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Citations de Sébastien Rutés (109)


L'Humain qui a asservi l'animal à sa loi, l'Humain qui exerce sur son ère une tyrannie qu'aucune autre espèce n'a de mémoire de Corbeau jamais exercée sur la sienne, l'Humain qui n'a plus de prédateur ni d'égale en haut de l'échelle animale, l'Humain envie le moindre sansonnet, le plus petit merle, le passereau le plus insignifiant.
Qu'en déduis-tu, Karka ?
Qu'on a toujours besoin d'un plus petit que soi ?
Epargne moi tes morales de fable pour oisillons .....
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(le corbeau freux)
Je me sens mal à l'aise en présence de chiens. Ils ressentent. Les chats devinent, les corbeaux savent : aucun n'a finalement besoin de parler, cette mauvais habitude imitée des humains.
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Le monde, c'est comme un grand semi-remorque que Dieu conduit sans savoir ce qui se passe à l'arrière. Il est enfermé dans la cabine et fonce, les yeux fixés sur la route pour ne pas finir dans le fossé...
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Ainsi les Lions revendiquaient-ils les bois, zone franche depuis qu’avaient été délimités les territoires de chaque race : les parcs pour les oiseaux, les cimetières pour les Chats, les terrains vagues pour les Chiens, le sous-sol pour les Rats et les plans d’eau, dont personne ne voulait, pour les Poissons qui ne furent pas consultés. Les rues et les immeubles humains avaient été déclarés territoires neutres et les bois zone franche, destiné à accueillir les espèces sauvages qui commençaient en ce temps-là à s’y installer en petit nombre. Les Lions n’étaient pas prévus au programme. Du moins, pas par le Conseil : d’autres avaient peut-être leur petite idée.
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Des Rats espions, cachés dans les poutrelles du pont, finirent par attendre jour et nuit ses confidences dans le nid. Les secrets divulgués précipitèrent la chute du conseiller et la fermeture de la cache. L’Aigle impériale referma ses ailes et Krarok, une fois plébiscité, se mit en quête d’un lieu sûr loin du faste et de l’ostentation. Son mysticisme et sa prudence l’inclinaient à l’élévation : il est plus facile pour des volatiles de protéger une hauteur qu’un pont parcouru de canalisations, si près du domaine des Poissons. La flèche de Notre-Dame, surmontée de son Coq de bronze, attira son attention. Plus bas, la procession des statues des apôtres vert-de-grisés descendait le long des arcs-boutants, guidée par les animaux symboliques des évangélistes. Sous les serres de l’Aigle de saint Jean s’ouvrait le carreau brisé d’une lucarne. Le long d’une poutrelle de chêne, on accédait à la forêt de Notre-Dame. La charpente d’une ogive faisait comme un amphithéâtre sous le toit. C’était un cénacle idéal, sa hauteur favorisait l’élévation, sa grandeur écrasait les bassesses. La discrétion des conciliabules y était assurée lorsque le fracas des cloches couvrait le murmure confidentiel des voix. Le reste du temps, le silence était propice au recueillement.
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Le prédécesseur de Krarok avait une certaine idée du pouvoir. Ses conciliabules secrets, c’était derrière la statue de l’Aigle impériale du pont d’Iéna qu’il les tenait. Trop souvent pour que l’endroit restât discret, il y recevait aussi les oiselles que ses fonctions impressionnaient.
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Autour du bassin, des Humains se réchauffaient à un rayon de soleil d’automne. L’eau devait être froide, aucun n’osait s’en approcher pour y boire ou faire sa toilette du matin. Certains se nourrissaient, des Pigeons picoraient les miettes qui tombaient à leurs pieds. Plus loin, derrière le kiosque où nous étions perchés, à l’abri des petits d’Humains qui piaillaient, la chaîne alimentaire se poursuivait : un gros Chat gris avait chassé un Pigeon qui se débattait encore tandis que les crocs déchiraient ses chairs. Un miaulement ensanglanté et le mugissement du Sanglier de la peur seraient les derniers souvenirs qu’il emporterait vers le paradis des Pigeons, si tant est que les Pigeons songent à l’Au-delà. Qu’avait-il fait de ses courtes années ? Sans doute s’était-il reproduit, avait-il picoré plus d’excréments que de graines, peu voyagé et rien fait qui méritât qu’on ne l’oubliât pas. Qui le dirait ?
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C’est là que je vis, sur la quatrième branche du plus haut févier. Mon trou dans le tronc n’est pas confortable, c’est pour sa quiétude que j’y ai élu domicile. Des mousses et quelques gousses ont suffi à le rendre habitable. N’importent l’humidité de l’écorce, les champignons qui y poussent ni les mousses moisies qu’il faut souvent remplacer : je tiens à mon confort moins qu’à ma tranquillité.
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Sur les hauteurs du parc Montsouris, des féviers d’Amérique poussent le long des pentes de la voie ferrée désaffectée. Des rangées d’ifs touffus les cachent aux yeux des promeneurs, des rambardes de faux rondins en interdisent l’accès et les épines de leur tronc dissuadent les étudiants de la cité universitaire de s’y venir bécoter en cachette des gardiens. Rarement, ces derniers mènent-ils leurs rondes d’inspection sur les passerelles moussues qui surplombent la tranchée de la voie ferrée. Certaines nuits, l’entrée du tunnel abandonné avale des ombres en maraude le long des rails. Paris les digère sans jamais rien recracher. Seul le souffle du vent qui s’engouffre au soir dans son mufle affole le silence. Ni les piaillements des aires de jeu ni les cancans du bassin ne franchissent la barrière des cèdres. Défendus par les parois de la tranchée, les pentes escarpées, les grilles et les épines, ces féviers sont un refuge extraordinaire : on n’y accède que par les airs.
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Sur les hauteurs du parc Montsouris, des féviers d'Amérique poussent le long des pentes de la voie ferrée désaffectée. Des rangées d'ifs touffus les cachent aux yeux des promeneurs, des rambardes de faux rondins en interdisent l'accès et les épines de leur tronc dissuadent les étudiants de la cité universitaire de s'y venir bécoter en cachette des gardiens. Rarement, ces derniers mènent-ils leurs rondes d'inspection sur les passerelles moussues qui surplombent la tranchée de la voie ferrée. Certaines nuits, l'entrée du tunnel abandonné avale des ombres en maraude le long des rails. Paris les digère sans jamais rien recracher. Seul le souffle du vent qui s'engouffre au soir dans son mufle affole le silence. Ni les piaillements des aires de jeu ni les cancans du bassin ne franchissent la barrière des cèdres. Défendus par les parois de la tranchée, les pentes escarpées, les grilles et les épines, ces féviers sont un refuge extraordinaire : on n'y accède que par les airs. C'est là que je vis, sur la quatrième branche du plus haut févier. Mon trou dans le tronc n'est pas confortable, c'est pour sa quiétude que j'y ai élu domicile. Des mousses et quelques gousses ont suffi à le rendre habitable. N'importent l'humidité de l'écorce, les champignons qui y poussent ni les mousses moisies qu'il faut souvent remplacer : je tiens à mon confort moins qu'à ma tranquillité. Mes voisins connaissent mon goût de la solitude. Que je les inquiète n'explique pas peu qu'ils le respectent. Il faut admettre que je ne fais rien pour améliorer la réputation des Corbeaux, sans en rajouter : nous n'avons tout bonnement pas de contacts. Je concède d'ailleurs volontiers que ce sont des animaux discrets et de bons voisins. Le couple de Pies de la première branche n'est pas bavard, c'est une chance. La femelle fait en sorte que ses petits ne s'approchent pas. Qui sait ce qu'elle leur raconte sur moi ? Peut-être simplement la vérité... Les vols de Moineaux piaillards ont appris à éviter les féviers ; les arbres ne manquent pas, dans le parc, pour passer la nuit. Par bonheur, les Rouges-gorges, les Mésanges et les Pinsons préfèrent les arbres bas et plus ensoleillés pour s'égosiller. Quant à l'Écureuil auquel il avait pris de creuser sa bauge sur la troisième branche, il n'a guère été long à déménager : j'excelle à convaincre les importuns lorsque ma tranquillité est menacée. Les autres féviers sont habités par des Pigeons, des animaux paisibles dont les roucoulements ne troublent pas mon repos. On les tient avec raison pour stupides mais leur placidité me les rend sympathiques. Je respecte leur bêtise silencieuse, ils respectent ma solitude revêche. Nous nous saluons lorsque nous nous croisons, ce sont tous les rapports que nous avons. C'est très bien ainsi : que pourrais-je avoir à leur dire ?
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Personne ne croira que j’ai voulu réaliser à la française si les personnages n’y racontent pas leur vie.
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Fugacement, comme je détournai le regard avant de me reprendre, je songeai aux yeux : le plus fragile organe d'un corps, le plus sensible et pourtant le seul qui résiste au temps. S'usent les crocs les plus durs, les griffes les plus solides se brisent ; les yeux résistent. Les Corbeaux ne sont pas la seule espèce à y voir l'organe de la vie. Les aveugles sont morts, qui ne peuvent plus voler. Voilà pourquoi les yeux sont ce que, chez les cadavres, nous prisons le plus. Non pas pour leur goût, qui est doucereux, mais l’œil donne la force et la vie : c'est avec le regard qu'on soumet l'autre, pas avec la gueule ou la serre.
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Quel est ton nom?
Jérémie.
Jérémie?
C'est le nom que m'a donné la vieille Humaine qui m'a fait venir à Paris. Elle vivait seule, oui, seule, dans une maison qui sentait la poussière, criait très fort parce qu'elle entendait mal,buvait des verres d'un breuvage qui la faisait dormir, passait le reste du temps à me raconter en pleurant des histoires que je ne comprenais pas. Le canari de la cage voisine aussi, elle l'appelait Jérémie. Je crois qu'elle appelait tout le monde Jérémie...
Mais ton vrai nom?
Toc-Toc.
Je crois que je préfère encore t'appeler Jérémie!
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Mes voisins connaissent mon goût de la solitude. Que je les inquiète n'explique pas peu qu'ils le respectent. Il faut admettre que je ne fais rien pour améliorer la réputation des Corbeaux, sans en rajouter : nous n'avons tout bonnement pas de contacts. Je concède d'ailleurs volontiers que ce sont des animaux discrets et de bons voisins. Le couple de Pies de la première branche n'est pas bavard, c'est une chance. La femelle fait en sorte que ses petits ne s'approchent pas. Qui sait ce qu'elle raconte sur moi? Peut-être simplement la vérité...
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Oscar Wilde en grande forme :

- [...] Je suis marié, figurez-vous, et si la pierre de touche du mariage est le malentendu mutuel, je vous assure que le mien fut des plus conformes. Ce cher Abraham, un homme dont la plus grande qualité est de s’en trouver de nombreuses, a d’ailleurs toujours entretenu de meilleures relations avec ma femme qu’avec moi-même, ce qui est le premier dévouement que l’ont peut attendre d’un ami dans mon cas… Ils ont essayé de m’enrôler, mais j’ai trouvé trop inélégants leurs costumes rituels. Ces gens professent une doctrine qu’ils supposent héritée de je ne sais quel ordre teutonique, matinée d’un fatras de croyances cabalistiques, celtes, rosicruciennes, égyptiennes, hermétiques, maçonniques, et Dieu seul sait quels autres iques propres à griser de vieilles comtesses férues d’histoires de fantômes écossais, de fées à la Conan Doyle et de sexualité de groupe…
- Et quel rapport avec notre affaire?
- Aucun je crois, mais vous me demandiez……
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Est-ce un crime aux yeux de la loi de tuer un ressuscité?
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Il remonta vers Pigalle en passant par Colonel-Fabien.
Je le filais comme une métaphore.
Page 105
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Passer de traducteur à nègre,est-ce une promotion quand on aspire à devenir écrivain ?
(p.142)
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Si c'est écrit,c'est vrai.Ces gens-là prennent la littérature au sérieux. Quel dommage pour l'écrivain que les meilleurs lecteurs soient ceux qui lisent le moins !
(p.199)
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-Un agent double ?
- Vous en faites un beau,d'agent double ! Et même triple ! Un traducteur, ça fait cocues deux langues. Vous réussissez à trahir l'anglais,le français et l'argot.Vous êtes le Mata-Hari des langues vivantes ! (p.165)
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