Samantha Bailly

Parfois, les sujets que les gens taisent sont bien plus significatifs que ceux qu'ils abordent.

- Tu sais, je sens bien que ça te blesse tout ça, reprend-elle. Tu aurais peut-être aimé être différemment, plus comme tout le monde. Mais tu sais, moi par exemple, je suis pétée et pourtant tu m'aimes. Personne n'est normal. Et tant mieux parce que normal, c'est archichiant. T'as besoin de rien changer Pru, t'es parfaite comme tu es.

Le vendredi soir, j'adore sortir du lycée à dix-huit heures. Les couloirs sont déserts et la nuit presque tombée enrobe les bâtiments d'une obscurité bleutée et cotonneuse. Les profs qu'on croise ont l'air à nouveau de ce qu'ils sont en dehors, pères de famille, amoureuses en retard pour le ciné, conducteurs d'une Mégane vert pomme, en train de se demander si ce soir ce sera soupe ou salade composée. On peut les surprendre en train de regarder leur portable ; ils nous sourient distraitement.
Dix-huit heures, un vendredi soir : c'est le moment de la semaine où les masques tombent.

Parce que les histoires soignent et enseignent, il faut les raconter, les transmettre.

Il n’existe pas de permis d’exister, il y a des autorisations que l’on doit s’octroyer soi-même.

Parce que les histoires soignent et enseignent, il faut les raconter, les transmettre.

Personne ne traverse la vie sans échec, sans chagrin. Sans instants où l'on se croit incapable de continuer. Alors une main se tend, aide à se relever. Et l'on reprend la chasse aux rêves. ce fut ta main, Sonia.

Je suis une chasseuse. Une collectionneuse de passion. Un garçon en balaye un autre. Cette accumulation d'expérience est la matière de mon écriture.

Mon problème, Lou, c'est que j'aime aimer. Que je tombe amoureuse de l'idée de l'amour plutôt que du garçon.

La vie va de pair avec des blessures. Il faut simplement accepter cette éventualité et prendre conscience des situations dont on sort indemne.

Mon problème, Lou, c’est que j’aime aimer. Que je tombe amoureuse de l’idée de l’amour plutôt que du garçon.

Sonia s'installe au deuxième rang. Emplacement stratégique: ni trop près du prof au cas où elle voudrait faire autre chose, ni trop loin pour ne pas avoir l'air de vouloir faire autre chose.

Nous sommes toujours plus focalisés sur ce qui aurait pu arriver que sur ce qui s'est réellement passé. Lorsqu'une porte se ferme et ne semble plus pouvoir se rouvrir, nos pensées s'égarent dans le royaume des possibles. De ce qui aurait pu être et qui ne sera plus.

Elle rassemble toute son énergie pour maintenir son masque de sociabilité et ne pas dévoiler la tempête qui fait rage en elle.
C'est lui, le prochain qui la fera brûler.
Elle le sait, elle le sent.
[...]
Un dernier coup d'oeil en arrière. Gabriel irradie tandis que tous les autres ne sont plus que des ombres.
C'était ce qu'elle désirait depuis des mois, et voilà qu'elle le craint.

Pour éprouver de la compassion, aller vers l'autre, encore faut-il avoir souffert. J'arbore quelques plaies mal cicatrisées, et elles sont mon énergie, mon empathie. Mon ouverture.

Son mari est parti du jour au lendemain avec une collègue de travail de dix ans sa cadette. Lou a entendu des conversations qu'elle aurait préféré ne jamais surprendre . que son père n'avait pas assez profité de la vie, qu'il se redécouvrait, qu'il vivait l'amour véritable...
Et qu'était-ils , son frère et elle, au milieu de ce tremblement de terre? l'incarnation d'un amour trahi, repoussé, renié? La trace de ce qui enchaînait encore ses parents, qu'ils le veuillent ou non.

Le poids des confidences, tu sais, c'est qu'ensuite les gens ne te lâchent plus. Ils ont trop peur que leurs horreurs s'éventent, ils vous emmurent comme ils voudraient emmurer leurs secrets.

Les habitants de Luminelle sont obsédés par leur niveau de vie, leur maison, leurs vêtements...Paradoxalement, s'il fait souvent beau, on ne retrouve pas cette chaleur dans leur coeur.

Nous luttons contre les abus de pouvoir de l'Astracan, nous ne nous intéressons pas aux étoiles, mais à l'humanité. Le fait que les astres nous jugent ou non n'est pas notre problème, pas plus que ce qui nous attend au-delà de l'oraison. Nous nous concentrons sur la vie en communauté, sur ce qui nous semble juste et respectueux. Ne pas tuer, ne pas torturer, ne pas opprimer, ne pas asservir, ne pas violer, ne pas voler, ne pas humilier. Voilà nos valeurs.

- Parfois, j'aimerais être seule à deux, juste pour voir.