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EAN : 9782267020465
189 pages
Christian Bourgois Editeur (20/08/2009)
3.62/5   16 notes
Résumé :
Munich, 1933. Un peintre, chargé d'exécuter le portrait d'une enfant louant l'avenir radieux de la nouvelle Allemagne, se cloître en compagnie de son modèle. Mais c'est tout autre chose qu'il fait de sa jeune pensionnaire et qu'il déploie comme un cérémonial au fil de son récit. Car ce sont ses carnets que l'on lit ; le narrateur y prend son lecteur à témoin. On hésitera à discerner dans cet étrange huis clos le jeu du rite ou de la soumission.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le roman est présenté comme le journal retrouvé de cet artiste et place dès le départ, le lecteur dans une position de voyeurisme et de gêne. On assiste au fil des pages, à un lent processus de déshumanisation et de soumission. Au rapport de l'artiste à son modèle se mêle progressivement celui du bourreau à sa créature. La jeune enfant accepte sa chosification toujours plus poussée, malgré les souffrances corporelles dues à ses prothèses mécaniques. Elle réapprend à manger, à bouger dans son fardeau de métal, au plus grand plaisir du peintre, de plus en plus émerveillé par sa « poupée ».
A l'extérieur, le monde se transforme également : propagande et violence s'installent. Hitler et la grandeur de l'Allemagne sont sur toutes les bouches. le narrateur lui, n'éprouve que du dégoût pour toute cette folie, il s'isole dans son atelier, contemplatif de son jouet.
Ce premier roman ne laisse pas le lecteur indifférent. A la fois dérangeant et déconcertant, on en sort remué, gêné et étonné de nous-même. Car en effet, le roman nous tient en permanence entre dégoût et fascination (notamment par la progressive mise en place de tous ces mécanismes). La cadence s'accélère au fil du journal et la déchéance irrémédiable de cet artiste fait écho à la montée du nazisme à Munich.
Lien : http://titibooks.blogspot.co..
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Un sombre artiste peintre se voit proposer par le nouveau régime en place la réalisation d'une oeuvre glorifiant la politique d'aryanisation de la nouvelle Allemagne. En échange, celui-ci doit concevoir son tableau en sept mois, en échange d'une somme conséquente. Ni plus, ni moins. Son modèle - confiée au peintre par l'administration-, petite fille blonde, délicate et diaphane, incarnera l'image de cette propagande sur la pureté de la race. Cette oeuvre doit matérialiser la pensée du Führer sur l'authenticité et la rédemption des origines germaniques.

Ce peintre travaillera pour ses nouveaux maîtres - petits fonctionnaire pointilleux, procéduriers et tatillons, venant vérifier la bonne exécution et l'avancée dans les normes du travail de l'artiste -, gonflés de suffisance et bouffis d'orgueil parce que persuadés d'appartenir à une catégorie d'hommes supérieure et convaincus de détenir un pouvoir quasi divin sur le reste de la population.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Mon but était atteint : je disposais d'une poupée d'une seule couleur, toute pâle, et entièrement gainée d'un étui mécanique. Il était impossible de lui attribuer un âge quelconque. On aurait dit une sorte de chimère. Elle bougeait de façon ahurissante, elle cliquetait, elle chuintait, ses paupières, ses pieds, ses yeux, sa tête remuaient comme sous l'emprise de la folie. Son buste malmené par de violentes secousses, elle avait quelque chose du danseur. Oui, du danseur. Les danseurs ont ceci de spécial que n'ont pas les gens comme vous et moi, c'est ce corps flexible et tout en muscles, souple et puissant. Ma pensionnaire était comme un danseur, mais avec pour tous muscles une armature. C'était un monstre, une mante géante, quelque chose qui n'existe pas.
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Parlons un peu de ces minables bureaucrates à la bottes de petits ambitieux plus minables encore, impeccablement dressés, vouant au Führer une sorte d'amour, comme on en voue à son père. "Notre sauveur", disaient-ils parfois à la radio. Je les sentais rigides, pointilleux, incapables de la moindre initiative, et je ne parle pas de l'imagination, ils en étaient privés. Ils n'étaient qu'un tout petit, un minuscule fragment d'un pouvoir plus haut placé, une petite cloque gonflée jusqu'au ridicule. Tout le danger était là : aucun ne semblait réfléchir, ils formaient à eux tous une force aveugle, bête et démesurée, une force dévorant tout sur son passage, qui grossissait elle aussi, comme un gigantesque furoncle.
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Ma petite était là, face à moi enfin, je n'avais rien d'autre en tête. Voilà la vérité. Je jubilais. Je n'aspirais à rien de plus. Le pays pouvait bien continuer de sombrer, la porte refermée sur ces deux ridicules petits pions en habit sombre je jouirai enfin de mes propres folies. Je tenais l'occasion d'assouvir mes désirs, jusqu'aux plus inavouables.
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J'habite Betrachtunstrasse. Au 18 précisément. J'y suis depuis un an. Cette nuit est ma dernière ici, je vais quitter ce lieu et je suis affligé. Je suis affligé parce que tout ici me ressemblait - on me dit peu accueillant. C'était ma tanière, mon trou, mon chantier. Et puis on y voyait la rue d'en haut, un petit fragment de la ville ; tout petit, oui, mais juste de quoi surveiller dehors, dehors où rien ne va plus comme avant.
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Moi, je branchai ma radio et restai pour une fois à l'écoute des nouvelles officielles, assis dans mon fauteuil. A croire que je me cherchais du mal : je prêtais bêtement l'oreille à la harangue des fous ! [...] Ils hurlaient des discours de déments, mais j'écoutais. C'était Hitler vingt fois. Il n'y avait rien à dire, rien à faire : il n'était pas difficile de le comprendre. Se taire ou bien quitter le pays.
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Videos de Stéphane Velut (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stéphane Velut
Avis à ceux qui ont prêté le Serment d'Hippocrate, ou simplement regardé la série du même nom, à ceux qui ne jurent que par Doctolib et qui vérifient plusieurs fois par jour que leur coeur continue de battre : pour votre santé, il est vivement recommandé d'écouter ce podcast ! 
Ce quatrième épisode interroge le rôle et la pratique de la médecine, de l'Antiquité à nos jours. Autrefois définie comme un art par les pères occidentaux de la médecine que sont Hippocrate et Galien, la médecine est marquée aujourd'hui par des innovations technologiques et numériques d'une ampleur inégalée dans son histoire, et celles-ci tendent à s'accélérer. Ces innovations la font basculer davantage du côté d'une science quantitative du corps. Est-ce à l'exclusion d'une dimension plus humaine de la pratique médicale, disons même plus “artisanale”, à une époque où l'on ne cesse pourtant d'invoquer la nécessité d'une “médecine personnalisée” ? Quelles en sont les répercussions éthiques, politiques et sociales ? 
Le neurochirurgien, écrivain et essayiste Stéphane Velut et le philosophe Mark Hunyadi, spécialiste du posthumanisme, esquissent les grands défis que la médecine et plus généralement le monde de la santé devront relever à l'avenir pour ne pas devenir la proie des géants du numérique.
00:00 : Introduction 04:03 : Conversation libre 40:31 : À livres ouverts (auteurs cités : Galien, Celse, Todorov) 01:04:10 : Conclusion
Retrouvez la bibliographie liée à cet épisode sur notre site : https://www.lesbelleslettres.com/podcast/4-episode-4-lart-du-medecin-a-t-il-definitivement-bascule-du-cote-de-la-science-avec-mark-hunyadi-et-stephane-velut.
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