Citations de Serge Hefez (53)
Nous [Français] apparaissons toujours plus dans la plainte que les autres. Cela semble lié à une façon de nous en remettre à la protection de l’État providence.
Un homme et une femme ne sont jamais achevés, développés et totalement acteurs de leur destin.
On peut être relativement "fini" dans ses rapports sociaux ou professionnels, on ne l'est jamais tout à fait dans les rapports amoureux.
Ils viennent dire dans mon cabinet combien l'autre, qu'ils aiment, les persécute néanmoins. Et ils découvrent, émerveillés et enthousiastes, que ça n'est pas l'autre qui les persécute, mais le couple qu'ils ont construit, qu'ils croyaient neuf et égalitaire, et qu'ils entrevoient peu à peu tel qu'il est : chargé de leur histoire à chacun, de leurs parents, de leur enfance, et des multiples représentations culturelles et sociales qui les entourent.
Chacun de nous connaît la tension entre le besoin de liberté et la nostalgie d'une relation durable qui amènerait à vieillir ensemble après avoir traversé les différentes crises de l'existence.
Il est simplement évident que, pour sortir de la linéarité, quelque chose doit permettre au couple de "méta-communiquer", c'est à dire de parler de sa relation et de sortir de ce système redondant de reproches réciproques qui consiste à désigner l'autre comme responsable de son propre malheur.
Il est des couples qui fonctionnent spontanément sur le mode circulaire. Ils parlent de leur relation. Quand un malaise ou une souffrance se manifeste, ils le disent et ils réussissent à sortir de l'idée que cette souffrance est causée par l'autre. Ils comprennent que chacun est responsable, à son niveau, de cette souffrance commune. A partir du moment où un couple se met d'accord sur cette base, il échappe au système de reproches ou d'accusations réciproques et il peut redéfinir des objectifs communs.
La liberté individuelle de chacun, homme et femme, est désormais tellement acquise que le couple n'est plus une institution stable. C'est un lien en perpétuel mouvement, menacé de l'intérieur par l'individualité de chaque membre du couple et de l'extérieur par des modèles qui ont tendance à accorder une telle importance à la relation de couple qu'elle est toujours menacée d'imperfection.
L'attachement comporte deux pôles : un lien positif chargé d'affects qui nous permet de nous construire mais aussi des chaînes qui nous retiennent à un geôlier invisible. Le couple assemble ces deux faces de la même médaille. A l'inverse de la dépendance, l'attachement laisse libre : il ne sous-entend aucun rapport de domination ou de pouvoir. C'est un besoin aussi primaire que celui de manger, une base de sécurité pour pouvoir explorer le monde.
lntimité, complicité et rivalité se télescopent dans ce qui est éprouvé chacun le ressent à sa façon. Dans une famille, il est important de laisser circuler les sentiments des uns et des autres et que chacun se sente accepté avec ses points points faibles et ses différences.
Le plus souvent, on refuse la négociation parce que chacun préfere rester avec sa vision du monde. Au fond, même si cela parait douloureux, il est plus confortable de désigner l'autre comme responsable de son malheur.
L'illusion duelle procure de tels bénéfices et une telle satisfaction que les deux amants font tout pour la maintenir. Pendant cette période idéale et idyllique, ils fuient toute éventualité de crise qui leur permettrait de définir un peu plus clairement les attentes, les besoins et les désirs de chacun. Ils sont tellement convaincus de penser et de ressentir les mêmes choses qu'ils n'envisagent même pas de le vérifier.
Tout se passe comme s'ils devaient maintenir hors du champ de leur conscience toute perception désagréable qui viendrait à l'encontre de cette première définition merveilleuse de leur couple. Chacun développe à son insu des mécanismes de défense pour fuir la réalité et refouler un certain nombre de contenus désagréables qui pourraient jouer le rôle de signaux d'alerte et le mettre en garde : "La réalité est loin d'être aussi idéale que cela, nous avons telle et telle différence, tel et tel désaccord et il va bien falloir qu'un jour, nous relevions nos manches pour les aborder." Ce moment est déterminant pour la suite. Les homme et les femmes amoureux de l'amour ne franchissent pas ce cap. Ils organisent leur vie dans une succession de coups de foudre pour vivre éternellement le merveilleux état fusionnel du nourrisson et tourner le dos aux crises et à la possibilité de se différencier. Rien ne sert de se voiler la face : tout ce qui est refoulé resurgit toujours à un moment ou à un autre.
La première expérience de couple entre deux partenaires très jeunes représente le mieux ce que l'on appelle la phase d' "illusion duelle". Cette illusion se fonde sur la recherche d'une très grande intimité, sur la volonté de tout partager. Les amoureux ont les mêmes idées, les mêmes lectures, les mêmes goûts, les mêmes activités et font parfois les mêmes études. Ils se communiquent en permanence leurs pensées et chacun découvre des similitudes chez l'autre. Ils cherchent de la ressemblance et en produisent. La découverte de ces ressemblances, plutôt que des différences, constitue leur principale source d'énergie et de satisfaction commune. Cette illusion fondatrice que chacun a trouvé son double restera toujours empreinte d'une grande nostalgie. On a toujours tendance à la reproduire avec d'autres partenaires dans d'autres couples, soit pour rester jeune soit pour le redevenir.
Personne ne peut exister uniquement à travers le couple. L'autonomie de chacun est une dimension fondamentale de la relation. Le couple doit permettre à chacun de continuer à exister avec ses besoins, ses désirs et ses exigences propres. En ce sens, la première crise est fondatrice.
Même s'ils ne se le disent pas, et même si cela ne s'accompagne pas nécessairement d'une remise en question déchirante, chaque semaine, les partenaires doivent déployer une énorme énergie psychique pour maintenir une vision positive du couple. Quelle que soit sa forme - traditionnelle, recomposée, homosexuelle, communautaire ou autre -, le couple est désormais vécu comme un lien fragile dont il faut en permanence redéfinir le modèle, la structure et le contenu.
Si les couples divorcent ou se séparent aujourd'hui très fréquemment, ce n'est pas que le couple ait perdu de son importance mais qu'il est au contraire devenu un lieu de production émotionnelle si privilégié que la peur panique de s'être trompé de partenaire pousse parfois les individus à rechercher inlassablement un idéal complémentaire avec qui l'intensité obtenue sera encore plus forte.
Chacun de nous connaît la tension entre le besoin de liberté et la nostalgie d'une relation durable qui amènerait à vieillir ensemble après avoir traversé les différentes crises de l'existence.
Les sites pornographiques, dont les jeunes sont amateurs et consommateurs, l'illustrent à leur manière et il est intéressant d'analyser les différentes catégories qui les composent.
Les catégories « hétéro » regroupent les relations entre un homme et une femme, et aussi entre un homme et deux femmes ayant des relations entre elles, et également entre une femme et deux hommes mais ces deux là ne se touchent ni ne s'effleurent. Dans la catégorie bi, on retrouve le même trio, mais cette fois les deux hommes peuvent se toucher, s'embrasser, se pénétrer.
Dans la catégorie « homo », pas de femmes (les lesbiennes sont forcément hétérosexuels) mais uniquement des hommes en pleine action !
Ces sites pornographiques contribuent à diffuser des représentations d'une norme que les adolescents assimilent d'autant plus qu'ils les fréquentent avec assiduité : l'homosexualité masculine reste transgressive et « identitaire » alors que l'homosexualité féminine s'intègre dans les pratiques communes à la gloire de la virilité triomphante.
La psychanalyse établit une égalité radicale chez tous les sujets parlant : nous sommes tous emprisonnés dans les fictions que nous élaborons sur nous-mêmes ! Nous choisissons des morceaux des autres qui nous entourent, et nous nous approprions ce qui nous convient, nous construisons une identité singulière en assemblant les pièces de ce puzzle. Ces autres, ce sont des hommes et des femmes, s'identifiant eux-mêmes à d'autres femmes et d'autres hommes qui jalonnent leur histoire - là est l'essence même de la bisexualité psychique, cette intrication précoce du masculin et du féminin qui se côtoient sur la scène de notre vie inconsciente.
Tout bébés déjà, nous cherchons à communiquer nos expériences pour entrer dans un échange affectif.C'est sur la même base que se construisent, des années plus tard, les relations amoureuses.En partageant ce que j'éprouve, l'autre lui donne une valeur et , dans un même élan, me donne une valeur, à moi.
emission france inter du 12.12.12 : Il y a un changement du sentiment de culpabilité lié aux changement des individus dans notre société aujourd'hui c'est-à-dire que les individus éprouvant de la culpabilité dans une société traditionnelle avait une culpabilité liée à la transgression cad que les individus se définissaient par des appartenances
religieuse, à une caste, à des règles, à une famille et que chaque fois qu'ils avaient le désir de transgresser ces normes ou qu'ils les transgressaient et bien la culpabilité apparaissait; l'individu d'aujourd'hui se défini beaucoup plus comme étant justement émancipé par rapport à ces appartenances émancipé par rapport aux règles et l'individu épanoui d'aujourd'hui se définit plus justement par sa capacité à transgresser pour pouvoir acquérir sa liberté donc sa culpabilité ne vient plus de la transgression mais de l'incapacité et c'est ce sentiment d'incapacité (...) qui est de se dire "je ne suis pas à la hauteur", "je n'y arriverai pas" le sentiment de culpabilité n'est pas "j'ai commis une faute" mais "je n'arrive pas à être l'individu libre et épanoui que je me dois d'être" ...suite sur le podcast
L'illusion duelle est une étape nécessaire. L'erreur serait de croire qu'un couple est la juxtaposition de deux "je" bien délimités qui mettent des choses en commun. En réalité, chaque membre du couple va devenir un "je" après être passé par le "nous". Les individus émergent à partir de la relation de couple et non l'inverse, un peu comme si la relation conjugale se constituait autour des parties de soi qui sont le moins bien achevées.