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Citations de Stéphane Audeguy (130)


D’une façon plus générale, comme tout le monde, elle n’a presque jamais pensé ; ou alors juste un peu, en classe de terminale, le vendredi matin, à seule fin de rédiger des dissertations de philosophie.
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Il appartient à cette Société des Amis qu’un un jour lointain un juge sarcastique a nommé les Quakers, parce qu’ils tremblent parfois, respectueusement, à la pensée de la puissance de leur dieu.
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Ils ne pensent à rien. Et ils n’ont pas forcément tort. Une forme de bêtise habite toute pensée.
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Plusieurs fois par jour de lourds convois ferroviaires traversent à toute allure le pont de la baie de Tay sans le faire trembler, au point que certains journalistes s’inquiètent des troubles de la vision que des vitesses extrêmes, avec des pointes à cinquante kilomètres par heure, vont immanquablement provoquer.
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Mais c’est trop tard. L’espèce humaine est trop nombreuse, trop puissante : elle ne s’éteindra plus, elle ne s’éteindra pas, ou alors elle s’autodétruira, et pour la nature c’est le commencement de la fin.
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Vous êtes-vous jamais demandé, écrit Akira Kumo à Virginie Latour, pourquoi il y a eu deux bombes atomiques lancées sur le Japon, en 1945 ? Pourquoi Hiroshima, et puis Nagasaki ? Pourquoi une bombe le 6 août, et une seconde le 9 ? Pourquoi pas seulement une ? C'est une question que personne ne pose, sauf les enfants, quand on leur explique pour la première fois ce que furent ces bombardements, et ce sont les enfants qui ont raison. Mais on ne leur répond pas, généralement par ignorance, parce qu'il faut vraiment creuser longtemps pour trouver la réponse à cette question : les Etats-Unis d'Amérique avaient inventé deux types de bombes atomiques, et il leur fallait donc deux sites pour les tester.
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La bataille du Pacifique est l'une de ces batailles terribles qui finiront toujours trop tard, même pour les vainqueurs. Les pertes humaines sont considérables. C'est qu'il faut que les Américains s'assurent le contrôle de chaque île, et que chaque île est un cauchemar identique au précédent. Il faut débarquer avant l'aube, sur une plage bordée par une jungle trouée par l'aviation et l'artillerie navale toute la nuit durant, et qui pourtant reste là, impénétrable, opaque, obstinée dans une résistance inhumaine ; il faut traverser la plage en courant, vers la jungle d'où des adversaires invisibles en perpétuel mouvement tirent avec soin, une cartouche à fois, les silhouettes qui se détachent si bien sur le sable. Même si les plages sont courtes, c'est comme en Normandie, sauf que cela se reproduit chaque jour, il y a tout un archipel de petits débarquements de Normandie, quotidiens et terriblement meurtriers, sur toute une poussière de terres dont on n'a rien à faire, en soi, qui souvent ne sont même ni habitées ni habitables, en temps normal, mais que les impératifs de la stratégie ont transformées en possessions précieuses, vitales.
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Il ne reste plus rien de reconnaissable de l'île-volcan : les eaux du Pacifique se sont refermées sur ce qui fut Krakatoa ; le ciel a brassé et dispersé ses cendres aux quatre coins du monde ; au coeur de la terre la matière en fusion gronde et cherche d'autres passages vers la surface du globe.
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Le temps est venu pour le volcan de s'effacer du ciel. Alors, comme s'il se souvenait, au moment de mourir, de son glorieux passé terrestre, le défunt Krakatoa se disperse à une vitesse croissante dans toutes les couches de l'atmosphère, provoquant des diffractions inédites de la lumière du soleil, inventant des aurores flamboyantes, des magnifiques couchers de soleil, qui semblent un océan de métal liquide, piqué de vert émeraude et de nuances d'ocre subtiles, des couchers de soleil comme de mémoire d'homme on n'en a jamais vu.
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Le temps de la terre et du feu est fini, le temps de l'eau est fini. Mais le volcan, lui, continue de tuer par la voie des airs. La masse chaude et humide de pierre pulvérisée par l'explosion ne disparaît pas si facilement, et le nuage qui se forme survit pendant des années. Protégé par sa taille, ce nuage qui fut un volcan n'est pas dispersé par les vents : il est lui-même une tempête de sable, d'eau et de vent. D'abord il s'étire et s'arque comme un tigre, sur une hauteur de vingt kilomètres ; et dans un premier temps il a semblé immobile ; au bout de plusieurs heures il s'allonge, comme un prédateur paresseux, sur des kilomètres d'atmosphère, écrasant sous sa masse des milliers de tonnes d'air froid, et, appuyé sur elles, il s'en va lentement tournoyer dans l'hémisphère Nord, il s'en va modifier le climat, indifférent à tout. Partout où il passe, le Krakatoa, méconnaissable, transformé en géant d'eau, de terre et de feu, fait baisser la température moyenne de plusieurs degrés : ce faisant, il provoque des inondations, il hâte en diverses contrées la venue de l'hiver, pendant plusieurs années consécutives, et perturbe toutes les saisons.
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Il semble que toute collection gravite autour d'une pièce manquante, sorte de moyeu autour duquel peut tourner, indéfiniment, la folie collectionnante de son propriétaire.
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Il se rapproche de plus en plus du vingtième siècle. Etait-ce un siècle pire que les autres ? Nous paraît-il tel parce qu'il est le plus récent ?
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Cependant les siècles passaient et la corporation des savants se confondait de moins en moins avec celle des prêtres ; et plus les cieux se dépeuplaient de leurs anges, plus ils perdaient leurs prodiges et leurs dieux, plus ils s'emplissaient d'hommes embarqués dans des nacelles ou des aéroplanes.
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Maintenant il se tient debout sur la plateforme, il s'efforce de ne penser à rien, pour accueillir les signes délicats qui montent à l'horizon, là-bas. Toute la richesse de la région repose sur la justesse de telles observations : le Yorkshire vit du blé, ce blé qu'on vent à Londres sous forme de farine ; entre le blé et la farine se tiennent les moulins du père de Carmichael. Tel est le jeu, exaltant et brutal, du commerce des grains : la première région à acheminer sa farine à Londres est celle qui bénéficie du prix le plus élevé. Les moulins, eux, ont le vent pour meilleur ami et pour pire ennemi. Un vent modéré et constant est évidemment idéal ; mais, dans le Yorkshire, le phénomène est rare. Le minotier doit donc veiller au grain. Car un vent trop puissant, une rafale trop brusque peuvent détruire la voilure, ou même les bras du moulin, et c'est alors une catastrophe économique : pour ceux qui fabriquent les sacs, pour ceux qui transportent la farine à Londres, pour ceux qui la vendent en gros, pour ceux qui la débitent au détail. Aussi le minotier passe-t-il son temps à prier pour que le vent se lève ou tombe ; et la fonction du guetteur est redoutablement simple : au premier signe d'un vent suffisant pour faire tourner les meules, il doit lancer l'opération ; il doit l'arrêter dès que le vent, menaçant de faiblir, compromet le broyage du grain. Point de vent, les ailes du moulin ne tournent pas ; trop de vent, elles se brisent. Ainsi le guetteur doit anticiper la venue d'un vent excessif, et, dès qu'il menace, faire placer les ailes dans l'alignement du vent, ou même, si la tempête approche, affaler les toiles qui les couvrent, de crainte qu'elles ne se déchirent, sauvant ainsi les ailes et la voilure.
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On ne peint pas pour faire de la peinture, ou même pour être peintre : seuls les amateurs en sont là. On peint pour des raisons plus profondes et qui n'ont rien à voir avec la carrière ; ce qui est essentiel pour un peintre, c'est le rapport entre son art et tout ce qui n'est pas la peinture, c'est ce désir de capter les couleurs et les saveurs du monde.
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L'étude est presque achevée. C'est là le moment périlleux, qui l'exalte et le mine tout ensemble : sait-on jamais quand un ciel est fini ? Et c'est là que la plupart des peintres manquent leurs ciels. Ou bien ils s'arrêtent trop tôt et c'est la peinture, avec ses aplats et ses touches, qui se voit ; ou bien ils cèdent à la tentation de rajouter encore ici, de gratter un peu là, de retoucher et, en reculant d'un pas, ils constatent le désastre : l'ensemble a basculé dans le barbouillage, irréversiblement.
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Bien entendu on ne peut pas peindre le vent, à moins d'être chinois ; mais on peut peindre l'effet des vents : obstinément Carmichael observe les ondulations du blé mûrissant dans les plaines ; observe ces arabesques que les bourrasques dessinent sur les eaux d'un lac ; observe le gonflement des voiles et l'inclinaison des gréements sur les océans ; observe sur la terre les tourbillons de la poussière et les courbes savantes des dunes.
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Et parfois il lui semble que ce sont les nuages qui regardent passer les hommes.
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Il revient à cette question : est-ce que Goethe et Howard se sont rencontrés ? Au sens où on l'entend généralement, non. Mais ils ont communié dans l'amour des nuées, et c'est assez. Sinon naturellement ils sont seuls, comme tout le monde, et sans doute moins que tout le monde, parce que leurs déserts sont peuplés du travail de leurs jours.
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Luke Howard ne sait pas qu'il vient de voir Goethe, ni Goethe qu'il vient de voir Howard. Mais cela n'a pas vraiment d'importance. Les solitaires n'ont rien à se dire ; il suffit que chacun d'eux ait communié, silencieusement, dans la contemplation des brumes irisées de Schaffausen.
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