Ce livre est très intéressant, même si ce n'est pas vraiment un roman à proprement parler. C'est plutôt un débat sur ce qu'est l'art, sur les pratiques des musées. Ce livre nous interpelle, et remet en question nos propres conceptions dans ce domaine. À lire, même par petits bouts.
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Grand amateur des reproductions de chefs- d'oeuvre, le conservateur du Grand Musée Gerbraun ne semble pas se méfier du faussaire Bergamme. Ou peut-être agit-il en connaissance de cause? le commissaire Quévédo parviendra-il à sauver quelque chose?
Cet épais roman contient tous les thèmes qui alimentent l'écriture de Rezvani.
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C'est au début de l'année 2015 que Bergamme avait pris conscience qu'un double symétriquement contraire à celui qu'il paraissait être se dissimulait en lui... Évidemment nul n'est celui qu'il donne à voir mais bien celui qui dissimule en lui un quelqu'un qu'il refuse de dévisager en face... et donc de révéler à soi-même ainsi qu'aux autres. Justement, la façon dont Bergamme s'est comporté jusqu'au bout derrière les cimaises du Grand Musée devrait servir d'illustration peu banale à ce cas paradoxal. Voilà pourquoi j'ai décidé de mettre par écrit ce que j'ai pu apprendre de lui car, comme je l'ai déjà dit, son cas célèbre parmi les cliniciens spécialisés dans ces sortes de maladies dites pathologies "muséeuses" me paraît suffisamment singulier pour qu'il en demeure si possible une trace durable dans la chronique littéraire de ce premier siècle du troisième millénaire – comme d'ailleurs il en reste d'indélébiles sur la plupart des tableaux qu'il a volés.
Quel grand artiste, au moment d'entrer dans la mort, ne s'est vu soudain tellement loin de ce sublime que toute sa vie il avait chercher à rejoindre ! Quel grand artiste ne meurt déçu de lui-même ? Arrivé à l'instant ultime, Virgile n'avait-il pas demandé que l'on détruise ses écrits ? De même Kafka...
Longtemps Bergamme avait cru aimer l'art ; il s'était persuadé que seul l'art pouvait l'élever au-dessus de lui-même. Il croyait le penser jusqu'au jour où il avait pris conscience que de s'intéresser de près à l'art n'impliquait pas forcément ce qu'on appelle "l'amour de l'art" ni même une curiosité de l'art, ou le désir de magnifier l'art mais tout au contraire d'en être un obsessionnel insatisfait... ou disons, pour laisser aux artistes le privilège de l'insatisfaction, de ce qu'a approximativement insatisfait tout geste symétriquement contraire à celui du créateur. Car, sans être un grand artiste, Bergamme était, en quelque sorte malgré lui, devenu, selon son expression : un grand destructeur-inacheveur.
PROLOGUE
L'origine de ces évènements – dont je vais donner l'épouvantable conclusion dans ce prologue – remonte, d'après ce que m'a dit le nain Bergamme, à l'année 2015, quand soudain il avait pris conscience de sa faculté de passer inaperçu, même dans les musées les mieux surveillés, le temps de découper au cutter et de rouler le tableau qu'il convoitait. Plus tard il se découvrit aussi un autre don autrement terrible : "Celui de faire tuer qui je veux par un mystérieux processus de ma pensée", m'avait-il encore confié à l'occasion d'une de mes visites dans sa cellule.
-Pourtant, avait presque crié Bergamme, cela ne vous empêchera pas, d'après ce que m'a confié Gerbraun, de dupliquer cette Origine du monde!
-Ainsi l'anéantirons-nous en la sortant de son unicité...
Compositeur de certains des plus grands refrains de la chanson française, il a imaginé une version pacifiée de la Marseillaise. Rencontrez Serge Rezvani, artiste “pluri-indisciplinaire”.
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