Sébastien Goethals

Konrad et Andreas Werner, deux frères orphelins, se retrouvent seuls dans Berlin après la guerre. Recueillis par des Allemands à Leipzig, ils deviennent citoyens est-allemands par la force des choses. Enrôlés par la Stasi, ils vont avoir tous deux des missions différentes. Konrad sera infiltré à l'ouest tandis qu'Andréas devient le kiné de l'équipe de foot de la RDA. En 1974, après 12 ans de séparation, les deux frères vont se recroiser lors de la coupe du Monde de football. Les liens sont toujours très forts entre eux mais les enjeux nationaux et idéologiques sont importants également.

Un roman graphique magnifiquement orchestré: scénario et graphisme apportent chacun sa part de mystère et de révélation. Un dossier historique très documenté complète le tout. Un chef d'oeuvre tant graphique qu'historique. J'ai adoré!

Ce n'est pas parce que je suis alsacien que j'ai aussi bien aimé le voyage de Marcel Grob. Sans doute suis-je beaucoup plus sensibilisé au fait de savoir que ma région l'Alsace a beaucoup souffert au cours des deux précédents siècles où elle fut littéralement ballotée entre l'Allemagne et la France. Du coup, la participation de soldats alsaciens à la Wehrmacht n'est pas si facile que cela à comprendre. Cela me tient à coeur car la question des Malgré-Nous n’a pas toujours été exposée et étudiée avec l’attention que mérite la situation subie par l’Alsace et la Moselle.



Nous avons encore un de ses petits juges arrogants qui n'a rien compris à la guerre et qui ne porte que le mépris en lui. Nous apprendrons qu'il est à la fois juge et partie sans vouloir dévoiler la fin de cette oeuvre. Et c'est également tout le poids de l'Histoire qui pèse sur les frêles épaules de Marcel Grob qui a plus de 80 ans. L'ignoble chantage de l'ennemi de l'époque...



C'est le récit poignant d'un jeune alsacien engagé de force dans la SS en Juin 1944 alors que les Alliés débarquaient sur les places normandes. On va donner le point de vue de l'autre côté de l'histoire officielle écrite par les gagnants de ce conflit. Bien entendu, on condamne fermement les actes de cruauté et de tuerie mais il s'agit de comprendre avant de juger au nom de l'Histoire.



Cependant, une question me taraude : qu'aurions-nous fait à sa place si la vie de nos proches en dépendait ? Si j'étais né à Leidenstadt en 1920 ? C'est tout le drame des "Malgré-Nous" qui est mis en lumière sur ce pan méconnu de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale.



Le dessin en noir et blanc ou en sépia selon les époques colle vraiment à l'histoire. J'ai rien à redire pour une fois. Une oeuvre à apprécier car très bien écrite et au contenu très enrichissant. Une bd pour l'ouverture d'esprit et pour une certaine forme de tolérance face à l'Histoire. Il faut savoir la vérité avant de juger.



Je reprends cet avis un an après afin de faire un petit ajout pour signaler que ce titre est le gagnant d'un concours parmi une large sélection de bd lors d'un concours lié au prix Cezam Grand-Est 2019. Cela fait toujours plaisir quand son favori remporte la compétition. C'est largement mérité.

L'histoire des "malgré-nous" est dense et complexe. Tout autant que celle de l'Alsace. Subissant les règles d'un pays puis d'un autre. Déracinés, embrigadés. Ils n'auront de cesse d'être ballottés au fil d'événements qu'ils n'ont pas forcément souhaités.



"Le voyage de Marcel Grob" est un roman graphique qui a su capter la complexité humaine. Les termes de héros, de traîtres, de collaborateurs paraissent extrêmement surfaits lorsque les protagonistes ont un choix grandement limité dans la suite des événements. Peu de personnes choisissent l'option de la mort quand il faut choisir entre elle et une seconde voie.



C'est toute une part de l'Histoire que nous content Sébastien Goethals et Philippe Collin. Celles des personnes qui ont subi la guerre, qu'ont a obligé à commettre des actes insoutenables, qui ont été jugés par leurs concitoyens, qui se sont eux-mêmes culpabilisés, traumatisés par les horreurs qu'on leur avait fait faire. C'est un très bon document historique, avec un dossier complémentaire final très instructif.

Marcel Grob est alsacien et en juin 1944 il a 17 ans. La waffen SS manque de volontaire à l'heure où la débâcle allemande commence. Alors on force de jeune gens à s'engager en leur faisant craindre des représailles pour leur famille. Voici le sort de Marcel Grob et de plusieurs centaines de jeunes alsaciens. Les "malgré-nous".



Cette bande dessinée est une histoire vraie, un témoignage des nombreuses horreurs que fait naître la guerre. Ces jeunes gens que rien ne prédestinait à la violence vont se retrouver à incorporer la plus terrible des corps d'armée allemandes. Ils deviennent SS et participent à des crimes horribles. J'ai trouvé particulièrement dur l'épisode narrant le massacre de la ville de Marzabotto.

On ressort un peu perturbé d'une telle lecture. On ne sait pas quel sentiment on doit projeter sur ce personnage. Il a fait des choses horribles, participé à cet odieux massacre d'innocents, même les enfants n'ont pas été épargnés. Et pourtant on le sent en désaccord, pas foncièrement mauvais ni violent. Juste trop pleutre pour agir différemment que ses supérieurs. Juste un mouton parmis un troupeau sous les ordres de psychopathes. Ne pas vouloir risquer sa vie pour des idées, ca peut se défendre je suppose. De la à suivre les ordres de tuerie je ne sais pas... c'est difficile de se mettre à la place de ses engagés malgré-eux. On ne peut pas tous être des héros mais participer à ce genre d'atrocités... j'ai du mal à imaginer comment on fait pour se reconstruire après ça.



Un petit mot sur les dessins : de très jolies aquarelles dans les tons gris ou sépia. le trait est fin, sec et nerveux qui donnent des expressions un peu figées. Le principal défaut est qu'il n'est pas facile de reconnaître les personnages.

Très belle BD historique même s'il s'agit de "la petite histoire" dans la grande histoire : le drame des Malgrè-nous incorporés dans la Waffen SS. (En l'espèce un jeune alsacien de 17 ans, Marcel Grob)

Chaque planche nous donne des dessins d'une perfection et beauté incroyables; vivantes, elles nous emportent dans les lieux parcourus par les personnages, des jeunes se retrouvant enrôlés sous les Waffen SS pour des raisons différentes.

Cette BD s'appuie sur le dossier historique réalisé par Christian Ingrao.

Un petit extrait pour vous donner envie :



"-toutes les saisons peuvent être blanches Grob! C'est quoi ces conneries!!

-j'vais essayer de vous faire deviner. Pour commencer, facile. Pourquoi l'hiver c'est blanc?

-ben à cause de la neige, c'est facile.

-oui la neige c'est blanc, donc l'hiver c'est blanc. Après plus dur, le printemps, pourquoi c'est blanc?

..... à cause des cerisiers en fleur! Un cerisier en fleur c'est l'arrivée du printemps...... bon maintenant encore plur dur l'été à votre avis, pourquoi c'est blanc?

-franchement là, j'vois pas

-..... eh ben l'été c'est le blanc des ombrelles que promènent les femmes pour se protéger du soleil.

-moi j'abandonne beaucoup trop dur ton jeu!

-hé on n'a pas fini. Il reste l'automne. Comment ça peut être blanc l'automne?.... qu'est ce qu'on fait dans une maison bourgeoise à la fin de l'été quand tout le monde s'en va? Qu'est ce qu'on fait avec les meubles?

-on les recouvre de draps blancs!!

-oui oui Fisher, l'automne c'est le blanc des draps sur les meubles après l'été....

-ben faut vraiment être une bourgeoise de Bavière pour jouer à ton jeu Grob!

-non..... j'ai juste lu la Ceriseraie de Tchekhov."

La tonalité et les thèmes abordés dans cette histoire avaient tout pour m’intéresser : Une critique acerbe de la société de con/sommation, de ses dérives ; Le futur possible, sombre, violent et loufoque de celle-ci ; Et l’humour noir belgo-surréaliste (1*).

Autre intérêt ; le caractère original des personnages : Deux femmes à forte personnalité et à l’ADN modifié, l’une avec de l’ADN de loutre, l’autre de mamba vert ( ! ça fait peur non ?). Le responsable de la sécurité d’un centre commercial antihéros mou-du-genou. Un employé black du même hypermarché qui se nomme Jacques Chirac Oussoumo. Et en guise d’hommage à Reservoir Dogs (le film de Q. Tarantino pour ceux qui ne connaissent pas leurs classiques ;-)), quatre frères hommes-loup (Blanc, Noir, Brun & Gris) fils d’une caissière ... mais je ne vais pas vous divulguer (spoiler pour les jeunes) le scénario (1*).

Le graphisme monochrome est adapté au récit. La couverture et les « loups-garous » sont particulièrement réussis (1*).

L’avantage d’une bonne adaptation de roman en BD c’est la rapidité de lecture, et la concision. Son problème, c’est le manque de développements, la perte de nuances d’écriture. Je n’ai pas lu « Manuel de survie à l’usage des incapables », le roman de Thomas Gunzig, qui a inspiré cette BD et ne le lirai pas car j’ai trop à lire par ailleurs, de plus je connais maintenant l’histoire, mais peut-être lirai-je un autre de ses bouquins, en tous les cas, cette BD m’en a donné envie (1*).

Donc 4*. Allez, salut. Bonne Année 2019 à tous & Merci Francky.

Interrogé par un jeune juge d’instruction, au crépuscule de sa vie, Marcel Grob, 83 ans, est rattrapé par son passé. A la toute fin de la Seconde guerre mondiale, il intégré la Waffen SS, à l’instar de 10 000 camarades alsaciens, tout juste âgés 18 ans.

Engagé volontaire ou enrôlé de force ? « Malgré-nous » ou criminel de guerre ? Le ping-pong de questions-réponses entre les deux hommes dévoile autant d’évènements effroyables que de doutes et d’interrogations.

En remontant le fil chronologique de la vie de son grand-oncle, Philippe Collin s’attaque à un pan douloureux de l’histoire tant nationale que familiale. Son enquête pose aussi, au-delà du destin personnel de Marcel Grob, les questions universelles de la responsabilité individuelle des hommes dans un massacre collectif, mais aussi celles du devoir de mémoire et du droit à l’oubli. Il est difficile d’y répondre ou d’établir un point de vue tranché à l’issue de cette lecture tant les circonstances peuvent transformer une victime en bourreau.

La qualité de l’album tient à la rigueur et à la finesse avec laquelle, l’auteur-journaliste-historien mène son enquête, en restant toujours en équilibre sur le fil du rasoir. Aucune leçon de morale, ni de jugement de quel ordre que ce soit ne sont assenés. En revanche, je n’ai pas adhéré au dessin que j’ai trouvé faible, ou plutôt fade, par rapport à la puissance du propos.

Qui est Marcel Grob, cet alsacien

âgé à présent de 83 ans?

Est-il un "Malgré nous" ?

ou un criminel de guerre?

Nous sommes en octobre 2009

il est grand temps qu'il s'explique,

qu'il raconte enfin, ce qu'il a tû

durant plus de 60 ans..

Il plaide son innocence,

et les concours de circonstances de l'époque. ..

Ses 17 ans d'alors,

ses peurs de représailles pour sa famille...

Et puis, et puis,.. qui sommes nous vraiment

pour oser le juger maintenant ?

Il se retrouve confronté au pire tribunal qui soit...



Ce récit est assis historiquement.

Il pose des questions en rafales.

Mais n'entend pas apporter

de bonnes réponses..

car bien sûr,dans l'absolu, il n'y en a pas.

Le scénario choisi, est intéressant

il permet de mener librement cette investigation .

Le temps des sauvages, c’est une époque où les hommes sont parvenus à implanter quelques gènes issus du monde animal à leur progéniture. Dans ce monde où la compétition entre individus est omniprésente, certains devraient pouvoir en tirer avantage. Les gènes de loup des frères Blanc, Gris, Noir et Brun, leur confèrent une force surprenante ; tandis que ceux de loutre implantés chez la jolie Blanche de Castille, semble bien lui réussir ; etc. La force de ces êtres est parfois surprenante, mais la cohabitation de ces succédanés de "supers héros" entre eux et avec la société s’avère finalement bien compliquée !

L’absence apparente de parti pris des auteurs pour les personnages ne permet de pas deviner le sort qui leur sera réservé. Le suspense est donc au rendez-vous, de même que l’action. Le graphisme, en noir et blanc, est plutôt agréable. Un agréable moment de lecture mais l’histoire elle-même ne m’a pas donné l’envie d’aller lire le roman de Thomas Gunzig dont est inspiré cette bande-dessinée ("Manuel de survie à l’usage des incapables").

Lecture intéressante : L'histoire d'un Malgré-nous dans la seconde guerre mondiale. Comment de jeunes hommes, Alsaciens, à une époque où l'Alsace est Allemande, alors qu'ils sont nés Français, sont incorporés dans l'armée Allemande... et chose un peu particulière certains se retrouvent dans la Waffen SS.....

Alors oui, certains hurleront qu'ils n'avaient qu'à fuir, passer dans la résistance, et blablabla....

Mais à 18 ans ? quand c'est toute la famille qui est menacée s'ils ne répondaient pas à la convocation... Comment faire un choix ? Alors oui je sais, certains même avant 18 ans avaient choisi leur camps.... et blablabla....

Oui certains.... mais nous sommes tous différents, et évidemment nous n'avons pas tous les connaissances, ni le même recul sur les événements qui se déroulent autour de nous... surtout à 18 ans. Alors comment les comparer les uns avec les autres.

Voilà, c'est toutes ces questions que posent cette BD. Comment savoir le degré de choix, et le degré de soumission.

Et à la fin de cette lecture, je ne sais pas quoi penser de Marcel Grob. Une seule chose est sûre, au seuil de sa vie, il n'a clairement pas la conscience en paix.

Une bande dessinée dédiée aux "malgré nous". Quand je travaillais en Alsace dans les années 90, j'en ai beaucoup entendu parler, certains le cachaient, d'autres non, surement en fonction de ce qu'ils avaient fait pendant la guerre. Il s'agit là apparemment d'une fiction tirée de faits réels mis bout à bout, le travail est intéressant d'un point de vue historique et pour les générations futures de mosellans, alsaciens et lorrains.

Coté dessin, il y a une force de travail, j'ai juste eu du mal avec les visages qui se ressemblaient un peu trop.

Le récit de cette bande dessinée retrace le parcours d'un jeune alsacien durant la fin de la seconde guerre mondiale. Un malgré nous, un enrôlé de force dans l'armée allemande.





Cette histoire est touchante à plusieurs niveaux.





Tout d'abord, il est assez rare dans les récits (même si cela se voit aujourd'hui de plus en plus) d'avoir une vision de la Seconde Guerre mondiale depuis l'intérieur de l'armée allemande. Connaître les leviers utilisés par les nazis permet de mieux comprendre la mécanique qui a pu se mettre en place à grande échelle durant toute cette période.





Ensuite, l'approche des auteurs, tout en finesse, propose une étude poussée des différentes attitudes adoptées par l'être humain face à l'horreur, face à la doctrine, face à lui-même. La peur, l'effet de groupe, l'euphorie, tout cela entre en ligne de compte lorsqu'il s'agit de prendre des décisions importantes et instantanées.





A méditer.





Ce qui m'a plu dans cette bande dessinée, c'est la maîtrise des auteurs à nous faire entrer progressivement dans l'histoire de ce jeune alsacien, qui se retrouve face à des cas de conscience.





Ce projet me parle, car j'ai aussi abordé ces thématiques dans mon roman 1944 Carnet de Vie.
Lien : http://jeanmarc06.wixsite.co..

Deux frères, orphelins, quittent Berlin dans les derniers jours de la guerre et sont pris en charge par les services secrets pour devenir des espions . Après quelques années, ils sont séparés et envoyés l'un en RFA et l'autre doit intégrer, comme kinésithérapeute, l'équipe de foot de la RDA.

L'histoire est plutôt sympathique et intéressante à suivre sur un plan historique. Les personnages sont, à mon sens, un peu trop clichés et le scénario est, finalement, fort prévisible si vous avez déjà vu un film sur ce thème. Le choix du match historique de 1974 est toutefois une belle idée.

Le dessin est très approximatif mais avec un jeu de couleurs bien pensé, avec des teintes différentes quand on change de personnage ou de côté du mur.

Une très belle histoire entre deux frères d'origine juifs ont survécu à la seconde guerre mondiale. Ils grandissent et se mettent à travailler pour la Stasi et se retrouve séparaient par le mur de la honte. Suite à cette séparation les deux frères vont avoir des avis différents ce qui va les opposer et finir par se détester. L'histoire est très intéressante et le graphisme agréable. Une bonne bd dans l'ensemble.

BD interrogante. Marcel Grob, criminel de guerre et/ou jeune de 17 ans qui s'intéressait surtout au foot, il était même bon, ça l'aurait aidé. J'ai aimé le dessin, j'ai aimé les couleurs, enfin plutôt les nuances de noir, blanc, gris, marron. J'ai appris sur les malgré nous, découvert le massacre de Marzabotto. Quand au rôle de Marcel ; à 20 ans, j'aurais jugé, décidé, choisi ; à 50, beaucoup plus ramollie, je me dis :

Tais-toi donc, Grand Jacques,

Laisse-les donc crier

Laisse-les pleurer de joie

Toi qui ne fus même pas soldat

et aussi qu'il faut filer cette BD à mon fils de 18 ans. Sinon, j'ai adoré.

J’ai été subjuguée, lors de son passage à la grande librairie, par les propos de Philippe Collin. Il est dommage d’ailleurs qu’ils n’y soient pas dans cette BD. Il expliquait qu’il a renié son grand-oncle quand il a appris que ce dernier avait participé à des massacres, au côté des SS. Est venue ensuite la culpabilité, quand le pourquoi a été dévoilé. Alors qu’il dort, Marcel Grob 83 ans, est emmené, au lever du jour, devant un juge. Pourquoi ? Il pose devant lui son livret militaire et sa photo de mariage. Peu à peu, il apprendra que la raison en est de son passé de ‘Malgré-nous’. Un récit fort et dérangeant. Les dessins sont fins et d’une grande beauté.

Cette BD m’a tout de suite tapée dans l’œil grâce à sa jolie couverture et c’est surtout la mention « juin 1944 » qui a attiré mon regard. Je suis en effet passionnée par la Seconde Guerre Mondiale. En plus, quand je me suis penchée sur le résumé, je me suis rendu compte qu’il traitait d’un sujet méconnu que je ne connaissais que de nom, les « Malgré-Nous ». C’est ainsi qu’on appelait les Alsaciens et les Mosellans enrôlés de force dans l’armée allemande dès août 1942.



Dans cette bande dessinée, j’ai appris que des centaines d’Alsaciens ont également été affectés à la Waffen SS en 1944. C’est le cas de Marcel Grob, grand-oncle de Philippe Collin, qui avait 17 ans lorsqu’il a quitté l’Alsace le 27 juin 1944 pour servir comme Panzergrenadier au sein de la division Reichsführer SS. C’est ainsi que commence le voyage de Marcel Grob, même si je trouve le titre assez mal choisi vu le contexte ! La BD commence en fait dans le bureau d’un juge qui interroge Marcel alors âgé de 83 ans. Je n’ai pas très bien compris cette mise en situation et je ne sais pas si elle était vraiment utile, le récit se suffisait à lui-même.



En règle générale, seuls les volontaires étaient incorporés à ces unités SS mais les Français n’eurent pas vraiment le choix suite aux pressions des Allemands sur eux et leurs familles et leur mort assurée en cas de refus. On découvre ainsi un pan de l’histoire de la Guerre complètement oubliée. Sans jugement ni compassion mal placée, l’auteur et l’illustrateur arrivent à nous raconter le destin de Marcel de manière remarquable car même s’il a été enrôlé de force, ce dernier a tout de même mené des exactions terribles et commis des meurtres atroces envers les civils au sein de la SS. Ils s’attardent en particulier sur le massacre de Marzabotto perpétré par sa division et auquel a participé activement Marcel. On se demande évidemment ce que nous aurions fait à ce moment-là à sa place mais cela ne pardonne pas ces crimes atroces.



Il n’y a pas que le fond qui m’a séduit dans cette BD, la forme est elle aussi très réussie. Le coup de crayon de Sébastien Goethals est sûr, les dessins sont très jolis et les cases sont bien grandes. Les couleurs sont choisies avec soin, le sépia est du plus bel effet. À la fin, le récit est agrémenté d’un complément d’information historique réalisé par Christian Ingrao qui est le bienvenu pour bien comprendre le contexte.
Lien : https://thetwinbooks.wordpre..

Un "voyage" instructif, à mettre entre toutes les mains pour comprendre en peu de pages l'histoire des "Malgré-Nous", Alsaciens et Mosellans enrôlés de force par l'Allemagne nazie.

Le sujet est très intéressant et le questionnement qui s'impose à cette lecture l'est tout autant. Parce que les membres de la Waffen SS étaient avant tout des hommes , certes pour la plupart transformés par une idéologie bestiale où leur humanité avait disparue.

Mais certains jeunes Alsaciens ou Lorrains se sont retrouvés "malgré eux" dans ce corps , machine à tuer de l'idéologie Nazie. C'est l'histoire de l'un d'eux qui est illustrée magnifiquement à mon gout dans cette conséquente bande dessinée. Il y est également question de sacrifice au nom des siens, d'esclavage ou d'aliénation à des idées dans une époque où la liberté était réduite à faire des choix pour ne pas mourir ou voir mourir les siens. Je ne peux m'empêcher de penser à mes choix si j'avais eu à me confronter à une telle barbarie.

Presque un écho à mon autre lecture du moment, Face aux migrants: le silence et le regard.

Les illustrations sont réussies avec une palette de couleurs, de gros plans, de noir et blanc et d'effets permettant de montrer sans être dans l'horreur inutile. Les traits sont appliqués et les vignettes de grandes tailles rendent agréable une thématique nécessaire.

Attention au raccourci aisé "tous pourris"!

Un dossier documenté ponctue ce bel ouvrage.

Peu friande de récits historiques, la BD me permet souvent de me replonger dans l'histoire avec un grand H. Grâce au "Voyage de Marcel Grob", j'ai découvert une nouvelle facette de la seconde Guerre Mondiale. Les auteurs nous font voir cette guerre à travers le prisme d'un homme enrôlé de force dans la Waffen SS. Le récit de cet homme invite à une véritable réflexion sur la responsabilité de nos actes. Pour ce qui est du dessin, je suis très partagée. Je n'ai pas du tout accroché aux dessins utilisés dans le récit se déroulant en 2009. J'ai plus apprécié ceux utilisés pour illustrer le passé de Marcel Grob, même si j'ai malgré tout eu du mal à m'y habituer.