Citations de Simon Jimenez (56)
Ses souvenirs tombèrent comme des gouttes d'eau sur une langue sèche. Elle s'en désaltéra.
"Écoutez, il faut amputer..." (...) "Alors, le type m'a regardé le plus sérieusement du monde et m'a dit, "Pas de problème, docteur, coupez-moi le bras, si nécessaire, mais débrouillez-vous pour me laisser mes doigts."
Quoi que tu penses, je ne suis qu'un simple mortel, et la facilité avec laquelle l'humanité recourt à la cruauté face à la peur ne cesse de me surprendre.
p 290
La durabilité énergétique est une belle idée, en théorie, tant que le facteur humain n'entre pas en ligne de compte.
p123
Mes jours de Lune ne sont jamais loin de mon esprit. Ces jours de forêts de lait froid et de rivières d'argent sont un refuge sacré dans les îles de ma mémoire. Je rêve de rares fleurs de minuit qui s'ouvrent au ciel nocturne, s'abreuvant de mon rayonnement, et d'amoureux dans les bois, couverts de rosée et rouges de confusion, inhalant ma lumière lunaire à travers leur peau. J'étais autrefois d'une grande beauté.
"_Ils t'ont beaucoup pris, mais pas tout, apparemment, dit-il de sa voie multiple. Ils se trompent en croyant que les souvenirs ne résident que dans l'esprit, alors qu'ils habitent aussi les os et le sang."
Le fils du maire était assez jeune pour, un jour, oublier l'étrangeté de ce moment. Avec le temps il ne se rappellerait plus le malaise suscité par la présence des touristes dans les rues, leurs regards curieux pénétrant partout, semblant s'ériger en juge de son mode de vie. Il ne se souviendrait pas de sa colère, quand l'un d'eux, goûtant à la saveur amère d'un bol de dhuba non raffinée, fit la grimace et recracha par terre, sous les rires de ses amis. il oublierait sa joie et son embarras, quand un autre, s'accroupissant devant lui lui demanda son nom. Un jour, sa mémoire des premiers touristes s'effacerait. Il croirait qu'ils avaient toujours été là; que, bien sûr, ils pouvaient traverser un champ, sans respecter la terre ou les tiges, pour obliger un moissonneur surpris à le laisser manier sa machette. Il trouverait cela normal.
La vie s'adapta à leur présence, de nouveaux bâtiments s'élevèrent pour les accueillir en nombre croissant. Les officiels suggèrerent aux habitants du Cinquième village d'apprendre la langue commune des stations. Certains visiteurs restèrent pour l'enseigner aux enfants. À huit ans, le fils du maire se débrouillait déjà, faisant la fierté de ses parents, du moins le pensa-t-il dans un premier temps. Il ne comprenait pas pourquoi ils lui interdisaient de l'employer à table, sous leur toit. Jamais ils ne lui expliquèrent la raison de cette règle, mais il obtint un début de réponse en surprenant parfois son père qui le regardait comme s'il ne le reconnaissait pas.
Il obéit. Il garda la nouvelle langue pour lui. Et il absorba les enseignements des outresmondains, sans s'apercevoir que, peu à peu, sa vie commençait à se scinder en deux. Mais que faire, à part s'adapter ? Le changement arrivait, de toute façon. (P.455)
Quand on a une vie aussi longue que la mienne, on a accès à presque tout. En un clin d'œil, j'obtiens les données démographiques à l'échelle d'une planète, je suis informée des bruits qui courent dans la population, de ses mystères. Je vois la mosaïque dans sa totalité. Les disparitions inexpliquées. Les cas attribués à une combustion spontanée. Les uniques survivants, trouvés dans les débris d'une épave. Les corps nus, intacts, ignorés par les flammes, qui errent, amnésiques, puis se volatilisent à nouveau, pour de bon. Pour qui sait où regarder, un schéma finit par émerger. (P.190)
"_Mais tu l'aimes bien ? s'enquit Ahro.
Royvan rit.
_Je l'aime beaucoup, répondit-il. Mais je ne la connais pas du tout.
_Qui connaît qui que ce soit ? marmonna Em dans son gobelet.
_Bien dit, idiot."
- Il est un peu étrange" reconnut Kaeda. Il frotta sa vieille cicatrice. "Mais ce n'est pas forcément un défaut."
p 44
Ne juge pas le parent qui se tait aux pleurs de son enfant. Il y a trop de raisons sur terre comme au ciel de décevoir ceux que nous aimons.
Kaara/ Tak-Lina était debout sur son embarcation et ramait. Ses coups étaient beaucoup plus légers que ceux de ses compagnons ; alors que les leurs étaient amples et puissants, comme le galop d un cheval, les siens étaient brefs, caressants, la différence entre un murmure et une exclamation ; et pourtant, elle couvrait autant de distance, sinon plus, avec ces mouvements si retenus. Elle remarqua le signe de tête de Keema et sourit. "Je suis curieuse de savoir comment un infirme se retrouve mêlé à ma trame des dieux et des rebellions ", dit elle.
"_Jusqu'à ce que je commence à devenir célèbre. Là, elle a enfin commencé à me traiter comme sa fille.
Dana soupira.
_Bon sang. Vous méritez mieux.
Fumiko ralentit le pas en entendant ce lieu commun.
_Qu'en savez-vous ?
La question prit Dina au dépourvu.
_N'importe quel enfant mérite qu'on l'aime sans réserve, c'est tout."
Ils se sont battus parce que c'était la langue la plus facile à parler.
Prends ma journée, chantaient-ils, mais laisse moi la nuit. Mets du bois dans la cheminée et verse à boire, je rentre te retrouver.
Des gens sont morts pour que nous puissions vivre. D autres ont souffert pour que nous puissions prospérer. C est ainsi que va le monde. Croire le contraire, c'est ne jamais grandir.
"Impossible d'échapper au temps. Rien pour s'occuper, sauf cet hommage rendu aux morts. C'était sa nouvelle vie - la redécouverte du passé."
Peu importe depuis combien de temps tu fais quelque chose, disait-elle, tu peux toujours le foirer dans les grandes largeurs.
"Du peu de choses que la vie avait encore à lui offrir, sa mémoire était ce qu'elle avait de plus cher."
Au fil des semaines, des mois, elle se transforma en fantôme. Elle s’inscrivît résolument dans l’impermanence, se persuadant du caractère éphémère de son existence