Silence (film, 2016), réalisé par Martin Scorsese, d'après Silence de Shūsaku Endō, avec Liam Neeson, Andrew Garfield. Bande annonce.
Le péché, songea-t-il, ce n'est pas ce qu'on croit communément, ce n'est pas de voler et de mentir, c'est, pour un homme, de marcher brutalement sur la vie d'un autre, insoucieux des blessures qu'il laisse derrière lui.
Comme épuisée, la mer faisait silence et Dieu, lui aussi, se taisait.
Nous nous tûmes alors longuement. La pluie fouettait en cadence le toit de notre masure, comme un sable coulant dans un sablier. Ici, nuit et solitude ne font qu’un.
La sagesse des paysans réside dans leur habileté à se faire passer pour des imbéciles.
Lentement monte la pleine lune. Dans le bosquet, derrière la prison, se répondent le hibou et la tourterelle. Toute ronde, au-dessus des arbres, la lune se nimbe d’un surnaturel halo rouge, cependant que les nuages sombres la dévoilent ou la cachent tour à tour. Les vieillards chuchotent, comme des oiseaux de mauvais augure, que l’année à venir pourrait bien apporter quelque malheur.
Je m’aperçus, honteux, que j’avais fait un rêve sexuel. Je m’attachais étroitement les poignets, précisément pour ne pas commettre de péché en une période comme celle-ci. C’est ainsi que je dus lutter toute la nuit contre les désirs puissants de ma chair, bien qu’ils ne soient plus aussi violents que lorsque j’étais jeune. Je m’agenouillai et priai. Comme ce corps physique est haïssable. Tout en priant, je fus soudain envahi par un terrible sentiment de désespoir. Goutte après goutte, je bus le poison qui filtrait dans mon âme et j’eus l’impression que je venais de découvrir mon visage repoussant dans un miroir. Les désirs de ma chair, ma haine des Jésuites, ma confiance presque arrogante dans l’œuvre que j’accomplissais au Japon, ma soif de conquête… toutes ces choses jaillirent successivement de mon âme si bien que je cessais de croire que le Seigneur accepterait encore d’écouter mes prières et mes requêtes.
Ils furent martyrs. Mais quel martyre ! J’en ai lu bien des récits dans les vies des saints, et appris comment leurs âmes étaient retournées dans leur céleste demeure, comment ils avaient été accueillis dans la gloire tandis que les anges embouchaient leurs trompettes. Tel est le brillant martyr que je vois souvent en rêve, mais celui que je vous décris à présent n’eut rien d’aussi magnifique. Il fut misérable et douloureux. La pluie incessante tombe sur la mer. Et l’océan qui les a tués se soulève dans un surnaturel silence.
Chaque jour, l’océan change de couleur… ou, plutôt, il prend des teintes diverses entre le matin, midi et soir de la même journée. Les formes subtiles des nuages, la lumière étincelante du soleil et les variations de la pression atmosphérique confèrent à la mer des nuances profondes, joyeuses ou plaintives, qui émerveilleraient un peintre.
J'ai cherché si votre visage exprimait de la solitude depuis "l'incident". Je voulais constater de mes yeux si toutes les souffrances que vous avez endurées y étaient inscrites : le fait d'avoir une femme et des enfants, la pression de devoir travailler dans un pays étranger, la disparition de vos amis et la perte de toute assistance possible.
(Les ombres)
Le village avait été brûlé jusqu’au sol, tous les habitants dispersés. La mer et la terre étaient silencieuses comme la mort, seul le bruit sourd des vagues, se frottant à la coque, éveillait un écho dans la nuit.« Pourquoi nous avez-vous si totalement abandonnés ? pria-t-il d’une voix éteinte… »