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3.89/5 (sur 110 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Angers , 1968
Biographie :

Diplômé de l'IUT de Bordeaux en métiers du livre et de l'école Estienne de Paris en Arts Appliqués, Sébastien Gnaedig se révèle un petit surdoué du média BD.

Il a été maquettiste, chef de fabrication (Éditions Delcourt, 1992-1996), directeur de collection puis directeur éditorial puis directeur général des Humanoïdes Associés entre 1996 et 2000, directeur de collections chez Dupuis pour les collections Aire Libre et Repérages! de 2000 à 2004.

En 2004, il relance les éditions Futuropolis à l'initiative des éditions Gallimard et des éditions Soleil dont les premières (nouvelles) parutions sortent en septembre 2005.

En parallèle, il est dessinateur de bande dessinée sur scénarios de Philippe Thirault: "Mes voisins sont formidables" (Le Cycliste), "Vider la corbeille" (Rackham), "Une épaisse couche de sentiments" (Dupuis) ou encore "Le linge sale".

Début 2018 sort son premier travail d'adaptation en tant que dessinateur, avec la version BD de "Profession du père" de Sorj Chalandon, qu'il signe seul. L’illustrateur parvient à transmettre à travers ses dessins tout le désarroi, le chagrin, la pitié et la terreur que l’on retrouve dans le roman.
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Bibliographie de Sébastien Gnaedig   (6)Voir plus


Entretien avec Sébastien Gnaedig, à propos de son ouvrage Profession du père (BD)



15/03/2018


Profession du père est le roman le plus autobiographique et intime de Sorj Chalandon, dont la lecture s`avère parfois éprouvante. Qu`est-ce qui vous a particulièrement attiré dans l`histoire du petit Emile Choulans et de cette famille, dévastée par la violence du père et la soumission de la mère ?


C`est une histoire d`enfance stupéfiante. À la lecture du roman, on avance ainsi dans ce récit d`emprise familiale où les scènes entre le père et son fils sont parfois tout simplement ahurissantes. Ce que j`ai voulu retranscrire, c`est la manière dont un enfant peut se construire, essaie de s`en sortir, dans un cadre où il n`y a plus de repère. Car si le père est violent, il est aussi imprévisible et surtout mythomane. La famille, qui vit en autarcie sous la coupe de ce père, telle une petite secte, comme le dit Sorj Chalandon, doit vivre avec ces délires changeants sans cesse.



Pour vos publications précédentes, vous aviez l`habitude de travailler avec un auteur (Philippe Thirault à trois reprises, et Pascal Rabaté en 2014). Comment avez-vous abordé le travail d`écriture, ou plutôt de réécriture par l`image, cette fois ?


Cela fait quelques années que l`exercice de l`adaptation romanesque me tentait. Seulement, je ne trouvais pas le roman qui me donnait à voir suffisamment d`images pour cela. À la lecture de Profession du père (BD), j`ai su immédiatement quoi faire. Je voyais les scènes et surtout je me suis fixé des règles : je ne voulais pas de narratifs. Là où le roman est introspectif, je choisis de montrer les scènes. On n`est plus dans la tête du petit Émile mais on est le spectateur de ce qui lui arrive et c`est à nous de nous faire une idée. Là où le roman enchaîne parfois les souvenirs, j`ai voulu suivre un ordre chronologique strict pour essayer de suivre la montée du délire du père au fil du temps et la réaction du fils au fur et à mesure qu`il grandit. J`ai donc fait un découpage dessiné de l`ensemble de livre avant de dessiner la première planche car c`est le rythme du récit qui m`importait le plus, en faisant le choix des scènes que je retenais aussi (le roman fait 360 pages !). Enfin je voulais garder la saveur des textes de Chalandon, et s`il n`y a pas de narratifs, toutes les bulles de dialogues sont de lui.






Plus que du noir et blanc, vous utilisez des niveaux de gris pour figurer une époque (le début des années 1960 et dans une moindre mesure les années 2000) et raconter les péripéties dans lesquelles Emile Choulans est pris sous l`influence de son père. Est-ce un choix qui s`est imposé dès le départ ?


Le gris s`est imposé pour créer surtout de la lumière, du volume au dessin noir et blanc et une certaine douceur aussi. La couleur m`a semblée superflue à ce moment là même si j`ai cherché quelle teinte à donner à ce gris (qui est finalement légèrement coloré).


Les auteurs de BD semblent particulièrement friands des livres de Sorj Chalandon ces derniers temps : Le Quatrième Mur a été adapté en 2016 par Eric Corbeyran et Horne Perreard, et Mon traître vient de renaître en janvier sous le crayon de Pierre Alary. Au-delà de sa popularité, est-ce le style Chalandon, ce mélange de profondeur, de tristesse et de pudeur, qui attire le monde de la bande dessinée ?


C`est une écriture très « visuelle ». le rythme de l`écriture de Sorj Chalandon se prête bien à l`adaptation en bande dessinée je pense, plus que d`autres écrivains dont on ne voit pas – malgré la qualité du style bien sûr – ce que l`on pourrait faire en images.





En plus de vos talents de dessinateur, vous travaillez dans l`édition de bande dessinée depuis presque 30 ans. Selon vous, qu`est-ce qui fait une bonne adaptation d`un roman en BD ?


C`est d`apporter une autre vision du récit, une autre manière d`aborder une histoire. C`est de voir le dessin s`emparer des mots de l`écrivain pour donner à voir une ambiance particulière. Les meilleures adaptations sont celles où l`univers du dessinateur transparaît au-delà de celui du romancier. On doit se dire que le livre est avant tout un livre de cet auteur-adaptateur.




Sébastien Gnaedig à propos de ses lectures



Quel est l`ouvrage qui vous a donné envie de dessiner ?


Il y a en a plein ! Je suis tombé dans la bande dessinée quand j`étais petit ! De Spirou à Tintin en passant par Lucky Luke, Astérix et toutes ces séries merveilleuses qui m`enchantaient. Maintenant, même si je dessinais pour reproduire certains personnages que j`aimais, je n`ai pas pensé forcément que je pourrai en faire un métier.


Quelle est la bande dessinée que vous auriez rêvé d`écrire et/ou de dessiner ?


Bravo les brothers d`André Franquin.





Quelle est votre première grande découverte livresque ?


Adolescent : Jules Verne et Émile Zola.


Quel(le) est le livre ou la bande dessinée que vous avez relu(e) le plus souvent ?


C`est forcément une bande dessinée car ça s`y prête plus facilement (même si j`espère relire A la recherche du temps perdu de Marcel Proust un jour !). Sûrement Bravo les brothers d`André Franquin, cette histoire courte de Spirou ou cette histoire longue de Gaston au choix, incluse dans Panade à Champignac, dix-neuvième album de Spirou et Fantasio qui est l`histoire la plus drôle que j`ai lue.


Quel(le) est le livre ou la bande dessinée que vous avez honte de ne pas avoir lue ?


Je n`ai pas de honte à ne pas avoir lu un livre. Je me dis que j`ai encore la chance de le découvrir un jour ! Ma bibliothèque est remplie de livres que j`ai achetés mais pas encore lus. Et de temps en temps je pioche dedans !


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?


Leçon de choses de Grégory Mardon que j`ai publié chez Dupuis, sûrement l`un de ses plus beaux livres, un récit sur l`enfance d`ailleurs…





Quel est le classique de la BD ou de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?


En littérature, j`avoue ne pas comprendre l`engouement autour de Katherine Pancol. J`ai essayé et je n`ai pas pu dépasser la première page tant l`écriture m`a semblé ampoulée et compliquée…


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?


« J`aime bien la cuisine exotique ! Comment s`appelle cette croûte délicieuse autour des frijoles ? Ça s`appelle un bol en terre cuite, amigo. » Bon ce n`est pas vraiment une citation de vie mais c`est un extrait que je cite souvent (n ‘est-ce pas, mon cher Emmanuel Lepage !?) et cela vient de Tortillas pour les Dalton, une histoire de Lucky Luke par Morris et René Goscinny !


Et en ce moment que lisez-vous ?


Débâcle de Lize Spit chez Actes Sud et Norilsk de Caryl Férey chez Paulsen.



Découvrez Profession du père (BD) de Sébastien Gnaedig aux éditions Futuropolis :





Entretien réalisé par Nicolas Hecht.


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Vidéo de

L'éditeur et dessinateur Sébastien Gnaedig publie avec Gérard Mordillat une fable, inspirée de faits réels, sur un parcours vers l'extrême-droite. Il explique ici à Anne Douhaire, comment il s'y est pris pour dessiner cette nouvelle bande dessinée. Son : Vincent Godard Image et montage : Jean-Philippe Jeanne Plus d'information sur la BD : https://www.franceinter.fr/emissions/bulles-de-bd/bulles-de-bd-du-mercredi-02-mars-2022 Plus de leçons de dessin : https://www.franceinter.fr/emissions/la-lecon-de-dessin Plus de bandes dessinée sur France Inter : https://www.franceinter.fr/theme/bande-dessinee

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Je répare la beauté !
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En écrivant Profession du père, je n’avais en tête que mon visage d’enfant. Malgré le masque d’Émile, je ne pouvais m’empêcher de plaquer mes traits sur chaque mot. Croyant m’éloigner de mon enfance, j’y replongeais. Comme Émile, je n’ai jamais su la profession de mon père. Comme lui, j’ai eu une famille qui confondait mensonge et vérité. Comme lui, ce chaos m’a laissé sans socle, sans amour, sans mémoire. […]

Difficile, de montrer un enfant battu. Trop de réalisme le violenterait une deuxième fois. Alors Sébastien Gnaedig a choisi la pudeur. Tout est là. Désarroi, chagrin, pitié, terreur. Mais tout cela gagne en légèreté. Dans ma ville de Lyon, Sébastien a interrogé les fantômes et les rues. Il s’est emparé de mon histoire. » Sorj Chalandon in préface de l'album
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- Vous avez l’Equipe ?
- Y’a encore une grève aux imprimeries. Enculés de Cégétis’ !
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Qu’est-ce que ça peut leur foutre, ma profession ? Écris la vérité : agent secret. Ce sera dit. Et je les emmerde.
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Alors voilà : profession du père. Et l'émotion que j'ai ressentie à la découverte de la mère, du père et du fils vus par un autre que moi. "Mon dieu, le pauvre gosse!", j'ai murmuré en tournant les pages. Le dessinateur avait donné vie à Emile. Tout en protégeant le gamin que j'étais.
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La science du management est pour les relations humaines ce que les outils sont à l'ouvrier.
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- Écris la vérité : agent secret. Ce sera dit. Et je les emmerde.
- Ou alors tu écris fonctionnaire ?
- Et puis quoi encore ? Manœuvre sur un chantier ? !
De quel droit ils demandent ça ? Qu'est-ce que ça peut bien leur foutre, ma profession ?
- Et si tu disais : sans profession ?
- Sans ?
- Ben oui, sans profession, et on n'en parle plus !
- Tu sais que tu es loin d'être conne, la vieille ! Sans profession !
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Je ne veux plus jamais les voir, parce qu'ils te font encore du mal.
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