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Citations de Santiago H. Amigorena (374)


Onze millions de personnes.Onze millions de personnes à assassiner.Peut-on penser l'impensable?Peut -on comprendre l'incompréhensible ?Peut-on imaginer ce que personne n'a jamais vu ,ce que personne n'a encore jamais cru que l'homme serait capable de faire?Il y a des événements, de temps en temps, qui renouvellent ce que nous sommes capables d'imaginer,qui amplifient le domaine du possible jusqu'à des limites que personne auparavant n'avait supposé qu'on pourrait atteindre.
Jusqu'à l'été 1942 pourtant ,les dispositions prises à Wannsee n'ont pas été respectées.D'une part,comme les centres d'extermination n'étaient pas encore tous fonctionnels,il a fallu continuer de concentrer les juifs dans des ghettos en attendant leur mise en service.D'autre part,après l'enthousiasme du mois d'octobre 1941 suscité par l'avancée fulgurante de la Wehrmacht,la défaite allemande devant Moscou au mois de décembre avait conduit à une large révision des priorités : l'euphorie née de l'espoir d'un triomphe rapide avait cédé la place à la perspective d'une guerre de longue durée et au constat que les réserves de nourriture ne suffiraient pas à alimenter la population d'Allemagne et des territoires occupés.Les nazis allaient donc déporter tous les juifs d'Europe vers les camps situés à l'Est mais ils n'allaient pas en assassiner directement autant qu'ils l'avaient souhaité. En fait ,les vies de millions de Juifs allaient dépendre, de l'automne 1941 au printemps 1942,de comment les Allemands résolvaient ,au jour le jour, le délicat équilibre entre les tuer pour qu'ils ne mangent pas la nourriture dont ils avaient besoin pour poursuivre la guerre et les laisser vivre pour qu'ils fabriquent les armes dont ils avaient besoin pour poursuivre la guerre.Mais cette indécision quant à la manière de traiter les juifs --les assassiner tout de suite ou les tuer après les avoir fait travailler--n'allait pas empêcher de commencer à compter les victimes par millions .Dans le seul district de Dublin,dont s'occupait Odilo Globočnik plus ou moins un million de Juifs déportés allaient être jugés inaptes au travail et tués des leur arrivée dans les camps.( Page107/108).
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Préservé de la honte du succès, comme disait mon ami Hugo, j’ai toujours vu d’un œil un peu réprobateur les efforts des écrivains en vogue pour s’éloigner des grandes œuvres du passé et s’approcher de leur lecteur contemporain.
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Pawel avait une mère juive et un père chrétien et il disait toujours que c'était bizarre, parce que si on lui demandait s'il était chrétien il disait toujours non et ça s'est arrêté là, mais si on lui demandait s'il était juif il disait toujours non, et il se sentait coupable.
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Il voulait parler, mais, prisonnier du ghetto de son silence, il ne pouvait pas parler. Il ne savait plus.
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Onze millions de personnes. Onze millions de personnes à assassiner. Peut-on penser l’impensable ? Peut-on comprendre l’incompréhensible ? Peut-on imaginer ce que personne n’a jamais vu, ce que personne n’a encore jamais cru que l’homme serait capable de faire ? Il y a des événements, de temps en temps, qui renouvellent ce que nous sommes capables d’imaginer, qui amplifient le domaine du possible jusqu’à des limites que personne auparavant n’avait supposé qu’on pourrait atteindre.
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Mais les Argentins se méfiaient des Uruguayens, et les Uruguayens se méfiaient des Paraguayens, et les Paraguayens se méfiaient quant à eux des Chiliens qui à leur tour se méfiaient des Argentins… Bref, les efforts diplomatiques de Roosevelt ne semblaient pas près d’aboutir.
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- Mais toi aussi tu vas mourir ?
- Mais tu vas mourir quand ?
Comme tant d'enfants, je me souviens d'avoir fatigué ma mère de ces questions. Nous craignons tous terriblement, pendant quelques mois, la mort de nos parents, puis nous comprenons que sans doute elle surviendra dans longtemps- et toutes les morts soudain, pour des années, nous semblent irréelles. Toutes les morts nous semblent irréelles parce qu'il serait inutile de grandir, de vivre, si elles ne l'étaient pas. Puis nous vieillissons- et les morts, les autres morts, pendant quelques années encore, nous épargnent de penser à la nôtre. (p. 51)
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Il est beau que l'homme ait tant de peine à se convaincre de la mort de ce qu'il aime, et nul sans doute ne se rendit jamais sur la tombe d'un ami sans un léger espoir de l'y rencontrer vivant (p. 13)
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Mais ce fut seulement ce jour-là, ce 13 octobre 1941, que tous les trois avaient passé deux heures ensemble à discuter sérieusement de ce qui deviendrait le premier massacre institutionnel et industrialisé de l’histoire de l’humanité.
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Et maintenant, maintenant qu'il faudrait parler aux enfants, maintenant que je devrais crier ma haine et ma peur, maintenant que je sais ce qui se passe là-bas, que je sais que jamais sans doute je ne réussirai à ce que ma mère et mon frère viennent à Buenos Aires, maintenant que je sais que je ne sauverai personne, maintenant que tout me semble vide et inutile, maintenant qu'il n'y a rien d'autre qu'un vide immense qui s'étend devant moi, maintenant...est-ce que j'ai le droit de leur dire ? Est-ce que j'ai le droit de leur demander de partager ma peine ? Maintenant que je sais qu'il est mortel, est-ce que j'ai le droit de leur demander de boire une partie de ce venin qu'est ma douleur pour me soulager ?
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Si nos seules patries sont l'enfance et la langue, l'amour et l'amitié sont nos seules nations : ce sont les seules contrées où notre errance sur terre trouve un sol ferme où poser les pieds. (p. 270)
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Imaginez une école où le jeu serait le moyen d'enseigner, où chacun viendrait non pas pour apprendre un savoir unique mais pour enseigner aux autres ce qu'il a de singulier. Quel homme les enfants pourraient-ils ainsi créer ? Ne serait-il pas forcément meilleur, férocement meilleur ! que celui que les adultes tentent de façonner en éduquant les enfants ? (p. 80)
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Les vrais apprentissages se font toujours à travers des échecs. (p. 78)
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Les mots ne dépendent pas de ce que croit dire celui qui les dit : les mots disent ce qu’ils deviennent, ils racontent toujours une histoire, des histoires.
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Au début, ça ne s’appelait ni shoah ni holocauste. Ni en français ni en anglais, ni avec une minuscule ni avec une majuscule. Au début, ça ne s’appelait pas. On parlait d’ «événement », de «catastrophe », de « cataclysme », de «désastre» puis on a parlé d’«hécatombe », d’«apocalypse ». Mais au tout début, ça n’avait pas vraiment de nom. A part pour les nazis, qui l’avaient appelée « solution territoriale » puis « solution finale » (…), en dehors du vocabulaire des bourreaux, ce qui se passait en Europe, pendant des années, a été ce qui arrivait et qui ne s’appelait pas. Comme disait Churchill, c’était « un crime sans nom ».
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Mais la vie est partie. Elle s'est éloignée lentement. Et je ne sais plus où elle est maintenant. Je suis seul. Je n'entends plus. Mes oreilles closes comme des paupières. Le jour se lève et je sombre. Je sombre, je sais, je sombre. Et je tombe. Je tombe comme la nuit, comme le monde. Je ne sais pas d'où mais je tombe. Et je ne sais pas non plus vers où, mais je tombe. Je tombe. Lentement, je tombe. Lentement je tombe vers ma tombe. Oui. C'est ça. Et ça suffit.
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L’une des choses les plus terribles de l’antisémitisme est de ne pas permettre à certains hommes et à certaines femmes de cesser de se penser comme juifs, c’est de les confiner dans cette identité au-delà de leur volonté – c’est de décider, définitivement, qui ils sont.
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Il s'agissait d'une vieille légende juive -ou d'une jeune légende familiale - selon laquelle ils s'appelaient Rosenberg à cause d'un poète allemand E.T.A Hoffmann. A l'époque de Napoléon, alors qu'on avait décidé d'inscrire les juifs dans le registre civil, Hoffmann travaillait comme assesseur dans l'administration prussienne. Tous les juifs avaient du se rendre au tribunal pour qu'on leur donne un nom, et le poète allemand, qui s'occupait justement de les inscrire, s'inspirant peut-être des Indiens d'Amérique du Nord, les avaient tous nommés avec des métaphores romantiques: Arbre Doré, Lueur de l'Aube, Forêt de diamants - ou Rosenberg, Montagnes de Roses.
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Donner un nom est toujours une manière de dire quelque chose qui a toujours été dit-ou qui a été toujours été tu, ce qui revient au même.
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J'ai souvent écrit que l'oubli était plus important que la mémoire. J'ai souvent songé, comme Pasolini, que celui qui oublie jouit plus que celui qui se souvient.
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