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Citations de Sébastien Rutés (109)


Il cala sa cigarette au coin de ses lèvres :
-"C'est toi le brodeur ? "
C'était la première fois que j'entendais appeler un écrivain un " brodeur".Voilà qui me servirait pour ma traduction. (p.58)
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(Karka, le corbeau freux)
Ma mémoire est celle de mon espèce : pourtant, si je ne conservais en m'envolant vers les plaines de l'Au-delà qu'un seul souvenir de mon passage ici-bas, ce serait celui du regard de Léon (le vieux lion) découvrant la Seine pour la première fois.
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(…) à force de s’écraser contre un mur de silence les mots s’endurcissaient, un coup de poing résonnait dans chacune de ses phrases, des sermons comme une ceinture qu’on retire, tu vois ce qui est arrivé à ta mère !, ses mots allaient toujours trop loin, s’éloignaient de Vieux comme s’ils en avaient peur, impossible de les retenir, il ouvrait la bouche et les mots fuguaient, alors les ramener, les amadouer, avec d’autres mots, ne plus essayer de briser le mur, plutôt le peindre de belles couleurs, pardonne-moi, j’ai juré de te protéger, c’est pour ton bien, chaque phrase dégoulinait sur le mur de silence comme un graffiti obscène, Vieux de la peinture plein les mains, la bouche maculée, des traces de ses doigts sur la peau claire de sa fille comme des cicatrices, pardon !, pardon !, je t’aime !, les mots poissaient, les mots souillaient, ils glissaient entre les doigts de Vieux, lui échappaient encore, disaient plus que Vieux ne voulait dire, connotations visqueuses, sous-entendus humides, Vieux tout englué se débattait pour se libérer, les mots prenaient le contrôle, c’est comme ça dans ces pays où on ne dit plus rien, on ne parle pas parce qu’on a peur de la réaction des autres et on finit par avoir peur aussi des mots (…)
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A force de fréquenter le haut de l'échelle alimentaire, on en viendrait à oublier que tout prédateur peut un jour devenir une proie. Des espèces se sont éteintes pour ne pas s'en être souvenu, ce qui ne risque pas d'arriver à celles du bas de l'échelle : maigre consolation, mais on se contente de peu quand on est le gibier...
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Après six titres publiés en trois années d'existence, la Série Noire en sortait désormais deux par mois.Les traducteurs étaient nombreux,que Marcel Duhamel dénichait en dehors des sentiers battus de l'édition.Pas d'universitaires pour traduire les anciens veilleurs de nuit,les boxeurs ratés et les chauffeurs de taxi,rien que des diplômés de l'école de la vie.Les romans parlaient de la rue,ils devaient aussi parler son langage.(p.28)
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(…) il connaît bien ce pays, il y est souvent venu, a toujours respecté les conseils de prudence : ne t'adresse jamais à un flic, même pour demander ton chemin ; ne regarde jamais personne dans les yeux ; parle-leur toujours dans leur langue ; vérifie la plaque des taxis, ne leur fais jamais signe dans la rue, attends au stations, surtout le soir ; ne prends jamais personne en stop, ne t'arrête pas si tu vois un accident ou quelqu'un couché sue la chaussée, ne t'arrête pas aux feux rouges la nuit, ne porte secours à personne, ne demande d'aide à personne, ne monte jamais dans la voiture d'un inconnu... parce qu'il a entendu tant d'histoires : kidnappings, rançons, agressions, vols, pots-de-vin, balles perdues, des gens au mauvais endroit au mauvais moment, comme s'il y avait de bons endroits et de bons moments dans ce pays, on a beau prendre toutes les précautions...
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Karka, ton orgueil te perdra.
Prends garde ! L’orgueil est un sentiment d’Humains.
p175
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Alors les lettristes ?
-Leur leader est dans de beaux draps. Un psychiatre est venu,on veut le faire interner dans un asile.Être avant-gardiste, c'est un sacerdoce...
(p.129)
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..., lui pourrait se dire qu'il ne doit pas faire aux autres ce qu'il ne veut pas qu'on lui fasse, mais non, il sait bien qu'il faut tirer le premier, personne ne tend l'autre joue dans ce pays, tu donnes une claque et on te tue, voilà pourquoi il faut tirer le premier, c'est l'inverse: il faut faire aux autres ce que tu ne veux pas qu'ils te fassent, il faut faire aux autres ce qu'ils veulent te faire, le plus vite possible, avant qu'ils te le fassent,....
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Gros regarde le chien sautiller vers la remorque. Il est tout jeune et il lui manque une patte. Mais il a l’œil vif et semble propre. Il est maigre, lui aussi doit avoir faim, l’odeur le rend fou.
Alors le vieillard se retourne et lui assène un grand coup de bâton sur le crâne. Le chien glapit et s’enfuit en jappant. Il laisse une traînée de sang derrière lui. Les trois hommes le regardent disparaître dans le fossé.
— Pourquoi avez-vous fait ça ? demande Gros au vieillard qui lui tend les fruits.
Le vieillard le regarde finalement. Il a les yeux très clairs, presque blancs. Un bandeau sale couvre une blessure sur son front. On croirait qu’il va hausser les épaules mais ne s’en donne même pas la peine. Que pourrait-il dire ? Qu’on ne pose pas de question dans ce pays ? Un chien qui aboie, c’est comme une question. On tue aussi les hommes à cause de leur chien.
En réalité, il n’a tout simplement pas de réponse. Il n’a de réponse à aucune question. Il n’a pas l’habitude d’en chercher. On ne demande jamais rien à un homme comme lui. On lui donne des ordres. Il n’a de réponse à rien. Il est ce qu’on lui commande d’être. Il survit en silence.
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— On ne peut pas savoir. C’est comme ça. On conduit sans savoir où on va ni ce qu’il y a à l’arrière. Des fois, je me dis que c’est pareil pour Dieu…
— Quoi ?
— Le monde, c’est comme un grand semi-remorque que Dieu conduit sans savoir ce qui se passe à l’arrière. Il est enfermé dans la cabine et fonce, les yeux fixés sur la route pour ne pas finir dans le fossé…
— Pourquoi il fonce ?
— Peut-être qu’il veut arriver vite parce qu’il soupçonne que les choses se passent mal à l’arrière…
(…)
Gros se dit que même Dieu doit être ici finalement, pas possible que Dieu reste tout seul dans la cabine, peut-être même qu’il n’y a jamais été, peut-être qu’il a été dans la remorque tout le temps, à respirer la puanteur dans le noir, à se demander où on va, quand le voyage s’arrêtera, à pleurer de temps en temps, mais alors qui conduit ?, se demande Gros, la question vaut aussi bien pour Vieux que pour Dieu, Gros finit par se dire que personne n’est au volant du semi-remorque depuis le début, ça expliquerait bien des choses…
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Il faisait peine à voir, pour un roi déchu, tandis que sur le mur derrière lui passait la sarabande nostalgique des ombres de la magnificence d’autrefois.
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Vivre, c’est gagner du temps.
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Il y a deux façons de s'élever dans la vie : en s'accrochant à ceux au-dessus ou en grimpant sur ceux qui sont en dessous.
Page 76
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- Et pour les morts ? demande une autre voix dans la remorque.
Gros sursaute.
- Les morts ne devraient pas parler.
- Qui le fera si les vivants n'osent pas ?
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Des Lions dans Paris?
Ils sont affamés!
Le Conseil n'a rien fait?
Que faire?
Les bois, pourquoi ne pas les évacuer?
Et offrir aux Lions Paris en guise de terrain de chasse? Aussi longtemps qu'ils trouveront à se nourrir dans les bois, ils ne les quitteront pas. Le sacrifice est élevé mais tu connais notre priorité : coûte que coûte éviter que les Humains ne soient leur gibier. Tu sais comment ils réagiraient. Les Humains ne comprennent pas l'instinct, la chaîne alimentaire leur est étrangère. Il ne faut pas espérer de distinction dans la répression : un bon animal est un animal mort. L'équilibre de notre cohabitation et notre mode de vie sont en jeu, les Humains ne doivent rien savoir des Lions ! Ces derniers l'ont compris, qui ont dévoré, hier, un promeneur...
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Où aurait-elle chercher tout ça ?
Elle avait étudié les lettres,dans sa jeunesse, et lisait dans trois langues.
C'était peut-être elle qui aurait dû devenir écrivain.
Moi,je me contenterai d'être son personnage.(p.109)
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"Tout va très vite. Comme toujours dans ce pays. Sauf le désert, qui prend son temps. La violence va vite. Elle ne laisse pas respirer. Elle ne laisse pas penser. La violence, c'est un sac en plastique sur la tête. Et entre les moments de violence, tout s'arrête. Le pays, les gens. On vous retire le sac, on vous jette un grand seau d'eau glacée, on vous laisse là. Pour récupérer, respirer, penser. Mais ces moments entre les moments de violence sont rares et le meilleur usage qu'on peut en faire , c'est encore de se préparer à la violence à venir."
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Vieux sait très bien ce que le Commandant a dit mais il veut savoir ce que Gros en pense, ce que Gros va faire, s’il a cru le Commandant, Gros serait bien du genre à ne pas faire de commentaires, à quoi bon ?
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Ton erreur consiste à opposer la Nature à l'Humain.
Lui-même pense s'être libéré de ses lois ; il se trompe et tu le crois.
La cruauté des Humains est naturelle, il n'y a dans leur monde ni plus ni moins de souffrance que dans les sombres sous-bois ou les savanes de terreur.
La loi de la jungle est partout en vigueur.
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