Citations de Sidonie-Gabrielle Colette (1612)
Elle éclata d'un rire inattendu :
"Ma dignité ! Ah, vous me faites bien rire ! Ma dignité ! Ah ces jeunes femmes..."
Son rire et son regard me furent insupportables. "Mais, Marco, vous me demandez conseil, je vous réponds selon mon cœur..."
Elle riait toujours et haussait les épaules. Tout en riant, elle ouvrit cavalièrement la porte devant moi. Je croyais qu'elle allait m'embrasser, que nous nous donnerions rendez-vous, mais j'étais à peine dehors qu'elle refermait sa porte sans m'avoir dit un autre mot que :
"Ma dignité ! Ah ! non, c'est trop comique"
Le Képi.
Le hasard, mon ami et mon maître, daignera bien encore une fois m'envoyer les génies de son désordonné royaume.
Je n'ai plus envie de me marier avec personne, mais je rêve encore que j'épouse un très grand chat.
Il continue de me manquer. C'est un deuil égoiste, qui m'afflige lorsque j'ai besoin, non d'un conseil, mais d'un échangee verbal intelligent et désinteressé, qui me divertisse de l'épuisant monologue intérieur.p152
Seule,
elle
sourit
orgueilleusement,
fit
un
soupir
saccadé
de
convoitise
matée,
et
écouta
les
pas
de
Chéri
dans
la
cour
de
l'hôtel.
Elle
le
vit
ouvrir
et
refermer
la
grille,
s'éloigner
de
son
pas
ailé,
tout
de
suite
salué
par
l'extase
de
trois
trottina
qui
marchaient
bras
sur
bras
Vivre sans bonheur et n'en point dépérir, voilà une occupation.
J'ai souvent réfléchi avec mélancolie à la monotonie des choses de l'amour.
La terre appartient à celui qui s'arrête un instant, contemple et s'en va...
_Laisse ma belle écorchure...Avec ça que c'est doux,déjà , le sarrasin égrené...p.122
Il reçut le choc du mot détesté et faiblit. Encore une fois la simplicité de sa petite compagne et la soumission qu'elle osait avouer, cette manière femelle de révérer des lares anciens et modestes le laissait muet, déçu, mais vaguement apaisé.
Hélène va partir bientôt pour Paris. Quand j'en ai donné la nouvelle, la petite voix de Morhange m'a seule répondu :
- Ah ! tant mieux, cette bringue !... Je ne l'aime pas, elle n'est pas bonne.
J'ai insisté pour connaître la raison d'une si vive antipathie.
- Non, elle n'est pas bonne, dit Morhange. Et la preuve, c'est que je ne l'aime pas.
"Amoureuse," piètre mot pour exprimer tant de choses! ...Imprégnée, voilà qui exprime mieux...Imprégnée , c'est cela tout à fait, imprégnée depuis la peau jusqu'à lâme, car l'amour définitif m'est si entré partout que je m'attendais presque à voir mes cheveux et ma peau en changer de couleur. p.47
p.242 Ma chère douleur, c'est la tenture sombre et nuancée, le velours sans prix qui double l'intérieur de mon coeur.
Il emportait un malaise qu'il connaissait trop bien, l'agacement, la gêne de ne jamais exprimer ce qu'il eût voulu exprimer, de ne jamais rencontrer la personne à qui il devait confier un aveu indéfini, un secret qui eût tout changé et dépouillé de son insigne néfaste, par exemple, cet après-midi de pavés blanchis, d'asphalte flasque sous le soleil vertical...
Je goûte en elle, outre sa gaieté qui résiste à la misère, cette humeur protectrice, cette adresse à soigner, cette maternité délicate dans le geste, apanage des femmes qui ont sincèrement et passionnément aimé les femmes: elles en gardent un attrait indéfinissable, et que vous ne percevez jamais, vous autres hommes...
Le mariage, c'est pour la femme une domesticité consentie, douloureuse, humiliée
-Phil ! mon Phil !Je te cherchais ...Je te cherchais...Qu' est-ce
que tu as ?
Je m' étais trompé , s' avoua-t-il . Elle est très jolie . Voilà du
nouveau .
Je crois gravir la côte, claquer la barrière, tordre au passage une vrille de la treille, respirer la glycine, l'ombre du chat au ras de ma jupe, je franchis les seuils, j'ouvre une à une les chambres qui me virent heureuse et jeune,je les habite encore...
Ce n'est pas du chagrin que j'endure, c'est une espèce de manque, d'amputation, un malaise physique si peu définissable que je le confonds avec la faim, la soif, la migraine oula fatigue.
Petite-Chose voulait que je vous envoye[sic] un sachet de préservation comme elle envoie à ses amis. Ce sont des sachets où elle ne met rien, que des baisers. Mais je ne vous envoie, comme les autres fois, que mon souhait sincère pour que rien ne vous arrive en mal. Cette phrase-là, elle me revient de celles qu'on me faisait écrire au jour de l'an sur du papier à dentelle, quand j'étais petite. Je regrette bien de ne pas pouvoir en inventer une autre plus belle pour vous. Mais ça m'est égal. Mon souhait est mieux qu'une belle phrase, parce qu'une phrase ça n'existe pas, et mon souhait il existe. Il existe autant que la petite hirondelle ou la colombe sur l'ancien papier à lettres. Je le vois, il vole, il se promène, il a une figure, il est autour de vous, sur votre tête, sur votre poitrine — je le vois comme si j'y étais, sur votre poitrine... Le sachet de Petite-Chose serait assurément très joli, et très bien brodé, mais il ne couvrirait qu'une trop petite place. Avec mon souhait, je suis plus tranquille, vous êtes tout enveloppé.