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Citations de Santiago H. Amigorena (374)


L'une des choses les plus terribles de l'antisémitisme est de ne pas permettre à certains hommes et à certaines femmes de cesser de se penser comme juifs, c'est de les confiner dans cette identité au-delà de leur volonté - c'est de décider, définitivement, qui ils sont.
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Cela n'avait pas été seulement une opération préméditée: le pouvoir militaire s'en était ensuite enorgueilli en rendant publiques les photos des universitaires humiliés et en décrivant l'université elle-même comme un "antre de communistes" et un lieu dangereux "où l'on faisait circuler du savoir". Lorsqu'il fut questionné, l'officier qui mena l'attaque résuma la situation en une phrase courte et définitive : "l'autorité est au-dessus de la science"
Il y avait, dans cette manière explicitement fasciste de s'attaquer non seulement à la jeunesse, non seulement aux étudiants, mais à la pensée, aux penseurs-quel que fût leur âge, quelles que fussent leurs opinions politiques-, une violence nouvelle qui fit fuir d'Argentine des centaines et de centaines de professeurs. (p. 16)
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Qu'est-ce qui nous fait sentir une chose plutôt qu'une autre ? Qu'est-ce qui fait que parfois nous disons que nous sommes juifs, argentins, polonais, français, anglais, avocats, médecins, professeurs, chanteurs de tango ou joueurs de football ? Qu'est-ce qui fait que parfois nous parlons de nous-mêmes en étant si certains que nous ne sommes qu'une seule chose, une chose simple, figée, immuable, une chose que nous pouvons connaître et définir par un seul mot ? »
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Brutalement, à ce moment-là, Vicente était devenu étranger à lui-même. Il était devenu un autre, un autre vide de sens, vide d’espoir, vide d’avenir.
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Ses pensées s’étaient de nouveau perdues dans la grande plaine enneigée. Il ne sentait plus rien. Seules quelques gouttes d’acide tombaient régulièrement dans son ventre, creusant un sillon lancinant pour lui rappeler son malheur.
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Il voulait tout faire taire. Il voulait que tout soit, pour toujours, aussi silencieux qu’une grande plaine enneigée. Et il s’y efforçait avec une telle persévérance, avec une telle obstination, que souvent il y parvenait.
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-C'est ce qu'on fait depuis la nuit des temps, non ? On aime nos parents, puis on les trouve chiants, puis on part ailleurs... C'est peut-être ça, être juif...
-Oui... Ou être humain.
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Il voulait tout faire taire. Il voulait que tout soit pour toujours aussi silencieux qu’une grande plaine enneigée… La musique l’aidait…La passion selon St Matthieu, Mozart, Beethoven… des Allemands. Trois Allemands.

Il avait été un homme comme tant d’autres hommes… et soudain sans que rien ne change dans sa vie de tous les jours, tout avait changé. Il était devenu un fugitif, un traître. Un lâche. Il était devenu celui qui n’était pas là où il aurait dû être, celui qui avait fui, celui qui vivait alors que les siens mourraient. Et à partir de ce moment-là, il a préféré vivre comme un fantôme, silencieux et solitaire
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Depuis qu'il avait commencé d'entrevoir ce qui se passait en Europe, Vicente s'était senti de plus en plus juif. Mais cela ne servait toujours pas à le rassurer. Avant 1939, Vicente s'était beaucoup demandé s'il était ceci ou cela, argentin ou polonais, juif ou athée. Et il avait soulagé sa conscience, ou alors l'avait-il tourmentée, en songeant que ne sachant pas du tout ce qu'il avait de commun avec lui-même, avec celui qu'il avait été la veille ou avec celui qu'il serait le lendemain, avec celui qu'il était lorsqu'il était ivre de bonheur ou celui qu'il était lorsqu'il était ivre de rage, avec celui qu'il avait été lorsqu'il était enfant ou celui qu'il serait lorsqu'il serait grand-père, comment pourrait-il savoir ce qu'il avait en commun avec n'importe quel Argentin ou avec n'importe quel Juif dont il ignorait absolument tout ?
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[...] lorsqu'il marchait, il aspirait à ce que les mots s'absentent tellement de son esprit que la pensée elle-même disparaisse. Mais malheureusement, si l'immobilité est le contraire de la mobilité, si le silence est le contraire de la parole, rien n'est le contraire de la pensée, rien ne s'oppose à cette activité de l'esprit : ne pas penser n'est qu'une autre manière de penser.
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Et on a été élu, mais on n'a jamais vraiment si pourquoi on avait été élus. On a été élus seulement pour se poser la question de pourquoi on a été élus !
C'est ça ! On est juifs.
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C'est ce qu'on fait depuis la nuit des temps, non? On aime nos parents, puis on les trouve chiants, puis on part ailleurs... C'est peut-être ça être juif...
Oui... ou être humain.
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Avant la conférence de Wannsee, les nazis avaient déjà commencé à parler de "solution finale", et bizarrement, cet euphémisme, comme si les Occidentaux à l'époque avaient su ce qu'ils nient aujourd'hui - qu'ils étaient tous coupables -, a continué d'être employé par tout le monde pendant des décennies. "La solution finale." Quelle expression étrange, n'est-ce pas ? Une solution, on le sait, apporte toujours d'autres questions, d'autres problèmes. Cette solution-là, non. Cette solution-là, cette solution finale, les compatriotes de Kant, Hegel, Schopenhauer et Nietzsche ont cru qu'elle devait tout résoudre.
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Il avait été un homme comme tant d’autres hommes, et soudain, sans que rien n’arrive là où il se trouvait, sans que rien ne change dans sa vie de tous les jours, tout avait changé. Il était devenu un fugitif, un traître. Un lâche. Il était devenu celui qui n’était pas là où il aurait dû être, celui qui avait fui, celui qui vivait alors que les siens mouraient. Et à partir de ce moment-là, il a préféré vivre comme un fantôme, silencieux et solitaire.
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Du salon où il faisait semblant de lire un livre assis sur le canapé,Vicente n'avait pu s'empêcher d'entendre la nouvelle.Il avait écouté la radio un instant ,jusqu'à ce que le flash d'infos s'arrête et que la pièce de radiothéatre reprenne,puis il avait posé son livre et il s'était levé. Il était allé dans la cuisine ,il's'était approché de sa femme et il avait posé doucement sa main sur son ventre .
-Mi Rusita....
Étonnée par ces mots, par ces premiers mots prononcés par son mari depuis des mois,Rosita avait regardé Vicente un long moment en silence.
--Oui,mon amour?
--Si c'est une fille,elle s'appellera Victoire.
Rosita avait mis sa main sur celle de son mari et,des larmes aux yeux ,elle avait acquiescé.
Victoire est née le 17 juin 1945.( Page 186).
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Il n'y a plus de belles morts. y en-a-t-il jamais eu ? Existe -il de belles morts en dehors de la littérature ? Comment une mort pourrait-elle être belle ? Pourquoi , pour qui le pourrait-elle ? (p. 14)
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Son regard était si tendre que ses taches de rousseur avaient toujours l’air d’être des larmes de joie qui flottaient sur ses joues.
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C'est bien des années plus tard que Vicente devait lire ces mots de Primo Levi, ces mots qui résument la volonté que les nazis ont eue, dans les camps, de créer un espace absolument différent, un espace où il n'y avait pas de pourquoi.
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Vicente allait éprouver une double haine de lui-même : il allait se détester parce qu'il s'était senti polonais et il allait se détester davantage encore parce qu'il avait voulu être allemand.
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De la même manière que la plupart des Argentins, quarante ans plus tard dans cette même ville de Buenos Aires, allaient refuser de croire que la dictature militaire avait fait des milliers de disparus, les gens, en Allemagne, en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, en Roumanie, dans les pays baltes, en Crimée, en Ukraine, en Russie, comme partout dans le monde, préféraient ne pas parler, ne pas savoir. Tout le monde préférait ne pas parler de cette horreur pour une raison élémentaire et intemporelle : parce que l’horreur crue de certains faits permet toujours, dans un premier temps, de les ignorer.
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