé avec bonheur, grâce et talent dans plusieurs oeuvres telles que « le Premier Homme », « Noces », « l'eté – La mer au plus près- », « L'Etranger » , "La Chute", « Journaux de Voyage »… (références très prégnantes quelquefois) pour rédiger l'histoire personnelle d'un jeune garçon puis d'une homme jeune, Albert Camus . Il s'est, bien sûr, aussi inspiré, des biographies émérites consacrées à Camus. Je pense plus particulièrement à celle de Roger Grenier « Albert Camus Soleil et ombre ». Avec une grande sensibilité, Bachi, né 58 ans après Camus, se reconnait en ce jeune homme solaire, épris de liberté, de justice qui veut croquer la vie à pleines dents mais qui ne peut le faire tout à fait à cause d'une cruelle maladie.

La jeune femme rencontrée sur le bateau en partance vers l'Amérique du Sud prénommée Moira ressemble étrangement à Mi (même majuscule !), intéressant, émouvant de retrouver d'autres détails, des clins d'oeil…

Une écriture spirituelle empreinte de poésie. Un hommage vibrant tout en émotion.

Une belle après-midi de lecture.

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Le consul

La plume fertile de Salim Bachi se substitue à celle d' Aristides de Sousa Mendes do Amaral e Abranches pour raconter, en une longue élégie , le dernier épisode de sa vie de consul général du Portugal à Bordeaux.

C'est une écriture puissante, intelligente qui dit le désarroi, le repentir de cet homme porté par son destin.

De Sousa Mendes dévoile sa liaison extra-conjugale avec Andrée qui lui donna son treizième enfant. Il fallait payer pour ce péché de chair. Ce sera sa mise au ban de la société pour être passer outre aux instructions de son pays, posées par la circulaire n° 14 du 11 novembre 1939 qui proscrivaient la délivrance de visa aux étrangers détenteurs d'un passeport « Nansen » du nom d'un norvégien, haut-commissaire pour les réfugiés à la Société des Nations, primé par le Nobel de la Paix qui avait mis en oeuvre ce document de substitution pour les déplacés qui , du jour au lendemain, expulsés de leur pays, perdaient leurs racines en devenant apatrides.

Ainsi, De Sousa sauva d'une mort certaine entre 30 000 et 50 000 personnes.

Ce livre c'est son acte de contrition. Une longue confidence comme une repentance.

Personnellement j'aurais apprécié, pour mieux connaître ce fait authentique, une spontanéité moins lyrique, je m'attendais à un récit plus pragmatique livrant plus de détails sur cet épisode de l'Histoire et non l'épanchement de ce diplomate mis au banc de la société.

Cependant, ce témoignage m'a permis de rencontrer Salim Bachi , son style élégant, son écriture inventive, talentueuse. …

Prochaine lecture « le dernier été d'un jeune homme » , ce livre qu'il a consacré à Camus m'avait échappé !



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Dieu, Allah, moi et les autres

Ce « récit » est une compilation maladroite d'épisodes de la vie de l'auteur, évoquant de façon bien superficielle sa relation avec sa religion, son pays, et les femmes. Un fourre-tout peu ordonné, écrit dans un style plat et peu accrocheur. On se lasse vite à force d'avoir compris avant que l'auteur ait fini de s'exprimer.

En un mot : je suis déçu.
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Le chien d'Ulysse

Comme Nedjma de Kateb Yacine auquel il emprunte de nombreux éléments, Le chien d'Ulysse, odyssée d'un Ulysse algérien s'inspirant largement de l 'épopée satirique de Joyce, s'inscrit dans un univers mythique où s'enchâssent et se répondent plusieurs histoires, où se mêlent le passé et le présent, le rêve et la réalité.

En érigeant Cyrtha, cette cité à la frontière du réel et de l'imaginaire , allégorie de L'Algérie, Salim Bachi bâtit, avec une maîtrise stupéfiante un univers romanesque jubilatoire mêlant l'Orient et l'Occident .

Il arrive ainsi à dire avec lucidité la tragédie algérienne des années 1990 , la désillusion et le désarroi d'une jeunesse sans repères plongée dans l'enfer après l'assassinat du Président Boudiaf, sans sombrer dans le désespoir. Et le lecteur est emporté par la beauté et la vitalité d'un style contrasté mêlant des dialogues incisifs et vigoureux, drôles ef familiers à une langue ample et poétique , baroque et flamboyante.



( Analyse et longs extraits sur mon blog L'or des livres )
Lien : http://l-or-des-livres-blog-..
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Tuez-les tous

Ce roman développe cette trame : Le 11 septembre 2001, un terroriste, aidé de ses complices, prend le contrôle d’un avion et le précipite sur le World Trade Center. Salim Bachi retrace la vie et les pensées de cet homme quelques heures avant la tragédie. «Ils marchaient dans la nuit noire. Elle versait des larmes. Il détestait ça. Il avait envie de la tuer. Il tuerait l’Amérique à travers elle. Et demain matin, il garderait les yeux ouverts quand il lancerait le Boeing 767 de la compagnie American Airlines sur les deux tours les plus orgueilleuses de l’humanité. Les yeux grands ouverts.»

Roman étrange, très exalté, écrit dans un état de fièvre qui se communique au lecteur
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Le consul

Joli livre retraçant le parcours du consul du Portugal à Bordeaux pendant la dernière guerre, lequel permit à des milliers de réfugiés d'échapper à la mort en distribuant force visas, contrevenant ainsi à la politique de neutralité de son gouvernement. Plutôt qu'une biographie, il s'agit d'un roman (d'où sans doute la force du récit) où le personnage principal, à la fin de sa vie, se confesse en toute humilité. Et il ne s'agit pas là d'une hagiographie, ce qui fait indiscutablement la valeur de ce texte exempt de pathos. "Le Consul" vient de paraître en Folio.
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Le consul

Le Consul

Salim Bachi

Edition Gallimard

Ce livre poignant, noble, remet d’équerre par la force des mots le lecteur. L’utopie n’est plus illusoire, mais un hymne volontaire de courage. Voici un juste, un pur, Aristides de Sousa Mendès qui a sauvé plus de 10 000 juifs. Consul du Portugal à Bordeaux, son poste devenu porte d’Or, aux 50 000 réfugiés qui ont reçu le sésame signé de sa main pour leur fuite et leur liberté. Aristides de Sousa Mendès est un croyant fervent, et amoureux fou d’Andrée et époux d’Angélina. Il n’aura de cesse de se tourmenter pour sauver sa foi, et vivre intensément sa double vie. Père de 14 enfants avec Angélina et de Marie-Rose avec Andrée ; il aimera véritablement tous les êtres de sa vie.

Il porte en lui l’étendard des justes et des courageux. Sa carrière sera brisée et Salazar ne lui pardonnera rien .Les pages 121 et 132 sont les plus belles, les plus humanistes.

Page 121 : Ce jour -là je me présenterai à mon tour devant mon Juge la conscience en règle et je rejoindrais la file immense des hommes de foi et de justice.

Page 132 :Je me sentais libéré de cette fatale attraction qui paralysait les êtres depuis des semaines, englués dans ce présent sale et obscur.

Aristides de Sousa Mendès était un formidable et courageux défenseur des opprimés. Salim Bachi par cette œuvre magistrale livre un récit de vie et d’Histoire indispensable. Le style est aussi limpide et vibrant que l’âme d’Aristides de Sousa Mendès. Le lien est posé avec art et conviction. Salim Bachi sensible à la vie de ce soldat des cœurs réussit à lui rendre hommage, tout en faisant de son livre un outil de mémoire.

Voici un incontournable pour les professeurs d’Histoire et les lycéens et surtout ce livre est dédié à l’humanité entière.

A lire et relire et surtout faire lire plus de 50 000 fois !!!!



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