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Citations de Sophie Chauveau (433)


- Pourquoi veux-tu que je renonce à me ronger les ongles ? Je leur dois tout. C’est grâce à eux que je suis peintre. À force de me faire saigner, en les arrachant avec mes dents, encore et encore, j’ai commencé à jouer avec le sang, et ça a fait des traînées de couleur aux formes émouvantes. C’est beau, le rouge du sang. Même mêlé de salive. Enfant, je passais des heures à tracer des lignes pour me désennuyer. Et tu me crois ? C’est la seule chose qui ne m’ait jamais désennuyé. Toute l’enfance. C’était tellement triste. Je n’ai rien aimé d’autre que de tracer des lignes et de les colorier avec le sang de mes ongles arrachés. Sans eux, je serais au mieux orfèvre, au pis tanneur chez mon père. En traçant ces arabesques de mon sang, j’ai appris à sentir l’espace de la couleur. Mes ongles, mes doigts furent mes premiers pinceaux.
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... j’ai repris l’urne à mes pieds et je l’ai posée entre nous. Je me suis servie de Mère en cendres pour faire barrage à la main de Père sur ma cuisse gauche. Pour la dernière fois. En cendres, je lui ai fait tenir le rôle qui aurait dû être le sien de son vivant : me protéger de lui. 
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Elle lui sourit. Elle est belle. Elle n’a plus l’âge de La Naissance de Vénus, mais elle est mieux finie aujourd’hui, moins indécise. Ses rides lui rappellent que pendant des années, elle a ri sans lui. Ces rides-là le bouleversent. Y réside toute sa fragilité. Toute sa force aussi. Elle a toujours cet air frondeur qui fit d’elle à vingt ans une femme tellement libre. Elle aussi à Carpe Diem se trouve exaucée. Elle est arrivée. Elle ne sait ni où ni à quoi, mais là où elle devait être. Là, près de lui.
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Il me faudra des décennies avant de découvrir, grâce à Bataille, Sade et Pauvert, que telle est précisément la définition du pervers : un qui ne sait pas que l’autre existe, qui pioche, prélève des morceaux choisis de l’autre sans imaginer que ça peut lui faire mal. Puisque lui ne sent rien. 
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Dévastée de honte et de culpabilité, la majorité des anciens enfants incestés se tait spontanément. Ils sont toujours terrorisés, hantés par la prémonition, régulièrement vérifiée, qu’on ne les croira pas. Qu’on risque toujours de leur demander des preuves…
« Reconnaître les faits, pouvoir les dire à quelqu’un de confiance est pourtant la première étape de toute reconstruction. La suivante étant le dévoilement devant la société, et/ou la justice », ajoute Cyrulnik. 
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Sophie Chauveau
Tous les hivers, ma mère croyait que j’allais mourir. Peut-être même l’espérait-elle. Pour ne pas l’entendre se plaindre, je dormais le plus possible. […] En plus, j’étais vraiment fragile, j’attrapais tous les miasmes qui traînaient[…] J’étais en sursis. L’an prochain, peut-être, je n’y serais plus. Te rends-tu compte que je n’ai même pas appris à lire. Et nous n’étions pas pauvres. J’ai appris à treize ans chez l’orfèvre pour illustrer le Dante ! Avant ce livre, rien. Après non plus. À part Dante, lire m’embête.
(C'est Sandro Botticelli qui le dit, créateur de "La Naissance de Vénus").

Roman "Le rêve Botticelli", page 17.
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En fait Mère ne savait pas du tout à quoi pouvait servir un enfant, à part encombrements, gêne, perte de temps… ni bien sûr ce qu’il était usuel de faire pour l’élever. Alors elle m’a convertie en copine-confidente comme si j’avais son âge. Et ça me flattait… Sotte mendiante qui se repaissait de n’importe quelle miette d’elle. Comme sous hypnose, je ne la quittais jamais des yeux, elle m’obnubilait… Je savais l’absence de réciprocité de mon amour pour elle mais je l’aimais tellement que je l’aimais pour deux. 
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Sophie Chauveau
Son amour pour Pipo* ne peut être immoral, ça ne peut pas être mal. C’est trop beau, trop grand, trop intense. Comment Jésus aimait-il l’apôtre Jean ? Ne dormait-il pas enlacé cotre lui ? C’est l’Évangile qui le dit.
[…] Si Botticelli ne le réprimait d’une poigne de fer en serrant son poignet, Pipo l’enlacerait en pleine rue à peine sortie de chez sa mère.
- Allez dépêche-toi. Je t’aime. Et je meurs d’envie que tu me perces de tes flèches…


Extrait du roman "Le rêve Botticelli", page 50.
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L’inceste n’est pas affaire de sexe mais d’abord et quasi exclusivement de pouvoir. Et même d’abus de pouvoir. 
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– Les artistes n’ont pas de patrie. Ils sont partout chez eux. Partout où ils créent. Les rois passent, les territoires changent de maitres, mais les artistes ne créent que pour l’esprit, la poésie, la beauté… Sans limites. Sans frontières.
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Sophie Chauveau
Il n’envisage pas ne pas dormir près d’elle. Il n’envisage rien d’autre que le réconfort de leurs deux corps apaisés. Meurtris de peines et de solitudes. […]
Elle ne prend pas la peine de se déshabiller, mais s’allonge de ses côtés. Tels deux gisants d’église qui se tiennent la main pour l’éternité. Ils s’endorment presque aussitôt, épuisés d’avoir osé. Pour parvenir à cette simplicité, à ce geste si paisible, pacifié, quel chemin parcouru de part et d’autre, hérissé de peur, de douleur, de chagrins, de malheur et de ressentiments.

Le rêve Botticelli, page 437.
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« La peinture est un poème qui se voit »
Léonard de Vinci
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Sophie Chauveau
À croire que pour lui, dessiner a remplacé le geste de caresser.
[…] Botticelli dessine les costumes de chaque jour. Il renouvelle les coiffures, les bijoux, tous les ornements. Pour les coiffures, Botticelli se découvre une vocation nouvelle, il coiffe lui-même ses amis et y prend un plaisir fou. Les mains perdues dans une chevelure généreuse, ses rêves s’envolent. Délirent. Dans des cheveux de ce blond vénitien qu’on appelle aussi roux, ondulés comme une guirlande de mariée, Botticelli se prend à jouer avec un plaisir indissimulable. Ça l’inspire.
Le lendemain, Sandra exige publiquement d’être à son tour coiffée par lui. Elle et lui sont seuls à savoir que Botticelli n’a toujours pas fait son portrait. […] En attendant, Botticelli prend un très étrange plaisir à peigner longuement ses cheveux longs et blonds qui humilient l’or. Des heures, elle demeure dos à lui, assise, pendant qu’il est debout, à peigner l’ensemble de sa chevelure. Face à sa psyché elle le surveille, il l’évite. Soudain, il a une idée.
- Sandra, accepterais-tu que je te croque à travers un miroir. De face, actuellement, je n’y arriverai pas.
[…] En attendant, Botticelli sème fébrilement des pétales dans ses coiffures, des perles aussi, et autant de fantaisies qu’il en invente. Les couleurs rivalisent de beauté. Les formes s’y mettent, tout semble chanter. Botticelli qui a commencé par se pâmer devant la diversité et la merveille de la nature, se met à la trouver dangereusement rivale : et s’il n’arrivait pas à faire mieux ? Terrible pari !

(Du roman "Le rêve Botticelli", chapitre15 : La naissance du Printemps)
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Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d’eux.

René Char
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Je ne dis pas que sans yeux nous verrions mieux, comprends-moi, je dis que l'oeil est une limite à la vision. ( échanges entre léonard de Vinci et Botticelli)
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Sophie Chauveau
Ça lui donne du courage ce mot de bonheur qui rebondit sur les murs de l’atelier comme si les chats jouaient à la balle avec.
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– Je suis un chercheur de liberté et de connaissances. Je respecte vos lois et vos coutumes, autant qu’elles conservent l’apparence de la raison. Je ne veux de mal à personne. Mais je revendique le droit au doute et à l’interrogation. Sans cette liberté-là, on brûle les fous au fer rouge, on extermine ceux qui ne partagent pas nos vues, on taxe de sorcellerie ceux qu’on ne comprend pas ou qui ne pensent pas comme nous.
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La tombe était ouverte, les croque-morts attendaient qu’on dépose l’urne pour la refermer. Mais non, pas si vite. Ça avait coûté assez cher à Père de faire ouvrir ce caveau… Alors il a ressorti de sa poche le même texte complaisant déjà lu à l’église et au crématorium, et prié ma sœur de le relire pour la troisième fois. Il y est allé de son ultime petite larme, elle avait le menton qui tremblait. Ils étaient ridicules. 
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Soyons fous, c'est toujours urgent !
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Sophie Chauveau
Sans un mot, d’un seul coup, ensemble, ils arrachent le drapé qui dissimulait la Pallas. Et c’est un sifflement qui suit l’envol du drap. Une sorte d’immense et collective inspiration saisit l’assemblée, la surprend au point de retenir son souffle. Pour mieux voir, chacun bloque sa respiration, l’effet produit par le panneau assomme les spectateurs. Le silence se prolonge, l’ébahissement est réel, personne n’y échappe. Botticelli est ravi. Rassuré et ravi. […]
Sandra, emballée par son parrain et son succès de ce soir, qu’elle ne peut feindre d’ignorer, se met soudain à applaudir de toutes ses forces […] Elle applaudit le tableau, oui, et chacun l’imite. On fait une ovation à un tableau, à un peintre vivant. C’est sûrement la première fois dans l’histoire de la peinture. Qu’en penserait Léonard ? Imaginez pareil traitement à l’Angelico ? Impensable. Ou à ce voyou de Lippi ? Il aurait sûrement adoré, mais n’aurait su quelle contenance adopter. Alors que Botticelli est d’une élégance parfaite. Il baisse les yeux, plie légèrement la nuque, dans une attitude d’humilité, sans doute sincère. Il attend que ça passe. Et ça passe. Comme tout ce qui est extrêmement agréable, ça passe même trop vite.

Extrait tiré du roman "Le rêve Botticelli, page 222)
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