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Critiques de Sébastien Goethals (188)
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Le voyage de Marcel Grob

Allemande de 1871 à 1918 puis Française entre les deux guerres puis Allemande pendant la Seconde Guerre mondiale et enfin française. L'Alsace et la France c'est une histoire d'amour particulière.



Dans cet ouvrage c'est l'histoire d'un «malgré-nous», un engagé de force dans la Waffen SS, un jeune homme alsacien de 18 ans.

Les dessins en noir et blanc ou teintés de couleurs légères sont superbes. Le scénario quant à lui laisse au lecteur le choix d'établir le degré de culpabilité de Marcel Grob (tel est le nom de ce jeune homme).



Pour ma part les «malgré-nous» sont des victimes



Enrichis d'un livret historique en fin d'ouvrages relatant le contexte de cette histoire.

Un livre magnifique qui nous renvoie à une part de notre histoire que je connaissais mal et qui rend hommage à tous ces jeunes hommes que l'on a appelé les «malgré-nous» qui font partie (pour la plupart d'entre eux) des victimes de la Seconde Guerre mondiale.

Un livre pétri d'humanité
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Le voyage de Marcel Grob

11 octobre 2009. Alors qu'il se trouve dans le bureau d'un juge, Marcel Grob ne comprend pas ce que lui veut cet homme et à quelle affaire il fait allusion. Il n'a qu'une seule envie : rentrer chez lui. Mais le jeune juge ne l'entend pas de cette oreille et compte bien éclaircir le passé douteux, à ses yeux, du vieil homme. Lorsqu'il lui présente son livret militaire de panzer grenadier dans la 16e division SS, Marcel se défend aussitôt, mentionnant les "malgré nous". Face à l'obstination du juge, il replonge dans ses souvenirs...

Le 27 juin 1944, Marcel et son ami, Antoine, ont bien été enrôlés dans l'armée allemande mais dans le seul but d'éviter les représailles faites aux familles des déserteurs. À bord du train qui les emmène loin de chez eux, ils ne se doutent pas un seul instant de ce qui les attend...



Philippe Collin rend un très bel et juste hommage à son grand-oncle, Marcel Grob, en nous dévoilant une partie bien sombre du sort réservé aux jeunes Alsaciens, Lorrains ou Mosellans. Pourtant français, certains n'ont pas eu d'autre choix que de servir pour l'armée allemande, la Waffen SS. Marcel, à seulement dix-sept ans, va se retrouver, bien malgré lui, dans une situation à laquelle il n'aura aucun moyen de s'échapper. Et il assistera, au premier plan, aux horreurs de la guerre. Autour de lui, des camarades dans la même situation mais aussi des gradés, notamment Herr Untersturmführer, qui l'aidera durant cette période et le poussera à réfléchir. Parfaitement complété par un dossier historique de Christian Ingrao, cet album se révèle tout à la fois passionnant et édifiant, éclairant sur le sort de ces jeunes hommes et questionnant sur les notions de culpabilité et de pardon. Graphiquement, les planches au trait un brin désuet et au ton sépia nous immergent parfaitement dans le passé.

Un album tout à la fois intime et universel...
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Le voyage de Marcel Grob

L'expression « Malgré-nous » désigne les Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans la Wehrmacht, l'armée régulière allemande, durant la Seconde Guerre mondiale, que ce soit dans la Heer (armée de terre), dans la Luftwaffe (armée de l'air), dans la Kriegsmarine (marine de guerre), ou encore dans la Waffen-SS. 



Marcel Grob est de ceux-là : jeune alsacien de 17 ans, il a été enrôlé contre sa volonté dans la Waffen-SS en juin 1944, a combattu avec les soldats allemands et a notamment participé au massacre de Marzabotto.



Le 11 octobre 2009, Marcel, alors âgé de 83 ans, est arrêté et placé devant un juge d'instruction. Ce dernier lui tend son livret militaire, c'est-à-dire son livret de solde dans l'armée allemande, preuve de son passé SS. Il est temps pour Marcel de raconter cette période tragique de son passé, afin de démontrer qu'il a été un SS malgré lui...



S'il avait choisi le maquis, le suicide ou la désertion, ce sont ses parents et son petit frère qui auraient été punis de la trahison de Marcel. Alors Marcel se rend à la convocation des Boches, il n'a pas vraiment le choix... Les souvenirs remontent à la surface et il raconte...



Son incorporation. Son affectation à la Reichsfürher. Le massacre de Marzabotto. Ses performances au football qui lui ont valu son transfert chez les Sapeurs. La rancune de son camarade Antoine. Son attachement pour son supérieur. Une opération de reconnaissance qui tourne au drame. Son hospitalisation. L'arrivée des Alliés au Lac de Garde...



On est au cœur même des horreurs de la guerre. Marcel se livre comme jamais, avec son cœur, avec ses convictions qui ne l'ont jamais quitté, avec son âme, un peu comme s'il était l'heure du jugement dernier. C'est une histoire qui retourne l'estomac, surtout quand on pense qu'il a à peine 18 ans quand la guerre prend fin. Philippe Collin et Sébastien Goethals ne lésinent pas non plus sur la dimension humaine malgré les horreurs relatées, ce qui rend le récit encore plus poignant.



Les graphismes sont superbes, fins et minutieux, très réalistes, avec une colorisation terne en corrélation avec les circonstances et les faits relatés. La seule chose que je pourrais leur reprocher, c'est qu'on a parfois du mal à distinguer les personnages entre eux qui, par moments, se ressemblent beaucoup.



Ce n'est qu'à la fin qu'on apprend que Marcel Grob était le grand-oncle de Philippe Collin. On comprend mieux pourquoi cette histoire lui tenait à cœur, pourquoi également il prend sa "défense", tout en laissant le choix au lecteur de le condamner ou pas, de prendre la mesure de sa culpabilité dans cette histoire. Pour ma part, je ne le jugerai pas, je ne sais ce que j'aurais fait à sa place. Le maquis ou l'enrôlement forcé ? Prendre le risque de voir mes parents arrêtés et déportés en camp de concentration (ou pire, fusillés sur place) ou les savoir en sécurité à la maison pendant qu'on tente de m'endoctriner et qu'on m'oblige à prendre part aux pires atrocités ?



Gros plus pour le dossier historique en fin d'ouvrage qui vient compléter et expliquer certains éléments du récit.



C'est dans l'ensemble un très beau roman graphique, qui nous interroge autant qu'il est instructif. Un récit utile et nécessaire si l'on veut comprendre ce qu'ont pu vivre les "Malgré-nous".

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Le voyage de Marcel Grob

Je me sens personnellement concernée par ce roman graphique, car mon grand-père maternel était originaire d'Alsace, région que la France et l'Allemagne se sont tour à tour attribuées. D'ailleurs, ma grand-tante , Albertine, a été rebaptisée Alberte par les allemands, comme le personnage , Marcel ,est devenu Marzell... Mon arrière-grand père , travailleur volontaire, est mort loin de chez lui, en tombant d'un arbre. Et sa femme est décédée à la fin de la seconde guerre mondiale, de la grippe espagnole, laissant six orphelins...



Marcel Grob, le personnage principal, est un jeune alsacien de dix sept ans, un " malgré nous", qui se retrouve, comme tant d'autres, enrôlé de force dans l'armée allemande, ici la Waffen SS. Le livre le présente très âgé, subissant un interrogatoire de la part d'un juge poursuivant les criminels de guerre. Il est notamment accusé d'avoir participé à la tuerie d'un village italien, Marzabotto. Et les images sépia rappellent son passé sombre de soldat.



Je n'ai pas été très séduite par les dessins , les visages sont assez grossiers, pas facilement identifiables, les couleurs très neutres. Par contre, l'histoire se lit presque comme une enquête policière, on s'attache aux événements, aux personnages, et le livre présente subtilement, sans manichéisme , les questions que chacun peut se poser, face à de telles situations humaines: quelle est la part de responsabilité d'un être qui tue, même contre son gré? A quel niveau la placer? Comment peut-on vivre ensuite? Comment pardonner? Un dossier historique complète utilement , à la fin, ce destin individuel.



J'ai beaucoup aimé que cette oeuvre soit dédiée à la jeunesse européenne. Que les générations actuelles puissent ne jamais oublier les barbaries guerrières...



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Le voyage de Marcel Grob

11 octobre 2009.



Un tribunal a nul autre pareil doit juger Marcel Grob.

La question posée est simple : Marcel Grob est-il un « malgré-nous » qui s'est retrouvé engagé dans la SS contre son gré ou est-il un engagé volontaire pour la SS ?



Le juge mène l'instruction… Il apparaît clairement que monsieur Grob n'est pas très coopératif et tente d'échapper aux questions posées par le magistrat. Quand il daigne s'y soumettre, il réfute l'engagement VOLONTAIRE dans la SS, que par ailleurs il prétend détester… Mais alors pourquoi avoir répondu à l'appel et s'être présenté à la caserne SS ? Parce que les parents de ceux qui refusaient de se présenter étaient arrêtés et envoyés en camp de concentration… Pourquoi ne pas avoir déserté ? Parce que les déserteurs étaient rattrapés et exécutés d'une balle dans la tête… Il affirme que sur son livret militaire il manque F.R.W., ce qui signifie Freiwilligen, ou, en français, engagé volontaire… Bref ! Monsieur Grob est-il aussi innocent qu'il le prétend ? A vous d'en juger…





Critique :



Le dessin de Sébastien Goethals n'est pas parfait… Il n'est pas toujours facile de distinguer les différents personnages. le choix des couleurs monochromes me semble excellent pour se replonger dans cette histoire du passé, mais la qualité de ces couleurs est inégale.

Quant au scénario… Il est exceptionnel ! Philippe Collin et Sébastien Goethals ont su donner vie à un personnage réel et reconstituer l'ambiance, les décors et les costumes de cette époque.



Les scénaristes soulèvent la question douloureuse de ces Alsaciens engagés dans la Wermacht et dans la Waffen SS. Dans le cas qui nous occupe, il n'est question que de la SS. Les études historiques démontrent que contrairement aux recrues purement allemandes, les Alsaciens enrôlés dans la SS n'étaient pas forcément des volontaires. Comme Himmler, chef tout puissant de la SS voulait contrôler sa propre armée, il avait un besoin considérable d'hommes, surtout que les pertes enregistrées en Russie étaient colossales. Alors que la SS des débuts se voulait racialement pure, on alla jusqu'à engager dans ses rangs des prisonniers soviétiques venus d'Asie. Les Alsaciens pouvaient donc mieux correspondre aux critères raciaux et il n'était pas nécessaire de leur demander leur avis. Les chefs étaient sans pitié et sans scrupules. Les assassinats de civils, qu'ils avaient déjà largement commis en URSS allaient se poursuivre en France, en Italie, en Belgique. le sort des Alsaciens était très critique puisqu'ils allaient forcément devenir les traîtres de quelqu'un ! Il faut dire qu'il y avait de quoi perdre son latin ou plutôt son alsacien : Français jusqu'à la Guerre de 1870 ; Allemands jusqu'en 1918-19 ; Français jusqu'en 1940, puis, à nouveau Allemands… Y eut-il parmi eux des assassins ? Certainement ! Mais la grosse majorité n'a fait qu'obéir car la moindre forme de désobéissance était on ne peut plus sévèrement réprimée, allant jusqu'à la déportation des proches.



Difficile dans un tel contexte de juger ces hommes, du moins la plupart d'entre eux. Pour certains dont les crimes étaient avérés, il n'y eut guère de sanction digne de ce nom au nom de la « réconciliation nationale ». Ils passèrent au travers des mailles du filet. Ils ne furent pas les seuls : plusieurs officiers SS allemands, responsables de multiples crimes, et n'ayant jamais regretté leurs choix, ne furent que très légèrement inquiétés après la guerre…



S'il y en a qui doutent encore que la bande dessinée est un art complet à part entière, qu'ils lisent « le Voyage de Marcel Grob » !

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Le voyage de Marcel Grob

Pour ce qui est de la bande dessinée en soi je lui ai trouvé quelques petits défauts, personnages qui se ressemblent, colorisation moyenne, mais pour le sujet, c’est une bande dessiné à lire absolument. En tant que témoignage historique, c’est édifiant, pour moi, je n’avais entendu parler des “Malgré-nous”, ces alsaciens enrôlés de force durant la seconde guerre mondiale, que dans la Wehrmacht. Je n’imaginais pas qu’il puisse y en avoir aussi dans la Waffen SS. Vu de la pointe Ouest de la France, cette histoire de gens de l’Est nous paraît bien lointaine, pourtant c’est un sujet qui nous concerne tous, sur comment est gérée une guerre, comment l’atrocité se met en place, le sujet est toujours d’actualité, il suffit de regarder du côté de la Syrie… Cette bande dessinée est un témoignage nécessaire.
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Ceci est mon corps, Tome 2 : Surexposition

Ce tome clôt le diptyque (et premier cycle) d'anticipation dans lequel le scénariste français Damien Marie jongle avec des thèmes comme la pollution, la surpopulation et principalement le clivage entre (très) riches et pauvres qui, dans ce monde futuriste, est poussé à l'extrême.



Un avenir noir, selon que vous habitez en-bas, dans le Township où pénurie d'eau et de nourriture sont monnaie courante (à moins qu'un rat même pas gras vous tente ?)...

...ou que vous faites partie de la vie dorée et diamantée de cette élite, dénigrant la condition humaine, qui s'est construite un paradis ultra-sécurisé, géré par le Need Consortium, sur les collines d'Hollywood.

Et tandis que les papas jouent aux petits dieux dans la branche pharmaceutique du Need, leurs rejetons, bien à l'abri de toute nécessité, se livrent aux jeux de l'ennui : alcool, drogues, bagnoles...et... les voyages "de l'esprit", permettant de se projeter dans le corps d'un pauvre hère du Township afin de connaître le frisson pimenté de l'inconnu... excès et dérives compris, bien sûr !



Il arrive alors, comme au jeune Lucas, que vous allez devoir courir pour votre vie ainsi que pour la vie de celle que vous aimez... pour comprendre enfin que votre père n'est pas seulement le salaud pour lequel vous le teniez déjà, mais bien pire : celui qui bâtit sa fortune sur les générations à venir...



Bien que les détails dans les dessins plutôt classiques de ces BD's ne manquent pas, on se focalise sur les expressions des visages et le mouvement des corps, parce que entre le catapultage d'un corps dans l'autre et retour, il s'agit de ne surtout pas perdre l'identité véritable des corps.
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Le voyage de Marcel Grob

Encore une preuve que la BD n'est pas un art mineur. Ce livre retrace l'histoire de Marcel Grob, "malgré-nous" c'est-à-dire conscrit alsacien dans la Waffen SS. Récit des quelques mois passés au sein de ce bataillon SS qui sera responsable du plus important massacre de civils en Europe de l'Ouest, à savoir à Marzabotto en Italie (l'équivalent des massacres d'Ouradour ou d'Ascq).

Une BD dure, utile, prenante. Qui insiste sur l'absence de choix de ces "malgré-nous" (menaces sur la famille....)

On s'interroge sur le "comment", comment vivre après ça.... L'auteur laisse à son lecteur le libre choix de l'acquittement ou de la condamnation de son personnage, qui est également son grand-oncle....
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Le voyage de Marcel Grob

Ce roman graphique retrace à travers le personnage de Marcel Grob, enrôlé en Juin 1944 dans la Waffen SS à 17 ans, les "malgré-nous" ces alsaciens contraints, parce qu'à cette époque l'Alsace était allemande, de rejoindre les Waffen SS pendant la deuxième guerre mondiale.



Comme sur la couverture, Marcel Grob, est contraint de regarder en arrière, de jeter un œil sur son passé, sur ce voyage qu'il a fait à travers l'Europe dans une armée où il devait obéir ou mourir.



65 ans plus tard ce même jeune homme se retrouve dans le bureau d'un juge afin de s'expliquer sur sa présence dans un corps militaire de triste réputation et sur les actes commis, entre autre, dans le village de Marzabotto en Italie où les habitants furent exterminés.



C'est un document pédagogique, précis et instructif, sur la condition de ces hommes qui, parce qu'ils vivaient en Alsace et que cette région s'est à plusieurs reprises sous des nationalités différentes , se sont trouvés incorporés dans l'armée ennemie. Avaient-ils le choix ? A travers l'histoire de Marcel Grob, les auteurs imaginent ce que ces hommes ont pu vivre, consciemment ou involontairement.



Est également posé les différentes attitudes de ces soldats : ceux qui souscrivaient à l'idéologie nazie et ceux qui étaient là parce qu'ils étaient allemands, alsaciens et en âge d'aller sur le front. A la fin de la guerre, l'Alsace redevenant française, ils ont été considérés comme faisant partie du camp adverse, donc comme ennemis du pays où ils vivaient. Pour Marcel Grob c'est l'heure de rendre des comptes et de témoigner, devant un juge implacable et sa greffière, d'un passé douloureux, qu'il n'a pas choisi comme beaucoup de soldats.



C'est une lecture difficile, chargée en émotions, où il est nécessaire de faire des pauses tellement les illustrations et textes sont forts et restituent les événements, les attitudes et pensées des différents personnages.



Les illustrations principalement en noir et blanc, se teintant parfois d'un voile de couleur, offrent une vision parfois insoutenable de ce que fut cette guerre, des atrocités commises et des questionnements qui se posèrent à ces "malgré-eux" mais aussi à ceux qui leur demandèrent des comptes. Les visages sont particulièrement expressifs.



Les auteurs, au-delà des faits historiques, abordent les thèmes de la responsabilité, de la culpabilité et ont ajouté à la fin de l'ouvrage une partie documentaire expliquant les différents corps de l'armée allemande : S.A., S.S., Waffen SS et leur implication dans la montée du nazisme et pendant la seconde guerre mondiale.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Le voyage de Marcel Grob

Le voyage de Marcel Grob est un formidable roman graphique qui livre un témoignage bouleversant sur le drame des Malgré-Nous.

Le sujet touche personnellement l'auteur, Philippe Collin, puisque Marcel Grob, dont il raconte l'histoire, est son grand-oncle. Ceci explique sans doute la force du témoignage et la sensibilité dont il fait preuve. Je l'avais entendu dans une chronique sur France Inter et cela m'avait donné envie de lire le livre, et je n'ai vraiment pas été déçue.

Les dessins de Sébastien Goethals sont quant à eux superbes et merveilleusement adaptés à l'histoire. Ils accompagnent et illustrent parfaitement ce tragique voyage au coeur de la seconde guerre mondiale.

Il est rare de trouver dans une BD un aussi bon équilibre entre la qualité du scénario et celle du graphisme. Une telle intelligence aussi. Car les auteurs ont réussi le tour de force de parler de ce sujet complexe et douloureux (les alsaciens-lorrains enrôlés de force dans l'armée allemande) en évoquant tous les points de vue, avec une grande justesse historique, mais aussi avec sensibilité et empathie.

Je ne peux que vous conseiller la lecture de cet album, il ne pourra pas vous laisser indifférent. Pour ma part, il m'a beaucoup touchée, mais étant lorraine et connaissant bien cette période, le sujet avait forcément un résonance particulière.



PS: sur le même sujet des Malgré-Nous, je vous conseille également la fin des Alsaciens et les deux Mathilde.
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Le voyage de Marcel Grob

Voilà une excellente BD qui traite d’un aspect méconnu de la deuxième guerre mondiale. Il s’agit de ceux qu’on a appelés les « malgré-nous », ces Alsaciens et Lorrains incorporés de force dans les bataillons allemands. J’en connaissais l'existence mais j’ignorais que certains d’entre eux avaient été enrôlé dans la Waffen SS. L’histoire est contée à travers les souvenirs que doit revivre Marcel Grob au moment de l’instruction de son procès quelque 70 ans après les faits. Le soldat n’avait à l’époque que 17 ans et on imagine qu’il n’avait d’autre choix que celui d’obéir. Il se trouve que le juge d’instruction est le descendant d’un rescapé d’un massacre de civils perpétré par l’unité à laquelle Marcel Grob appartenait… Et c’est la rencontre entre ce jeune juge soucieux d’obtenir réparation pour sa famille et le vieil homme qui avait enfoui ses douloureux souvenirs qui est mise en scène dans cette BD. Tout paraît juste et je n'ai pas été étonnée d’apprendre que les faits étaient véridiques et vécus par le grand-oncle même de l’auteur. C’est d’une très grande force d’évocation et la leçon d’histoire restera gravée dans ma mémoire de façon bien plus durable que par le complément d’information apporté par un historien en fin d’ouvrage.

J’ai aimé le dessin un peu suranné dont les teintes sépia conviennent à l’époque des souvenirs de Marcel Grob. J’ai tout apprécié, seulement un peu déroutée par la fin qui laisse place à interprétation.
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Le voyage de Marcel Grob

Coup de coeur.

Marcel Grob a 83 ans lorsqu'on vient frapper à sa porte.

On l'embarque pour le présenter à un juge d'instruction.

Incrédulité,  incompréhension, colère.

Qu'est-ce qu'on lui veut ?

Connaître son histoire, celle du temps où il s'appelait Marzell.

Commence alors un récit incroyable, terrible. L'histoire des "malgré nous", ces jeunes alsaciens enrôlés dans l'armée allemande.

Marcel, lui c'est le 27 juin 1944 que sa vie bascule. Pour rester en vie et sauver sa famille, alors qu'il a 17 ans, il se retrouve engagé dans une unité de la Waffen SS...

Cet album est absolument magnifique. L'histoire qu'on y raconte fait froid dans le dos et les planches y sont d'un réalisme glaçant.

Bravo à Philippe Collin et Sébastien Goethals pour ce travail de mémoire remarquable.

La lecture de ce Voyage de Marcel Grob ne laisse pas indifférent.

Si les livres d'histoire ou les romans de guerre vous font peur, n'hésitez pas à vous tourner vers la bande dessinée, quand elle atteint un tel niveau elle est aussi efficace et instructive que bien d'autres ouvrages.

Quant au sujet traité ici, il s'adresse à un large public, sans perdre de vue la violence de l'époque.

Les auteurs, d'ailleurs, dédient l'album "À toute la jeunesse d'Europe".



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La patrie des frères Werner

Très intéressée par l’histoire allemande contemporaine, j’ai adoré cette bande dessinée aux dessins soignés et réalistes et au scénario captivant.

On est pris dans cette Allemagne de la Guerre Froide, une époque oubliée et pourtant si proche, une Europe tiraillée par les idéologies.

Comme dans le précédent volume «Le voyage de Marcel Grob », on retrouve un dossier historique, signé Fabien Archambault, de grande qualité à la fin du livre.

La formation des 2 nations allemandes y est très bien analysée.

Cette BD est une nouvelle réussite du duo Collin/Goethals. Elle a le mérite d’ouvrir à une réflexion sur le visage actuel de notre Europe.

Football et géopolitique, un savant mélange!

A lire!!!
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La patrie des frères Werner

Berlin. Mai 1945.



Ils sont deux. Deux orphelins. Juifs !

Comment ont-ils fait pour rester vivants tout au long de la guerre ? Mystère !

Que reste-t-il de Berlin ? Rien ! Enfin, si ! Des ruines. Des cadavres aussi, enfouis sous les décombres.

Ils sont inséparables et ne savent où aller. Ils savent juste qu’ils doivent fuir la capitale du Reich. Heureusement, sur leur route d’errance, ils rencontrent un couple disposant d’une charrette qui leur propose de se rendre à Leipzig. Ils embarquent sur cette charrette où git un soldat blessé en bien piteux état… Pas sûr qu’il arrive vivant à Leipzig, lui ! Sur place, les deux frères devront tirer leur plan…



Critique :



Le football vous intéresse ? Passionnément ? Parfait ! Vous allez vous régaler avec cette page d’histoire footballistique qui va voir s’affronter les deux Allemagnes pour, rien que ça, la Coupe du Monde de juin 1974 qui se tient en RFA. Ce n’est pas une fiction !

Comment ? Le foot vous rend nauséeux ? Vous aimez l’histoire ? Très bien ! Ce livre est écrit pour vous ! Au travers des aventures des frères Werner, c’est la Guerre froide qui pointe son museau infâme. Plus spécialement, la Guerre froide vue du côté est-allemand avec l’omniprésence de la Stasi (la police politique à qui bien peu de choses échappent). Comment ? Je ne vous l’ai pas dit ? Konrad Werner, l’aîné, va se faire pincer en 1953 dans une pharmacie délabrée alors qu’il cherchait de l’Aspirine pour soulager son frère Andreas. C’est à cette occasion qu’ils vont rencontrer le colonel Gronau, fervent communiste. Ce dernier fait à Konrad une proposition que celui-ci ne saurait refuser sous peine de voir son jeune frère expédié en Pologne dans une maison de correction. Le temps passe et les deux frangins se font une place dans la Stasi. Les convictions communistes de Konrad sont bien ancrées contrairement à son frérot qui, au fur du temps qui s’écoule, se met à douter du système…



Et le football dans tout ça ? Venez découvrir ce match authentique et extraordinaire qui a opposé les deux Allemagnes, en sachant que la Stasi ne perd jamais de vue ses concitoyens et que les trahisons de toute nature sont vivement encouragées pourvu qu’elles permettent au pouvoir en place en RDA de se maintenir.



Le scénario de Philippe Collin, c’est du lourd ! Du très lourd ! Extrêmement bien documenté avec l’appui de l’historien Fabien Archambault qui signe de très belles pages de documentation à la fin de l’album.



Le graphisme de Sébastien Goethals est époustouflant et sa « mise en couleur » avec des tons à une seule dominante par planche confère une ambiance vieillotte comme si on découvrait un vieil album de famille. Il a été aidé en cela par Horne Perreard.



Les raisons d’acheter ce livre sont multiples : vous aimez l’art, jetez donc un œil à ces planches ! Vous vous intéressez aux relations humaines dans tout ce qu’elles ont de plus complexe : amour fraternel, fidélité aux idées, amour de la liberté, … , ne passez pas à côté de cet ouvrage ! Amateur d’histoire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et des années de la Guerre froide, découvrez une page inédite de ce conflit ! Amateurs de sport, sachez ce qui peut se cacher derrière d’un point de vue politique ou sociologique…

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Le voyage de Marcel Grob

«Le voyage de Marcel Grob »,

Philippe COLLIN (textes)

Sebastien GOETHALS

@futuropolis

(2018)





Cet album magnifique nous faire découvrir le destin tragique d’un jeune alsacien âgé de 17 ans, Marcel Grob, enrôlé de force dans la Waffen SS en juin 1944.

Ce livre est basé sur l’histoire vraie d’un de ces «Malgré-nous » et raconte les conditions dans lesquelles ces jeunes Alsaciens (et Mosellans) ont été incorporés et ont dû se battre au sein de la Waffen SS.

Les premières pages mettent en scène la confrontation en 2009 entre un vieil homme de 83 ans, Marcel Grob, et un jeune juge d’instruction.

L𠆚ncien soldat va devoir se replonger dans ses douloureux souvenirs afin de convaincre le tribunal qu’il n𠆚 pas été un criminel nazi.

On découvre alors qu’il a fait partie de la 16e division SS , la sinistre « Reichsführer », menée par le Commandant Walter Reder, qui a notamment perpétré le massacre de Marzabotto, le 29 septembre 1944, en Émilie Romagne, près de la ville de Bologne (770 morts)...

On découvre un pan méconnu de la seconde guerre mondiale à travers cette BD de qualité, autant au niveau de l’histoire que des dessins, magnifiques.

Superbe.
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Le voyage de Marcel Grob

Cette BD, aux tons gris ou pâles, voit un vieil homme parvenu au terme de sa vie, amené à se justifier de son activité pendant la seconde guerre mondiale. Alsacien, il a été appelé en 1944 comme de nombreux jeunes gens de sa tranche d’âge pour venir compléter les forces allemandes, sauf que lui a fait partie d’un petit contingent versé dans la Waffen SS. Lui et ses copains étaient-ils volontaires ? Aurait-il pu se soustraire à cette incorporation ? Quelles auraient alors été les conséquences pour sa famille ?



Envoyé en formation en Allemagne, il a dû apprendre à faire « comme si » il était convaincu par le discours nazi, avant de se retrouver sur le front italien. Un moindre mal par rapport au front russe ? Pas sûr, sa division, la 16e division Reichsführer, est chargée de nettoyer l’arrière du front. Par nettoyer on entend liquider la résistance italienne, voire plus. Et c’est ce que son unité va faire en provoquant une tuerie de masse à Marzabotto. Un événement similaire à Oradour sur Glane : un massacre d’innocents auquel Glob a été contraint de participer.



Ce souvenir le hante. Face à la mort qui approche, le seul vrai tribunal qui compte est sa conscience qui le tourmente.



Le sujet est grave ; le scénario évoque toutes les ambiguïtés possibles, entre les (rares) convaincus par la collaboration avec le Reich et les (nombreux) apeurés, pour eux comme pour leur famille : les Malgré-nous. L’histoire prend tout son sens avec la documentation finale, qui éclaire un peu plus le sujet.
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Le voyage de Marcel Grob

2009, Marcel Grob est interrogé par un juge d'instruction sur son passé dans la Waffen SS. Il n'est guère coopératif, il proteste, nie et pourtant son livret militaire délivre une toute autre vérité. Quel a été le véritable rôle du jeune homme de l'époque, a t-il participé volontairement ou a t-il été enrôlé de force comme nombre de jeunes Alsaciens ?

Les souvenirs soigneusement occultés remontent à la surface : 27 juin 1944 Marcel Grob et Antoine Guebwiller se rendent à la convocation des Allemands pour être incorporés dans leurs rangs. Ceux qui prenaient le maquis voyaient toute leur famille arrêtée par la Gestapo.

S'en suit un terrible périple au sein d'une armée ennemie.



Quel superbe album qui traite d'un sujet qui me touche profondément, les "malgré-nous", cette jeunesse alsacienne contrainte de combattre avec l'ennemi.

Quelle est la part de culpabilité de ces jeunes, parfois seulement 17 ans, dans les événements qui ont suivis ? Victimes ou criminels de guerre ? Chacun se forgera son opinion.

Le récit de Marcel Grob est sans concession, il raconte l'insouciance, la jeunesse, la violence et les horreurs de la guerre.

Une mention toute particulière au personnage de Muller qui va tant évoluer entre convictions du début et réalités du terrain.



Les dessins servent à merveille le propos, changeants avec les époques, nets et précis en 2009, plus flous et sépia en 1944. Expressions du visage, mouvements, paysages, tout est d'un grand réalisme et ajoute à la dimension tragique de l'histoire.



En fin d'album, un dossier historique très intéressant " Le drame des Malgré-nous incorporés dans la Waffen SS" de Christian Ingrao vient compléter le récit.



La dédicace "A toute la jeunesse d'Europe" est d'une sinistre actualité.... un album que je recommande vivement !


Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Angeline, tome 1 : Fuckin'Day

Premier des quatre tomes de la série qui démarre sur les chapeaux de roues. Dès les premières cases nous sommes plongés dans l’ambiance d’une BD qui s’adresse aux adultes où le sexe et la violence seront présents - sans excès mais suffisamment pour ne pas la mettre entre les mains de lecteurs de moins de 16 ans. Puis, à la manière d’un thriller, les intrigues se mettent en place faisant monter la tension.

Graphiquement, nous avons un album moderne où l’action est représentée à la manière d’un comics. Hâte de découvrir ce que nous réserve les trois opus suivants.
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Le voyage de Marcel Grob

Une première page qui laisse libre cours à notre imagination : "ne résiste pas mon amour, je te rejoins bientôt..."

L'histoire d'une région l'Alsace qui était française jusqu'en 1871, puis allemande entre 1871 et 1918.... l'histoire d'un homme qui s'est appelé Marzell puis Marcel ....

Retour sur l'histoire de cette région de France où 134000 jeunes ont été enrôlés de force dans l'armée allemande. S'ils refusaient cette incorporation ils pouvaient être assassinés, s'ils désertaient leurs familles pouvaient être déportées.

L'histoire a nommé ces hommes là, des Malgré-nous. Le grand oncle de l'un des auteurs était un de ces hommes.

Faire la différence entre ceux qui ont été obligés malgré eux de participer aux massacres commis par les troupes d'occupation et ceux qui ont choisi délibérément de servir le IIIe Reich ... n'est pas une chose aisée !

Marcel Grob lui a participé au massacre de Marzabotto, l'Oradour italien.

Nous nous retrouvons au cœur de ce livre au milieu de cette histoire de famille.

Peut on parler d'injustice,

Peut on parler d'incompréhension face au silence ou plutôt à la chape de plomb qui s'est abattu sur notre pays, sur notre histoire ?

Il nous faut peut être un peu de temps pour prendre la mesure de ce qui a eu lieu ... le blanc et le noir ne sont pas les seules couleurs du jugement, apprenons que beaucoup de nuance de gris existent et qu'il nous faut vivre avec.

Le texte nous éclaire sur ce qui s'est réellement passé, comment les évènements se sont enchaînés ... le pourquoi de chaque attitude est bien souligné,

Les dessins sont crus expressifs et servent à la compréhension des enjeux,

Les couleurs sont un reflet de notre humeur au moment de la lecture, parfois sentimentale parfois horrifiée, parfois colérique,

Le dossier historique nous permet de fixer l'histoire de Marcel dans l'Histoire des derniers jours de la seconde guerre mondiale en montrant l'escalade liée à la nécessité de recrutement de sang neuf ...

Alors que dire de ces malgré eux qui ont vécu le reste de leur vie avec ce terme et peut être avec des regrets sur leur choix ... il leur a fallu affronter jusqu'au bout ces cauchemars, ... jusqu'à leur voyage dans la nuit éternelle,

Mais ils ont quand même eu le privilège de vivre et de pouvoir se poser la question contrairement à ceux qui ont refusé et qui ont choisi de passer de l'autre côté ...



Réfléchissons et demandons nous franchement .... qu'aurions nous fait à leur place ?
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Le voyage de Marcel Grob

Le voyage de Marcel Grob, tout comme les albums de Jacques Tardi sur son père René, explore la vision d’un jeune homme happé par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Alsacien, Marcel Grob a dix-huit ans lorsqu’il se voit contraint en 1944 d’intégrer l’armée allemande sous peine de représailles envers sa famille s’il désobéit aux ordres de conscription. Mais le pire reste à venir, car c’est dans la Waffen-SS qu’on le destine. Deux amis d’enfance l’accompagnent dans son voyage, l’un dans la crainte, l’autre dans l’enthousiasme. Dans son vieil âge, Grob se souvient de tout malgré le besoin d’oublier et l’envie de se taire.

Le dessin en noir et blanc, quelquefois en teinte sépia, sied bien au propos et accompagne un texte fort et un récit bien mené.

J’apprécie beaucoup ces bandes dessinées instructives basées sur des faits historiques; elles constituent un bon véhicule de vulgarisation des événements passés pour un lectorat plus jeune ou moins intéressé par l’Histoire.

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