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Citations de Sébastien Rutés (109)


Tout était mutation, le Sachem avait raison: la guerre avait brouillé les cartes,ou plutôt révélé au grand jour la nature instable de toute chose sous les apparentes traditions,les coutumes ancestrales, les vieilles certitudes et les identités de toujours.(p.149)
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-Un auteur est un traducteur. Il traduit avec des mots des perceptions et des idées. Il montre des choses à ceux qui ne les voient pas,il leur fait comprendre des choses intelligibles pour eux.Tout est mutation, donc tout est toujours traduction.(p.147)
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Je pensai : voilà bien les illusions que se font sur la littérature ceux qui ne lisent jamais de livres.Comme s'il existait une relation quelconque entre la vie réelle d'un auteur et sa production. Notre personnalité imprègnera-t-elle vraiment ce que nous écrivons ? Voilà un beau mythe qui reste encore à prouver.Celui qui écrit n'est pas celui qui vit.(p.65)
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C’est la preuve que la littérature a une vie propre, elle est un courant d’énergie dont les traducteurs sont les meilleurs conducteurs.
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Dans la vie comme en littérature, le sens n’est jamais figé, tout est une question d’interprétation.
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"on s'habitue à la mort tout autour, à la violence, même à la cruauté, on finit par oublier, on ferme les yeux, on boit pour oublier, on se drogue, mais un homme qui gémit vous rappelle tout ça, il vous le jette à la figure, or personne ne veut penser à l'horreur tout autour, on oublie pour survivre, on est très content de ne pas penser, voilà pourquoi un homme qui gémit est pire que les morts et la violence et la cruauté, on oublie le mal mais pas le signe du mal, pas son langage, les vivants se taisent et les cadavres ne parlent pas, alors le mal doit s'exprimer autrement, en faisant gémir les hommes, des fois aussi on sent son odeur mais c'est autre chose, on a inventé les camions réfrigérés pour ça, ce sont les gémissent qui te rappellent ta faiblesse et ta lâcheté et comment tu te laisses aller au mal, comment tu cesses de lui résister, c'est ça le pire, pas le mal mais la faiblesse des hommes, les sanglots et les gémissements nous rappellent que le mal est là, pas seulement tout autour mais au fond de chacun d'entre nous, Gros voudrait se boucher les oreilles mais il a les mains sur le volant, Vieux gémit à cause de sa fille, Gros ne comprend pas qu'on gémisse autant pour une seule personne alors que le pays entier est couvert de cadavres, dessus et dessous la terre, dans les fossés, dans des barils au fond des rivières, au beau milieu du désert et partout ailleurs, alors un seul cadavre, quelle différence ?"
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(Karka)
Noire est mon aile mais mon esprit n'est pas un oiseau de nuit, même si parfois mes humeurs empruntent leur couleur à mes plumes.
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La Nature est étrange.
Une jeune tourterelle au plumage immaculé et un vieux corbeau freux déplumé, la grâce et l'infirmité, l'élégance et la laideur, le blanc et le noir : pourtant une même classe animale.
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Les pigeons. (parole du corbeau freux)
On les tient avec raisons pour stupides mais leur placidité me les rend sympathiques. Je respecte leur bêtise silencieuse, ils respectent ma solitude revêche.
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Ils ont roulé toute la journée vers les montagnes. Dans le désert, nulle part où se cacher et pas d'eau pour laver le semi. Il fallait en permanence consulter les cartes pour éviter les villages, aucun des deux n'a pu dormir. Ils ont tourné aux amphétamines. De rares fantômes sur le bas-côté les ont regardés passer sans les voir, prisonniers de leur préhistoire, spectres poudreux des ères minérales. Des âmes en peine sur la rive d'un fleuve asséché. Quelques migrants perdus dans leur rêve de frontière. Des ânes émaciés au regard plus humain que la misère. Personne pour s'étonner du sang sur la carrosserie. Personne pour s'en émouvoir. Qui s'émeut encore sous ce soleil ?
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Là-haut, c'est le chemin des morts. Chaque soir, ils s'arrêtent et allument des feux de camp. Ils se reposent des fatigues de la marche et se racontent des histoires du temps où ils vivaient encore. Voilà pourquoi les étoiles changent de place.
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voilà ce qui fascine Gros, il se sent responsable de quelque chose, fier d’avoir été choisi pour conduire ce camion bien propre, bien frais, sur une route étroite dans ce désert qui ressemble à une peau d’animal malade, pelée, galeuse, grattée jusqu’au sang et couverte de plaies jusqu’à l’horizon, une route bien droite et bien lisse, qui scintille au soleil, que le soleil et le désert s’acharnent à dissoudre au loin comme ils dissolvent les cadavres, mais qui résiste, qui survit, malgré les nids-de-poule et les ordures qui menacent de déborder des fossés sur le bas-côté, une route en forme de destin, un peu plus étroite chaque matin…
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La vespasienne représentait un petit bout de zone libre, plus libre encore que la zone non occupée : sans pétainistes ni gaullistes, la vespasienne n’appartenait ni à Paris ni au présent, elle perpétuait la liberté d’autrefois, les années folles, lorsqu’on exigeait pas de choisir, qu’il n’y avait d’engagement qu’esthétique et qu’on ne parlait de pureté et de morale que dans les luxueux salons des maisons closes.
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Les simples d’esprit se croient parfois investis de ces missions. Parce qu’on s’amuse de leurs enfantillages, les voilà qui se persuadent de leur importance. Le désir de se rendre utiles l’emporte sur le sens des réalités. Dans le seul but qu’on s’intéresse à eux, ils déclarent la guerre aux moulins à vent. Au fond, il ne s’agit que de se sentir moins seul.
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L'ennui, Karka I De l'Humain, j’ai appris l'ennui !
]'ai eu trop de temps, enfermé dans cette cage, pour penser inutilement.
L'ennui, Karka : lorsque tu le découvriras, à toi aussi la peur, le péril et le sacrifice que je choisis te paraîtront une grisante consolation I
p218
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Selon les témoignages de la Girafe et du Bouvier, ils ont opéré deux fois par une nuit sans lune.
La noirceur de la nuit accueille la noirceur des cœurs...
p174
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Faut vous représenter le Vél d’Hiv .Imaginez une gare monumentale où le fracas des motrices serait la clameur de la foule survoltée. Une fabrique occupée par tous les grévistes du quartier de Grenelle et dont Gustave Eiffel aurait dessiné la charpente d’acier. (…) Une cathédrale dont le toit de la nef serait percé d'une majestueuse verrière afin que la lumière céleste illumine la performance des apôtres de la moderne foi du sport. Le Vél d’Hiv est tout cela à la fois !
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Le roi est mort, Karka : vive le roi !

Imitant sans le savoir l'attitude du lion de Belfort, droit sur ses pattes avant comme pour résister, il poussa un rugissement royal. Paris trembla, la vie s'arrêta. A travers la capitale des milliers de vivats aboyés, miaulés, cancanés, nasillés, feulés, jappés, chuintés, hululés, roucoulés, craillés, croassés, glapis, cacardés, flûtés, pépiés, piaillés, ramagés, jacassés et trompétés, saluèrent le dernier combat du Lion. Pour laisser aux Humains le loisir d'admirer sa majesté, Léon tourna au sommet du tertre comme sur le point d'attaquer. C'était un défi, la menace superbe de la bête acculée, le désir de l'hallali. Le plaisir aigre-doux de la mort reçue et donnée...

Enfin, lorsqu'assez d'humains, dans leur automobile ou sur le balcon, l'eurent admiré, Léon dévala le tertre, traversa la pelouse de la Muette et disparut dans le bois dans un dernier rugissement de joie.
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Du haut du févier, le brouillard qui cachait Paris était la brume qui monte des mares dans la gelée des matins d'hiver. Au loin, les coupoles du Sacré-Cœur dessinaient des sommets enneigés. Les rares immeubles visibles sur les buttes ressemblaient à ces villages de montagnes perchées sur des glaciers, les maisons transies de froid blotties autour d'incertains clochers. Couverts de frimas, les arbres de Montsouris évoquaient les sombres forêts de pins de mon enfance où s'enracinaient mes métaphores neigeuses.
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"- Le monde, c'est comme un grand semi-remorque que Dieu conduit sans savoir ce qui se passe à l'arrière. Il est enfermé dans la cabine et fonce, les yeux fixés sur la route pour ne pas finir dans le fossé..."
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