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Citations de Sophie Brocas (234)


Les mots sont des coquillages vides. Ils ne rendent pas compte à leur juste mesure du chatoiement, de l emportement, des cieux prodigieux que je découvre entre ses bras.
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Ce ne sont pas les larmes de l orphelin qu il veut montrer, c est donner à comprendre la douleur de son âme. Ce n est pas la plume soyeuse de l oiseau qu il veut représenter, c est la liberté de son vol. Ce n est pas le détail d un visage qui l obsède, c est l étincelle de l esprit. Voilà ce que dit Brancusi.
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Ici, c est le monde entier qui se presse, se croise, se hèle, s interpelle, se moque, se découvre, se renifle, s aime, se quitte, se retrouve, s évite, s invite. Tant d accents rauques, de belles langues, d inflexions chantantes, d outrages à la grammaire, de verbes maltraités, d expressions inventées, de moues à la place des mots tricotent un langage cosmopolite, coloré, poétique, vivant. Le Quartier latin, c est Paris qui relève la tête avec la fierté orgueilleuse de la jeunesse et qui éclate d un rire franc à la face du vieux monde.
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Vénus Ravani, alias Camille, juriste sans état d âme, experte dans l art de réaliser des plus-values, tricoteuse de compétition, venait de basculer dans un camps inconnu : celui des combattants pour une cause. Mais elle ne le savait pas encore.
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(...) Le baiser de Brancusi lui fit l effet d une eau claire et vivifiante du torrent.
Elle vit dans le long bloc un poème résolument moderne, une déclaration d amour à la vie, à l ardeur, à l union. Elle fut frappée par cette sculpture naïve, presque enfantine, ou brute dans son rendu, qui vous pénétrait instantanément du sentiment de la passion absolue. On était loin des visages éplorés, des drapés, des tourelles, des ferronneries. On était dans un ailleurs, celui des êtres liés par l indicible des sentiments.
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Vénus ! Elle haïssait ses parents de l avoir affublé d un tel nom de baptême. Qu ils soient des admirateurs de l art antique, qu ils prenaient pour une marque de bon goût sans en posséder les premiers rudiments, n était en rien une excuse à ses yeux.
Si elle s était trouvé jolie, gracile, féminine, peut-être l aurait-elle aimé ce Vénus si suggestif. Or elle ne s aimait pas. Elle se trouvait trop grande, trop carrée, la poitrine sans relief, la canine trop pointue. (...)
Pour elle, il n y avait rien à faire : s appeler Vénus lorsqu on se croit massive comme un cheval de trait, cela n évoquerait jamais la splendeur, le charme, l harmonie.
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Au bout de deux mois, cette existence millimétrée a été ma bastille. Le mutisme souriant dans lequel je m étais enfermée pour mieux enfouir mes pensées révoltées, l apparement silencieux de Tante, cette vie sans frisson m ont donné l impression d?être entrée déjà dans la longue nuit du renoncement qui conduit à la mort.
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Soudain un membre éminent de ma famille affirmait clairement ce que je percevais confusément depuis des mois. Dans son livre, le grand Nikolaïevitch Tolstoï dénonçait la misère massive des ouvriers des villes. Il condamnait l inégalité des conditions sociales, le contraste insupportable entre la richesse de quelques uns et la misère des innombrables. Et il en tirait des conclusions claires. Les riches aristocrates devaient cesser d être la cause de la misère des pauvres en cédant leurs fortunes aux gens de peu. Demain les classes seraient abolies. La terre reviendrait à ceux qui la travaillent. L artiste créerait pour la masse. Nul ne recevrait davantage que le nécessaire pour assurer sa subsistance. Demain, un homme moral résisterait à l État comme à l Eglise.
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Car Tante est tout entière engagée dans une compréhension étriquée de l existence. Dans la face lumineuse de son monde, il y a l ordre. Dans la face obscure et dangereuse, le désordre. (...)
Dans le monde d ordre de Tante, chaque être a une place immuable qui lui a été assigné par Dieu et qui l accompagnera jusque dans la froideur du tombeau.
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Quel désastre. La Seine, d ordinaire si indolente, est en furie. J étais magnétisée par ses eaux grosses de boue. Des courants mystérieux se faufilaient au fond de son lit comme des serpents noirs. Des saletés écumantes s agglutinaient autour des arches comme si elles voulaient dévorer les piles du pont.
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J'aimerais trouver les mots pour écrire le parfum musqué de sa peau, là, juste dans le pli de l'aine, les palpitations cœur à cœur, les chairs mêlées, les baisers bouche à bouche, le râle tellurique venu du tréfonds de la terre quand il jouit. Mais les mots n'y suffisent pas. Les mots sont des coquillages vides. Ils ne rendent pas compte à leur juste mesure du chatoiement, de l'emportement, des cieux prodigieux que je découvre entre ses bras.
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Ce grand artiste, cet homme mystérieux, ce sculpteur puissant, cet inventeur de ruptures me reconnaît dans ma liberté de femme. Mon désir, mon corps, ma volonté m'appartiennent. Je ne m'évapore pas dans son instinct. Je ne suis pas son objet. Je peux dire oui. Ou non. Je suis un être debout, invité à découvrir en lui-même les chemins vivifiants de sa propre soif.
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Il n'est pas supportable qu'une jeune fille soit réduite à choisir entre le déshonneur et la chasteté forcée, entre le mariage qui ne satisfait que son instinct et le mariage qui ne répond qu'à sa prudence.
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Le monde change. Les femmes sont avocates. Elles entrent même à la Bourse à ce qu'on dit. Il faut nous rebeller pour être admises comme des égales. Et toi, tu fais l'inverse ? Tu te soumets. Tu la joues à la régulière. C'est pas comme ça qu'on se refera la cerise ma p'tite Tania. Et puis, au pire, si tu veux vraiment, vraiment, vraiment te marier, tu mettras un peu de sang de bœuf sur le drap de tes noces et le tour sera joué ! Allez, moi il faut que je retourne au bouclard.
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C'est si intime une chevelure. Je ne la libère jamais ailleurs que dans ma chambre. Et c'était la première fois que je la détachais devant un homme.
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C'est si étonnant que les arbres fassent tant d'efforts chaque printemps pour se rhabiller entièrement, alors qu'il serait si facile qu'ils conservent leur feuillage d'un bout à l'autre de l'année.
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Il dit que, dans la nature, l'homme ne lutte pas avec les éléments. Non, dans la nature, l'homme est partie prenante du cycle de la vie, maillon infime du grand tout, ruisseau fragile qui rejoint le vaste océan.
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Aujourd'hui, j'en fais serment : je ne serai jamais la propriété d'aucun homme. La femme en noir m'a fourni la clef : me tenir éloignée et séparée des hommes pour donner à mon être tout l'espace nécessaire à son épanouissement. C'est décidé : je serai la guerrière fiévreuse de mon indépendance.
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Pour elle, l'utérus n'est pas un organe privé appartenant à chaque femme, mais un espace public que se disputent tous les pouvoirs en concurrence pour sa maîtrise : l'Église, les gouvernements, les hôpitaux, les patrons d'usine et même les maris. Pourquoi ? Parce que cette cavité est une fabrique à reproduire. C'est dire si la femme est un enjeu politique. Non pour son être mais pour son sexe.
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À les regarder vivre, à les écouter en silence, je mesure chaque jour davantage combien il faut de volonté et d'astuce pour survivre quand on n'a pas le sou. Ils logent dans une pension de famille tenue par une patronne soupçonneuse, au 4, rue du Fer-à-Moulin, payent leur mansarde 25 francs et dînent pour 2 francs les soirs de gala. Sinon, ils se contentent d'un bout de pain et d'une fricassée de légumes préparée à la va-vite dans la cuisine commune avec un thé étendu d'eau brûlante.
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