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Citations de Sigrid Undset (161)


Cela lui fit l'effet d'un réveil, quand ils sortirent de la forêt et traversèrent les prairies au-dessus des Martestokker. Le soleil était bas, et la ville et la baie s'étendaient à leurs pieds dans une lumière claire et pâle. Dans le calme du soir, les bruits arrivaient de loin comme s'ils sortaient de la fraîcheur des bas-fonds. La roue d'une voiture grinçait quelque part sur un chemin ; des chiens aboyaient en se répondant, dans les fermes, à travers la ville. Mais, dans la forêt, derrière eux, les oiseaux faisaient entendre à pleins gosiers leurs trilles et leurs chants. Le soleil, maintenant, était couché.
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- C'est que je me rappelle une chose que dame Aashild a dite un jour, répondit Kristin. Je n'étais alors qu'une enfant, mais c'était à peu près ceci : que les bons jours échoient aux gens raisonnables, mais que les meilleurs jours sont la récompense de celui qui a le courage d'être fou.
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Au fond de la vallée, les ombres plus épaisses faisaient déjà régner le crépuscule sur les terres brunes et nues ; cependant l'air de cette soirée de printemps paraissait saturé de lumière. Les premières étoiles scintillaient, humides et blanches, dans le ciel, là où le vert glauque du couchant se fondait peu à peu avec le bleu sombre de la nuit.
Mais au dessus de la ligne noire des montagnes, de l'autre côté de la vallée, trainait encore un liséré de lumière jaune dont le reflet éclairait la paroi de rocher escarpée qui surplombait la route. Et tout en haut, ce même reflet faisait briller les crêtes neigeuses et étinceler les glaciers, d'où jaillissaient des ruisseaux qui bruissaient sur le versant. L'air tout entier frémissait de leur chant. En bas, le grondement puissant du fleuve leur servait d'accompagnement. Puis il y avait le gazouillis des oiseaux s'élevant de tous les bosquets, de tous les taillis, de tous les coins du bois.
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Son visage était tout ridé, mais d'un blanc et d'un rose-rouge aussi pur que celui d'un enfant, et il semblait que la peau dût être aussi tendre et fine à toucher. Sa bouche était rouge et fraiche comme celle d'une jeune femme, et ses grands yeux jaunâtres étincelaient. Un fin mouchoir blanc lui enserrait le visage et était attaché sous le menton par une agrafe d'or ; elle avait en outre un voile de laine moelleuse bleu sombre bien ajusté. Elle était droite comme un cierge et Kristin avait l'intuition qu'elle n'avait jamais vu une femme aussi jolie et aimable que cette vieille sorcière avec qui les grandes familles ne voulaient point se commettre.
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À la maison on demeure à tout jamais des enfants.
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Elle avait été très malheureuse tout au long de l'automne. Elle avait beau se dire à elle-même que Beintein n'avait réussi à rien lui faire ; elle se sentait malgré tout comme souillée.
Rien ne pouvait plus être comme cela avait été auparavant depuis qu'un homme avait osé vouloir sur elle quelque chose de tel. Elle demeurait éveillée pendant les nuits et la honte la brûlait ; elle ne pouvait s'empêcher d'y penser. Elle se rappelait le corps de Bentein contre le sien pendant leur lutte, son haleine brûlante qui puait la bière. Elle ne pouvait fuir l'idée de ce qui aurait pu arriver, et elle se rappelait, dans un frisson de toute sa chair, ce qu'il avait dit, s'il n'y avait pas moyen de tenir la chose secrète, et qu'Arne en serait accusé....
Elle en venait ensuite à penser qu'elle aurait dû tuer Bentein ou le rendre aveugle. C'était le seul soulagement dont elle trouvât à se repaître dans ses rêves de vengeance contre le sombre et ignoble individu qui se trouvait toujours en pensée sur son chemin. Mais ce lui était jamais d'un long secours ; elle passait ses nuits à pleurer à chaudes larmes à côté d'Ulvhild, pour tout ce qui avait été tenté de violence contre elle. Bentein avait tout au moins réussi à briser sa virginité dans son âme.
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Sa figure de pleine lune ressemblait tout à fait au cul d'un petit enfant, la main vous démangeait de la claquer !
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Erlend regardait sa jeune femme avec convoitise quand il la rencontrait dans la cour. Jamais elle n'avait été aussi belle - grande et svelte dans sa simple robe de bure brune, couleur de la terre. Le grossier fichu de lin qui lui couvrait les cheveux, le cou et les épaules rehaussait encore la blancheur resplendissante de sa peau. Quand le soleil de printemps tombait directement sur son visage, on eût dit que la lumière pénétrait profondément dans sa chair, tant elle était pâle ; ses yeux et ses lèvres paraissaient diaphanes. S'il descendait dans la petite chambre pour voir l'enfant, elle baissait ses longues paupières blanches dés qu'il la regardait. Elle paraissait si timide et si pure qu'il osait à peine toucher sa main. Si elle donnait le sein à Naakkve, elle jetait son foulard de tête sur le peu qu'il eût pu apercevoir de son corps blanc. Il semblait à Erlend que l'on fût en train de lui prendre sa femme pour la consacrer à Dieu.
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Comme il posait ses mains sur ses seins et les étendait sur sa poitrine, elle eut l'impression qu'il lui ouvrait le cœur et le prenait ; il écarta légèrement les plis de la chemise de soie et déposa un baiser au milieu. Elle eut chaud jusqu'aux racines de son cœur.
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Elle demeurait agenouillée, absorbant tous les bruits de la nuit. Le vent soupirait délicieusement, le fleuve bruissait par-delà les bosquets derrière l'église, et le ruisseau courait aussi en travers du chemin ; partout, tout près et au loin, elle percevait à demi, par la vue et par l'ouïe, les cordes ténues de l'eau qui courait et dégouttait. Le fleuve luisait, tout blanc, en bas dans le village. La lune montait en glissant au dessus d'une petite faille ; il y avait de petits scintillements sur les feuilles et les pierres humides de rosée, et une lueur mate et sombre venait des poutres récemment goudronnés du clocher qui se trouvait près de la grille du cimetière. Puis la lune disparut à nouveau là où la croupe de la montagne se relevait. Il y avait maintenant beaucoup plus de nuages blancs et brillants dans le ciel.
Elle entendit un cheval qui montait le chemin d'un pas lent ; des voix d'hommes qui causaient sur un ton bas et égal. Elle n'avait point peur des gens ici où elle connaissait tout le monde ; cela la rassura.
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Und das leben ist so kurz und man ist so lange tot.

La vie est si courte et la mort si longue.
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Tous ceux qui, dans le pays, pouvaient marcher ou même ramper, suivirent le cortège.
Mais peu de jours après, une femme mourut près de Stroemmen, et l'épidémie éclata dans toute la région à la fois. La mort, l'effroi, la misère semblèrent précipiter les hommes dans un monde où le temps n'existait plus.
Le mal ne sévissait que depuis quelques semaines, si l'on comptait d'après les jours, et déjà on eût dit que ce qui avait été avant que la peste et la mort ne se fussent mises à chevaucher toutes nues à travers le pays, avait disparu de l'esprit des hommes, comme la côte s'enfonce aux yeux du voyageur dont le navire est poussé au large par un vent violent.
Personne n'osait plus se rappeler le temps où la vie, la suite régulière des jours de travail étaient l'ordre sûr et naturel des choses, et où la mort ,n'était qu'une éventualité lointaine.
Personne ne pouvait se représenter qu'il en serait à nouveau ainsi - si toute l'humanité n'était pas exterminée d'ici là.
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Au coucher du soleil Christine était assise sur la hauteur au nord des bâtiments de la ferme.
Jamais auparavant elle n'avait vu le ciel aussi rouge et aussi doré. Au-dessus de la pente, juste en face d'elle, il y avait un grand nuage ; il avait la forme d'une aile d'oiseau, avec des incandescences de fer dans la forge, des clartés pareilles à l'ambre jaune. De petits flocons dorés qui ressemblaient à des plumes s'en détachaient et voguaient dans le ciel. Tout à fait en bas, sur le lac, au fond de la vallée, se reflétaient les images du ciel, du nuage et du versant de la montagne. On eût dit que des profondeurs montait la flamme de l'incendie qui embrasait tout ce que Christine apercevait.
L'herbe dans les prairies avait atteint toute sa croissance, et les tiges soyeuses brillaient d'un rouge sombre sous la lumière pourpre qui tombait du ciel. Les épis de seigle avaient poussé et retenaient l'éclat du jour sur leurs jeunes barbes satinées. Les toits des bâtiments de la ferme étaient couverts d'oseille et de renoncules jaunes qui émaillaient le gazon et le soleil épandait sur elles de larges rayons ; les bardeaux noirâtres du toit de l'église avaient un éclat sombre et les pierres claires de la construction une couleur dorée.
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Elle croyait se voir elle-même, à une très longue distance, toute petite dans l'éloignement du temps et de l'espace, inondée de la clarté du soleil qui se glissait par le trou à fumée dans leur vieille maison à foyer, la maison d'hiver de son enfance. Ses parents se tenaient un peu en retrait, dans l'ombre ; ils prenaient les dimensions fantastiques qu'ils avaient à ses yeux quand elle était petite, et ils lui souriaient comme elle savait à présent que l'on sourit lorsque arrive un petit enfant qui chasse vos lourds et pénibles pensers.
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La lune brillait très haut au-dessus des montagnes du coté de la terre ferme et l'eau s'étendait noire à leurs pieds, mais au-delà du fjord les flots brillaient comme des plaques d'argent. Aucune fumée ne montait des trous à fumée ; sur les toits des maisons les gouttes de rosée du gazon scintillaient au clair de lune. Nul être humain dans les courtes ruelles de la ville quand messire Erling descendit rapidement les quelques mètres qui le séparaient de la maison royale où il allait dormir. Il paraissait étrangement frêle et petit sous la clarté lunaire, tremblant un peu de froid, avec son grand manteau serré contre lui. Quelques jeunes hommes ensommeillés qui l'avaient attendu là-haut se précipitèrent dans la cour avec une lanterne. Le sénéchal prit la lanterne, envoya les hommes se coucher et eut de nouveau un léger frisson de froid en montant au grenier de la maison aux provisions où il couchait.
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Personne ne savait plus quelle heure de la nuit il pouvait être. Déjà la grisaille du petit jour grimaçait à travers le trou à fumée.
Puis après un long cri d'effroi insensé, il y eut un calme absolu. Erlend entendit que les femmes s'affairaient. Il allait regarder, quand il entendit quelqu'un pleurer bruyamment. Il se blottit de nouveau. Il n'osait pas savoir.
Alors de nouveau Kristin cria - un haut et sauvage cri de douleur qui ne ressemblait pas aux hurlements déments et inhumains d'avant. Erlend s'approcha.
Gunnulf était penché et tenait Kristin, toujours à genoux. Les yeux pleins d'une horreur mortelle, elle regardait fixement une chose que dame Gunna tenait dans une peau de mouton. Le paquet informe, rouge-brun, ressemblait aux viscères d'une bête de boucherie.
Le prêtre la serrait contre lui.
" Ma Kristin, tu as mis au monde le fils le plus joli et le plus mignon dont aucune mère ait jamais eu à remercier Dieu - et il respire ! dit Gunnulf vivement aux femmes en pleurs. Il respire… Dieu n'est pas si cruel qu'Il ne veuille nous entendre…"
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Mais les femmes de mauvaise vie venaient au devant de lui dans une attitude hardie et provocante ; elle l'avait vu rempli de curiosité comme un chat : on l'eut dit enveloppé d'une légère insouciance libertine, comme d'un nuage de poussière.
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On entendait mugir le taureau étrange quelque part, au loin. Partout ailleurs, le silence était si grand qu'il faisait mal. Seuls l'interrompaient le bruit de la rivière au bas du clos, le gazouillement du ruisseau sur le versant et un frémissement sourd qui courait dans le bois, une sorte d'inquiétude parmi les sapins, qui grandissait, s'apaisait, disparaissait pour reparaître.
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Les hommes allaient à skis à travers champs, mais Erlend avait donné les siens à un compagnon ; il marcha en tenant Kristin sous son manteau jusqu'au bas de la côte. Il faisait tout à fait nuit à présent, avec un ciel étoilé.
Alors, de la forêt derrière eux, parvint un hurlement diffus qui croissait peu à peu dans la nuit. C'étaient les loups - il y en avait plusieurs. Erlend s'arrêta en frissonnant, lâcha Kristin, et celle-ci senti qu'il faisait le signe de la croix tandis qu'il serrait sa hache dans l'autre main. " Est-ce que tu aurais… oh ! non… " Il l'attira à lui si rudement qu'elle en fut attendrie.
Les skieurs qui étaient dans la prairie firent volte-face et revinrent en hâte vers eux. Ils mirent leurs skis sur leurs épaules et se serrèrent autour de Kristin avec leurs lances et leurs haches. Les loups les suivirent tout le long du chemin jusqu'à Husaby - à si faible distance que de temps à autre on les entrevoyait dans l'obscurité.
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Ils sortirent alors de la ferme dans le petit jour gris. Une brume blanche comme du lait couvrait le village. Mais au bout d'un instant elle commença d'être plus légère, puis le soleil se coula à travers. Et, sous la rosée qui s'égouttait, on voyait briller dans le brouillard blanc les regains verts des prairies, les chaumes pales, les arbres jaunis et les sorbiers aux baies rouges qui scintillaient. Les flancs de la montagne paraissaient bleus, et allaient se perdant dans la brume et les vapeurs. Puis le brouillard se déchira et se divisa en flocons sur les versants des montagnes, et ils descendirent la vallée sous le soleil le plus magnifique, Kristin en tête du groupe, à côté de son père.
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