AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Shumona Sinha (69)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Apatride

Esha est d'origine indienne, de Calcutta. Elle est venue en France pour faire ses études à l'université et occupe aujourd'hui un emploi comme professeur d'anglais dans un lycée de la banlieue parisienne. Déménageant fréquemment, elle habite aujourd'hui près de la Tour, un quartier où les personnes typées comme elle ne sont pas forcément bien vues et surtout des gens "d'ailleurs" qui dérangent. Esha vit de plus en plus mal sa vie parisienne - les moqueries, les regards, les chuchotements, les bousculades ... - qui la blessent profondément et la plonge dans une profonde déprime.

Mina vit dans un village dans l'arrière-cour de Calcutta. Elle est paysanne, comme ses parents et n'a jamais fréquenté l'école. Le gouvernement souhaite installer une usine dans le village et ainsi déposséder les paysans de leur travail. Mais Mina a un autre souci plus important.

Marie a été adoptée en Inde et a grandit en France. Elle se rend très souvent à Calcutta où elle a été adoptée alors qu'elle n'était qu'un nourrisson. Marie connaît Esha par les réseaux sociaux mais fera la rencontre de Mina.



"Apatride" est un roman pour lequel j'ai eu un véritable coup de cœur. Shumona Sinha nous dépeint une réalité que l'on ne prend pas forcément conscience et pourtant qui nous concerne directement. Elle y rajoute le problème des femmes en Inde et les conflits politiques que l'on a déjà retrouvé dans "Calcutta". Et le résultat est explosif. Une vraie lecture, avec de vrais choses à dire. Une pépite.
Lien : http://atasi.over-blog.com/2..
Commenter  J’apprécie          60
Assommons les pauvres !

La description du rôle très paradoxal dans lequel se trouvent plongés les « officiers de protection », chargés de déterminer si les demandeurs d’asile sont bien fondés ou pas à bénéficier l’asile, et avec eux la traductrice, est très fine et adroite. Les officiers sont à la fois au service du droit d’asile et de la protection des personnes. Mais en même temps, l’Etat les a chargés d’écarter les demandeurs non fondés. Flics, ou humanitaires ? Les deux et le grand écart de conscience que cela leur occasionne est très bien décrit, jusque dans l’absence de solution possible.



Ce grand écart est redoublé par celui qui envahit la narratrice : indienne, bengalophone et vivant de cette compétence, elle a pourtant clairement choisi de vivre en France. Le livre est implicitement très critique de la notion de racine et porte une revendication universaliste très forte : la patrie, c’est là où on a choisi de vivre. L’environnement professionnel de la narratrice, les demandeurs d’asile auxquels elle a affaire, la plongent sans cesse dans des situations paradoxales : celle, par exemple, de contribuer à refuser à un homme le déracinement pour lequel elle a pourtant lutté. Elle les analyse en détail, de même que la pente délétère sur laquelle elles l’engagent. Là où le livre ne se suffit pas tout à fait, c’est qu’il double cette analyse au scalpel, et finalement très inconvenante, d’un style trop riche en métaphores ciselées. Le fonds de l’ouvrage est rude et aurait mérité une langue âpre, sans doute une analyse plus en profondeur de ce que ces situations peuvent signifier psychologiquement mais aussi politiquement. La grande froideur de la narratrice vis-à-vis des demandeurs (au point qu’elle en arrive à assommer celui du titre), qui est une des trouvailles du livre et une grande source de son intérêt, souffre de la préciosité de l’écriture. Autre préciosité superflue, l’auteur insiste longuement sur le cadre urbain de son travail, qu’elle trouve révulsant (alors qu’il n’est que banlieusard). Au final, tout cela fait passer l’absence de bons sentiments pour du cynisme, et la subtilité pour de l’affectation.
Lien : http://prixvirilo.com/2011/1..
Commenter  J’apprécie          50
Apatride

APATRIDE de SHUMONA SINHA



Livre lu pour le jury du roman de France Télévision 2017

Ce roman m'a mis mal à l'aise...j'ai habité de nombreuses années à Paris et sa banlieue et bizarrement j'ai ressenti comme Esha les mêmes appréhensions ... les couloirs du métro déserts quand les pas résonnent je me retourne et il me tarde d'arriver sur le quai .



Quelques loubards et quelques regards que j'estimais malveillants en tant que femme j'accélérais le pas en serrant mon sac à main discrètement....



Pour elle en plus c'est la couleur de sa peau qui la traumatise, les questions des personnes volontairement ou involontairement lui posaient sur son origine, son métier etc... Elle a du mal à s'intégrer. Son métier d'enseignante la torture. Les élèves de son lycée sont durs et violents. Je pense que n'importe qui pourrait sombrer dans la déprime...



Combien d'apatrides ayant rêvés d'un PARIS idéal sont déçus....Pour moi une grande ville est un désert d'humanité où le meilleur et le pire se côtoient.. Combien de cadavres découverts dans des appartements après de longs mois sans qu'une seule personne s'inquiète du sort du mort. Les voisins s'inquiéteront à cause de l'odeur.



D'un chapitre à l'autre nous suivons l'histoire d'ESHA à Paris et de Mina près de CALCUTTA. Deux destins tragiques. Pauvre Mina qui sera balayée par les vieilles coutumes ancestrales de l'INDE. Elle avait juste pêché par amour.



Notre époque ne supporte pas la différence. Nous devons nous plier aux lois de la mode. Si vous êtes différent des autres votre vie est un enfer. Alors imaginons l'étranger qui arrive à PARIS. Mais peut-être dans la France profonde s'est pire....Oui vous êtes déjà étranger si vous n'êtes pas depuis toujours du village....Nous avons des progrès à faire. Mais des deux cotés.

Mireine

Commenter  J’apprécie          40
Apatride

Apatride de Shumona Sinha parle de deux destins de femmes (voire trois) qui se trouvent chacune d'un côté du monde, une à Paris et les deux autres en Inde. C'est l'histoire de femme mais aussi de pays et de civilisation ; en Inde on retrouve les problèmes avec le gouvernement et la manière dont sont traitées les femmes qualifiés de facile mais dans les faits amoureuses, et en France on retrouve la violence de la société mais aussi le supposé rejet de l'autre. Et si pour l'Inde je n'ai rien à redire car je ne connais que très peu la politique de ce pays, je n'en dirais pas autant de la France.

Je suis tout à fait d'accord avec l'autrice quand elle dénonce cette explosion de violence en France, cet irrespect total venant d'une grand part de la population, mais aussi ce problème de religion très communautariste avec l'Islam et l'indifférence des autres qui laissent faire au nom des droits de l'homme détournés ou par lâcheté et donnent du crédit à toutes les plaintes mêmes les plus absurdes.



« Les émeutes au nom de la religion sur le sol d'Europe bouleversaient Esha non seulement par leur violence, mais aussi parce qu'elle croyait avoir laissé derrière elle un sous-continent entier ravagé par les émeutes communautaristes, les trains incendiés, les corps jetés vifs dans les flammes, les foules hystériques manifestant avec les tridents et des sabres, des drapeaux et des bandanas couleur safran. A présent elle vivait dans le pays des élus, des éclairés et des nantis. Elle n'aurait pas pensé que se déclarer athée était encore un tabou ici, que la chute de la croyance avait laissé place à l'ignorance, laquelle n'était qu'une réaction passive et soumise, une désillusion, un désarroi, un vide. Elle n'aurait pas pensé qu'il existait dans ce pays qui croyaient qu'au-delà des nuages il y avait un barbu, deux, trois barbus, son fils, la mère et la pute, les mille deux cents vierges, toute une clique, et qu'ils allaient bientôt rétablir le pouvoir du plus grand, qu'ils allaient provoquer un bain de sang au de sa clémence et de sa magnanimité. »



Mais si j'ai apprécié cela sur la France, car c'est très juste, le côté politiquement correct du rejet de l'autre, de l'exclusion de l'autre ou le nom et la couleur de peau seraient un frein à la réussite, m'a plus qu'agacée ! Pourquoi ? Parce que c'est faux. Et ce que je déteste dans cette démarche outre le fait que ça joue sur des clichés médiatiques et les mensonges politiques et autres, c'est que ça met de côté la réalité qui n'est pas celle-là. En effet la galère et la pauvreté concernent tout le monde et pas que les étrangers, et personne n'a selon sa couleur de peau où ses origines un métier bien définit, et bien sûr pour l'autrice forcément venu d'ailleurs veut dire sous-métier… Bref ! de tels clichés m'ont énervé. Et ceci a fait que j'ai eu du mal avec ce livre où la plainte, la douleur, semble être leitmotive de ces pages, et d'ailleurs passé la page 138 j'ai survolé complètement le reste, sauf les dernières pages que j'ai lu correctement et qui n'ont fait que confirmer mon opinion plombée sur ce livre. J'avoue que je n'ai pas compris ce qu'elle faisait là cette fin et je n'arrive pas à lui donner sens. Faut croire que le malheur colle à la peau et doit rester coller.



Alors certes ce livre permet de voir le recul de la France (et de l'Europe) sur ces valeurs qui avaient fait de cette terre et de ce continent un lieu éclairé. Il permet de voir la lâcheté des hommes, d'avoir un aperçu très mince sur la femme en Inde, mais pour voir cela faut lire le reste, hélas… C'est-à-dire les clichés mais aussi l'histoire d'amour pas intéressante avec Julien. Bref, un cri de révolte quasiment raté.
Lien : http://voyagelivresque.canal..
Commenter  J’apprécie          40
Assommons les pauvres !

Différent de ce à quoi je m'attendais, je ne pensais pas que la part personnelle serait aussi importante ce qui m'a déstabilisé. Le sujet en lui-même est très intéressant, j'aurais aimé en savoir plus, et l'écriture est plus que plaisante. On a parfois l'impression de lire un poème tellement les mots sont appropriés et résonnent en nous comme une mélodie sombre et violente.



Malgré tout, car une belle écriture ne suffit pas, j'ai eu beaucoup de mal à accrocher à ce roman. On ne sait pas où l'auteure veut aller, ce qu'elle veut exprimer... Une déception.
Commenter  J’apprécie          40
Assommons les pauvres !

«Assommons les pauvres!» de Shumona Sinha aux Editions de l'Olivier est un roman sans concession.

La narratrice de cette histoire, nous dit son histoire, sa descente aux enfers, le quotidien de la misère.

La misère qui se déverse par vague successive. Un tsunami humain :« les contes des peuples migrateurs».

Traductrice dans un centre de demande d'asile, elle va prendre de plein fouet cette réalité rugissante: «Ils étaient le revers de la broderie, ils étaient le dos noir des poêles trop usés, ils étaient la face cachée de la mascarade. Les officiers les interrogeaient, ils répondaient, je traduisais, je faisais le trait d'union entre eux. ».

Mais le trait d'union doit s'imposer l'espace. La promiscuité de l'universalité de ces destins scarifiés va peu à peu mettre la narratrice face à sa propre histoire.

«Assommons les pauvres» c'est briser le miroir. Détruire une image insupportable puisqu'en l'autre il y toujours une partie de soi.

Elle tente elle même d'entrer dans le brouillard. s'enivrant d'histoires sans lendemain - «Je m'annule chaque fois que je vais à la rencontre des hommes de cette ville» -, se raccrochant à l'illusoire passion pour le visage d'une femme: Lucia .

Les mythes et les légendes naissent de l'esprit des Dieux, les humains n'ont que leur âme.

Dans ce magma boueux d'infortune, chacun est là pour sauver sa peau.

Un état d'urgence perpétuel. Et à ce jeu le mensonge s'installe, se répand, s'accroît comme une moisissure.

Le système dépassé par la force de cette vague essaie de conserver un semblant de légitimité. Tous, officiers, juges, avocats, traducteurs, demandeurs d'asile connaissent la distribution des rôles.

Mais il ne s'agit que d'une mise en scène dans un théâtre de chimères.

Existe t il un mètre étalon de la souffrance, de la désespérance?

Leur degré de souffrance, leur degré de désir de survie doivent être audibles pour notre monde. Notre compassion ne pourra se concevoir qu'en étant passer par le laminoir

de la conversion.

Il faut convertir sa douleur, la renier ,se soumettre à d'autres mots de prière, pour espérer survivre. C'est l'inquisition de la misère.

Alors tous jouent le jeu, essaient de trouver la meilleure réplique, le ton le plus juste.- Puisque tu ne pourras jamais comprendre - Inventons une histoire qui tiendra la route, toutes les routes.

La peur engendre toujours la violence. Mais ici la peur n'existe pas.

La narratrice n'a pas peur de l'Autre, cet Autre errant qu'elle connaît dans sa propre chair puisqu'elle ne cesse ne se reconnaître en lui: peau, parfum, souvenirs, langue maternelle. Ce qui va la pousser à cet acte violent c'est le mensonge. C'est le refus d'une complicité malodorante. «Je suis un narcopirate»

Lever la main sur un homme pauvre, acte subversif, geste tabou.

Briser le miroir pour émerger du cauchemar. Le geste poussé au paroxysme de la douleur, Elle tend la main, non pas par compassion , mais par révolte.

Elle assomme la chimère et intime ainsi l'ordre à cet homme de reprendre un visage humain.

L'écriture de Shumona Sinha est introspective, directe, honnête,fluide.

Une très intense lecture.

Un livre pour voir le monde comme il se décline.



Astrid SHRIQUI GARAIN
Commenter  J’apprécie          40
Assommons les pauvres !

Ils sont très rares, les écrivains originaires de l’Inde qui écrivent en français. J’étais donc curieux de lire ce roman. Malheureusement, il est sans grand intérêt. C’est l’histoire d’une femme qui travaille comme interprète auprès des demandeurs d’asile en France. Elle finit par en assommer un avec une bouteille de vin. Elle assomme le lecteur aussi. On ne comprend pas trop ce qui se passe, de quoi elle parle. Trop de non-dits, trop d’envolées verbales qui font plouf.
Commenter  J’apprécie          30
Le testament russe

Sinha Shumona – "Le testament russe" – Gallimard/NRF, 2020 (ISBN 978-2-07-285933-5) – Format 21x14cm, 200p.



Un livre tout à fait étonnant, au sens le plus fort du terme.



D'abord par sa thématique : dans les années 1980-2000, une jeune fille Bengalie, vivant à Calcutta, passionnée par la langue et la culture russe au point d'être très proche du Parti Communiste Bengali (fort puissant localement jusqu'en ces années de chute du mur de Berlin) se met à enquêter sur la maison d'édition soviétique "Raduga" qui – dans les années 1930 – publia des livres pour enfant dont les traductions en bengali peuplèrent sa jeunesse.

Elle découvre ainsi la personnalité profondément a-typique de son fondateur Lev Moisevitch Kliatchko, et imagine entrer en contact avec sa fille Adel Kliatchko, fort âgée mais toujours en vie.

(Hum, cela ne parle probablement qu'aux gens de ma génération, qui vécurent la coupure du monde entre le bloc communiste-soviétique et les "pays occidentaux" ?)



Shumona Sinha mobilise un français de haute volée, limpide, rythmé, que nombre d'écrivain(e)s de souche "gauloise" ne peuvent qu'envier.

En fin de volume, elle remercie vivement son amie Nathacha Appanah, autre grande plume actuelle de la langue française (après lecture de sa chronique, personne n'osera plus s'étonner de son usage de "la langue de Molière" !!!).



Un livre excellent, à lire et relire.



Commenter  J’apprécie          31
Le testament russe

Calcutta, années 80. Tania est bengalie et vit entre une mère qui la déteste et un père bouquiniste qui la laisse fouiller dans ses trésors de papier.



🌻Très jeune, elle se passionne pour la littérature russe et imagine, dans la chaleur de l’Inde, des plaines enneigées perdues dans le brouillard. Il faut dire qu’à l’époque l’Inde entretient un lien particulier avec le géant russe. Malgré les soubresauts de l’Histoire, le pays admire toujours autant son régime communiste.



🌻Tania aime la politique, mais elle aime surtout la poésie et les romans russes. Ella va alors se lancer dans une quête effrénée pour retrouver le fondateur des Editions Raduga où sont publiés la plupart des livres aimés. A l’autre bout du fil qu’elle tend à travers le temps, Adel, 90 ans, la fille du fondateur, qui a vécu en URSS tous les troubles et les malheurs du 20e siècle.



🌻Le testament russe (vous vous souvenez du Testament français d’Andreï Makhine?) est un très beau roman, sensible et poétique, qui dit le pouvoir de la littérature à travers le temps et les lieux. Il a été écrit en français par une jeune romancière franco-indienne et je vous le recommande chaudement sa lecture.
Lien : https://www.instagram.com/bc..
Commenter  J’apprécie          30
Apatride

Loin d'un discours démagogique et faussement prometteur, naïvement optimiste, le roman de Shumona Sinha puise dans la réalité, joue avec les codes littéraires du hyper-réalisme et dresse à travers les portraits croisés de trois femmes, le portrait de la société d'aujourd'hui. L'aspiration de la liberté et de l'émancipation est bafouée tantôt en Inde pour une paysanne manipulée et dépassée par les règles sociales patriarcales, tantôt en France pour une franco-indienne par la discrimination socio-raciales. L'écriture poétique, métaphorique de l'écrivaine est présente dans ce livre aussi, son quatrième roman. Un livre sans concession, réaliste et lucide, un cri d'alerte. La réalité amère est sans doute déplaisante pour certains lecteurs, mais aucune lecture n'est objective et tout ce qui se passe autour d'un livre n'est pas forcément littéraire. La lecture, tout comme l'écriture, est une aventure humaine, subjective et souvent empreinte des sentiments personnels envers un tel ou un tel auteur.
Commenter  J’apprécie          30
Calcutta

Envie de retourner aux origines, de calmer mes préjugés le temps d'une lecture... Comment dire ? Pour un premier roman sur quelque chose que je méconnais autant et qui pourtant coule dans mes veines; je fus très agréablement entraînée par le récit... Une justesse qui effleure chaque mot ainsi qu'une excessive délicatesse ... Comme nous pouvons être bête parfois !
Commenter  J’apprécie          30
Calcutta

Trisha a quitté Paris pour revenir à Calcutta après une longue absence, afin d'effectuer les rites funéraires de son père décédé, étant fille unique.

Depuis le hublot de l'avion, elle ne reconnaît plus la ville de sa jeunesse. Une nouvelle ville est entrain d'absorber celle de ses souvenirs et depuis le plancher des vaches les changements sont encore plus impressionnants. Mais il n'y a pas que la ville qui a changé mais également la vie de Trisha.

Après la crémation de son père, Trisha retrouve la maison de son enfance et chaque fissure, chaque tâche, chaque rebord de fenêtres, ... lui rappellent sa jeunesse et sa famille. Elle se souvient de son père qui avait été professeur de sciences à l'université mais il a été avant tout militant au Parti Communiste et qui a échappé aux tortures ou d'être tué à l'époque où l'état d'urgence faisait trembler le pays. Elle se souvient aussi de sa mère et sa grand-mère.

"Calcutta" est un véritable bond dans l'histoire indienne grâce aux souvenirs de Trisha. Ce roman est empreint de nostalgie, presque intimiste et bouleversant.
Lien : http://atasi.over-blog.com/2..
Commenter  J’apprécie          30
Assommons les pauvres !

C'est un roman magistral, brutal, d'une violence extrême. L'auteur nous fait plonger dans le quotidien des migrants et la réalité de la demande d'asile. Quand on vient de l'enfer, celui de la misère, celui des conflits, guerres civiles ou religieuses, et zones livrées au terrorisme, on traverse un autre enfer, celui des passeurs et des égorgeurs, et on arrive dans ce qu'on croit la terre promise européenne. En route, en même temps que son passage, on a acheté les mensonges censés convaincre ceux qui derrière leur bureau interrogeront sans relâche et sans concessions, pour pousser à l'erreur le candidat à l'asile. L'héroïne est au premier plan des procédures, depuis l'entrée sur le territoire jusqu'au dernier recours juridictionnel, et fait voyager le lecteur depuis les pays d'origine jusqu'aux trompe-l'oeil du pays d'accueil. Si le roman est très court, sa densité est incroyable, son style est riche et passionné et d'une sensibilité à fleur de peau. Ne vous privez pas de cette pépite.
Commenter  J’apprécie          30
Calcutta

Le décès de son père est l'occasion pour Trisha d'effectuer un retour dans sa ville natale Calcutta. La nuit passée dans la maison familiale vide, les funérailles, vont provoquer un voyage dans le passé par violent, profondément marqué par l'histoire du Bengale.



Les premières pages sont un peu difficiles d'accès et on a un peu de mal à entrer dans l'histoire. Cependant une fois qu'on y est, on se laisse rapidement emporter par un fleuve d'émotions: angoisse, tristesse, compassion... L'auteur réussit finalement à créer une telle intimité, qu'on a alors le sentiment de partager toute sa nostalgie et cette incroyable douleur qui parait l'habiter.



Calcutta est un roman court mais puissant que je conseille à tous. Il a en outre l'avantage de nous faire découvrir une région et une partie de son histoire fort méconnues.
Commenter  J’apprécie          30
Assommons les pauvres !



Les mots de Shumona Sinha sont des marionnettistes : ils ont des mains qui nous empoignent et nous entraînent…



« Assommons les pauvres » (titre emprunté à un poème de Baudelaire) parle d’une femme que la violence du monde contamine peu à peu.



C’est le deuxième roman de Shumona Sinha, Prix du meilleur jeune poète du Bengale, par ailleurs co-auteur avec Lionel Ray de plusieurs anthologies de poésie française et bengalie :



« J'ai traduit une soixantaine d'auteurs français contemporains en bengali, c'est ainsi que j'ai été introduite dans le milieu littéraire parisien. Mais j'écris depuis mon enfance quand j'ai commencé à lire en Inde. C’est là-bas que j'ai étudié la langue française.»



Comment peut-on écrire spontanément dans une langue qui n'est pas née avec soi, en soi ? Elle répond : «Ma patrie, c’est la langue française. Si la langue bengalie est ma racine, le français est mon aile.»



Et elle nous envole.



Shumona Sinha qui vit à Paris depuis dix ans, est née à Calcutta en 1973. L'esprit vif, curieuse, férocement intelligente, elle décortique les émotions en dénaturant nos habitudes : « Je contemple de loin avec envie mon pays qui passe toutes ces années sans moi. » (p51)



Elle en parle :



« En écrivant ce roman, je ne savais pas où j'allais, j'écrivais des phrases. Puis j'ai dû me freiner, prendre garde à ne pas me laisser entraîner par les mots, à les mettre en ordre. Les images me viennent naturellement. Quand je parle, quand je pense, j'associe, je rapproche, c'est mon quotidien qui me nourrit. »



Ce livre est une brûlure qui dérange. On n’entre pas dans l’écriture de Shumona Sinha comme dans un moulin ! Il faut des clés. Se laisser apprivoiser par son style, sous peine de passer à côté de ces petits chefs d’œuvres qu’elle nous donne à lire (on se souvient de son premier roman « Fenêtre sur l’abîme » aux Ed. La différence dans lequel déjà, elle faisait vibrer la peau des mots, une expression à elle).



« Pour Assommons les pauvres, dit-elle, je sais que beaucoup de gens auraient préféré que je raconte cette histoire de manière froide, avec des faits. Or mon écriture n'est pas froide, au contraire. J'écris en français, mais je ne serai jamais une romancière française. »



Car Shumona, c’est avant tout une femme poète, une fileuse qui joue avec la « peau des mots ». Elle sait enduire ses images de sa sensuelle beauté même quand elle évoque la crasse et la misère qui vont de pair dans l’imaginaire des nantis. Il est nécessaire d’imaginer les pauvres sales et répugnants afin de s’en tenir le plus éloignés possibles et ainsi se préserver une conscience « à la compassion désagréable » :



« Quand je dis « pauvre », je pense à la misère sociale et intellectuelle liées à l'immigration mal choisie. Parce que les immigrés croient qu'ils vont trouver une vie meilleure ici, - « le nord du rêve » - alors que ce n'est pas le cas La narratrice de ce livre est interprète auprès de ces demandeurs d'asile. Elle les écoute réciter leur leçon dans l'espoir d'obtenir un statut de réfugié. Ils deviennent un amas, indistincts les uns des autres. Jusqu'au jour où elle frappe l'un d'eux. C'est le point de départ du texte… Quand j'entends des touristes dire que l'Inde les a transformés, que c'était merveilleux parce que les gens sont heureux même s'ils vivent dans la boue, sans électricité, ça me révolte. Parce que, non, ce n'est pas merveilleux des gens qui vivent dans la boue. »



Alors, elle interroge : «Qui peut revenir en arrière, remonter la pente, redevenir homme après avoir avalé des ordures en se bagarrant avec les chiens ? » (p 48)



La sobriété de son écriture réinventée, son regard neuf sur les mots et en même temps, la richesse des images suggérées ou accentuées, nettes, abruptes même : « J’aimais voir ma peau érafler leur peau comme un crayon noir sur un papier blanc » (p 88) … « Les mots arrachés comme on vide le ventre d’un poisson » (p 92-93)



Et puis les odeurs des mots… « La pièce sent le cumin et le lait brûlé » (p 62)



C’est vrai, Shumona Sinha joue avec les mots comme avec des fruits, les soupesant, les assemblant, les enfilant en perles vivantes. Elle s’en approche différemment : entre ses doigts, ils prennent des tournures inquiétantes, des personnalités insolites, formant des phrases articulées, vivantes, libres. Et cela se traduit pour le lecteur lambda, par des émotions neuves, inédites. Shumona Sinha provoque un regard autre.



Une écriture arc-en-ciel, où les mots sont en couleur, des couleurs violentes qui saignent sur ses pages. Le livre se lit avidement. Et nous laisse défaits !
Lien : http://nananews.fr/fr/muniti..
Commenter  J’apprécie          30
L'autre nom du bonheur était français

Qu’est-ce qu’une langue, quel est son pouvoir et comment nourrit-elle notre capacité à comprendre et à aimer le monde, à exprimer notre joie et à crier notre colère ? C’est à ces interrogations et à beaucoup d’autres que tente de répondre la romancière Shumona Sinha dans son dernier livre L’autre nom du bonheur était français, qui vient de paraître aux Éditions Gallimard.
Lien : https://lettrescapitales.com..
Commenter  J’apprécie          20
Assommons les pauvres !

Je n'ai absolument pas accroché à ce livre.

Il s'agit d'un fait très intéressant lié à l'immigration mais malheureusement ce livre ne met pas en valeur vraiment cela.

Le livre s'articule plus sur une femme qui refoule sa haine et encore je ne suis pas sûre d'en avoir compris le sens.

Dommage car il y avait matière à écrire.
Commenter  J’apprécie          20
Apatride

Un style d'écriture que je n'ai pas trop aimé et qui a fait que j'ai eu beaucoup de mal à la compréhension de certaines parties de l'histoire... dommage !
Commenter  J’apprécie          20
Apatride

Ce roman aborde la question de l'exil, et de l'intégration d'une femme immigrée dans un pays occidental. L'auteur dépeint la société française, avec ses violences verbales et physiques, ses lois et ses inégalités, les travers bureaucratiques de l'administration.

Elle dépeint également la société indienne, en particulier le gouvernement en place dans les années 90.

Mais c'est surtout la force avec laquelle elle dénonce la condition réservée aux femmes, dans son pays et en France, qui domine. Nulle part, dans nos sociétés, qu'elles soient modernes ou ancestrales, la femme est reconnue comme un être humain à part entière.

Dans un style très imagé, elle exprime toute sa colère et sa révolte face à un monde où la femme n'a pas sa place, où elle est réduite à l'état de cendres, ombre flottante parmi les vivants.

Ce roman, qui surprend et heurte par sa violence, ne nous laisse pas indifférents.

Commenter  J’apprécie          20
Calcutta

Tourniquet des souvenirs qui s’égrainent au rythme d’une ritournelle désordonnée débordante de parfums suaves et épicés, de bruits criards, de berceuses, du chant de la nature et de silences étouffés. Destins perdus dans les circonvolutions du temps et de l’histoire mouvementée de l’Inde transcrits dans un langage riche et poétique même aux heures les plus noires.
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Shumona Sinha (254)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz mou (méfiez-vous des contrefaçons :-) et brûlant

Qu'est-ce qui s'enflamme à 232,8 degrés Celsius ?

Les scorpions (Pekinpah nous voilà)
Les livres (Bradbury nous voici)

1 questions
31 lecteurs ont répondu
Thèmes : tribuCréer un quiz sur cet auteur

{* *}