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Critiques de Sébastien Gnaedig (68)
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Profession du père (BD)

♫Voici qu'en la nuit étoilée,

Un coeur s'endort, François est mort,

Car toute chair est comme l'herbe,

Elle est comme la fleur des champs.

Epis, fruits mûrs, bouquets et gerbes,

Hélas! vont en se desséchant...

Une cloche sonne, sonne,

Elle chante dans le vent.

Obsédante et monotone,

Elle redit aux vivants:

"Ne tremblez pas, coeurs fidèles,

Dieu vous fera signe un jour.

Vous trouverez sous son aile

Avec la vie éternelle

L'éternité de l'amour."♫

Edith Piaf et les Compagnons de la Chanson - 1946 -

---🎶---🎵-----🎇-----🎆-----🎇-----🎵---🎶---

Cette nuit étoilée

c'est dans le ciel du Lyonnais,

les compagnons de la chanson apparaissaient

1941, C'est moi qui en a eu l'idée

Preuve par neuf, ma voix était supérieure

J'attirais trop la lumière j'étais le meilleur

Pour que les 9 Compagnons existent, je suis parti

Je ne supporte pas qu'on applaudisse

ceux qui m'ont trahi...

Quelque chose qui cloche

mais personne ne raisonne

C'est des cons les gens

Aussi bête que dérangeant

OAS veille, prof de judo,

Agent secret, facho

Goal à l'OM, mytho

Parachutiste, Parano

Parasite c'est pas du boulot

Mensonge, monde pourri

c'est quoi ce Para...dis !?

Profession du père

Représentant de l'enfer

Père tubateur

Incube la haine et la peur



Difficile de montrer un enfant battu

D'interroger les fantomes et les rues

Elégance d'un trait pour chuchoter les maux

Sébastien Gnaeding, devient l'alter égo

Lui qui pensait ; enfin mon enfance s'efface

Se devait y replonger via le dessin. Chalandon Préface .

Une Adaptation BD qui redonne vie

Consécration pour un roman réussi...

Sébastien Gnaedig, profession : les deux font la paire

Quand le dessinateur et l'éditeur se réunissent

Bien sûr c'est chez ........Futuropolis









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Profession du père (BD)

Je détestais quand j'étais jeune écolier de devoir indiquer la profession du père. Je me rappelle qu'il se précipitait pour savoir quels étaient les enfants des cadres supérieurs dirigeants et ceux issus des classes ouvrières et populaires. Inutile de dire que cela conditionnait tout le traitement de l'élève pendant le reste de l'année en étant beaucoup mieux disposés pour les hautes catégories sociales. Oui, je détestais vraiment cela.



Pour autant, cette BD ne traitera pas cela sous l'angle sociétal mais d'une autre manière ce qui peut nous induire en erreur quand on connaît le parcours de l'auteur Sébastien Gnaedig qui est d'ailleurs le directeur éditorial de Futuropolis. Je pense à des titres comme « vider la corbeille » ou encore « Une épaisse couche de sentiments ».



On se prend de pitié pour le pauvre Emile qui n'a pas un père comme les autres. Au début, on s'aperçoit de la maltraitance mais cela va plus loin puisque le père souhaite faire enrôler son fils dans l'OAS pour tuer le Président De Gaulle car il n'accepte pas l'indépendance de l'Algérie. Il lui fais d'ailleurs subir tout un entraînement militaire ponctué de brimades et de privations. C'est plus qu'infect car un enfant ne devrait jamais subir cela.



On est entraîné avec cet enfant dans une spirale de violences mais surtout de délires paranoïaques et conspirationnistes. On verra que la mère de famille ne fait pas grand chose pour l'extirper de cette folie qui se consume. Le père est un réel mythomane qui croit à ses mensonges. C'est fortement déstabilisant pour un gamin qui va avoir de l'influence négative vis à vis d'un camarade de classe l’entraînant sur une voie non conventionnelle.



Alors quel est finalement la profession de ce père entre menteur pathologique, chômeur ou agent secret ? A vous de le découvrir mais vous avez presque la réponse.



Une BD assez longue mais prenante qui décortique tout ce mécanisme infernal. Oui, il peut y avoir des parents fous que la société ignore et qui font subir de la maltraitance à leurs enfants par leur emprise familiale.

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Ulysse Nobody

C'est l'histoire, triste et banale, de l'un de ces perdants (Loosers, comme il est de bon ton de dire maintenant) même pas magnifiques!

Ulysse Nobody, qu'on se le dise, est un raté, un mauvais!

Mauvais en humour, qui le fait virer de Radio Plus un soir de Noël.

Mauvais en politique, récupéré par un parti qui sent le moisi et voudrait faire de Nobody son chantre du fascisme...

Le récit de Gérard Mordillat appuie sur le furoncle extrême-droitier! Celui ou Nobody himself se fait traiter de juif par plus facho que ce qu'il est devenu.

Ulysse Nobody va bien évidemment mal se finir, en laissant un sale goût de rance, de goémon et de vase au fond de la bouche... Au reste, comment en serait-il autrement dans une histoire de manipulations populistes d'extrême (et même) ultra-droite? Un récit où le candidat-député du parti fasciste doit payer dix-sept-mille boules pour un "kit de campagne". Hallucinant!

Une Bande dessinée, Ulyssse Nobody, pas inutile à lire en cette période dans laquelle il est bon de réveiller les mémoires!
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Profession du père (BD)

23 avril 2011. Au crématorium de Lyon, Émile et sa maman se recueillent devant le cercueil d'André, père et mari de ces derniers, avant l'incinération. Aucune effusion, aucune larme. Personne à part eux dans cette immense salle vide...

Septembre 1959. Émile n'a jamais su réellement la profession de son père. Aussi, lorsqu'il a fallu remplir la fiche de renseignement à l'école, ce dernier lui disait de noter aussi bien fonctionnaire, agent secret que sans profession. L'année d'après, le petit garçon apprit, par une bien étrange circonstance, qu'il était à l'origine des Compagnons de la Chanson. En effet, sa maman s'étant rendue à l'un de leurs concerts avec une amie, trouva porte close lorsqu'elle rentra. Elle dut alors passer la nuit sur le palier, Émile ne devant en aucun cas lui ouvrir, quelques baffes le dissuadant ouvertement. C'est alors que son père lui expliqua que c'était lui qui eut l'idée de cet ensemble vocal mais sa voix étant trop brillante et supérieure aux autres, il dut quitter le groupe, non sans avoir, au préalable, conseillé à Édith Piaf d'assister à l'un de leurs galas. L'année suivante, André, alors agent secret, se met en tête d'assassiner de Gaulle, entraînant son fils dans son délire...





Émile Choulans, alias Sorj Chalandon, a connu une enfance et une adolescence pour le moins mouvementées et assez terribles. Entre les histoires aussi incroyables qu'improbables que lui racontait son père, pour ne pas dire des affabulations, et les coups ou les menaces qu'il recevait, le petit Émile a vécu sous le joug d'un père tyrannique, paranoïaque, violent, mythomane et schizophrène. Une violence aussi bien physique que psychologique dont Émile et sa maman faisaient les frais. Tantôt agent secret, tantôt en contact avec l'OAS ou encore anti-gaulliste qui veut renverser le Général, André Choulans entrainera son fils dans ses délires. Adapté du roman éponyme de Sorj Chalandon, cet album émeut tout autant qu'il agace ou perturbe. La tension est palpable, le climat sournois. Au stylo plume spécial et tout en noir et blanc, ce récit importe non sur la forme mais sur le fond, Sébastien Gnaedig reconnaissant n'être pas un grand dessinateur. Cette adaptation, à la narration linéaire et au ton d'une grande justesse, est bouleversant et poignant.

Une plongée très personnelle et un peu folle...
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Le linge sale

Vingt ans que Martino se fait chier comme un rat mort dans cette prison à fabriquer des couronnes mortuaires. Vingt ans pour avoir tué un couple dans une chambre d'hôtel. le hic est qu'il voulait assassiner sa femme et son amant. Mais il s'est maladroitement trompé de chambre et a tiré sur un couple innocent. Et par là-même blessé un gendarme. Sa conduite exemplaire derrière les barreaux a motivé le directeur de la prison à le libérer. Mais, une fois dehors, Martino ne pense qu'à une chose : se venger de sa femme et de son amant, et pourquoi pas décimer toute la famille ? Il loue une voiture, s'installe dans un hôtel miteux et s'en va les observer. C'est alors qu'il se trouve tout dépité et abasourdi quand il se rend compte de l'endroit où sa femme est tombée. Dans un taudis, elle habite avec les Verron, des gens vulgaires, sales, portés sur le p'tit jaune et ne vivant que de larcins et d'entourloupes. Qu'importe, la famille y passera...



Les Verron, une famille que l'on n'aimerait pas croiser tous les jours. Dans une maison presque à l'abandon vit trois décennies et malheureusement pas une pour rattraper l'autre ! L'on boit à l'unisson, l'on est imbriqué dans des combines foireuses et l'on jure à tout va. Et pourtant, c'est bien là que Lucette a décidé de vivre et même d'y faire des marmots. Martino, plus que jamais décidé à se venger, compte bien leur faire payer son affront et ses 20 ans de cabane. Pascal Rabaté excelle dans des petites histoires de famille, à la fois touchantes et pathétiques. L'on en viendrait presque à se prendre d'affection pour chacun d'entre eux mais aussi à souhaiter que le plan de Martino fonctionne. L'auteur nous livre une comédie dramatique sympathique sur fond de misère sociale. Les dialogues sont jouissifs et les situations rocambolesques. le scénario enlevé se termine par une jolie pirouette. le dessin, tout en noir et blanc, parfois imprécis et confus, est un chouïa trop simple.



Le linge sale... se lave en famille !
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Ulysse Nobody

C’est Noël et Ulysse Nobody, petit acteur, doit raconter un conte de Noël sur Radio Plus. Il va marquer tous les esprits avec son histoire ; Noël triste !

Dire que la déception est grande, est un doux euphémisme. Il a réussi à plomber la soirée de Noël de tous les auditeurs qui ont eu la « chance » de l’écouter…



La sanction ne se fait point attendre : il est viré ! Et la patronne de la station se fera un plaisir de le cramer dans toutes les sphères artistiques : audiovisuel, théâtres, cinémas…



Ulysse Nobody n’est plus personne ! Plus de sous ! Adieu logement ! Que va-t-il lui rester ? Et ses amis que vont-ils faire pour l’aider ? Il y en a un qui lui propose un job de télévendeur qu’il abandonne le jour-même. Il n’était déjà rien, il devient moins que rien… Même pas le droit à des allocations de chômage…



Au moment où il semble avoir tout perdu, un homme, Fabio, l’aborde. Un individu qui voit en lui un artiste de grand talent, un futur député ! Pas pour n’importe quel parti ! Non ! Pour le PFF, comprenez le Parti fasciste français…



Critique :



C’est un roman graphique qui sort des sentiers battus et nous entraîne dans les arcanes d’une vie d’acteur misérable qui va se faire récupérer par le PFF. En peu de temps, Ulysse Nobody va se transformer en un porte-parole fasciste.



Ce qui est intéressant, c’est de voir comment un « communiquant » s’y prend pour transformer un individu lambda en tribun portant des paroles d’exclusion avec un langage composé d’idées simplistes.



Toute ressemblance avec les discours de personnalités politiques françaises n’est pas accidentelle, jusqu’au nom du leader d’extrême-droite, le sieur Maréchal.



Est-ce un ouvrage politique ? Clairement ! Le scénario ne paraîtra certainement pas sympathique à des gens qui se sentent des sympathies envers l’extrême-droite ou qui envisageraient d’un bon œil la prise en main du pays par un dictateur « éclairé ».

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Profession du père (BD)

La préface de Sorj Chalendon est bouleversante. Je cite : Alors voilà : Profession du père. Et l’émotion que j’ai ressentie à la découverte de la mère, du père et du fils vus par un autre que moi. « Mon Dieu, le pauvre gosse ! », j’ai murmuré en tournant ces pages.

La BD, en noir et blanc, est fidèle au roman. Au fur et à mesure de ma lecture, les folies du père me revenaient. Une belle réussite de rappel. Puissant !

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Le linge sale

Bienvenue chez les Verron, ils sont nombreux, méchants, vulgaires, ils vivent de bric et de broc, escroquant les uns, terrorisant les autres, volant un peu tout le monde...une famille idéale en somme !

Ils se reproduisent à la chaine, ils baffrent et boivent jusqu'à plus soif, bref, c'est loin d'être un plaisir de découvrir cette grande famille qui vit en marge d'un village.



Un homme les observe pourtant, il les étudie à la loupe, épiant leurs moindres faits et gestes, car son épouse l'a trompé voilà vingt ans avec un des hommes de cette clique pas très nette. Et lui, pauvre andouille, vient de passer vingt longues années en prison pour avoir tué un couple par erreur alors qu'il croyait trucider sa belle et son amant.

Ce qui explique qu'il ait la rage et qu'il ait envie de leur faire payer à tous jusqu'au dernier.



L'ambiance est sombre, glauque, sordide, à l'image des Verron.

Une vengeance qui met vingt ans à mûrir a t-elle des chances de se finir en apothéose ?

La tension monte tout au long du récit jusqu'à un final assez original et abouti. Les dialogues font mouches et on a très envie d'une douche après avoir baigné pendant 120 pages dans cette fange.
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Ulysse Nobody

Être quelqu'un

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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Sa première publication date de 2022. Il a été réalisé par Gérard Mordillat pour le scénario, Sébastien Gnaedig pour les dessins, Francesca & Christian Durieux pour les couleurs. Il s’agit d’une bande dessinée en couleurs, comportant 140 pages.



Ulysse ne s’appelait pas Nobody. Ni Ulysse d’ailleurs. C’était son nom d’acteur. Le nom du personnage qu’il avait créé pour son one-man-show. Son pseudo. Sa marque. Nobody comme un slogan. En cette veille de Noël, Nobody avait droit à une heure d’antenne, de 23 heures à minuit, sur Radio Plus. C’est la nuit de Noël au Havre, Ulysse Nobody se rend à la station de radio pour animer son émission. Il entre le bâtiment salue Mustapha, le vigile à la réception. Il lui souhaite un joyeux Noël. Il entre dans le studio d’enregistrement et s’installe : il enlève son manteau, pose la bouteille de vin qu’il a acheté sur la table, avec un verre. Au signal de l’animateur précédent, il salue ses auditeurs et commence à raconter son premier conte de Noël. C’est la nuit de Noël. Un pauvre petit garçon atteint de la tuberculose se désespère de n’avoir pu applaudir le clown Boum Boum avant de mourir. Mais à minuit moins une, le clown entre dans la chambre de l’enfant… Et l’enfant meurt dans ses bras, le visage rayonnant de bonheur. Noël triste. Il enchaîne avec deux autres contes tout aussi tristes, et il se fait virer par le vigile sur les ordres de Solange Chausson-Bernstein, la présidente de la station.



Ulysse Nobody se rend alors à son troquet favori, où il est accueilli par ses potes comédiens qui le félicitent pour ses Noël tristes et le plaignent d’avoir perdu son emploi. Ils boivent des coups et papotent. Ulysse leur propose que chacun écrive sa bonne résolution pour l’année à venir sur un papier à cigarette, puis l’enflamme et de verser les cendres dans un verre avant de le boire. Sur le sien, il écrit : être quelqu’un. Le lendemain, il se présente à l’accueil de la station de Radio Plus. Il est décidé à présenter ses excuses à madame Chausson-Bernstein, à s’aplatir devant elle, à battre sa coulpe, à promettre que plus jamais, non plus jamais, il le jure, il ne ferait une telle émission comme Noël triste, qu’il avait bu, que les fêtes le poussaient à la neurasthénie. Il salue Mustapha et demande à voir la directrice, mais celui-ci lui répond qu’il n’est plus accepté, qu’il ne peut pas l’autoriser à monter. Il rentre chez lui et il écrit une longue lettre d’excuse à la directrice. Il termine en lui souhaitant une bonne année. Il sort dehors et se rend dans un théâtre pour proposer à son propriétaire de d’y créer la saison deux de son one-man-show. L’autre lui répond qu’il ferme son établissement le soir-même et qu’il sera remplacé par un magasin bio dans dix jours. Ulysse Nobody ressort un peu abattu et il va rendre visite à son père. C’est sa nouvelle compagne qui lui ouvre, juste vêtue d’une serviette de bain. La discussion s’engage entre lui et son père qui lui reproche de continuer à gâcher son talent avec des bêtises.



Par la force des choses, le seul nom de Gérard Mordillat confère un caractère d’événement à cette bande dessinée, car c’est un romancier, un poète et un réalisateur de grande renommée. Il est fort probable qu’avant même d’entamer cette bande dessinée, le lecteur sache de quoi il retourne : un acteur sans emploi qui est recruté pour être le candidat du Parti Fasciste Français aux élections législatives dans l’Aisne. Cet a priori fixe son horizon d’attente. Dès la première séquence, il découvre une narration visuelle très facile à lire : des contours détourés par un trait fin pour les personnages, une simplification des silhouettes et des visages, les doigts représentés sans phalanges. Ce n’est pas une simplification pour rendre le dessin accessible à des lecteurs enfants, mais elle confère une douceur à chaque personnage, une forme d’accessibilité qui ne porte pas de jugement de valeur sur l’individu, pas de distinction de traitement entre Ulysse, ses copains, les autres membres du Parti Fasciste Français (PFF), pas de bons contre des méchants, juste des êtres humains dans leur banalité, mais aussi leur particularité. Ulysse est un bonhomme un peu rondouillard, au regard souvent triste, la tête un peu baissée en avant comme une forme de résignation face au destin, aux épreuves de la vie qui lui sont rarement favorables. Fabio semble être un trentenaire ou un jeune quadragénaire, gentil et prévenant, sans agressivité particulière, sans volonté de nuire, avec une sollicitude réelle pour Ulysse et ses problèmes. Monsieur Maréchal, le président du PFF, est plus âgé, avec un visage un peu plus fermé, mais tout autant honnête. Marilyn semble être un peu plus dure dans ses positions, sans être non plus agressive.



L’apparence simple des personnages n’empêche pas qu’ils disposent chacun d’une garde-robe adaptée à leur personnalité, à leur position sociale. Le lecteur peut observer la différence en le costume bon marché de Nobody au début avec son foulard dans l’ouverture de sa chemise, et le costume trois pièces beaucoup plus chic avec une cravate lorsqu’il monte à la tribune lors de la campagne. Il sourit en détaillant la tenue de Marilyn en accord avec son caractère. Le lecteur remarque que l’artiste gère la représentation des décors et des arrière-plans de manière un peu différente. Le dessinateur leur donne plus de consistance qu’aux personnages, avec un niveau de détail supérieur : la grande roue en page 3, les façades d’immeuble dans les scènes en extérieur urbain, l’intérieur du studio de radio, les tableaux accrochés aux murs du troquet, l’intérieur de la petite salle de théâtre, la vue depuis la terrasse de la maison du père d’Ulysse, les différents sites remarquables du Havre, la façade de la gare de Lille Europe, la magnifique vue extérieure d’un château propriété d’un sympathisant du PFF, le pavillon de Marilyn, un plateau télé plus vrai que nature avec son pupitre de régie, une halle au marché sous la pluie, etc. Sans oublier la sculpture monumentale UP#3 des artistes Sabona Lang & Daniel Baumann, installée sur la plage du Havre à l’occasion des cinq cents de la cité en 2017.



Grâce à la douceur des dessins, le lecteur s’immerge tranquillement dans le récit, à la suite de ce monsieur vraisemblablement quadragénaire, pas très bien dans sa peau, au point de mettre en l’air sa carrière, ou tout du moins de perdre son seul travail, dans un contexte professionnel peu favorable. Il le regarde exprimer une forme d’amertume qui ne dit pas son nom, essuyer les refus polis les uns après les autres, le suivant un peu plus humiliant que le précédent. La direction d’acteur se situe dans un registre naturaliste, correspondant à des adultes déjà installés dans la vie, de manière un peu précaire pour certains. Puis il se présente une opportunité de mettre à profit ses compétences d’acteur pour incarner un candidat d’un parti politique sulfureux. Ulysse Nobody semble faire siennes ces valeurs discutables. L’auteur développe des argumentaires par la bouche de ses personnages pour rendre cette éventualité quasiment plausible. Le lecteur assiste à une performance d’acteur posé quand Nobody réalise un discours devant une assemblée de plusieurs centaines de personnes, se déroulant sur cinq pages. Il voit Fabio, celui qui a recruté Nobody, expliquer la stratégie de campagne, en des termes simples, dénotant un vrai savoir-faire en la matière. Le récit se poursuit jusqu’aux résultats de l’élection législative, et les conséquences pour Ulysse Nobody. Il y a quelques piques bien senties : la manière de rendre le fascisme acceptable aux yeux d’une partie du public, l’attrait du salaire mensuel d’un député, les candidats qui doivent acheter et payer le kit de campagne (17.000€), un meeting qui dégénère en campagne, Ulysse gêné par les convictions antisémites et racistes d’un sympathisant, la nécessité de se prêter à l’exercice d’enregistrer des pastilles vidéo pour internet sans grand rapport avec le programme électoral, etc. Bien sûr, il y a le principe même de créer un candidat de toutes pièces, à partir d’un acteur. Mais finalement la charge contre un parti d’extrême droite bien connu se cantonne à donner le nom de Maréchal à son président (comme Marion) et au cynisme des professionnels de la politique.



Il en va différemment pour le portrait dressé du personnage principal. Là encore, le lecteur présuppose qu’il va y a voir une forme de dénonciation d’un système économique qui contraint l’individu à tout accepter pour pouvoir disposer d’un travail et d’une rémunération. Mais non, le cœur de l’histoire n’est pas là non plus. Une fois l’ouvrage terminé, le lecteur le refeuillète rapidement depuis le début et il constate que les auteurs ont joué cartes sur table depuis le début. Le vœu d’Ulysse Nobody pour la nouvelle année est d’être quelqu’un. Lorsque Fabio lui expose ce qu’il aura à faire pendant la campagne, l’acteur lui demande s’il montera sur scène. Lorsqu’il doit réaliser des pastilles vidéo, il peut raconter ce qu’il souhaite. Lorsqu’il est approché par Fabio, il est immédiatement sous le charme de son discours qui flatte son ego. En bon acteur, il se prépare en se regardant dans le miroir, et lorsqu’il se retrouve opérateur d’une plateforme téléphonique de vente par correspondance, il regarde le miroir intégré au cubicule de travail. En fait, le protagoniste ne semble jamais souffrir du syndrome de l’imposteur : il est dans son élément en se donnant en spectacle, en interprétant. Il se nourrit du regard des autres, de capter leur attention, d’être le centre de leur attention. Le lecteur comprend alors qu’il s’agit du portrait sans concession d’un individu narcissique. Il voit comment un tel individu peut raconter des drames atroces le soir de Noël, ne pensant qu’à sa propre souffrance, sans penser un instant aux autres, aux conséquences d’un tel acte, comment son incapacité à trouver un emploi ne peut pas être entièrement imputable aux autres et au système économique. Il apparaît qu’il n’est pas un bon acteur, car il finit toujours par sortir de son rôle pour satisfaire son ego. Le lecteur voit un individu incapable d’aucune forme d’empathie, uniquement préoccupé de satisfaire son plaisir en mettant en scène son ego devant un public. Il ne connaît qu’un bref moment de lucidité quand son agent Mona lui demande s’il connaît l’effet Dunning-Kruger, un effet de sur-confiance quand les moins qualifiés dans un domaine surestiment leurs compétences. Les personnes incompétentes ne parviennent pas à se rendre compte de leur degré d’incompétence et tendent à se surestimer. Et surtout ils ne reconnaissent jamais la compétence de ceux qui la possèdent véritablement. Il se demande si elle parle de lui, et il abandonne cette hypothèse, convaincu qu’elle parle de tous les autres qui se trouvent meilleur acteur que lui.



Cette bande dessinée a été mise en avant comme une critique cinglante de l’imposture de certains candidats politiques, et de la manière dont l’extrême droite procède pour se rendre médiatiquement acceptable. Cette charge est bien présente, mais pas si implacable que ça. Cela conduit le lecteur à considérer autrement l’histoire, si facile d’accès, si simple à lire grâce à une narration visuelle douce et d’une lisibilité épatante. Il se retrouve alors partagé entre son empathie pour un être humain au chômage, sans perspective d’emploi, et son aversion pour ce même individu qui se révèle uniquement préoccupé par la possibilité de disposer d’un public dans une salle qui n’a d’autre choix que de l’écouter. Un portrait impitoyable de l’égocentrisme présent en chacun de nous.
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Profession du père (BD)

J'ai eu peut-être moins d'émotions en lisant cette bande dessinée qu'en lisant le roman de Sorj Chalandon ou encore en étant allé l'écouter mais je trouve que cette BD est néanmoins tout à fait remarquable. Elle montre à quel point la folie, le délire du père a tissé sa toile autour de Sorj.

Si en tant qu'enfant Sorj a été sous son emprise, il était admiratif et fasciné par ce père fantasque. Plus tard cette emprise prendra une dimension plus "distanciée". Les dessins ne sont pas à proprement parler "beau]x", mais je trouve que l'on perçoit bien l'incompréhension , l'hébetement. Si la violence physique est présente c'est peut-être ici, la violence morale qui fait le plus mal. Le silence, l'effacement de la mère qui cautionne d'une certaine façon les dires et agissements du père sont tout aussi violents. Il faut attendre la toute fin de la vie du père pour que sa folie soit reconnue.

C'est un album émouvant bien sûr un album violent moralement et sans aucun doute un album qui ne s'oublie pas.

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Profession du père (BD)

"Dans ma ville de Lyon, Sébastien a interrogé les fantômes et les rues. Il s’est emparé de mon histoire. »



Sorj Chalandon, l'auteur de Mon traitre ou , Le jour d’avant, on adore ce qu'il fait mais on avait hélas raté à sa sortie son roman probablement le plus personnel et le plus autobiographique.



L’occasion de se rattraper avec cette adaptation de Sébastien Gnaedig. était donc idéale d'autant que l'adaptation est aussi brillante que fascinante ...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ulysse Nobody

Ulysse Nobody, un acteur sur le déclin, viré de son dernier emploi à la radio, se retrouve à deux doigts de la clochardisation. Le dernier rôle qu’on lui propose est de devenir le candidat aux législatives pour le parti d’extrême droite. Gérard Mordillat aime titiller le monde de la politique dans son œuvre, et son antifascisme n’est un secret pour personne. Mais il reste ici tout en retenue, on sent presque une sympathie pour son personnage central, même s’il fait bien sentir qu’il se fourvoie complètement, l’histoire raconte les errements, les raccourcis et les détournements d’idées. Seul le personnage de Marilyn est vraiment caricatural, dans le genre raciste décomplexé. Le graphisme est très simple, une colorisation en aplats, un trait régulier assez neutre, simplifié au maximum pour une lecture comme celle d’une pièce de théâtre, un graphisme adapté à l’écriture du Gérard Mordillat.



C’est une évidence, Franck De La Personne a été le sujet d’inspiration de l’auteur. Des faits réels sont mêlés à la fiction, c’est la société politique d’aujourd’hui, il est question de Macron, du déclin des partis historiques, Parti Socialiste et Républicains, de l’avancée de l’extrême droite dans les régions du Nord… C’est une satire politique, un farce malheureusement très réelle, du Gérard Mordillat tout craché, acide et grinçant.



Peut-être que ce rapport trop proche de la réalité m’a laissé un peu froid, difficile d’éprouver la moindre émotion, c’est un peu ce que je reproche à ce récit, qui nous laisse au niveau du simple constat, malgré une fin plus romanesque que la réalité, mais en même temps, pas vraiment originale. J’ai aimé l’audace du sujet, la finesse des analyses, le style grinçant et satirique qui se maintient dans une retenue parfaitement maîtrisée, mais peut-être que le peu d’humour, de folie et de fantaisie en font une lecture qui manque un peu de relief et d’émotions. J’ai aimé, sans être vraiment emballé.

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Le linge sale

… se lave en famille, comme tout le monde sait. Pierre croyait s’en charger il y a vingt ans de ça, en fusillant dans leur lit d’hotel sa femme et son amant, mais il s’était trompé de chambre et avait abattu un autre couple. Il vient de purger sa peine, en prisonnier exemplaire, mais il n’ a pas renoncé à ses projets de vengeance. Il découvre sa femme toujours avec ce même amant et désormais une famille… pas très reluisante, une petite mafia locale dans un village entre Cholet et Angers, tenant une casse pas très soucieuse de la légalité.

Le dessin est simple, classique, sans superflus, l’impression est réalisée en bichromie, mais avec un noir et un gris, ce qui renforce l’ambiance sordide du récit. Des petits truands sans envergure, une famille de beaufs, et un loser vengeur, ce petit monde évolue dans un récit burlesque et chaotique où chacun fait de son mieux dans sa médiocrité. Si j’ai aimé le rythme et les rebondissements, je suis un peu moins convaincu par l’ambiance qui reste dans le sordide gratuit, façon l'Amour est dans le pré où la ruralité prête à la moquerie, pas de personnage à qui s’attacher, pas de petite lumière dans ce récit noir où l’humour et le burlesque restent enlisés. Ce n’est pas une lecture désagréable, mais il manque cette étincelle qui viendrait illuminer le récit.
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Ulysse Nobody

Ulysse Nobody a eu son heure de gloire : il a présenté "Coucou les zouzous" à la télé, a réussi le conservatoire.



Mais aujourd'hui plus personne ne veut de lui : viré de l'émission de radio pour laquelle il était chroniqueur, il ne trouve de contrat nulle part et son agent semble désabusé.



Alors quand une connaissance lui propose argent et travail et lui tend la main alors qu'il s'enfonce dans la précarité, il ne voit que les promesses, que la possibilité de monter sur scène pour un discours sans s'embarrasser du contexte : un meeting pour un parti fasciste.



Est-il un pigeon ou un opportuniste ?

Le dessin simple et presque naïf de Sébastien Gnaedig (illustrateur de la bande dessinée Profession du père) laisse à penser qu'il se laisse manipulé alors qu'il est fragilisé par la situation.

A travers lui, l'auteur ne nous suggère-t-il que la fragilité économique et sociale (Ulysse Nobody est assez isolé) est un terreau idéal pour les discours sécuritaires et basés sur la peur et le rejet ?

La naïveté d'Ulysse Nobody et son égo si vite flatté pourraient prêter à sourire ...sauf que les personnages et les idées mis en scène par cette fiction ont des relents de déjà-vu actuels.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Profession du père (BD)

Ce père est un personnage vraiment tordu, haut en couleur, mythomane, manipulateur paranoïaque et loser pathétique, il est parfaitement décrit, dans sa relation avec son épouse, soumise et résignée, et son fils, plus victime que complice. Le rythme du récit monte crescendo, nous amène dans ce délire pourtant si feutré, dans une vie ou la relation aux autres est faussée. On entre complètement, grâce au talent du récit, dans cette famille étrange, dans cette vie, c’est superbement bien raconté.

Maintenant, j’attends en général d’une adaptation d’un roman en bande dessinée, autre chose qu’un simple suivi du roman, et je trouve que le travail de Sébastien Gnaedig reste trop en retrait, discret, simple, mais sans parti pris, sans audaces, beaucoup trop timide. L’ambiance ne fonctionne que grâce au rythme de la narration, c’est à dire ce qui se trouve déjà dans le roman. J’ai pris du plaisir avec cette lecture, j’ai aimé l’histoire, mais je ne suis pas du tout convaincu de l’intérêt de l’adaptation.

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Profession du père (BD)

Ayant adoré Profession du père pour des raisons que j'expose dans ma critique de ce livre, j'avais très envie de découvrir son adaptation en BD.

Néanmoins, j'avoue avoir eu un doute en découvrant la couverture, qui ne me plaisait pas du tout.

Après avoir lu l'album, j'ai totalement changé d'avis et ce dessin très simple en noir et blanc est exactement celui qu'il fallait pour illustrer l'histoire écrite par Sorj Chalandon.

Comme celui-ci l'écrit dans sa préface en parlant de Sébastien Gnaedig, "Son trait était celui qu'il fallait pour chuchoter les maux. Difficile, de montrer un enfant battu. Trop de réalisme le violenterait une deuxième fois. Alors l'artiste a choisi la pudeur. Tout est là. Désarroi, chagrin, pitié, terreur. Mais tout cela gagne en légèreté.".

L'adaptation est par ailleurs très fidèle au roman.

Une réussite totale et un album bouleversant à conseiller en complément de la lecture du livre.
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Le linge sale

Après vingt ans derrière les barreaux, Pierre Martino retrouve la liberté. Trompé par sa femme, il avait voulu l’assassiner avec son amant dans l’hôtel où ils avaient l’habitude de se retrouver. Mais il s’était trompé de chambre et avait tué un autre couple avant de blesser un des policiers venus l’interpeller. Libéré pour bonne conduite, le prisonnier modèle n’a rien oublié et il est bien décidé à terminer la mission qu’il n’avait pu achever deux décennies plus tôt. Et comme entre temps son ex s’est mariée avec l’amant, il imagine que la tâche n’en sera que plus facile. La vengeance est un plat qui se mange froid mais que l’on peut parfois avoir bien du mal à digérer…



Un récit tenant à la fois du polar rural, de la chronique sociale et de la comédie de mœurs. La nouvelle famille de l’ex-femme est beauf jusqu’au trognon, vivant de rapines dans une maison délabrée en pleine cambrousse. Père, mère, enfants et grands-parents dorment sous le même toit, vident les bouteilles à l’unisson et jurent comme des charretiers. Un quart monde décrit avec humanité et sans misérabilisme. C’est sordide mais jamais cynique, Rabaté n’étant pas du genre à se mettre au-dessus de ses personnages. Et c’est aussi très drôle, tant grâce aux dialogues plein de gouaille qu’aux péripéties pathétiques vécues par cette bande de pieds nickelés ingérable. Le cocu assassin est quant à lui un antihéros aigri et déterminé, tendant méticuleusement et patiemment la toile qui doit lui permettre de prendre sa revanche. Tellement déterminé qu’il en deviendrait presque sympathique et que l’on souhaiterait de tout cœur le voir mener à bien son entreprise.



Si ce linge sale est bien du Rabaté pur jus, je n’en ferais pas mon préféré. Dans la même veine, Crève saucisse et La marie en plastique m’avaient plu davantage. Ici, la fin, grinçante à souhait, est bien trouvée mais le reste est par moment poussif. Il faut dire aussi que j’ai eu beaucoup de mal avec le trait particulièrement naïf de Sébastien Gnaedig qui ne sert pas au mieux le scénario, c’est le moins que l’on puisse dire. Une lecture agréable, du bon Rabaté mais pas de l’excellent Rabaté.




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Le linge sale

Après Crève saucisse, Pascal Rabaté revient avec un nouveau titre, le linge sale, avec Sébastien Gnaedig au dessin. Cette fois-ci, l’ensemble est sombre, même si des zones d’humour émergent ici et là. J’aime bien la patte de Rabaté, qui distille toujours beaucoup de truculences dans ses dialogues. Alliés aux dessins, le mélange est totalement réussi, avec même une pointe de suspense qui m’a tenu en haleine.



La BD s’ouvre sur un atelier en prison où des hommes assemblent des couronnes mortuaires. L’un d’eux, Pierre Martino, sera bientôt libéré après une peine de vingt ans. Par un flash back, nous apprenons la cause de son incarcération : pensant tuer sa femme et son amant, il tire malencontreusement sur un autre couple. Libéré, il n’a de cesse de se venger, cette fois-ci sans se tromper…



Sur cette trame classique digne des meilleurs boulevards, Rabaté et Gnaedig jouent une partition plutôt fine, surprenante à certains moments. Ils choisissent de placer le lecteur aux côtés de Martino qui découvre avec stupeur la nouvelle famille que sa femme s’est construite : les Verron, des marginaux qui vivent de diverses magouilles et autres expédients près de Cholet, dans le Maine-et-Loire. La scène où on découvre chacun des personnages de la famille est inoubliable.



En les espionnant avec ses jumelles, Martino échafaude progressivement un plan visant à tous les éliminer mais Gérard, le nouveau chef de famille, est d’un naturel plutôt méfiant…



La famille Verron, la « mafia locale », comme la surnomme un commerçant, m’a fait penser à la famille Groseille du film la vie est un long fleuve tranquille. C’est rare de débusquer de tels caractères dans des albums de BD avec pas mal de détails croustillants. Mais ce qui étonne, ce sont les dialogues vraiment très réalistes et fuselés de Rabaté : du grand art. J’évoquais Audiard pour Crève Saucisse, idem ici, on se régale des réparties des personnages. On en oublierait presque les dessins de Gnaedig, eux aussi très réussis, servant le scénario sans relâche. Pour la petite histoire, Gnaedig est éditeur chez Futuropolis et dessinateur à l’occasion.



Ce linge sale se lit d’une traite, sans faiblir et le dénouement est aussi abrupt que certains dialogues. A un moment, j’ai même trouvé que la BD, en évoquant les magouilles des Verron, louvoyait avec la chronique sociale. A certains moments, on n’est pas loin du sombre fait divers…



A découvrir sans attendre, même si derrière l’humour sous jacent, on grince des dents !


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Une épaisse couche de sentiments

Sweetfat est le leader européen du gras, Sweetfat dégraisse. On connaît la musique funèbre : délocalisations en Asie, bénéfices en baisse avec la crise, une seconde vague de licenciements s'impose. Le DRH est prié de se coller aux entretiens, à sec, diplomatie et soutien zéro. "Je compte sur vous. Faites moi ça proprement à la hache !" lui précise le président de la boîte.

Tant pis si les élus de la charrette s'effondrent et finissent au bout d'une corde.



Sujet grave, tristement d'actualité : licenciements massifs, méthodes douteuses et coups bas pour choisir les éjectables, cadres 'requins'. Vagues remords de loin en loin du DRH, quand même.

Au lendemain de la lecture des 'Visages écrasés' (Marin Ledun), on ne peut que trouver cette BD bien légère. Bien sûr, l'album ne prétend pas être un documentaire sérieux, le parti pris est la caricature. Mais quand même. Les personnages et situations sont tellement outrés que je me suis vite détachée du récit. On a droit en plus à quelques rebondissements énormes, alors bof, vraiment bof.



--- 2,5/5
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Profession du père (BD)

Quelle histoire...quelle terrible histoire.

Je n'ai pas lu le roman autobiographique de Sorj Chalendon, je ne peux donc pas juger de la qualité de l'adaptation, mais j'ai donc découvert complètement cette histoire via ce roman graphique très réussi.

L'histoire est terrible, dure et troublante. J'ai vraiment été prise de vertige devant le tourbillon qui emporte Emile dans les mensonges pathologiques de son père.

La narration est prenante, presque fascinante, et très vivante. On ne peut s'empêcher de s'attacher au jeune narrateur dans la tragédie de sa vie.

Côté dessin, c'est très épuré et presque enfantin mais c'est également très efficace. Le traitement en gris et noirs est plutôt réussi.

C'est vraiment une réussite.
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