Ils jouaient au jeu préféré du Renard : le petit soldat
Le père désigna la forêt. Le garçon regarda son père pendant un long moment. De l'eau coulait encore entre ses yeux. Puis il s'essuya le visage avec le col de son tee-Shirt et hocha la tête. Il plongea la main dans la poche de son jean et en sortit un vieux soldat en plastique, le jouet préféré du renard.
"-Non! Non, je faisais juste... une randonnée.
Elle plaqua les mains sur ses oreilles et fronça les sourcils.
-Je suis désolée, je n'ai pas entendu. Mon détecteur de mensonges s'est déclenché." (citation choisie par Pax)
-Je ne suis pas en colère. Simplement, je n'ai pas choisi tout ça. Je n'ai pas choisi de voir la guerre arriver. Je n'ai pas choisi de voir mon père s'enrôler. Je n'ai pas choisi de quitter ma maison. Je n'ai pas choisi d'aller chez mon grand-père. Et je n'ai vraiment pas choisi d'abandonner un animal dont je me suis occupé pendant 5 ans.
-Tu es un enfant. On ne te laisse pas beaucoup de choix. Moi aussi, je serais en colère, à ta place. Dyableman en colère.
-Je vous dis que je ne suis pas en colère !
Moi je dessine des oiseaux mais toi, tu as des ailes....
Mais... vingt ans pour découvrir qui vous êtes ? Ça ne peut pas être si difficile que ça.
- Si. La vérité peut être la chose la plus difficile à repérer, quand elle nous concerne. Si on ne veut pas connaître la vérité, on fait n'importe quoi pour la cacher.
- Tu peux t'installer dans la véranda. Il faudra sans doute que tu la partages avec François. (…)
(Note: François est un raton laveur.)
- Il est sauvage ou apprivoisé? (…)
Elle croisa les bras avec une expression indéchiffrable.
- Quoi?
- Je me demandais juste… Le fait que tu sois dans la véranda, ça veut dire que tu es quoi selon toi? Sauvage ou apprivoisé?
La gentillesse inattendue de Vola déstabilisait toujours Peter. Parfois, elle lui ordonnait sèchement d'exécuter une dizaine de tractions, ou mimait une explosion devant son visage pour lui déconseiller de s'approcher. Dans ces sas-là, il se sentait dans son élément, comme chez lui. Mais de temps en temps, elle massait ses épaules endolories avec un onguent, ponçait les échardes de ses béquilles, ou abandonnait ses corvées pour lui préparer une tasse de chocolat chaud; il comprenait alors combien elle faisait d'efforts pour qu'il devienne fort et indépendant, et il se sentait coupable.
Il se sentit coupable tandis qu'il enveloppait les crosses dans le tissu doux; il lui dit donc ce qu'il supposa qu'elle voulait entendre:
- Vos nièces devaient être très contentes d'avoir de si beaux cadeaux.
Mais il en doutait. Ses nièces avaient probablement jeté à la poubelle ces marionnettes aux yeux morts, squelettiques comme des rats, le soir même où elles les avaient reçues. Pas de cauchemars.
Vola haussa les épaules, mais Peter se rendit compte que ses mots lui avaient fait secrètement plaisir, et sa culpabilité se dissipa un peu.
- L'unité est partout sur la Terre, gamin. Deux, mais pas deux. Elle est toujours là, à relier les racines entre elles, à vibrer autour de nous. Je ne peux pas en faire partie : c'est le prix que je paie pour m'être mise à l'écart du monde. Mais toi, si. Tu peux pulser au même rythme que son coeur. Tu es peut-être tout seul, mais tu n'es pas seul au monde.
- Et si je me perds ?
- Tu ne te perdras pas.
- Je crois que je me suis déjà perdu.
Vola tendit les mains au-dessus de la table, les mit autour de sa tête, et pressa.
- Non. Tu t'es trouvé.
- Oui, peut-être qu'il aurait voulu devenir prof. Donc peut-être que c'est ça que vous devriez faire pour lui. Mais comme vous ne le saurez jamais, je pense que vous devriez partir d'ici et vivre *votre* vie. Tout ce que je veux dire, c'est que malgré toutes les horreurs qui vous ont abîmée, vous pourriez repartir à zéro, comme le phénix, et...
- Je sais ce que tu veux dire. Tu n'as pas tort, mais maintenant, sors d'ici. Laisse-moi seule.
... j'ai collé six capsules sous chacune des semelles de mes baskets.
Je souriais tout seule en imaginant la joie des propriétaires, au début de leur prochaine réunion, lorsqu'ils découvriraient que leurs bouteilles [de bière] étaient déjà décapsulées !
Une fois mon collage terminé, j'ai rechaussé mes baskets. Bien sûr j'avais du mal à marcher, mais je produisais exactement les mêmes sons qu'un danseur de claquettes !