AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Sandro Veronesi (238)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le colibri

"Le Colibri" de Sandro Veronesi qui a remporté le Goncourt italien ( Strega ) 2019 est un roman déstructuré , et paraît-il "expérimental". En tout cas Veronesi ne se fatigue pas à suivre une linéarité. Dés le départ il nous parachute dans une rencontre insolite entre le protagoniste Marco Carrera , ophtalmologue de son état, avec le psychiatre de sa femme, qui semble être là dans des démarches peu déontologiques. Bref à partir de là utilisant tous les moyens de communication actuelles, lettres, mails, messages WhatsApp, conversations téléphoniques.....on va assister au déploiement de la vie extérieurement banal, intérieurement beaucoup moins du sieur Carrera, surnommé " le colibri " , avec tous les personnages de sa vie, qui entrent et sortent à son bon gré ; des personnages qui semblent être des marionnettes qu'il articule, en quête d'une vérité sur le sens de sa vie, à moins qu'il la connaît déjà et la manipule. le déploiement narratif non linéaire nous arrive en bonus. Donc si vous avez la mémoire courte ou si vous ne lisez pas ce puzzle de quarante-six pièces d'une traite, vaut mieux prendre des petites notes 😆!

Veronesi emploie les mots "discours " et "hors-discours" pour les deux facettes d'une seule vie, plus précisément,le premier étant la face visible de l'iceberg et le second, l'invisible sous l'eau. Il y implique cinq personnages de femmes très différents, la fille, la femme, l'amoureuse, la soeur, et la petite-fille, qui montrent toutes des signes de fuite hors de la réalité et fréquentent des psys. Hormis sa petite-fille, elles semblent toutes avoir bluffé le colibri. Est-ce vrai ? Ou est-ce lui qui nous bluffe ? Je pense que l'unique intérêt de ce livre aurait pû résider dans cette ambiguïté qui semble déjouer le temps. Cet homme est-il une victime, à la merci d'événements dont il se laisse subjuguer ? du moins il nous le fait croire, astucieusement. Et au final, vu la fin, je n'en sais rien.

Pour ceux ou celles qui seront tentés de le lire, vous souhaite de bons moments avec cette lecture assez spéciale, déroutante au départ, et de plus en plus familière par la suite 😆! Veronesi je pense a voulu écrire un roman à la psychologie fouillée avec même un psychiatre de service, sur la Vie d'un homme accablé de malheurs, qui soit disant en se comportant digne de son pseudo *, donc en réussissant à rester impassible, calme face aux désastres dans sa vie, arrive à s'en sortir. Mon ressenti est que le résultat en est loin. Trop de matériaux composites pour pouvoir faire tenir l'ensemble et en arriver à une synthèse intéressante. Lu sans m'ennuyer, mais n'y ai rien trouvé de quoi me faire réfléchir, ni de m'épater et le plus important de m'émouvoir. Pourtant j'ai espéré jusqu'à la fin, en vain. Je conseillerais quand même sa lecture, vu que c''est un livre qui a été beaucoup lu et loué ici dans mon entourage.



Un grand merci aux éditions Grasset et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre.

#Lecolibri#NetGalleyFrance



* "....tu es un colibri parce que comme le colibri, tu mets toute ton énergie à rester immobile. Soixante-dix battements d'aile à la seconde pour rester là où tu es déjà. En cela, tu es formidable. Tu réussis à t'arrêter dans le monde et dans le temps, tu réussis à arrêter le monde et le temps autour de toi, et même parfois tu réussis à le remonter, à retrouver le temps perdu, tout comme le colibri est capable de voler à reculons."











Commenter  J’apprécie          11512
Commandant

En seulement 200 pages, Commandant est un roman polyphonique aux répercussions profondes : ses deux auteurs donnent la parole à l'équipage d'un sous-marin de la seconde guerre mondiale et, dans une moindre mesure à leur entourage. Ce sous-marin, c'est celui du commandant TODARO, un homme d'expérience qui ne fait pas la guerre à la légère, et qui connaît la valeur d'une vie pour avoir déjà failli perdre la sienne dans un crash d'hydravion.

.

Le capitaine Todaro a bien existé, et son histoire qui nous est contée ici est bien réelle. Si VERONESI et DE ANGELIS en ont fait un roman, c'est qu'ils souhaitaient mettre en exergue un pan de son histoire trop méconnu : un soir où le capitaine Todaro fut obligé de couler un navire en pleine mer afin de défendre son pays en guerre, il a ensuite pris la décision, envers et contre tout son équipage, de secourir les marins ennemis qui, à ce moment-là, n'étaient déjà plus, pour lui, des adversaires mais des naufragés. Pire que cela, il les secourt alors même que les règles de la guerre lui commandent le contraire, risquant les représailles qui s'imposent ; il les secourt aussi alors même que cela met le sous-marin en surcharge et que cela met en péril la survie de tout le monde, pour des naufragés qui, au surplus, sont loin de respecter les fascistes qu'ils représentent à ce moment-là.

.

Les deux auteurs auraient pu simplement vouloir rappeler ce fait historique, une démarche qui n'aurait pas été sans me rappeler Les Mensonges du Swebol que je vous recommande vivement au passage. Mais ce roman, intitulé Commandant, à une portée bien plus symbolique : en remettant en lumière la décision de ce commandant, VERONESI et DE ANGELIS ont à coeur de rappeler que tout naufragé est une vie humaine avant tout. En dépit de sa nationalité, de son sexe, de sa fonction ou encore de ses opinions.

.

Et en rappelant que le commandant Todaro a pu faire cet acte d'humanité en pleine guerre, ils espèrent rappeler aujourd'hui au monde entier, et aux dirigeants de l'Italie en particulier qui venaient d'interdire de repêcher les migrants naufragés, que ne pas secourir des hommes qui se noient est un acte inhumain même en pleine guerre, et bien plus criminel le reste du temps, n'en déplaise au courant de xénophobie que les auteurs sentent monter dans leur pays et redoutent de se voir développer, à l'aune de cette guerre passée qu'ils remettent en scène ici.

.

Chaque voix prenant la parole dans ce roman tend donc à nous rappeler notre humanité autant que celle de chaque personnage, qui est loin d'être seulement un pion sur l'échiquier de la guerre ou du monde mais est avant tout une vie humaine, aimé par des parents, des amis, une famille, comme nous et comme les gens que nous voudrions voir revenir sains et saufs si ce genre de mésaventure devait arriver. Et comme il est plus facile de s'en rappeler en frôlant soi-même la mort dans un sous-marin que lorsqu'on végète confortablement dans un canapé, le scenario veut nous toucher en nous plaçant au coeur de chacun de ces hommes – d'autant plus qu'il est également prévu en film.

.

Il y a ce message, donc, mis en exergue par l'auteur en introduction. Pour autant, et dès les premières pages, c'est bien dans le quotidien de sous-mariniers que nous sommes plongés, et c'est donc également dans un bon roman de guerre que j'ai passé quelques heures agréablement écrites : vivant une nuit perpétuelle dans cette prison de fer et d'eau à écouter respirer les poissons et vibrer les missiles ennemis potentiels, tremblant de devoir couler et mourir dans ce cercueil de larmes salées qui m'enserrait, pleurant le plongeur que l'on a dû sacrifier pour nous sauver, tentant de survivre à cette promiscuité déjà pénible qui devient presque insupportable avec des étrangers mutins à son bord, m'obligeant alors en plus à résister à la paranoïa ambiante inévitable...

.

Un roman puissant qui pourra se discuter d'un point de vue pratique, personnel ou politique, mais plus difficilement d'un point de vue purement humain et de principe, au vu des arguments dégagés. Sur le thème des migrants je vous recommande également le Passeur de Stéphanie Coste, et pour la vie en sous-marin le magnifique film « le chant du loup », ou encore « le jour ne se lève jamais pour nous », roman de Robert Merle.

Commenter  J’apprécie          7422
Le colibri

Le colibri, c'est Marco Carrera, 40 ans en 1999, ophtalmologue romain, ainsi surnommé par sa mère dans son enfance en raison d'un retard de croissance.

Le roman s'ouvre sur une scène de 1999, précisément, dans laquelle sa vie nous est d'emblée retracée dans ses grandes lignes, au travers d'un dialogue entre Marco et le psychanalyste de sa femme Marina, lequel passe allègrement les bornes de la déontologie de sa profession pour prévenir Marco des potentielles foudres vengeresses de ladite Marina, jalouse. Jalouse ? Oui, car Marco a une maîtresse, Luisa. Enfin, une amoureuse quasi-platonique rencontrée à l'adolescence, qu'il revoit chaque été, et avec laquelle il correspond épisodiquement depuis tout ce temps, sans qu'aucun des deux n'ait franchi le pas du divorce pour vivre cet amour au grand jour.

Il y a/a eu/aura d'autres femmes dans la vie de Marco : sa soeur, sa fille, sa petite-fille. Et son frère, qui ne lui adresse plus la parole depuis 20 ans, et ce psychanalyste, donc, qui finit par abandonner divan et patients névrosés pour travailler dans l'humanitaire, et qui devient, au fil du temps, le confident de Marco.

La vie de ce dernier n'aura pas été la plus heureuse, pas la plus triste non plus, et le "colibri" aura connu des joies, des peines, de l'amour, des conflits, des difficultés, des petits et des grands malheurs, et deux grandes tragédies. Mais il aura tenu bon.

Tout cela nous est raconté en éclatant complètement la chronologie, qui court de 1960 à 2030, en utilisant à la fois narration classique, dialogues, e-mails, lettres, textos, et en distillant savamment les éléments dramatiques, qui sont révélés juste à point, ni trop tôt ni trop tard. La veine est tragi-comique, la langue magnifique, faite (en partie) de longues phrases envoûtantes. L'exercice de style, virtuose, est très réussi.

Un très bel emballage pour un contenu qui me laisse cependant perplexe. Je ne sais pas ce que l'auteur a voulu dire avec cette métaphore du colibri, mais elle ne me semble pas filée de façon cohérente. le colibri a ceci de remarquable qu'il bat frénétiquement des ailes pour rester immobile. Ainsi aurait procédé Marco tout au long de sa vie : déployer une énergie folle pour rester lui aussi immobile et résister ainsi aux drames de son existence. Moui... à supposer que cela soit extraordinaire (est-ce que la plupart des gens ne passent pas leur temps, justement, à affronter les difficultés de la vie, à tomber et à s'en relever, à des degrés divers?), la démonstration est bancale : Marco n'est pas "immobile", il ne reste pas de marbre, impassible. Il tombe, se relève, agit, réagit, ou n'agit pas, mais il avance, quoi qu'il (ou l'auteur) en pense, parce que simplement il n'est pas possible de faire autrement. On peut croire qu'on reste passif, qu'on n'agit pas sur notre propre destin, qu'on laisse faire. Mais ne rien faire est aussi une décision, et en tout état de cause le monde ne s'arrête pas de tourner, et par ce simple fait, il continue à agir sur nous et à modifier notre univers. Rien n'est jamais figé et l' "immobilité" de Marco (qui contraste d'ailleurs avec le chaos de la narration) est une illusion, un leurre. Bref l'intention de l'auteur m'échappe, et/ou alors je n'ai rien compris.



En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.

#Lecolibri #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          716
Commandant

Comme une déferlante projetée sur le genre dont il a littéralement renouvelé la manière, ce roman est venu lessiver la littérature maritime.

Il est une convergence des temps et une concordance des hasards.

Il est né de plusieurs rencontres, d'un besoin d'humanité et du désir de raconter une histoire exemplaire.

"Commandant" est un roman écrit à quatre mains par Sandro Veronesi et Edoardo Angelis.

Il a été publié en France, en novembre 2023, dans la collection "En lettres d'Ancre" des éditions Grasset.

Un livre, un écrivain et un réalisateur, deux scénaristes, un film, serait-ce le retour de ce bon vieux roman-ciné, bien oublié aujourd'hui ?

Car "Commandante", le film, dont la date de sortie en France n'est pas encore communiquée, a fait l'ouverture de la 80ème édition de la Mostra de Venise en septembre 2023.

Enfermé dans un corset de fer depuis un accident d'hydravion, le commandant Salvatore Todaro, en septembre 1940, a pris le commandement du sous-marin "le Capellini", dont la proue a été doublée d'acier affilé pour l'archaïque occasion éventuelle d'un éperonnage avec l'ennemi.

C'est que Salvatore Todaro était un homme particulier, flanqué d'un esprit-guide, un guerrier de la Grèce antique.

Le "Capellini", après avoir franchi Gibraltar, s'est embusqué dans l'Atlantique ...

Ce roman est un grand roman maritime, très original et très atypique.

Tout d'abord, il s'est débarrassé comme de vieux oripeaux inutiles du vocabulaire technique et traditionnel accroché au genre.

Tout au long des chapitres, le récit a été confié à plusieurs narrateurs dont il a adopté la façon de parler.

Ce qui hache un peu le récit par l'alternance des styles, mais lui offre au final une densité et une humanité multipliées.

Ce récit est soutenu par le grand principe de solidarité en mer du marin envers un autre marin.

C'est inaliénable.

C'est inscrit dans plusieurs millénaires d'une grande peur de l'horizon.

Mais les temps barbares que nous vivons ont d'abord vu des pavillons de complaisance mépriser cette pierre angulaire de la navigation, puis, plus grave encore, des états ont sombré dans cette inhumanité depuis que des "migrants" ont commencé à traverser en nombre la méditerranée.

L'édifiante introduction au roman signé de Sandro Veronesi vient acter cette convergence des temps avec laquelle j'ai ouvert ma critique.

Ce roman, "Commandant", est passionnant.

La description de l'attaque du sous-marin contre le cargo belge "le Kabalo" est un modèle du genre.

Mais ce livre n'est pas réellement un livre de guerre.

C'est un ouvrage de principes et d'humanité, qui s'intéresse aux hommes et fait la part belle aux personnages.

Petit clin d'oeil à Gustave le Rouge, le récit est piqueté de bonne cuisine et d'annonces de spécialités culinaires italiennes.

D'ailleurs, dans sa forme, même traduit en français, même ancré dans son universalité, le récit reste très italien.

Ce qui donne à la lecture un véritable plaisir supplémentaire et inédit.

Ce roman est l'épopée d'un sous-marin.

Il est le rappel d'un héroïsme salvateur enchâssé dans un conflit sans merci.

Il raconte le destin d'un équipage mené par un homme exceptionnel.

Mais surtout il est l'affirmation du principe intangible rappelé par ce même homme exceptionnel que pour un marin, rien n'est plus enthousiasmant que de sauver un naufragé ...





Commenter  J’apprécie          647
Terrain vague

C’est dans l’orphelinat des Chérubins où les bonnes sœurs ne se privent pas de « corriger » les enfants en les attachant à leur lit et en les frappant et où le père Spartacus, on ne peut plus « dérangé » et tyrannique que nous faisons connaissance de Salvatore, petit garçon d’une douzaine d’années qui n’a de rêve que de celui de s’échapper pour retrouver le Chantier. Le Chantier est un quartier que l’on peut qualifier de bidonville où se retrouvent les déshérités, les plus démunis et où Oméro est prêt à l’accueillir. Tout au long de Terrain vague, nous passons de l’orphelinat au Chantier avec notre petit gavroche qui grandira et sera sous la protection de Rase-Mèche un proche d’Oméro.

Au cours du temps, Pampa, jeune garçon, lui aussi vivant dans la rue, se joindra à notre duo Rase-Mèche et Salvatore. Nous partageons avec eux leur vie, leurs trafics, leurs magouilles qui leur permettent de survivre, mais aussi les drames .

Sandro Veronesi dénonce ici l’église pervertie mais aussi la société qui génère les injustices, la misère humaine de l’Italie à la fin des années 60.

Entre la folie spirituelle et la misère humaine, Sandro Véronesi nous livre une fresque sociale dure et bouleversante et cela est d’autant plus poignant que en 2018, rien n’a changé !

Commenter  J’apprécie          481
Chaos calme

Chaos calme...



Difficile de parler de ce livre qui m'a bousculée, et je tangue encore en y pensant.







Le deuil sidérant, celui qui fait agir à l'encontre de ce que les autres attendent, voilà ce qui a touché Pietro. Il est bien plus touché que ce qu'il croit : il attend la vague du chagrin, la redoute, évite dans un premier temps, les sujets qui vont la faire déferler puis peu à peu, se risque, repense, prononce des noms, se remémore des lieux, des êtres croisés... Toujours rien, enfin façon de parler parce qu'entre temps, il décide de déserter le bureau, celui où se joue la fusion du siècle, déserter ce lieu d'angoisse, de questionnement, de rivalités comme le sont tous les lieux en mutation.

Et donc, il décide d'établir " sa base" devant l'école de sa fille. Il y passe ses journées, y travaille, reçoit dans sa voiture, au café ou sur un banc quand le temps est clément, observe - ce qu'il n'avait sûrement ni le temps, ni l'idée de faire auparavant - et voit arriver à tour de rôle, ses collègues et supérieurs qui viennent lui parler...de leurs propres soucis, de leurs propres atermoiements tout comme ses proches, qui en plus de s ‘épancher auprès de lui lui mènent la vie dure par leur colère soudaine.



Et Pietro qui vit déjà dans un équilibre fragile devient le réceptacle des malheurs d'autrui…

Et surtout, il s’interroge, analyse sa vie et les grandes questions qui en sont la trame, ses rapports aux autres, ce que les autres font de leur existence, à quel prix. Et finalement, il découvre là, une façon de retrouver éventuellement une place parmi ses semblables.

Et c’est encore plus vaste que cela...







C'est drôle souvent - j'ai pensé à certaines scènes de comédies à l'italienne, à l'univers de l'acteur Totò dans ce registre, où les paroles ne cessent que quand l'absurdité est évidente , c'est émouvant, tout autant, on regarde, comme Pietro, différemment ce qui fait une journée, une vie, une rencontre. C'est grivois, et même cru aussi, à certains moments, quand Pietro" pose les yeux" sur la gente féminine pour ne dire que cela. Et c’est bouleversant quand c’est le regard du père qui se pose sur cette petite fille qu’il essaye de protéger avant tout, une très belle évocation de cet amour.



J'ai beaucoup apprécié d'être constamment dans l'esprit de Pietro, d'entendre sa voix commenter et analyser ce qui se dit. J'ai aimé cette rencontre avec Mattéo, l'enfant handicapé, le seul finalement qui comme Pietro regarde le monde à travers le prisme des sensations...







Un livre comme une intranquillité...

Commenter  J’apprécie          4211
Le colibri

La narration du Colibri est malicieuse, mêlant mails et lettres, récit et dialogues effrénés. Elle virevolte, semblable à cet oiseau capable de surplace, identique aussi à la chronologie dansante de ce roman. Sandro Veronesi y fragmente une vie pour mieux la sublimer, s'attarder sur des mariages malheureux et des passions platoniques, des douleurs familiales et des drames. Un grand livre, touchant, tendre et nostalgique (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/05/03/le-colibri-sandro-veronesi/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          390
Le colibri

Ce livre raconte la vie de Marco Carrera, ophtalmologue florentin, de façon fragmentée, à travers ses amours, ses amitiés, ses douleurs familiales et les drames de sa vie.

L'auteur, Sandro Veronesi a structuré intelligemment le récit, en y intégrant des mails, des lettres, des appels téléphoniques à la narration.

"Le colibri" désigne Marco, le héros du roman, cet oiseau "insaisissable", surnom affectueux que lui donnait sa mère lorsqu'il était enfant.

Comme l'oiseau, Marco emploie toute son énergie à rester au même endroit, à tenir bon malgré tous les drames.

Cet homme traverse de grandes épreuves, et pourtant il est porté par ce désir puissant de continuer à avancer.

Veronesi a choisi une phrase de Samuel Beckett, en exergue, que j'aime beaucoup :"Je ne peux pas continuer. Je vais continuer".

(une phrase qu'il avait déjà publié dans on splendide livre "Chaos calme").

La vie triomphe, toujours.

Un livre brillant, foisonnant et complexe, profondément humaniste, que j'ai beaucoup apprécié.

ce livre a été récompensé par le Prix Strega en 2020 (l'équivalent italien de notre Goncourt), un prix que Sandro Veronesi avait déjà remporté pour "Chaos calme").
Commenter  J’apprécie          300
Le colibri

J’ai été très heureuse de retrouver cette voix d’auteur que j’aime beaucoup. Ce roman fait le portrait très sensible d’un ophtalmologue romain, Marco, surnommé « Le Colibri ». L’écriture douce-amère, malicieuse, aborde des sujets comme celui de la mort, au milieu de la vie qui l’entoure, si ce n’est peut-être le contraire. Il y a des sujets comme ceux de l’addiction aux jeux, accidents, traumatismes, amours déçus, etc. Quantité de sujets graves, dangereux, dramatiques, comme ils s’en succèdent tout au long d’une vie. Peu de choses sont réellement positives dans ce roman, en réalité, mais la façon de les aborder est celui d’une comédie dramatique tout à fait apaisante.



Une ou deux pages ont suffi pour que je plonge immédiatement dans cette lecture. Cela se passe dans le milieu de la bourgeoisie romaine. D’abord, il y a ces couples qui font tout pour rester unis, bien qu'au bord de la rupture. Puis, il y a cette amitié curieuse entre Marco et Duccio, personnage époustouflant d’un homme qui a le mauvais œil, alors que notre ami est le seul à croire en lui. Adèle, la fille de Marco, magique, dit avoir un fil dans le dos et son père est le seul à la prendre au sérieux,…



Le Colibri harmonise donc les choses, résout les problèmes de façon adaptée et avec une sagesse particulière, aux moments où le danger est aux portes, pour lui et pour ses proches. L’écriture suit un plan désordonné, sans que cela ne dérange.



La nostalgie des parties épistolaires a étrangement résonné en moi, pour le souvenir familial universel, je suppose. Ce n’est qu’un exemple, mais j’ai trouvé très émouvante la lettre où Marco évoque l’anecdote du club de vieux maquettistes venant récupérer avec grande humilité la maquette très élaborée du circuit de train électrique que le père décédé avait réalisée, et que Marco décide de leur donner. C’était une merveille de finesse, drôlerie et tendresse.



Un beau personnage et une vision fantaisiste, grave et juste, des choses au moment où elles flanchent.
Commenter  J’apprécie          290
Terrain vague

Il est difficile de conter l'histoire que raconte ce livre de Sandro Veronesi, (Auteur dont je n'avais jamais entendu parler auparavant). C'est difficile parce qu'il n'y a pas une histoire, mais plusieurs histoires parallèles concernant des êtres dont les destins se croisent à travers un dénominateur commun : Un orphelinat géré par un prédicateur un peu fou, pour ne pas dire dément, et des religieuses un peu allumées, qui réservent quelques surprises au lecteur. On peut ajouter à cela des pratiques pas très catholiques au sein de cet établissement, et le tableau est complet.



Dès le début, le contexte évoqué m'a rappelé le livre " Bohémian Flats" de Mary Relindes Ellis qui traite aussi d'une communauté marginale et illégalement constituée, mais qui vit plus ou moins en autarcie, sinon au dépend de qui s'en approche.



C'est l'occasion d'une très belle description de la notion d'abandon, mais aussi de solidarité, non pas au sens de l'aide financière mais par le fait que dans l'adversité, chacun est capable de prendre un déshérité sous son aile pour l'aider à grandir (Pas toujours dans le droit chemin !)



Tout au long de ce roman, on se régale avec des personnages attachant, et pourtant on côtoie les notions de secte, de folie, de délire mystique, de frénésie populaire, et aussi d'éloge du feu, de l'incendie ( criminel, accidentel, industriel, de broussailles...)



L'auteur a de plus un très grande capacité à traduire à l'écrit des ambiances sonores, que ce soit pour la retransmission d'un matche de foot, une foule en panique ou des chants en latin...



Vous pouvez l'imaginer à la lecture de cette critique un peu désordonnée, ce livre est une source de sujets multiples et passionnants.

Le moins que l'on puisse dire est que l'on ne s'ennuie jamais : Il se passe toujours quelque chose.



Je ne connais pas le reste de la production de cet auteur, mais l'originalité de ce récit me donne envie d'en découvrir plus.



Commenter  J’apprécie          270
Chaos calme

Voici un livre magnifique, étonnant, atypique sur le sens de la vie ou plutôt la renaissance à la vie.

C’est intelligent et fin, très bien écrit et parfaitement construit.

Sandro Veronesi est un excellent observateur du quotidien, il a le sens des dialogues, des situations, de l’humour également.

Une histoire de deuil, de reconstruction, de doute, des choses du quotidien.



Ce livre a été adapté au cinéma par Antonello Grimaldi (avec Nanni Moretti dans le rôle principal).



«Chaos calme » à été récompensé par le Prix Strega 2006, l’équivalent italien du Goncourt. Également Prix Femina Étranger 2008 et Prix Méditerranée Étranger 2008.
Commenter  J’apprécie          260
Le colibri

Le colibri Sandro Veronesi chez Grasset

#Lecolibri #NetGalleyFrance

Prix Strega 2020.

Marco Carrera ne se doute pas de ce que l'homme qui entre dans son cabinet d'ophtalmologie va lui apprendre....Son monde va très bientôt voler en éclats, son épouse va le quitter et se montrer particulièrement agressive dans sa demande de divorce n'hésitant devant rien.

J'avoue avoir eu beaucoup de difficultés à entrer dans ce roman qui se veut déstructuré et expérimental, vu sous cet angle c'est une réussite. Une narration aux multiples facettes, dialogues, courriers, courriels, distillant au moment opportun les informations nécessaires.

Surnommé le colibri , Marco a souffert d'un défaut de croissance corrigé médicalement ensuite. le colibri vole et peut rester immobile en battant des ailes. Marco, blessé, chute, se rélève, chute à nouveau et réagit, bien loin de lui l'idée de contempler sans bouger la situation. Cet homme a souffert et aimé , cet homme souffre et aime c'est le lot de tout un chacun.

Un ressenti en demi-teinte donc. Sandro Veronesi a conçu un roman déstructuré qui ne me convient pas et investi toute sa science psychanalytique dans la construction de son, de ses personnages me laissant perplexe et en point d'interrogation. Je n'ai visiblement pas tout compris...

Merci aux éditions Grasset.
Commenter  J’apprécie          264
Le colibri

Quoiqu'il écrive, Sandro Veronesi est sans cesse identifié comme l'auteur de Chaos calme, le livre qui l'a propulsé sur le devant de la scène littéraire. Pourtant, il a signé depuis une poignée de livres plus qu'estimables mais il ne pourra sans doute jamais se débarrasser de cette référence obligée. A moins que Le colibri, sa dernière œuvre, primée en Italie (Strega) et dernièrement en France (France Inter), ne vienne changer la donne. Le colibri raconte la vie de Marco Carrera, ophtalmologue de profession, à travers ses amours, ses amitiés, ses liens familiaux et les nombreux drames qui ont jalonné son existence. Dans une veine tragi-comique qu'il maîtrise à la perfection, l'auteur italien a peu de concurrents : résilience, mélancolie et force de caractère se conjuguent pour un portrait intense d'un homme guère ménagé par les coups du sort. Le livre est incontestablement brillant, souvent émouvant et franchement drôle par moments, grâce notamment à des dialogues enlevés, ceux que le héros entame avec le psychanalyste de sa femme, devenu une sorte de confident. Veronesi intègre lettres, courriels et échanges téléphoniques au milieu d'une narration plus classique. Mais l'architecture du roman se caractérise surtout par une chronologie chamboulée, des années 60 à 2030, perturbant quelque peu la lecture, même si l'on en admire la construction. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, est-on obligé de se demander car il n'est pas dit qu'un récit ordonné lui aurait donné moins de force. La destructuration des intrigues est devenue une constante dans la littérature d'aujourd'hui, hélas. Aussi virtuose que soit un romancier, elle est loin de se révéler convaincante dans la plupart des cas. Le colibri est un drôle d'oiseau, dommage que son ramage fasse oublier parfois son beau plumage.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          266
Terres rares

Si vous aviez lu «Chaos calme» dans lequel Sandro Veronesi, mettait en scène Pietro Paladini, cet homme veuf et père d’une fille d’une dizaine d’années qui, anéanti par le décès de sa femme, passait ses journées dans sa voiture, incapable d’avancer et finissait, comble de l’ironie, par écouter tous ses proches (collègues, voisins...) lui déverser leur propres malheurs...Donc, si vous l’aviez lu et apprécié ce mélange d’humour, de mélancolie, ces personnages tellement bien croqués, nul doute que vous serez également séduit par les suites de l’aventure de notre héros huit ans plus tard, la cinquantaine atteinte.

De «Héros», il n’en a pas vraiment le costume, surtout lorsque débute le roman: en une journée, le monde qu’il avait reconstruit autour de lui s’écroule dans une sorte de spirale infernale (trahison de son associé, fugue de sa fille, départ de sa compagne, retrait de permis et perte de son portable...) et notre Pietro se retrouve acculé à la fuite.

Ce sera pour lui l’occasion de constats amers sur certains de ses proches ou sur lui-même et il croisera le chemin de personnages truculents (mention toute spéciale à Goliath, mystérieux géant en salopette qui recueille Pietro dans sa première planque, pas vraiment commode au départ mais épicurien affirmé dont la création culinaire «Tomates à la tomate» semble tenir du miracle des papilles).

Les 15 chapitres sont tous précédés de citations de grands auteurs ou penseurs ce qui ne gâche pas le plaisir et il est intéressant de voir alterner les formes d’écritures: un chapitre pourra ne comporter que des dialogues en style direct alors que le suivant sera construit de longues phrases sans presqu’aucune respiration à travers la narration de Pietro.

C’est plein d’ironie, de nostalgie, d’humour. Je ne suis pas une spécialiste de l’Italie mais j’ai quand même envie de dire que c’est très «italien» (peut-être parce que Sandro Veronesi dépeint aussi bien la vulgarité que le raffinement...)

Petite interrogation quand même: la couverture...Ok, elle est dans les turquoises comme «Chaos calme» et j’imagine que chez Grasset, on aimerait renouveler pour cet opus de Veronesi, le même succès mais à part ça, le sens m’a totalement échappé...Si quelqu’un peut m’aider, je prends volontiers!

Bref, turquoise ou pas, allez-y et ce, même si vous n’avez pas lu «Chaos calme» (chaudement recommandé quand même!).

Commenter  J’apprécie          262
Chaos calme

Le récit commence par la description d'un sauvetage.

Deux frères secourent chacun une femme de la noyade.

Pietro sauve la sienne et la description de ce sauvetage est à la fois terrible et grotesque. Il faut le lire pour le croire. C'est un drôle de mélange, intense, désespéré et extrêmement drôle.

A leur grand dépit cependant, personne ne remarque leurs sauvetages heroiques.

Au même moment, pendant que Pietro sauvait cette femme, celui-ci apprend que la sienne est décédée d'une rupture d'anevrisme devant sa petite fille de 9 ans.

Pietro décide alors sur un coup de tête de passer ses journées devant l'ecole de sa fille. Il attend que la douleur le terrasse mais curieusement, la douleur attendue ne vient pas. C'est plutôt la douleur des autres qui vient à lui. Celle de ses amis, collegues et famille qui se confient à lui et laissent tomber les masques.

Chaos calme, quel beau titre.

Une belle reflexion, émouvante.
Commenter  J’apprécie          261
Le colibri

C’est la très jolie couverture du livre qui m’a attirée vers ce bouquin. Et le visuel va continuer à me charmer.

Passé l’incipit accrocheur, j’apprécie aussi l’originalité du départ : comme au cinéma, la caméra surplombe Rome, zoome pour nous montrer un quartier, se rapproche d’une rue, et ensuite met le focus sur un immeuble; une voix off nous dit que la vie de la personne qui se trouve dans l’immeuble va basculer dans quelques instants… Et me voilà prise dans les filets tendus par Sandro Veronesi.



Un puzzle composé de courts chapitres entrecoupés de correspondances donnent un tempo assez vivace alors qu’il ne se passe pas encore grand chose.



Petit-à-petit, mon enthousiasme s’étiole , les diversions me lassent et font dériver mon attention. Il a fallu de la patience pour que les pièces du puzzle s’imbriquent et que tout prenne sens.



La plume est belle, dépouillée d’artifices, plusieurs styles narratifs s’entremêlent, et à nouveau, si je suis charmée au départ, mon intérêt retombe ensuite, mais après un passage à vide, il remontre le bout de son nez.



Clap de fin.



C’est donc une lecture inégale et je me suis demandée à plusieurs reprises en pensant à mon futur billet si j’aimais ce livre, et finalement, maintenant que je l’ai refermé, il se trouve que oui. Car ses traces m’attendrissent, les thèmes sont traités avec beaucoup de délicatesse : liens familiaux, culpabilité, pardon, amour, infidélité, maladie, mort, deuil. Le personnage principal et les protagonistes qui gravitent autour de lui sont attachants.



Donc, inégal d’accord, déplaisant, pas du tout d’accord.



Une chose est certaine, je tenterai de lire un autre roman de cet auteur; je suis curieuse de découvrir sa plume et sa construction narrative dans une autre histoire.





Commenter  J’apprécie          256
Commandant

Écrit par Edoardo De Angelis avec Sandro Veronesi, Comandante, roman paru chez Grasset, qui est aussi un film présenté lors de la dernière Monstra, plonge le public dans le récit de l’histoire authentique du commandant Salvatore Todaro qui a sauvé la vie des marins qui ont survécu au naufrage du navire marchand ennemi, mettant par cet acte de bravoure en péril la sécurité de son sous-marin et de ses hommes.



Dans l’époque contemporaine où l’individualisme semble devenir la règle, les thématiques abordées dans ce roman souligne l’importance de l’entraide, du soutien inconditionnel, quelles que soient les circonstances, de la fraternité, voire de la fraternisation.



Empreint d’une atmosphère sombre, anxiogène et claustrophobe, Comandant souligne que ce sont les hommes qui font les guerres et que leur propre humanité peut changer le cours de l’histoire.



En faisant remonter à la surface son sous-marin, Salvatore Todaro est devenu le symbole de la noblesse d’esprit et de la désobéissance humaniste qui priment sur les ordres reçus au cœur d’un féroce conflit.Veronesi reconstitue heure après heure cet épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale, illuminé par le portrait d’un commandant très singulier, ce fait de guerre historique, relatant l’incroyable sauvetage en mer ordonné par un officier sous-marinier exemplaire, permet à ce récit percutant de rappeler le devoir sacré de tout marin.



Un livre qui se lit comme un pamphlet romanesque en réaction à la politique de fermeture des ports de Matteo Salvini et à la gestion tragique des vagues migratoires.



Tout écho avec ce qui se passe aujourd'hui en Méditerranée n'est pas purement fortuit....
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          230
Terrain vague

Entre le bidonville appelé "Le Chantier" et un orphelinat tenu de main de fer par le Père Spartacus, un intégriste mystique, gagné au marketing de la foi : charity business et show très allumé, Salvatore n'hésite pas: il fuit l'orphelinat, ses prières et ses sévices, et rejoint ses... frères de misère dans le microcosme du Chantier, haut-lieu de la petite et de la grande truanderie...

Belle plume, personnages fous ou attachants. A découvrir!



Commenter  J’apprécie          220
XY

Troisième roman lu dans le cadre du grand prix des lecteurs du progrès organisé dans le cadre des assises internationales du roman qui débuteront le mois prochain, voici XY, ce titre énigmatique et nouveau roman de Sandro Veronesi, sorti en tout début 2013.



De Veronesi,j’avais lu, comme beaucoup je pense , son" Chaos Calme", roman sidérant et très riche sur la difficulté d’un homme à faire le deuil de son épouse.



Il nous revient ici avec un livre en apparence plus classique, polar métaphysique sur un massacre incompréhensible à proximité d'un petit village dans le nord enneigé de l'Italie.



Mais ce XY n’est pas un thriller classique enquêtant sur les auteurs et les causes de ce crime. Les intentions de Véronesi sont plutôt- et un peu comme dans Chaos Calme finalement- d’essayer de trouver un remède à ce qu’on ne peut expliquer, là une mort brutale, ici des crimes inexplicables.





L’hécatombe de San Giuda est à ce point in­concevable que tous ou presque, des autorités aux magistrats, en passant par la police et les gens ordinaires, choisissent de lui trouver des explications rassurantes du genre terrorisme islamiste.



Pour cela, la narration alterne deux voix, celles d'un vieux prêtre et d'une jeune psychiatre qui tenter de trouver leur vérité et leur rationalité devant cet événement qui en manque tant. Ce couple a priori totalement dissemblable est une belle trouvaille, même si les parties mettant en scène la psychiatre m’ont paru plus fortes que celles du prêtre.



Bien que le livre n’est donc pas le thriller attendu, ce XY nous tient en haleine jusqu’au bout, malgré des passages plus inégaux, et malgré une fin qui peut frustrer, même si en même temps, elle permet de faire garder à ce roman un voile de mystère qui en fait tout son sel.
Commenter  J’apprécie          190
Terres rares

9 ans après Chaos calme, Sandro Veronesi reprend le fil de la vie de son personnage, le dénommé Pietro Paladini. A priori, il va mieux : il s'occupe bien de sa fille devenue majeure, il a une amie de coeur et son travail, sans être mirobolant, ne le stresse pas le moins du monde. Bien entendu, cette tranquillité apparente ne va pas durer, sous la plume sadique de Veronesi. Son héros (le terme lui sied peu) va se faire larguer, se fâcher avec sa fille et, cerise sur le gâteau, s'apercevoir que son associé dans les affaires est un escroc et que la police pourrait bien l'avoir dans son collimateur. Et voici donc Pietro en cavale, aussi impuissant et désemparé qu'un homard en pleine cuisson. Il faut l'avouer, c'est à la fois plaisant et pathétique de voir notre homme en désarroi. Nul doute qu'avec tous les ennuis qui lui tombent sur le râble, Pietro symbolise la masculinité moderne dans tous ses états, surtout les plus dépressifs, privé d'affection et (c'est presque pire sous la plume sardonique de l'auteur) de téléphone portable (hum). C'est la tempête sous un crâne qui intéresse Sandro Veronesi, celle d'un veuf qui perd ses repères à la vitesse grand V et se demande bien comment il va se sortir de sa mauvaise passe. On peut compter sur le romancier pour ne pas lui faire de cadeau, l'acculer avant de lui accorder une sorte de résilience, de façon fort miséricordieuse. Quel talent tout de même, ce Veronesi pour souffler le show et l'effroi à l'image du cinéma de Nanni Moretti (lequel a joué Pietro Paladini dans l'adaptation cinématographique de Chaos calme). Drôle et trépidant, Terres rares est très précieux pour ses longs moments de pause pendant lesquels ledit Pietro se demande si la vie a véritablement un sens, tout du moins la sienne. Faible mais combatif (quand on n'a plus le choix), cet homme-là est de ceux avec lesquels il est facile de s'identifier quand on est du sexe masculin et que l'existence n'est qu'une succession de doutes, de mauvaises nouvelles et d'interrogations sans réponses satisfaisantes. Il est pour le moins improbable que Sandro Veronesi lise cette modeste chronique mais si jamais il lui venait l'idée de poursuivre dans une petite décennie la suite des aventures de Pietro Paladini, il faut qu'il sache qu'on sera nombreux, en Italie ou ailleurs, à s'intéresser de très près à son sort. Parce qu'on a tous en nous quelque chose de lui, et surtout ses défauts et ses manques.
















Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
Commenter  J’apprécie          170




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sandro Veronesi (1521)Voir plus


{* *}