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Citations de Sophie Brocas (234)


La mort est la chose la plus certaine de notre vie. Pourtant, elle nous surprend toujours.
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Aussi peut-on être une victime pour la vie. mais on peut aussi parier pour la vie. Décider que la douleur ne nous aura pas, qu'elle ne mènera pas notre vie, ne sera pas notre destin. on peut se dire : OK, j'ai une grande balafre mais elle ne m'empêche pas de vivre si j'évite d'appuyer dessus. Cette cicatrice me donnerait presque du caractère, une allure tout à fait unique, si tu vois ce que je veux dire.
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LEUCÉMIE. C’est un mot cru, tout nu, obscène, un mot terroriste, tu ne trouves pas ? Il t’oblige à voir. Il te force à comprendre. Il sème la terreur. Ce n’est pas comme néoplasie, oncologie, ou d’autres mots compliqués qui ne se laissent pas aisément attraper par le commun des gens. Non, leucémie, c’est la mort qui s’invite avec sa morgue dans ta maison.
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Avec le temps et les années, je me suis fatiguée de cette frénésie de disputes. J’ai appris à m’endurcir pour que les moqueries de Léon ne m’atteignent plus, comme quand on se mord les joues pour ne pas céder aux chatouilles. J’ai cultivé la distance et l’indifférence. J’ai grandi comme une fille unique, objet de l’amour absolu de sa mère.
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Le pire, ma terreur absolue, c’était les exercices de maths et de géométrie. Quand maman, vaincue d’avance par le mystère de l’énoncé, me renvoyait vers Léon sous prétexte qu’il avait fait des études techniques, je me présentais, tremblante, devant sa chambre. Une fois sur deux, un sonore « fous-moi le camp, la pisseuse » m’accueillait. Mais quand Léon daignait accorder une minute d’attention à mon exercice et m’en expliquer le principe, c’était comme si ma raison décidait soudain de faire des nœuds. Impossible de comprendre. La règle de trois ? Un gouffre. Les probabilités ? Une énigme. Les racines carrées ? Un supplice.
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Léon a vingt ans de plus que moi. Jamais, il n’a joué avec moi. Jamais, il ne m’a raconté d’histoires, ne m’a emmenée en balade. Jamais, il ne m’a appris à pêcher à la mouche, à faire du vélo ou à construire des cabanes. Léon ne me voyait pas. Il me terrorisait. Pire, il me tyrannisait. Je crois même qu’il prenait du plaisir à m’humilier, à m’effrayer. « Tu verras, ta nouvelle maîtresse déteste les pipelettes. On la dit très sévère. Sûr que tu seras punie. » « Les petites filles désobéissantes, la sorcière Cruella les enlève pendant leur sommeil et les cache au fond du puits. »
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Au bout de quelques jours, ces 220 000 euros, ça m’a donné l’impression étrange d’être à la fois colossale et peu de chose. C’est bizarre, je sais. Oui, j’avais désormais le pouvoir de changer d’existence. Mais le trésor ne durerait pas toute la vie non plus. À 2 000 euros par mois, en dix ans, tout se serait envolé. Alors, que faire ? Dépenser l’argent tout de suite pour m’en débarrasser ? L’économiser pour le faire durer ? Un peu les deux, peut-être ? Me faire plaisir à moi ou penser aux autres ? Arrêter de travailler ou continuer comme si de rien n’était ? Et les gens, comment me regarderaient-ils ? Ils se pousseraient du coude à mon passage, en chuchotant : « Mais si, tu sais bien, c’est la fille du Loto. »
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La nuit, j’ai commencé à faire des cauchemars. Dans mes mauvais rêves, cette pile de billets qui s’élevait vers le ciel menaçait de s’effondrer sur moi. Je ne parvenais pas à la retenir. Elle allait m’étouffer. Si tu savais comme cette montagne d’argent m’a alors angoissée. Mais me comprendras-tu ? Je vois bien que ta vie est confortable. Tu ne te poses guère de questions quand tu repeins ta maison, quand tu organises une fête avec tes amis ou que tu vas au théâtre. L’argent n’est pas un souci pour toi. Tu ne comptes pas.
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Chez nous, le Loto, c’était un rituel aussi sacré que le poulet du dimanche. Il y avait même un budget pour ça. Un budget loisirs, plaisir, liberté. Soixante francs, qui sont devenus 10 euros ensuite. Quelquefois, on a gagné notre mise. C’était modeste mais comme la confirmation qu’un jour, le gros lot serait pour nous. Alors, tandis qu’on attendait le tirage, toute la famille serrée devant la télé, chacun espérant détenir les numéros gagnants, le papillon de l’espoir, de la chance, de la vie facile, voletait à chaque fois dans nos ventres, dans nos têtes. Et si c’était pour aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’on ferait de tout cet argent ? Quelles folies, quelles vacances, quelle voiture ? Durant quelques instants, une excitation envahissait notre salle à manger pour se dissiper, sitôt les numéros tirés.
Rien ! Nous n’avons jamais rien gagné, hormis notre mise, trois fois. Dans la famille, il était dit que rien ne nous serait donc donné sans effort, sans sueur. Cela ne nous a jamais découragés pour autant. Maman racontait souvent que mon père avait une solide théorie au sujet du Loto. Ne jamais changer de numéros : avoir toujours la même martingale augmente ses chances, c’est mathématique !
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C’est que, trois mois avant la terrible nouvelle, j’avais été foudroyée une première fois : le Loto. J’avais gagné au Loto ! 220 000 euros ! Un vertige. Un trésor.
Mais je dois d’abord te raconter comment le miracle de la chance a chamboulé ma vie, une vie qui depuis toujours faisait équipe avec la dureté. Je dois te dire la joie, et la terreur aussi, que cette fortune m’a procurées pour être certaine que ce soit Mado qui t’intéresse, et pas la gagnante.
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Je l’aime bien, Mo. Il est drôle. Un vrai pitre qui cache sa tendresse derrière des blagues à la noix. Et puis il me fait tellement rire quand il tricote ses histoires en mauvais français, avec tous ces mots qu’il charcute à sa façon. J’ai beau remettre d’aplomb ses phrases bancales, cet imbécile s’entête en affirmant que c’est ainsi qu’on parle au bled. C’est devenu sa signature. Moi, je crois qu’il le fait surtout pour m’amuser.
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C’est drôle comme on se souvient toujours de l’endroit où l’on se trouvait lorsque l’on a appris une bonne ou une mauvaise nouvelle. Quand ton père est mort, quand les deux avions se sont encastrés dans les tours jumelles, quand Lady Di s’est fracassée à Paris.
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Elle a toujours été là pour moi. J’aimais son regard doux. Il me donnait envie de faire des confidences. J’aimais ses rires qui grimpaient haut. Avec eux, la vie normale poussait la porte de ma chambre d’hôpital. Elle a le don de te faire voir le point de lumière en toi-même, l’éclat brillant, même quand l’araignée noire de la déprime te bouffe les yeux. Une façon toute personnelle de poser une question, de reprendre une phrase et d’ouvrir ainsi un large sillon vers l’horizon.
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Je crois qu’elle a beau être courageuse et remplie d’humanité, avec tous ces malades, ces bagarres, ces larmes, ces adieux, et malgré les victoires, un jour son armure secrète a fini par se fendre. Ce jour-là, elle a décidé de s’en aller vivre à la mer. De changer de vie, de virer de bord face à la mort. Je crois qu’elle rêvait d’ouvrir une librairie, qu’elle avait envie d’histoires qui se terminent bien, de tourner la page. Je la vois, cette librairie. Une pièce tout en bois, avec de longues tables recouvertes de livres qui brillent sous la lumière des abat-jour, comme une arche dorée.
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Elle était si élégante quand elle fumait. On aurait dit une femme du monde. Une aristocrate pleine de silences délicats face aux choses de la vie. Quand elle fumait en cachette, madame Astrid se tenait très droite. Alors, je le voyais bien, c’était comme si un immense cri s’apprêtait à jaillir d’elle.
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Elle avait tout son temps. Même quand mon silence se perdait dans la forêt de la fenêtre, même quand je vidais sa boîte de mouchoirs, que je ne pouvais plus parler parce que mon thé noir m’avait brûlé la gorge ou que mon menton tremblait trop à cause de la marée des larmes, elle avait tout son temps, madame Astrid.
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« … si je t’écris, c’est peut-être pour ne pas rester seul avec moi, comme on allume sa lampe la nuit quand on a peur. »


C’est Flaubert qui le dit.


C’est vrai, je ne suis pas Flaubert mais, moi aussi, j’ai décidé de t’écrire. T’écrire dans un grand cahier qui ne rougira pas de mes confidences, ne me posera pas de questions, n’interrompra pas mon récit.
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Camille dut encore remonter jusqu'au coin extrême de ce jardin du souvenir pour découvrir la petite tombe de Tatiana, coincée entre le mur du cimetière et la façade aveugle d'un grand immeuble du boulevard Raspail.
Ce fût un choc. Après toute cette Chantilly de décors finement ouvragés, ces odes au patriotisme et à la bravoure, après le triomphe de l'académisme, Le Baiser de Brancusi lui fit l'effet d'une eau Claire et vivifiante de torrent.
Elle vit dans le long bloc un poème résolument moderne, une déclaration à l'amour, à la vie, à l'ardeur, à l'union. Elle fut frappée par cette sculpture naïve, presque enfantine, ou brute dans son rendu, qui vous pénétrait instantanément du sentiment de la passion absolue. On était loin des visages éplorés, des drapés, des tourelles, des ferroneries. On était dans un ailleurs, celui des êtres liés par l'indicible des sentiments.
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C'est que la France a déclaré la guerre aux microbes. Des hommes comme le DR Bémard sont les vaillants généraux de cette bataille. Leur guerre est totale, absolue, sans quartier. Le docteur m'a raconté la révolution pastorienne, la création des égouts pour évacuer les eaux putrides, les avenues qu'on perce pour aérer, les vaccins qu'on rend obligatoires, les gants en caoutchouc pour éviter la contamination, les anesthésiques qui endorment les malades.
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Alors quoi ? Ne serais-je donc que sa muse irréelle comme l'a dit Marthe un jour ? Une muse, ça n'a pas un gros ventre dans lequel pousse un enfant. Une muse, ça n'accouche pas dans le sans et les humeurs. Une muse, ça ne se met pas au ban de la société. Une muse ne respire pas, ne souffre pas, ne pleure pas. Une muse, elle inspire et c'est tout.
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