Shigeru Mizuki

Pour m'assurer que j'étais bien vivant, je ne cessais de me poser des questions et d'y répondre. Les bouddhas de pierre qui m'étaient si familiers autrefois étaient toujours sur le bord du chemin, intacts...

De nombreuses vies furent fauchées dans la fleur de l'âge... À cette époque, le Japon n'avait aucun respect de la vie humaine. Si on évoquait la valeur de la vie, on se faisait traiter de lâche ou de traître.

Des années plus tard, j'ai appris que cette agitation avait été provoquée par un Tengu*. On retrouve ce phénomène aussi au Japon. Mais de toute façon, les yokaï se manifestent dans le monde entier.


*Le Tengu est l'un des kamis les plus importants du folklore japonais. À l'origine considéré comme une divinité démoniaque, son image évolua au fil des siècles vers celle d'un dieu tour à tour impitoyable ou plein de bonté, selon l'âme qu'il rencontre.

Même les animaux sentent arriver le moment de leur agonie. Nous étions conscients, sans nous l'avouer, que nous marchions vers notre mort.

Ce n'était pas le paradis, mais l'endroit parfait pour y accéder. Malheureusement, Shigeru ne parvint pas à y entrer. Pourtant, entre les balles ennemies, la malaria, la famine, les crocodiles, les occasions ne manquaient pas.

- Je voudrais descendre au quatrième étage...
- Au quatrième ?... Il n'y a pas de quatrième étage chez nous.
- Quoi ? Qu'est-ce que vous racontez ? Ca n'a pas de sens...
- L'étage après le troisième, nous l'appelons le cinquième... C'est superstitieux, mais nous évitons le chiffre "4", qui est trop lié à la "mort" *...

* En japonais, le chiffre 4 peut se lire "shi" comme la "mort".

— C'est vous, Azuki-akari ?
— Oui, et je ne ressemble pas du tout à ton dessin !
— Vous êtes comment, alors ?
— Mon apparence ne peut être décrite en mots. Je suis un être inexistant qui se trouve ; un être existant qui ne se trouve pas.
— Si ce n'est pas trop vous demander... Vous ne voudriez pas vous montrer, plutôt ?
— Pour tous les efforts que tu fais afin de comprendre les yokaï, j'accepte. Je vais te donner un aperçu. Je vais apparaître dans le prochain éclair, et je disparaîtrai avec le suivant.

Je vivais dans mon monde, à part, je ne parvenais pas à m'intégrer à la société. A cette époque, je raffolais des contes pour enfants de Grimm, d'Andersen ou encore des Mille et une nuits. Je m'en inspirais pour créer des bandes dessinées, et cela suffisait à me contenter.

USHIROGAMI
En marchant de nuit sur un chemin obscur, on peut avoir l'impression de se faire tirer les cheveux par derrière. Cela annonce l'apparition très probable de Ushirogami, le "dieu de derrière". Ensuite, généralement on trébuche ou on ressent très fort une présence, ou même une main froide vous frôle le cou ...
En japonais, les femmes âgées utilisent parfois l'expression "être tiraillée par Ushirogami", mais avec une autre signification, pour dire "laisser des regrets derrière soi".

SHÔKERA
Les maisons de construction ancienne ont souvent une lucarne sur le toit pour donner de la lumière. Parfois, on a l'impression que quelqu'un regarde par cette lucarne. On sort précipitamment, mais il n'y a personne. On dit que c'est un yôkai du nom de Shôkera, l'"esprit de la courtilière". Dans quel but ? Nul ne le sait ...

HIMAMUSHI NYÛDÔ
Quand on reste tard le soir à travailler dans la fièvre et l'enthousiasme, on peut voir Himamushi Nyûdô, le "bonze glandeur", faire une discrète apparition pour lécher l'huile de la lampe.

ITTANMOMEM
C'est une longue bande de tissu blanc de 34 centimètres de large sur 10 mètres de long (ittan) qui volette dans la nuit. On se dit même qu'il s'agit tout bêtement d'un linge mis à sécher qui s'est envolé à cause d'un coup de vent plus fort que les autres. Mais croyez-moi, celui-là assaillit les humains, comme quoi il ne faut pas juger les yôkai sur les apparences.

Celui qui commence à reculer ne récupère rien, c’est ce qui est arrivé à Napoléon.

- Il faudrait forcer les Japonais à coopérer…
- Les Japonais sont forts, c’est vrai. Normal, ils mangent du tofu et des légumes…

Voyons, je suis artiste-peintre, pas guerrier ! Dès que la question polonaise sera résolue, je me consacrerai à mon vrai travail !

Je n’ai pas souhaité cette Allemagne… Mais comment le haïr ? C’est nous autres, Allemands, qui avons fait de Hitler ce qu’il est…

- Attends un peu! jusqu'à suivant !
- Davantage de temps ne fait pas toujours mieux comprendre ! Un seul instant dure toute l'éternité et l'éternité n'est qu'un instant...

Hitler l'avait écrit dans Mein Kampf : l'empire germanique d'Orient ne serait achevé qu'une fois la Russie détruite. Mais il ne voulait pas refaire la bêtise d'une guerre sur deux fronts simultanés. Aussi, il aurait aimé que l'Italie, l'Espagne et le nouvel Etat français de Pétain fassent bloc dans une alliance anti-anglaise.

"Les enfers... Un lieu très lointain, inconnu des humains...
Un monde de silence... La gare de terminus ou finissent par arriver les âmes de toutes les créatures..."

"Hier le 10 janvier dans l'après-midi, Futoshi Ueki, un garçon de treize ans, est mort dans un accident d'ascenseur, dans un engin qui, d'après l'enquête, était hors service depuis quatorze ans.
Curieusement, ce même ascenseur avait été la cause d'un autre accident dans lequel trois personnes avaient trouvé la mort, il y a quatorze ans jour pour jour..."