Saskia Sarginson

J'ai comme l'impression d'être victime d'hallucinations. Comme si mon monde était fait de papier et s'envolait au gré du vent.

Les lieux ont beaucoup d'influence sur nous, vous ne trouvez pas ?

Se rasseyant plutôt sur sa chaise, elle étudie le visage de sa sœur. Elle a la bizarre impression d'agir en cachette.
Autrefois, regarder Viola était comme se voir dans un miroir à plusieurs angles. L'observer n'était pas l'espionner, c'était simplement comme si elle critiquait ou admirait ses propres traits.

(...) Isolte cligne des yeux et détourne le regard. Elle ne peut pas s'habituer à voir sa sœur dans cet état. Se souvenir d'elle avec ses joues rondes d'enfant et son large sourire lui demande de plus en plus d'efforts.

Elle s'enfonce dans son siège en essayant de ne pas l'écouter, sachant bien que la perte de la confiance est l'obstacle sur lequel l'amour vient buter et trébucher : le début de la fin.

Peu importe ce que nous portions, personne n'arrivait à nous distinguer, bien que j'aie toujours été le plus gros bébé puis la plus potelée, enfant.
Dodue, comme disait ma mère.

Parfois, lorsque Isolte et moi nous tenions à côté l'une de l'autre, quelqu'un me pointait du doigt et s'écriait, comme s'il venait de découvrir quelque chose d'extraordinaire :
- Ha ! C'est toi la plus grosse des deux !

La plus grosse. Je détestais ces mots.

On peut aller n'importe où par la pensée.

Je suis vraiment troublée par ce livre
Je ne sais pas si j'ai aimé les personnages car ils ont tous un problème :
- Les jumeaux qui sont battus par leur père
- La mère des jumelles qui est alcoolique et qui finit par se suicider
- Viola qui est anorexique
- Etc ...

Mais il y a quelque chose qui m'a captivé je ne saurais dire quoi !!!

Je vous conseil de le lire, mais ne le surestimez pas trop !

Je me sens vide, comme dépouillée d'os et de muscles.

Au final, la seule chose qui importe, ce sont les gens qu'on a aimés et qui nous ont aimés. Il n'y a rien d'autre qui compte, n'est-ce pas ?

- Est-ce que ça t'arrive d'en avoir marre ? demanda-t-il en essuyant le sang de son menton. D'avoir une jumelle. Qui te casse les pieds, qui te donne des ordres et te pique tes affaires ?

Je hochai la tête et éprouvai un soulagement à cet aveu.
Je lançai un regard coupable derrière moi, comme si Issy se trouvait dans le coin de la pièce et m'observait la trahir.

Je ressentis un élancement vif dans la mâchoire. En ce moment même, le dentiste devait être en train de lui examiner la bouche, la fraise hurlante à la main, le métal mordant dans sa dent. Je savais comment ses doigts s'agrippaient au siège.

- Issy peut parfois être pénible, dis-je, mon cœur faisant de petits soubresauts dans ma poitrine.
- C'est elle l'aînée ?
John se pencha au-dessus de l'évier.
- Michael est né cinq minutes avant moi. Mais il se comporte comme s'il avait cinq ans de plus.
- Exactement ! m'écriai-je. Issy est aussi plus vieille que moi !

La solitude qui m'attend se déverse sur moi telle une vague glacée.

Quand commencent les cris, des cris étouffés dont l’écho lui parvient, Ruby attend que les médicaments du soir la mettent K.-O. comme un coup de poing à la tempe.

La confiance, c'est la meilleure partie de l'être humain. Fermer cette porte, c'est prendre le risque de me renfermer sur moi-même, de devenir méfiante, paralysée par les blessures et les trahisons de la vie.

Le mensonge est un art à part entière. En devenir le maître requiert du temps et de l'entraînement.[...] Il est plus généreux, plus courageux de cultiver le mensonge et de leur cacher la vérité. C'est non seulement un besoin, mais aussi -et surtout- un devoir.

En revanche, elle éprouve le lien qui la rattache à Viola même lorsqu’elle ne le veut pas. C’est une sensation physique, comme une secousse, un tiraillement qui se déploie à travers l’espace qui les sépare, par-dessus les marais et les toits, à travers les champs, les villes et les routes.

(note : lettre de Viola)
(...) Je me demande ce que tu deviens ? Tu as trouvé du travail ? Est-ce que vous vivez encore ensemble, Michael et toi ? Peut-être même que tu es installé, marié. Je n'arrive pas à me faire à cette idée. Désolée. Je n'y arrive pas, c'est tout.

Je ne suis pas certaine de ce que tu penserais de moi si tu me voyais maintenant. J'ai changé. Tu te souviens que Michael se moquait parfois du fait que j'étais grassouillette ? Je suis maigre maintenant. Très, très maigre. Issy déteste. Bizarrement, ça me fait presque plaisir de la mettre en colère contre moi. Je suppose que je lui en veux moi aussi d'être heureuse - ou de faire semblant de l'être alors que je sais qu'au fond elle ne l'est pas. (...)

Tu me manques tellement. Même après tout ce temps. Tu détesterais Londres. Mais je fais souvent comme si tu étais là, à côté de moi.

Viola

Hedy, l’oreille plaquée contre la porte, était intriguée. Pourquoi maman n’avait-elle pas envie de rentrer en Angleterre ? Sans doute préférait-elle maintenant l’Iowa à l’endroit où elle avait grandi. Elle ne parlait presque jamais de grand-père, de son frère et de sa vie avant son mariage avec papa.

J'avais un souvenir replié dans un coin de ma mémoire. Je le sortis et en lissai les coins. Je voulais me repasser dans le moindre détail tout ce qui s'était passé lorsque j'étais restée seule à la maison cet après-midi-là.

Et tout recommence. Les baisers. L’exploration lente et délibérée de nos corps. Je suis enivrée par sa force physique, par l’intensité de sa passion, comme s’il était prêt à me dévorer. Nous glissons l’un contre l’autre. Dents et langues et ongles. C’est tout ce qui compte. Cet instant. Le passé et le futur s’entrechoquent. Luca a toujours été là. Sur cette barque, il y a tant d’années, c’était son visage dans la lune, son corps que je cherchais à atteindre.

J'avais entamé une formation de sage-femme. Ce n'était pas la carrière de mes rêves, mais je savais que j'en serais fière. J'ai échoué. Je n'ai pas supporté d'être entourée de femmes enceintes et de nouveaux nés. Je suis devenue serveuse. Puis William est arrivé...
Je suis devenue cette femme qui se contentait de soutenir son mari pendant son doctorat. La fille naïve et insouciante qui avait sauté dans l'eau glacée n'existait plus. Ses convictions et ses rêves étaient perdus à jamais.