Citations de Sigrid Undset (162)
Il est facile de rester jeune à celui qui ne veut rien apprendre, à celui qui est incapable de satisfaire aux exigences de la vie, qui ne sait pas lutter pour plier les circonstances à sa volonté d'homme !
- Je te le dis, Christine, pour l'amour de tes fils, il faut que tu te réconcilies avec ton mari. Si tu as le moindre tort, il doit être plus facile pour toi de tendre la main à Erlend.
Dans les jours qui suivirent, le vent tourna au sud, soufflant en tempête, annonçant des pluies torrentielles ; par moments la bourrasque était d'une telle violence qu'on pouvait à peine traverser la place entre les maisons, sans risquer, semblait-il, d'être emporté par-dessus les toits.
Il savait que chez certains oiseaux ou chez des bêtes sauvages, il arrivait que lorsque des mains d'homme avaient touché aux oeufs ou aux petits, les parents s'en détournaient.
Dame Gunna avait des traits lourds, elle était jaune et bouffie. Trois rides profondes barraient son front qui semblait de cire. Ces bons yeux bleus au regard vif étaient un peu enfoncés ; sur sa bouche édentée pendaient de longs poils de moustache.
Christine avait engagé peu de domestiques à la ferme, uniquement parce qu'elle désirait que ses fils apprissent dès l'enfance la nécessité des habitudes paysannes. Il y avait peu de chance à présent que les fils d'Erlend pussent jamais mener la vie de jeunes nobles.
Je suis comme un oiseau couché par terre qui agite ses ailes brisées. Il ne peut plus s'éloigner de l'endroit où il est tombé et il ne voit pas au-delà des traces laissées par le sang qu'il perd. Si j'essaie de penser à ce qui a été autrefois, je me souviens seulement du présent. Si je me rappelle le temps où je vivais joyeuse et sans soucis, je me figure seulement que ce temps n'a été que pour préparer mon malheur d'aujourd'hui.
Il avait, leur raconta-t-il, une sorcière de Laponie qui était âgée de deux cents ans et si desséchée qu'elle n'était "pas plus grande que ça". Il la gardait dans un sac de cuir, dans le coffre qui se trouvait dans sa remise à bateaux. Eh ! oui, bien sûr qu'elle mangeait toutes les nuits de Noël la cuisse d'un chrétien - cela lui suffisait pour une année. Et s'ils n'étaient pas sages et gentils, s'ils ne cessaient pas de tourmenter leur mère qui était malade, ils iraient eux aussi dans le sac de cuir.
Erlend, Erlend !... Après qu'elle l'eut rencontré dans sa jeunesse, la vie devint pour elle comme un fleuve rapide qui franchit souches et rochers.
Les sentiments qui avaient grandi en elle avec le temps furent emportés comme sont entrainés la foret et la végétation des montagnes par l'avalanche. Le rocher reste nu.
- Je l'aime autant que j'aime le loup de la foret. Si jamais nous nous rencontrons, il faudra que l'un de nous meure.
- Je suis comme un oiseau couché par terre qui agite ses ailes brisées. Il ne peut plus s'éloigner de l'endroit ou il est tombé et il ne voit pas au-delà des traces laissées par le sang qu'il perd. Si j'essaie de penser à ce qui a été autrefois, je me souviens seulement du présent. Si je me rappelle du temps où je vivais joyeuse et sans soucis, je me figure seulement que ce temps n'a été que pour préparer mon malheur d'aujourd'hui.
Il n'est pas facile de connaitre l'état d'esprit d'une femme.
- Est vraiment libre qui n'a rien.
- Toutes les choses que possède un homme le tiennent plus que lui-même ne les tient.
C'était vrai, sans doute, ce que les prêtres lui avaient dit, que le péché rongeait l'âme d'un homme comme une rouille, car il n'avait de repos ni de paix à vivre auprès de sa douce bien-aimée, il n'aspirait qu'à fuir loin d'elle et de tout ce qui la concernait...
- Te voilà donc ici, cousin !... Moi qui m'attendais à apprendre que tu étais un homme marié et établi.
- Nenni, je ne me marierai que si je dois choisir entre la femme et la potence, dit Ulf en riant.
- [...] Dieu m'assiste, Christine, je ne crois pas pouvoir te perdre ; je ne connaîtrai plus la joie, si je ne t'obtiens pas.
Pour aucune autre il n'avait éprouvé de l'amour. Ingunn, la femme de Karl de Bru ? Laurent rougit dans les ténèbres de la grange. Il avait toujours habité chez eux quand il descendait dans la vallée. Pas une seule fois il n'avait parlé dans une chambre à part avec la maîtresse de maison. Mais quand il la voyait, quand il pensait simplement à elle, il respirait quelque chose comme la première odeur des terres au printemps, dès que la neige s'en est allée. Il le savait maintenant : cela aurait pu lui arriver, à lui aussi - lui aussi aurait pu aimer.
- [...] les bons jours échoient aux gens raisonnables, mais les meilleurs sont la récompense de celui qui a le courage d'être fou.
Elle savait que dans la sauvage forêt rôdaient le loup et l'ours et que sous chaque pierre demeurait le peuple des génies, des lutins et des elfes, et cela lui faisait peur, car personne n'en connaissait le nombre, mais il devait y en avoir bien des fois plus que de chrétiens.