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Critiques de Seth Greenland (93)
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Mécanique de la chute

On pourrait dire que Mécanique de la Chute est un Bûcher des Vanités en format réduit qui se déroule environ 30 ans plus tard. Cela ne semble pas très original et pourtant certaines des observations de Tom Wolfe sont plus que jamais d'actualité.

En 30 ans, l'Amérique a eu le temps de voir les symptômes de ces tares originelles s'accentuer. On plonge alors dans une société en pleine déliquescence, complètement névrosée par l'obsession victimaire (ouah ça ne veut potentiellement rien dire). En effet, votre race, votre orientation sexuelle, votre CSP, votre opinion du capitalisme libéral, votre positionnement spirituel, etc. déterminent votre place dans l'échelle de celles et ceux envers qui réparation doit être faite. Donc quand vous Jay Gladstone, milliardaire juif, blanc, libéral et tolérant, vous avez beau faire des dons à des associations caritatives qui œuvrent pour rendre le monde meilleur cela ne vous lavera jamais du tort que vous avez causé initialement à ceux qui ne sont pas nés comme vous. Alors si comme Sherman McCoy vous renversez un Afro-Américain avec votre voiture, vous signez tout simplement et définitivement votre arrêt de mort sociale. La machine s'emballe et vous ne maîtrisez plus rien du tout.

En ce début de XXIème siècle, on mesure à quel point la plus grande puissance du monde libre est gangrénée par un politiquement correct poussé jusqu'à son paroxysme. De même, chacune et chacun est amené à faire le décompte des offenses subies et pour certaines à en revendiquer le monopole.

À travers Mécanique de la Chute, Seth Greeland nous fait voir une manifestation de la grande dépression nerveuse que connaît l'Amérique qui prend plusieurs formes : inégalités, tensions raciales, crises des opioïdes, traumatismes des guerres inutiles,... Et c'est, comme toujours, fascinant !
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Mécanique de la chute

*Livre lu dans le cadre de l'opération "Explorateurs de la rentrée littéraire" organisée par le site Lecteurs.com*



Au début de la lecture de ce roman (qui compte 667 pages quand même), j’étais plutôt sceptique. En cause, le rythme très (très) lent de ce roman choral. Pourtant, les thèmes abordés me paraissaient intéressants et bien exploités, les personnages bien amenés, mais voilà, l’auteur prenait un peu trop son temps à mon goût. Je ne savais pas vraiment ou il voulait m’emmener, en tout cas il ne le faisait pas en Ferrari mais plutôt en calèche et à grand renfort de descriptions plutôt longuettes.



Figurez-vous qu’à la fin, j’ai revu mon jugement et dans le bon sens évidemment. La raison : deux, trois retournements de situation extrêmement bien placés qui viennent relancer complètement l’histoire et qui donnent tout son sens au titre de ce roman. Il existe également une autre raison, la maîtrise parfaite dont fait montre l’auteur tant dans la forme que dans le fond.



Comme j’ai pu déjà le dire, il s’agit d’un roman choral, on va donc suivre ici plusieurs protagonistes, on retrouve par exemple un homme d’affaire ainsi que plusieurs membres de sa famille, une procureure, un policier, une star du basketball… Tout ce petit monde est bien sûr plus ou moins lié initialement et va interagir au gré des évènements décrits par ce roman.



L’auteur aborde plusieurs thèmes dans son histoire qui rentrent fortement en résonance avec l’actualité. Le premier étant la haine raciale mais on retrouve aussi l’homosexualité, la religion, la lutte des classes ou encore les basses manœuvres politiques de certains individus pour servir leur carrière.



En fait, en dehors des quelques longueurs, ce roman est incroyablement bien construit et surtout j’ai trouvé qu’il n’y avait finalement pas vraiment de parti pris. Dans ce roman, tout n’est pas complètement noir ou blanc, c’est très appréciable, c’est un vrai reflet de notre société actuelle et l’auteur ne tombe pas dans des travers grossiers comme l’on peut le voir trop souvent. Donc on oublie les caricatures, on vit avec ces hommes et femmes, quasiment en temps réel compte-tenu du rythme lent déjà évoqué précédemment, on assiste aux chutes, aux trajectoires ascendantes, on s’indigne et on espère au gré des actes de chacun et puis on s’interroge sur ceux-ci et sur la nature humaine.



Et ça marche, c’est une lecture agréable, qui nous happe petit à petit, insidieusement presque avec son faux rythme, et puis arrive le stade où l’on ne peut plus lâcher ce livre et on sait alors que l’auteur a réussi son pari. Mon mot de conclusion serait donc : accrochez-vous, ce livre mérite un peu de pugnacité mais je trouve qu’il en vaut la peine. Un très bon roman choral qui touchera tout le monde avec les thèmes universels abordés et qui vous laissera un petit goût d’injustice en bouche.
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Mécanique de la chute

Pour ceux qui auraient lu Le bûcher des vanités de Tom Wolfe publié en 1986 et Pastorale américaine de Philip Roth paru en 1997 ,il y a des raisons d'être décu !

Les thématiques sont à peu près les mêmes : une analyse de la société américaine : le multiculturalisme ,le racisme ,la politique , la religion .L'époque est différente ,le récit se passe ici pendant le mandat d'Obama , mais c'est à peu près les mêmes histoires ,si bien que j'ai parfois eu l'impression d'un copié -collé : Une famille juive d'origine russe est à la tête d'un empire financier ,mais le décès d'un homme de couleur va briser ce tableau idyllique du rêve américain .

Même si globalement le roman reste intéressant ,Seth Greenland n'a pas tout à fait le même talent que Tom Wolfe et Philip Roth et le résultat n'est pas à son avantage

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Mécanique de la chute

Je ne suis pas fan des livres très épais, où j'ai l'impression que l'auteur nous balade au gré de longues descriptions ou digressions pas forcément utiles. J'ai parfois eu ce sentiment en lisant Mécanique de la chute, mais ce rythme assez lent participe finalement à camper le décor, à créer cette atmosphère pesante et à décortiquer cette mécanique infernale menant à la chute ! Le rythme s'accélère d'ailleurs régulièrement pour finir en apothéose et nous amener à dévorer la dernière partie...
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Mécanique de la chute

C’est évidemment le nouveau « Bûcher des vanités » avec cette descente aux enfers d’un milliardaire de l’immobilier. Contrairement à son collègue Trump, le héros Jay Gladstone est un progressiste, un membre de cette aristocratie des affaires qui vote démocrate et fait tous les efforts possibles pour respecter les lois du politiquement correct. Mais cela ne suffira pas, un accident aussi ridicule qu’involontaire va déclencher la machine à broyer.



D’abord l’histoire est prenante, rythmée, cinématographique (l’auteur n’est pas scénariste pour rien) et d’un humour très noir. Ensuite c’est une caricature de cette société américaine où la liberté de parole est garantie mais impossible à pratiquer avec des extrémistes prompts à dénoncer les mauvaises pensées.



Ce qui est frappant ce sont les certitudes des personnages, chacun est sûr d’avoir raison, d’être dans son bon droit et s’enferme dans une caricature de lui-même. C’est la force de ce livre de montrer comment une société se divise en groupes de pression ou d’intérêt et peut s’acharner sur un bouc émissaire qui permet à chaque faction de déverser sa haine et de se conforter dans ses idées.

On peut reprocher à S.Greenland une fin un peu expédiée et surtout de s’arrêter avant le procès qui aurait pu être un sommet de perversité, mais le roman est passionnant et aussi inquiétant par son aspect prémonitoire pour la société française qui est engagée dans les mêmes dérives.

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Mécanique de la chute

Jay Gladstone a tout pour être heureux.

Il est riche, il a une femme sublime, il est propriétaire d’une équipe de basket dont Dag est la super star.

Oui mais en apparence et pas pour longtemps.

Seth Greenland nous offre ici un roman époustouflant, une fresque familiale qu’on aurait pu appeler « grandeur et décadence ». Il dépeint la descente aux enfers d’un homme qui se croyait hors d’atteinte et autour de qui tout s’écroule après une soirée qui va bouleverser sa vie et celle de son clan.

Au-delà de cette saga familiale, l’auteur dénonce aussi tous les travers de la société américaine.

Le racisme d’abord et surtout, un monde où chacun doit contrôler ses paroles en public et sur les réseaux ou auprès des médias, sous peine de voir ses propos déformés, interprétés et se retourner contre vous. Un seul petit écart de langage et vous êtes définitivement affublé de l’étiquette « raciste ». Les tensions raciales, les éternelles questions de religions, la légitimité d’un peuple par rapport à un autre et des ressentiments transmis de générations en générations, tout ce qui a toujours empêché le monde de tourner rond, l’auteur l’expose en un roman qui ne prend pas pour autant position pour les uns ou pour les autres, quoi que…

Un monde où donner son opinion n’est jamais accepté par ceux qui ne pensent pas comme vous. Pour exemple, vous trouverez dans le roman une scène extraordinaire d’un repas pour la fête juive de Pessah où s’affronteront verbalement Seth, juif, et la petite amie de sa fille, black et pro palestinienne.

Mais Seth Greenland ne s’arrête pas là. Dans ce roman seront abordés les thèmes des armes trop nombreuses et trop faciles d’accès, l’endoctrinement par des personnes malveillantes.

Et en toile de fond, mais bien présent, cela sera le pouvoir et la domination de l’argent. L’auteur démontrera que c’est la seule chose, avec l’ambition et l’arrivisme, qui gouverne le monde et qui peut faire ou défaire un homme, sa réputation, sa vie et celle de ses proches.

Manipulations, trahisons, corruption, racisme, rien ne sera épargné à Seth qui, s’il n’est pas un homme forcément bien sous toutes les coutures, attirera la sympathie par tout ce qu’il va devoir endurer.

C’est un très grand roman qui se lit comme un polar, magnifique écrit (et traduit).



Cela restera un de mes romans les plus marquants de cette année.
Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Mécanique de la chute

Ce roman de Seth GREENLAND, dont l'histoire se passe en 2012, est construit comme une pyramide.

D'abord il y a la base ; elle est invisible mais elle soutient tout l'édifice. On y retrouve les origines juives russes de la famille Gladstone, immigrée aux Etats-Unis en 1920 et son ascension fulgurante avec la construction d'un empire immobilier à New York. Les caractères évoluent au fil des générations, du volontarisme du grand-père, à l'ambition du père pour finalement devenir une assurance pleine de suffisance de la part des cousins Jay et Franklin.

Puis apparaît l'édifice lui-même, étincelant de réussite, avec les ambitions et les grands projets de chacun : l'équipe de basket de Jay, les casinos de Franklin et surtout, leur volonté de toujours posséder plus.

C'est après une longue première partie et une fête de la Pâques juive particulièrement désastreuse pour la famille Gladstone, que le bel édifice va se lézarder et s'effondrer comme un château de cartes.

J'ai eu du mal à m'intéresser à cette histoire de réussite sociale sur fond de racisme et d'antisémitisme qui m'a paru bien éloignée de la vie réelle des Américains. Je me suis crue dans une série télévisée que l'on regarde sans passion mais avec un certain voyeurisme, et les longues descriptions de réceptions fastueuses, de tractations financières ou d'états d'âme de fortunés n'ont jamais réussi à accrocher mon attention.

Les personnages sont assez caricaturaux et la chute qui les guette pourrait à la fois faire trembler des magnats de l'immobilier, comme réjouir ceux qui les envient. Personnellement, je les ai regardés perdre leurs privilèges sans éprouver une once d'empathie.

Le style est agréable, l'écriture bien maîtrisée et j'ai lu ce roman avec facilité et une certaine curiosité, mais il n'est jamais parvenu à éveiller vraiment mon intérêt.

Merci à lecteurs.com pour ce livre.
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Un patron modèle

Mes dix mots inspirés par cette lecture : Jubilation- Corrosif - Cynisme - Réel - Improbable - Rebondissements - Justesse - Palpitant -Décalé - Osé
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Et les regrets aussi

Captivant du début jusqu'à la fin. Un ton et une histoire originaux.
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Un bouddhiste en colère

Comment choisissez-vous vos romans ? Ma méthode, actuellement, est des plus simples : je parcours rapidement la quatrième de couverture et si les adjectifs : caustique, drôle, humoristique, satirique, jubilatoire... apparaissent, je m'empare du livre pour le dévorer !

Je viens de découvrir Seth Greenland grâce à "Un bouddhiste en colère" et cette histoire correspond en tous points aux caractéristiques citées ci-dessus : un bonheur de lecture !

Pour planter le décor, nous sommes à Palm Springs, à notre époque. La bataille fait rage entre Randall Duke, politicien retors et sans scrupules et Mary Swain, ancienne hôtesse de l'air, clone de Sarah Palin, pour le poste de représentant au Congrès. L'action se déroule le temps de cette élection, durant la campagne et quelques jours après la proclamation des résultats. Seth Greenland nous donne à voir l'image policée, idéale des candidats : Dieu, la Famille et l'Amérique semblent être leurs seules préoccupations. Il nous les présente aussi "dans leur jus" : hypocrites, magouilleurs, prêts à tous les coups bas pour obtenir le pouvoir.



L'auteur dénonce avec force la malhonnêteté des politiques mais il le fait avec la meilleure des armes : l'humour ! Dans ce roman, vous découvrirez les deux frères de Randall, l'un délinquant poète, l'autre apprenti bouddhiste qui transforme peu à peu son mobil-home en refuge de la SPA. Les femmes ne sont pas mieux loties entre la femme du candidat, ex-pom-pom girl qui agite plus facilement son popotin que ses neurones et Nadine, apprentie maître-chanteuse qui manque cruellement pour elle de pratique.

Le plus extraordinaire dans ce portrait-charge d'une Amérique éprise de faux-semblants est que les personnages ne paraissent même pas caricaturaux : ils sont le reflet d'un pays qui va mal mais que galvanise encore le "God bless you"...



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Un patron modèle

Je vous préviens : je suis un aficionados de l’auteur américain Seth Greenland.

Ah… Mister Bones, son premier opus. Quels délicieux moments de lecture.

Et Mécanique de la chute, son dernier roman à ce jour (2018) ? Une claque. Du grand art. Vraiment.

Un patron modèle est son deuxième livre. Paru en 2008. Chez Liana Lévi. Comme l’ensemble de ses romans traduits en français.

Alors que retenir de ce patron modèle ? Toujours ce même plaisir à découvrir une peinture au vitriol de la société américaine. Marcus, le héros de l’histoire est un Américain moyen. Qui a du mal à joindre les deux bouts. Alors qu’il trime comme les autres. Jusqu’à cette délocalisation en Chine de l’entreprise qu’il dirige. Le début d’une descente aux enfers ? Au début oui. Car bien évidemment, Marcus refuse de s’expatrier. Sauf qu’il hérite au même moment d’un pressing qui cache en réalité, un réseau de prostitution. Et là, Marcus va se révéler.

Je n’en dis pas plus. Au risque de trop en dévoiler. Mais Seth Greenland prend un malin plaisir à démonter tout le modèle tellement hypocrite de nos lointains cousins US. Jubilatoire.
Lien : https://twitter.com/SWANNBLUE
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Mécanique de la chute

650 pages qui se lisent toutes seules, et croisent monde de la politique, de la finance, du sport et de la loi.

Je découvre Seth Greenland avec ce titre, une descente aux enfers absolument magistrale, et loin d'être manichéenne. On n'ira pas jusqu'à s'identifier aux personnages, au train de vie bien différent de la grande majorité des lecteurs, mais l'auteur nous permet de plonger dans leur psyché, leurs angoisses, leurs doutes... Et démontre avec maestria à quel point l'argent et le succès ne font pas le bonheur.

C'est palpitant, précis, terriblement réel.
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Un bouddhiste en colère

Jimmy Duke s’est fait virer de la police de Palm Springs pour avoir sauvé un chien de l’euthanasie qui le menaçait. En attendant de retrouver un boulot, il essaie de canaliser sa colère bouillonnante en s’exerçant à la méditation et au détachement. Son frère Randall est candidat à sa propre succession au Congrès mais il a en face de lui une sérieuse opposante soutenue par le chef de la police locale Harding Marvin. Mais quand on apprend que Nadine la maitresse de Hard Marvin fut celle de Kendra la femme de Randall Duke et que le troisième frère Duke (Dale) à peine sorti de prison veut aider son grand frère à gagner l’élection en kidnappant Nadine qui voulait (peut-être) faire chanter Kendra, la situation dégénère et Jimmy aura toutes les peines du monde à garder son self-control…

Un bouddhiste en colère est un roman très agréable à lire, mélange de série américaine, de polar façon Elmore Leonard ou Donald Westlake et de légère critique du modèle de réussite à l’américaine. Une bonne lecture !
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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Mister Bones

Une écriture comme j'aime. Beaucoup d'humour et d'autodérision : " le mardi c'est la juiverie!" commente l'auteur.

Je ne vais pas en faire le résumé, c'est déjà fait.

L' évolution des personnage tour à tour dans la faiblesse et la force, les impasses de la vie, l'impossibilité de se retrouver vraiment, de deux personnage de deux mondes, comme le noir et le blanc, des individus aux différentes facettes selon leur vécu et leur conditions. Le bien, le mal on n'en connait pas vraiment la frontière.

Au fur et à mesure de la lecture , on s'émerveille de découvrir des personnage parfois synchrones, menés par leurs desseins, leur destins. souvent mûs par la superficialité et l'absurdité des circonstances et pour des raisons imprévisibles, chacun peut s'improviser en héros pour contrer l'ennui.

C'est une satire du monde que nous vivons avec ses précieuses ridicules , ses faux semblants pour éviter les désordres, d'un univers où la superficialité est de mise , où l'argent est le moteur. Une fin plutôt "rangement", "arrangements", comme disait romain Gary: c'est la fautes des grands nombres...Une exploration de la question existentielle, de la vie et ce qu'elle impose en général à ceux qui osent s'exprimer hors des sentiers battus...
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Mécanique de la chute



Jay Gladstone, juif à la cinquantaine bien avancée, est un modèle de réussite sociale qui a su faire prospérer l'empire immobilier construit par son père, descendant d'un émigré russe.

Malgré son argent et un orgueil démesuré, Jay est un type plutôt bien, soutien d'Obama, sensible à la condition des Afro-Américains auxquels il distribue de l'argent via sa fondation. Il a également la fibre écolo. Pondéré, jamais un mot plus haut que l'autre, il est l'incarnation de la maîtrise de soi, du politiquement correct et arbore bien évidemment tous les signes extérieurs de la richesse : une magnifique propriété, une seconde épouse ravissante, intelligente et beaucoup plus jeune que lui et, son péché mignon, une équipe de basket.

Quelques gros grains de sable vont venir fragiliser cet équilibre. Son associé et cousin détourne l'argent de l'entreprise, sa fille, en rébellion contre son père, couche avec une Noire adepte du postcolonialisme, son joueur star fait des caprices, son épouse veut un enfant (ce qui n'était pas prévu dans le contrat de mariage !), une procureure ambitieuse et cynique fait du zèle... Bref, rien ne va plus au royaume de Jay Gladstone. Et la descente aux enfers est inéluctable. Celui qui a été encensé, le plus souvent par intérêt, est désormais traîné dans la boue.

Mené tambour battant, « Mécanique de la chute » souligne les travers de la société américaine : culte de l'argent, collusion entre les politiques et les patrons, racisme, bien-pensance, hypercommunication et, surtout, accentuation des communautarismes, victimisation des minorités qui revendiquent le monopole de la souffrance, réseaux sociaux qui recherchent des boucs émissaires responsables de tous leurs maux...

Alors que le cartésien Jay tente de rester droit dans ses bottes, le monde autour de lui sombre dans l'irrationnel et l'émotion. Chacun prétend détenir sa vérité en détruisant toute possibilité de dialogue avec celui qui n'est pas d'accord. C'est à la fois drôle et effrayant pour l'avenir.


Lien : http://papivore.net/divers/c..
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Mécanique de la chute

Jay Gladstone est un magnat de l'immobilier, héritier avec son cousin, Franklin, d'un empire financier. Sa famille a bâti nombre d'immeubles de New York, et accessoirement une fortune. Jay est donc bien né, mais il ne s'est pas arrêté là puisqu'il a poursuivi l'œuvre de ses ancêtres et s'est même diversifié en devenant le propriétaire d'une équipe de basket. Lorsque le livre démarre, Jay est confronté à différentes problématiques : il soupçonne son cousin de détourner de l'argent de la société. Sa femme, Nicole, épousée en seconde noce, souhaite faire un enfant alors que l'hypothèse avait été expressément exclue de leur contrat de mariage. Sa fille, Aviva, revient d'un voyage en Israël, au bras d'une jeune noire, Imani. Et son équipe de basket est à un tournant, elle a un match à remporter pour se qualifier pour les playoffs mais il doit gérer les caprices de la star de l'équipe, Dag, qui doit renégocier son contrat. Jay se trouve donc à un carrefour. En parallèle de cela, nous suivons l'histoire d'un jeune policier qui tue un noir alors qu'il courrait nu dans la rue. La procureure en charge de l'affaire, doit décider de convoquer ou non un grand jury pour faire juger ce policier. Or elle est en mal de notoriété puisqu'elle a décidé de se présenter aux élections de gouverneur. Bref nous sommes dans l'Amérique de 2012, sous le mandat d'Obama, mais les problématiques rencontrées par les personnages sont très actuelles…

Jay va se retrouver confronté à la scène de trop et va prononcer la phrase de trop (début d'ailleurs d'une longue série de "phrases de trop"). La machine infernale s'emballe et c'est ainsi que l'intrigue nous fait fortement penser au génial "Bûcher des vanités" de Tom Wolfe, ainsi que nous l'indique la quatrième de couverture.



Ce roman fait effectivement penser au livre de Tom Wolfe mais à la sauce d'aujourd'hui dans un climat de haute tension raciale, avec un système judiciaire toujours aussi inégalitaire et la généralisation des jugements à l'emporte pièce dans une ère où les réseaux sociaux font la loi. J'ai trouvé ce roman génial. Certes l'intrigue met un peu de temps à s'installer, il faut bien compter 250 pages avant qu'elle ne démarre pleinement. Mais une fois que cela est fait, on ne peut plus lâcher ce livre. Seth Greenland nous livre une analyse fine des maux de la société américaine d'aujourd'hui. C'est percutant, surprenant et très bien observé. J'ai particulièrement apprécié la manière dont l'auteur nous montre la naïveté dont fait preuve Jay sur le déroulement des évènements. Celui-ci est un homme honnête, un vrai philanthrope, qui a œuvré avec sa famille pour le bien de la communauté, quelle que soit son origine ou sa fortune. Il est profondément admiratif de la culture afro-américaine, il a tout de l'anti-raciste et est persuadé que le public s'en rendra vite compte, que son entourage qui le connaît bien, va plaider en sa faveur. C'est pourtant bien plus compliqué que cela et on assiste aux gesticulations de cet homme impuissant qui fera tout pour s'en sortir...
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Un patron modèle

Peut-on atteindre le bonheur par une démarche amorale ? Pas un bonheur factice, non, le bonheur sans nuage, idéal. Voilà l'une des questions que pose ce livre, satire très réussi des classes moyennes américaines à l'heure de la mondialisation. Et Seth Greenland apporte une réponse pleine d'humour et de cynisme portée par un style plein de formules qui font mouche. Un mauvais esprit jubilatoire...
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Un bouddhiste en colère

Il y a deux ans de cela, nous découvrions Seth Greenland avec l’amusant Un patron modèle et l’on disait alors que l’on serait curieux de lire un autre roman du même auteur. C’est chose faite avec ce Bouddhiste en colère qui n’est autre que Jimmy Duke, ex-flic dans une banlieue moyenne de Palm Springs, en plein désert californien, qui a perdu son boulot pour n’avoir pas réussi à gérer sa colère face à son chef. Ce licenciement, qui suit un divorce, convainc Jimmy de faire la paix avec lui-même et de se convertir au bouddhisme par le truchement d’un site internet. Mais difficile pour lui de garder son calme alors que l’un de ses frères, Randall, représentant au Congrès, est en pleine campagne électorale, que l’autre, Dale, sort juste de prison, et que dans le duel qui oppose Randall à sa concurrente Mary Swain, sorte de Sarah Palin du désert, tous les coups semblent permis.



Gentiment ironique et doté d’une belle propension à exagérer les situations juste comme il le faut pour qu’elles demeurent crédibles tout en restant assez délirantes pour faire sourire ou rire le lecteur, Greenland réussit une nouvelle fois à proposer un roman sans grande prétention mais indéniablement divertissant.

Comme dans Un patron modèle, il offre un panel excentrique de l’humanité à travers des personnages toujours fouillés mais aussi toujours un peu à côté de la plaque et enclins à faire les mauvais choix qui les mèneront pour la plupart d’entre eux à leur perte. Il nous offre ainsi une plaisante satire des mœurs politiques américaines en même temps qu’une assez décapante vision de l’american way of life.

Cynique en même temps que fataliste, comme le rappelle Christophe Laurent sur son blog, Seth Greenland a donc pris le parti de rire de cette comédie que peu devenir au quotidien la vie des Américains moyens ou pauvres et de leurs dirigeants. À coup de petites phrases piquantes et de scènes dans lesquelles le drame vire invariablement à la comédie il construit une petite œuvre cocasse et séduisante. Que l’on en juge par exemple avec cette merveilleuse scène où le chef de la police, Harding Marvin, en bute au refus de sa femme de faire empailler son rottweiler qu’il garde depuis plusieurs jours au congélateur, part dans le désert avec le cadavre de l’animal et un recueil de poèmes de Robert Service (le poètes des chercheurs d’or du Klondike) tout en faisant le point sur les différentes cérémonies qu’il aurait pu envisager pour le dernier voyage de son molosse :



« Fléau mériterait de belles funérailles et Hard regrette de ne pas pouvoir les lui offrir. Il avait envisagé, un court instant, d’utiliser la technique des Vikings sur la Salton Sea, mais il serait difficile de se procurer un petit bateau en si peu de temps dans le désert, et si jamais quelqu’un le surprenait, il aurait du mal à expliquer ce que faisait le chef de la police de Desert Hot Spring avec un rottweiler à moitié congelé et un canot en flammes. »


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Mécanique de la chute

J'aime Tom Wolfe et j'avoue retrouver dans ce livre ce qui me fait l'apprécier.

Ce livre à un petit côté "Bûcher des vanités" dans le monde des affaires mais surtout du basket professionnel avec une structure brisée comme l'existence du personnage principal qui voit son couple, son image et sa position sociétale s'effondrés inéluctablement.

Il représente ainsi le symbole d'une Amérique contemporaine en équilibre instable et fragile dans ses conflits intérieurs.

L'auteur fait montre d'une mécanique d'horloger pour déplacer le regard d'un personnage à un autre sans démonstration excessive et narrer ainsi la chute du brillant chef d'entreprise, broyé bien que conscient des dysfonctionnements de la Société (tensions raciales, ...) et de sa condition quasi caricaturale de sa condition de Juif qui a réussi.

J'ai été conquis et transporté et même si on n'est pas un spécialiste de la NBA, cela pourrait plaire à beaucoup







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Plan américain

New-york en 1980 est encore traversée par la folie qui fit sa réputation de ville sulfureuse, mélange de fascination-répulsion que l'on retrouve dans Taxi driver, d'improbables rencontres et croisements divers. L'imaginaire que l'on y met aujourd'hui joue à se faire peur, le décor est glauque, les nuages de vapeur sortent du trottoir et les escaliers métalliques des arrière-cours brillent sous la pluie. Le bouillonnement est propice à la créativité, c'est l'idée que l'on s'en fait quand on a vingt ans et que l'on a des rêves de gloire alliés à des grands principes, oxymore dont les héros semblent totalement ignorants. L'optimisme constructif et l'alchimie destructrice avancent de pair vers un destin tracé d'avance. L'intérêt de ce roman réside dans l'évocation de cette ville hors-normes à travers les yeux de celles et ceux dont le coeur battait pour elle.

La propreté d'aujourd'hui brille sous le soleil, le nettoyage a transformé le bouge en boutique clinquante, les cinémas d'auteur disparaissent et les promoteurs, d'où qu'ils viennent, sont toujours là, comme à cette époque.

Rien ne change sur le fond, l'argent a le dernier mot, quel que soit son origine.

Plaisante lecture
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