Samuel Le Bihan

Etre heureuse, en revanche, ça se transmet et ça fait du bien. Est-ce que j'en suis encore capable ? J'ai souvent le sentiment qu'il y a des gens doués pour ça et que je n'en fais pas partie, qu'il faut un certain talent pour reconnaître ce qui est bon pour soi et savoir se détacher des choses qui encombrent. j'aimerais tellement avoir ce talent. Est-ce qu'on l'attrape à la naissance comme on a l'oreille musicale ? ou est-ce que l'on peut l'apprendre ?

La tolérance est un mot d’adulte qui sonne comme un effort. Chez les enfants il n’a pas lieu d’être puisque cela va de soi.

Par mimétisme, il a développé le langage, les échanges sociaux, l’apprentissage et la confiance en lui. Pas question de s’arrêter en si bon chemin : comme tout gamin qui se respecte, il aura droit à son activité ! Il est déjà bien surchargé avec ses séances d’orthophonie, d’ergothérapeute, de kiné… Mais ce n’est pas une raison pour le priver d’un loisir extrascolaire « normal ». J’hésite un moment entre musique, dessin et chorale et finis par l’inscrire dans un cours de gymnastique. (P. 201)

La religion, c’est quelque chose de beau en vérité ; comme toujours, le problème, c’est les vendeurs. (P. 111)

A force de redouter ce que la société me renvoie, j’ai trop souvent l’impression de rater les choses, de subir le quotidien, d’être à côté de ma vie.

Le handicap nous a éloignés mais notre enfant nous a réunis. Il a fait de nous des êtres plus forts, plus beaux et plus grands

Avoir un enfant handicapé, c’est comme entrer dans les ordres. Quelque chose de plus grand que soi prend le contrôle. On ne se pose pas la question de la foi, on est porté par elle. On n’est pas croyant, c’est bien plus que ça : on est déterminé.

Je me souviens du vertige qui s’est emparé de moi lorsqu’en tapant les mots-clés sur Google j’ai vu apparaître le mot « autisme ». Un truc qui m’a saisie aux tripes, littéralement. « Ne répond pas à son prénom, ne pointe pas du doigt, ne regarde pas dans les yeux » : bingo, tiercé perdant.

A force d'épreuves, j'ai compris qu'il fallait prendre le bonheur là où il se trouve. C'est cela ma vraie victoire. Celle d'avoir appris à être heureuse.

Cela arrive sans crier gare. D'abord un léger picotement dans les doigts, les pieds. Puis tous les membres. Mes bras deviennent gourds, mes jambes lourdes. Ma vue se trouble, provoquant un léger déséquilibre. Je cherche quelque chose à quoi m'accrocher mais ça tangue. Partout, ça tangue.

Combien de structures comme P'tit à P'tit existent en France? Combien de mères, comme moi, jettent toutes leurs forces - et leurs économies - pour créer du sur-mesure à leur enfant? Mais ce genre de lieux peuvent accueillir à peine une dizaine de gamins et ne garantissent pas l'inclusion en société. Ce ne sont que des gouttes d'eau, trop souvent du bricolage, et la France accuse encore des décennies de retard.
page 172

Je ne dis pas que les enfants comprennent vite. La tolérance est un mot d'adulte qui sonne comme un effort. Chez les enfants il n'a pas lieu d'être puisque cela va de soi.
page 168.

Avoir un enfant handicapé, c'est comme entrer dans les ordres. Quelque chose de plus grand que soi prend le contrôle. On ne se pose pas la question de la foi, on est porté par elle. On n'est pas croyant, c'est bien plus que ça: on est déterminé. Combien de montagnes ai-je pu déplacer depuis l'annonce de son diagnostic? Au fond de moi, je visualise déjà la prochaine étape.
page 142.

La religion, c'est quelque chose de beau en vérité; comme toujours, le problème, c'est les vendeurs.
page 111.

- Tu es parfait, mon César. Ne l'oublie pas: c'est nous qui sommes inadaptés, pas toi.
page 82

Notre fils est encore petit et je ne sais pas ce qu'il perçoit de son père, mais viendra un âge où la fuite de ce dernier sera un frein à son développement. Comment bien grandir quand on sait que votre père ne vous accepte pas? Pire: qu'il a honte de vous! Comment être un homme bien quand on a pour modèle un homme qui n'assume pas, qui ne pense qu'à lui? Alors coûte que coûte, je maintiens le lien avec Eric (père de l'enfant).
pages 68-69

S'il y a une chose dont je ne doute pas, c'est que j'aime mon fils et que je ne peux pas lui avoir fait de mal. "Tu n'es pas coupable, tu n'es pas coupable", me suis-je répété à de multiples reprises. Ça a fini par rentrer. Mais combien de femmes sont mises à terre par des institutions qui continuent de soutenir ce genre de théories? C'est pour elles aussi que je me bats.
page 66

On naît autiste, on meurt autiste, il n'y a pas de remède. Mais il n'y a pas non plus de fatalité.
page 23

"J'ai ainsi découvert toute une communauté très active sur les réseaux sociaux et compris qu'il n'y avait pas que la solution psychiatrique."

"Comme on dit : avant, j'avais des principes, maintenant, j'ai des enfants."

"Quand on veut un enfant, on se projette, quand on devient parent, on s'adapte."

"Tomber au champ de bataille ne servirait à rien. Être heureuse en revanche, ça se transmet et ç fait du bien."

"Nous osons nous confier nos espoirs déçus, notre deuil de l'enfant idéal mais aussi notre renaissance, cette mue de la femme en mère, puis de la mère rêvée en mère qui fait comme elle peut. Mais avec amour, toujours."

"Je pense que si nous avançons avec mesure, nous pouvons réussir quelque chose de très beau. Permettre aux enfants de s'enrichir de la différence et ouvrir le chemin du savoir à un enfant qui n'a pas eu autant de chance que les autres."

"La tolérance est un mot d'adulte qui sonne comme un effort. Chez les enfants il n'a pas lieu d'être puisque cela va de soi."

"Je relève le menton, comme un défi à la fatalité. L'essentiel est de faire de ce qui nous arrive quelque chose de beau, c'est notre seule chance de nous en sortir. Si je ne choisis pas ce qui m'arrive, c'est encore moi qui choisis la façon dont je le vis. A force d'épreuves, j'ai compris qu'il fallait prendre le bonheur là où il se trouve. C'est cela ma vraie victoire : celle d'avoir appris à être heureuse."

! Quand on veut un enfant, on se projette, quand on devient parent, on s’adapte.