Avis à ceux qui ont prêté le Serment d'Hippocrate, ou simplement regardé la série du même nom, à ceux qui ne jurent que par Doctolib et qui vérifient plusieurs fois par jour que leur coeur continue de battre : pour votre santé, il est vivement recommandé d'écouter ce podcast !
Ce quatrième épisode interroge le rôle et la pratique de la médecine, de l'Antiquité à nos jours. Autrefois définie comme un art par les pères occidentaux de la médecine que sont Hippocrate et Galien, la médecine est marquée aujourd'hui par des innovations technologiques et numériques d'une ampleur inégalée dans son histoire, et celles-ci tendent à s'accélérer. Ces innovations la font basculer davantage du côté d'une science quantitative du corps. Est-ce à l'exclusion d'une dimension plus humaine de la pratique médicale, disons même plus artisanale, à une époque où l'on ne cesse pourtant d'invoquer la nécessité d'une médecine personnalisée ? Quelles en sont les répercussions éthiques, politiques et sociales ?
Le neurochirurgien, écrivain et essayiste Stéphane Velut et le philosophe Mark Hunyadi, spécialiste du posthumanisme, esquissent les grands défis que la médecine et plus généralement le monde de la santé devront relever à l'avenir pour ne pas devenir la proie des géants du numérique.
00:00 : Introduction
04:03 : Conversation libre
40:31 : À livres ouverts (auteurs cités : Galien, Celse, Todorov)
01:04:10 : Conclusion
Retrouvez la bibliographie liée à cet épisode sur notre site : https://www.lesbelleslettres.com/podcast/4-episode-4-lart-du-medecin-a-t-il-definitivement-bascule-du-cote-de-la-science-avec-mark-hunyadi-et-stephane-velut.
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Son propos sous-entendait une notion de vitesse, d’efficacité rapide, ce
qui n’est pas dans la culture du corps soignant. Nous sommes habitués à l’échange, la décision réfléchie. Derrière son expression, j’ai senti que l’hôpital était en train de prendre une couleur
industrielle.
Son propos sous-entendait une notion de vitesse, d’efficacité rapide, ce qui n’est pas dans la culture du corps soignant. Nous sommes habitués à l’échange, la décision réfléchie. Derrière son expression, j’ai senti que l’hôpital était en train de prendre une couleur industrielle.
Souvent le désespoir s'installe moins sournoisement qu'on croit, il prévient au contraire, il est là bien avant le malheur, il prépare à la chute.
Mon but était atteint : je disposais d'une poupée d'une seule couleur, toute pâle, et entièrement gainée d'un étui mécanique. Il était impossible de lui attribuer un âge quelconque. On aurait dit une sorte de chimère. Elle bougeait de façon ahurissante, elle cliquetait, elle chuintait, ses paupières, ses pieds, ses yeux, sa tête remuaient comme sous l'emprise de la folie. Son buste malmené par de violentes secousses, elle avait quelque chose du danseur. Oui, du danseur. Les danseurs ont ceci de spécial que n'ont pas les gens comme vous et moi, c'est ce corps flexible et tout en muscles, souple et puissant. Ma pensionnaire était comme un danseur, mais avec pour tous muscles une armature. C'était un monstre, une mante géante, quelque chose qui n'existe pas.
Parlons un peu de ces minables bureaucrates à la bottes de petits ambitieux plus minables encore, impeccablement dressés, vouant au Führer une sorte d'amour, comme on en voue à son père. "Notre sauveur", disaient-ils parfois à la radio. Je les sentais rigides, pointilleux, incapables de la moindre initiative, et je ne parle pas de l'imagination, ils en étaient privés. Ils n'étaient qu'un tout petit, un minuscule fragment d'un pouvoir plus haut placé, une petite cloque gonflée jusqu'au ridicule. Tout le danger était là : aucun ne semblait réfléchir, ils formaient à eux tous une force aveugle, bête et démesurée, une force dévorant tout sur son passage, qui grossissait elle aussi, comme un gigantesque furoncle.
Ma peau était comme un vêtement poisseux qu'il m'était impossible de quitter.
Ma petite était là, face à moi enfin, je n'avais rien d'autre en tête. Voilà la vérité. Je jubilais. Je n'aspirais à rien de plus. Le pays pouvait bien continuer de sombrer, la porte refermée sur ces deux ridicules petits pions en habit sombre je jouirai enfin de mes propres folies. Je tenais l'occasion d'assouvir mes désirs, jusqu'aux plus inavouables.
C'est bien joli les caravanes... mais hormis les idées de voyage que ça donne, quand ça stagne sur deux roues et qu'une vieille y séjourne, qu'elle rechigne toute la semaine à se laver à l'eau froide, très vite ça sent le renfermé.
J'habite Betrachtunstrasse. Au 18 précisément. J'y suis depuis un an. Cette nuit est ma dernière ici, je vais quitter ce lieu et je suis affligé. Je suis affligé parce que tout ici me ressemblait - on me dit peu accueillant. C'était ma tanière, mon trou, mon chantier. Et puis on y voyait la rue d'en haut, un petit fragment de la ville ; tout petit, oui, mais juste de quoi surveiller dehors, dehors où rien ne va plus comme avant.
De moi vous pourrez dire bien des choses : vous pourrez me blâmer, me prétendre malade ou fou, vous réjouir de ma mort, cela ne changera rien, j'ai existé.