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Critiques de Stéphanie Hochet (217)
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Éloge du chat

Si l'on a beaucoup écrit sur les chats, c'est peut-être qu'il y a matière. Il suffit de poser les yeux sur l'une de ces créatures pour être captivé par un spectacle rendu plus envoûtant encore par la chape de mystère qui entoure cet animal aux multiples personnalités. Chats et écrivains font en général bon ménage et nombreux sont les écrits qui tentent de rendre compte de ce lien spécial qui unit l'homme et le chat. Stéphanie Hochet nous propose une bien agréable balade littéraire parmi des références qui vont de T.S. Eliot à Colette en passant par Molière, Shakespeare, Baudelaire, Tennessee Williams et bien d'autres encore. Une petite dose de symbolique et d'étymologie rend le voyage encore plus enrichissant. Mais peut-on vraiment connaître les chats ?

"When you let him in, then he wants to be out ; He's always on the wrong side of every door, ans as soon as he's at home, then he'd like to get about." (T.S. Eliot)



Mais qu'est ce qui nous a pris de nous laisser asservir par ces boules de poils qui parviennent à nous faire faire exactement ce qu'elles veulent ? Le chat n'a rien d'une peluche passive malgré sa propension à l'immobilité. C'est un animal sauvage qui ne rate pas une occasion de nous le rappeler. Libertaire et autocrate comme nous l'illustrent les deux premiers chapitres de ce livre. "Le chat est un tigre". Effectivement, regardez le mien ! Petit mais redoutable, il exerce néanmoins son pouvoir non par la force mais par la flexibilité. Le seul animal pour lequel on a fait des trous dans les portes...



"Si le chat devait s'incarner en un être humain, il aurait ce corps élastique d'athlète. Extension des muscles, souplesse du mouvement, réactions précises, le félin nous apprend que la vraie flexibilité est une qualité triomphante qui lui permet d'être par ailleurs paresseux, jouisseur et voluptueux."



Moi qui parle toujours de la relation "virile" que j'ai avec mon chat, me voici quelque peu contredite par le chapitre suivant démontrant les attributs féminins du chat. Une démonstration troublante qui invoque quelques chefs-d'oeuvre littéraires (La ferme des animaux, Peines de coeur d'une chatte anglaise...), convoque le 7ème art (La chatte sur un toit brûlant, Le chat...). Des références qui vont de l'érotisme à l'hystérie. Moi qui pensais avoir affaire à un matou... Encore une histoire de flexibilité sûrement.



Quant au chapitre qui vise à montrer que le chat est Dieu... c'est un régal, et cela explique beaucoup de choses. Même si le chat est avant tout symbole d'ambigüité, donc un sujet sur lequel on pourrait s'éterniser. Stéphanie Hochet a choisi de faire court, elle va ainsi à l'essentiel et parvient à donner envie d'explorer un peu plus avant cette littérature inspirée par le mystère félin. Tout en pariant que lors des siècles à venir, les chats continueront à faire couler beaucoup d'encre.



Et pour compléter tout ça, je ne résiste pas à insérer un extrait d'un texte de Homéric publié dans le recueil D'autres vies que la nôtre ; il y rend un vibrant hommage à son chat baptisé Shams (soleil en arabe) et illustre bien cette relation paradoxale mise en exergue par Stéphanie Hochet qui voudrait que lorsque nous contemplons un chat, ce soit nous que nous voyons, un nous fantasmé. "C’est le plus malin, doux et attendrissant des chats. Le frère que je n’ai pas eu, meilleur ami, associé en poésie. Nous nous aimons assez gravement".
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Éloge du chat

Un essai consacré à l'éloge de ce toujours mystérieux félin qui partage notre quotidien.



La lecture de ce petit ouvrage fort sympathique explique bien des choses mais le petit tigre garde une part de son mystère et c'est très bien ainsi.

S. Hochet puise inlassablement dans la littérature et les arts (la musique notamment) afin de dessiner un tableau de notre Felis Silvestris Catus. Les références et les citations sont nombreuses, c'est ce qu'on lui reproche par ailleurs, c'est ce que j'ai apprécié. Les analyses sont quelquefois poussées, parfois superficielles. Mais Stéphanie Hochet a opté pour un court ouvrage. Il ne s'agit donc pas d'une encyclopédie et de mon point de vue c'est tant mieux.

L'ouvrage ainsi rafraîchit la mémoire pour qui a lu bon nombre des oeuvres citées et peut donner l'envie d'en lire quelques-unes.

Petit livre agréable plutôt réservé aux amis des chats. Risque d'agacer dès les premières pages les "pas-chats".
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Éloge du lapin

Après deux éloges consacrés au chat, l'autrice s'intéresse au meilleur animal de tous les temps, j'ai nommé le lapin. Vais-je être objective et mesurée dans ce billet ? Probablement pas. Mais je fais ce que je veux, je suis sur mon blog !



Les animaux sont souvent au cœur des romans de Stéphanie Hochet. Pas comme de simples figurants, mais comme des personnages dont il faut tenir compte. Et c'est bien le cas du lapin, animal très marginal des bestiaires officiels et pourtant très présent dans tous les médias, des gravures antiques aux tentures médiévales et des parchemins des monastères aux grands écrans des cinémas.



Le lapin, c'est immédiatement une image de douceur dodue, mais aussi de vitesse agile. Anodine et inintéressante, cette bestiole aux longues oreilles ? Certainement pas ! Elle concentre des contradictions fascinantes. « On se trouve déjà devant une aporie : comment cet animal souvent qualifié de nuisible et chassé frénétiquement pour cette raison peut-il incarner le plus doux des héros ? Autre paradoxe : comment cet animal, favori des gamins, peut-il être si irrésistiblement associé à la sexualité ? » (p. 13)



Stéphanie Hochet convoque une bibliographie qui, à quelques titres près, est exactement la mienne ! Elle passe en revue les incarnations fictionnelles du léporidé, tant dans la bande dessinée que dans la peinture. Ainsi, de Watership Down à l'île d'Ôkunoshima en passant par Palyboy, elle propose un tour du monde/panorama culturel plutôt exhaustif des représentations de cet animal si charmant. Avec lucidité, l'autrice retrace l'histoire souvent malheureuse du lapin, longtemps chasse gardée des nobles, puis soumis à la haine populaire quand il a envahi certaines régions, voire pays. Le gentil Jeannot reste une proie, un gibier courant et très familier. Son inhérente fragilité est palpable : si ses puissantes pattes arrière peuvent l'emporter à toute allure, sa chair tendre sous un pelage plus doux que résistant lui est fatale. Et dans l'absolu, nous humains ne valons pas bien mieux. « Ainsi, nous sommes tous de potentiels lapins, il suffit d'une mauvaise rencontre. » (p. 124)
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Pacifique

Avant d’être capable d’aller vers un libraire et de demander des conseils, d’échanger sur les livres, de me sentir légitime à tenir une conversation malgré le fossé culturel et littéraire entre les professionnels du livre et moi, simple lecteur consommateur, j’ai longtemps choisi la facilité. Celle des auteurs à succès, qui exposaient à peu de risque, celle des recommandations des magazines littéraires auxquels je m’abonnais pour une année, de manière très sporadique, et qui ne me rassuraient pas vraiment sur mon niveau mais regorgeaient de bons conseils, et enfin celle des réseaux sociaux, ces simples amoureux des livres, armés de bonne volonté et de peu de prétentions, qui se révèlent parfois une formidable source d’inspiration au moment de constituer sa liste d’achats.



Et c’est comme ça qu’au détour d’un tweet et de deux recommandations très appuyées en commentaire, je me suis retrouvé avec ce joli livre de Stéphanie Hochet entre les mains, une autrice dont je n’avais jamais rien lu auparavant, en sortant de chez mon libraire.



Aucun regret, évidemment : le roman a tenu les promesses qui accompagnaient les recommandations. Il est court, je l’ai dévoré en un clin d’œil : à peine le temps de partir au Japon en pleine Guerre du Pacifique à bord d’un de ces avions pilotés par des jeunes soldats kamikazes, de transpirer un peu sur mon transat sous le soleil de plomb d’une journée sans vent, que j’étais déjà arrivé à la fin de ce voyage que j’aurais souhaité ne jamais interrompre.



C’est vrai qu’il y a de la poésie, dans la plume de Stéphanie Hochet, et comme souvent quand je suis touché par la musicalité des phrases, je me suis surpris à les lire à voix haute pour les apprécier plus encore. À mon tour de vous conseiller de vous laisser embarquer dans cette belle aventure au pays du soleil levant, dans ce roman aussi beau qu’annoncé, mélodieux, travaillé et très riche qui a résolument apporté sa touche de poésie et de délicatesse à mes lectures du mois de juin.
Lien : http://www.hql.fr/pacifique-..
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William

Qu'est-ce que Shakespeare dit de nous ? Quels sont les fils invisibles qui se tissent et se nouent entre le dramaturge anglais et l'autrice de ce roman ? Le postulat de départ de ce texte, c'est la disparition de Shakespeare entre 1585 et 1592. Un sacré trou dans son CV qui a contribué au mythe, à la construction de la légende. Déjà mari, déjà père, Stéphanie Hochet l'imagine sur les routes, quittant le foyer pour une famille de cœur, celle des Comédiens de la Reine. Et comme toute famille qui se respecte, celle-ci aussi est dysfonctionnelle. Richard Burbage notamment, monstre de génie mais monstre quand même, sorte d'oncle tyrannique qui renvoie l'autrice au sien, personnage sombre et on ne peut plus réel.



Ce roman n'est pas une biographie romancée de Shakespeare. Le titre déjà nous le dit. On est dans une intimité qui nous conduit bien plus sur les chemins d'écriture, sur les méandres de la création et comment l'entourage inspire un destin, quand bien même il faut s'en détacher. J'ai aimé ces aller-retours entre auteurs, le travail sur l'un qui contribue au travail sur soi. J'ai aussi aimé suivre un William possible, dans sa jeunesse, si proche de nous.



Pour autant, le contexte historique est très juste et je n'ai pas eu une sensation d'anachronisme malgré la modernité donnée au personnage. Les tréteaux où William fait ses armes sont bien ceux de l'Angleterre comme on la connaît, un Londres poisseux et noir de suie, une campagne verte et tendre.



Et puis Richard III, l'œuvre en filigrane. Richard III, personnage machiavélique, tortueux. Sûrement le texte de Shakespeare que j'ai le plus souvent vu sur scène, joué par Thomas Jolly ou Marcial Di Fonzo Bo. Ce roman me donne envie de le revoir encore. Et c'est plutôt bon signe.
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Pacifique

Kaneda, jeune kamikaze de 21 ans, est prêt à mourrir pour l’empereur, la grandeur du Japon et l’honneur.

Enfin, pas si prêt que ça. Des doutes s’immiscent. Mais l’éducation très rigide qu’il a eu, dénuée de tendresse et de mots, ne lui permettent pas d’accéder à la pensée libre. En pleine Seconde Guerre Mondiale, qui y avait accès de toute façon?

Au moment d’atteindre sa cible, de mourir comme un samouraï, il…



J’ai trouvé ce roman très artificiel: on prend l’Histoire et la géographie et on y glisse un personnage cousu de fil blanc. Il est taiseux (comme tous les japonais) mais très bavard en tant que narrateur, au point d’en devenir ennuyeux, voire soporifique.

Son amour pour la poésie est peu convaincant et donne plus une impression de “Je connais quelques poètes” qu’une véritable fibre poétique.



La plume semble de qualité mais, ne prenant aucun risque littéraire, laisse cette histoire très lisse.



Ce n’était peut-être pas le meilleur roman pour une première rencontre avec l’autrice, mais d’autres lecteur.rices ont aimé.
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La distribution des lumières

Après avoir lu le "Pétronille "d'Amélie Nothomb, j'ai voulu savoir de qui elle parlait, et c'est ce livre de Stéphanie Hochet que j'ai trouvé et lu avec beaucoup d’intérêt.Quatre personnages dont un plus intrigant que les autres, cette Aurèle de 14 ans qui semble déjà si mal, qui n'aime déjà plus rien à 14 ans...Elle m'interpelle cette demoiselle ! A-telle honte de son demi-frère Jérôme, handicapé mental, ou l’aime t 'elle?Dans tous les cas elle le manipule, comme elle manipule tous les adultes dans cette histoire dérangeante.Et sa prof, que lui veut-elle ? du bien, du mal ?L'admire t' elle ou veut-elle sa chute ?On oscille constamment entre deux sentiments opposés, comprendre Aurèle, l'excuser, lui donner bienveillance et amour, ce dont elle semble manquer le plus, ou bien alors , tout au contraire, la détester, lui en vouloir, la condamner. Stéphanie Hochet met des mots sur des comportements adolescents névrotiques et pervers, dans une langue fine et ciselée .
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Un roman anglais

Nous sommes en 1917, dans la campagne anglaise .Anna Whig, femme de lettres, traductrice d’ouvrages français, est mère d’un jeune enfant de deux ans, Jack .Pour se décharger des tâches les plus prosaïques, Anna convainc son époux ,Edward, un horloger soucieux avant tout de la prospérité de son commerce et de l'observance des convenances, d’embaucher pour la garde de l’enfant une nourrice ,car il est bien évident que cet emploi ne saurait être dans le cadre de l’Angleterre victorienne occupée que par une personne de sexe féminin.



Anna va chercher George à la gare .C’est un homme ! Gorge s’acquitte très bien de son rôle .Il gagne rapidement la confiance et l’écoute de Jack et provoque une déstabilisation dans l’univers d’Anna .Comment peut-on être séduite, car Anna est séduite sans en avoir clairement conscience au départ, par un jeune homme originaire des régions minières du nord de l’Angleterre ?



Cela n’est pas suitable, convenable comme le disent nos voisins d’outre Manche . Ce que trouve Anna, c’est de l’écoute auprès de George, de l'apaisement : »George a une attention particulière pour celui qui s’adresse à lui. Il m’écoute comme personne ne m’a écoutée auparavant.(…) Avec George, les mots pèsent leur poids, éveillent l’intérêt qu’ils méritent .Le jeune homme ne coupe pas la parole .Quelle étrangeté, quel soulagement. » Il y a dans ce roman beaucoup de thèmes évoqués avec une grande réussite, un à-propos qui emporte l’admiration .Stéphanie Hochet évoque l’ambiguïté de la maternité, la situation de la femme dans l’Angleterre du début du siècle, encore privée du droit de vote .Elle met en évidence les conséquences de la première Guerre Mondiale sur la société britannique , en reproduisant une correspondance envoyée par Anna aux Armées à propos de son cousin John Hastings, dont elle apprend la mort sans sépulture quelque temps plus tard .

La jalousie d’Edward, qui pressent naturellement la naissance du sentiment amoureux entre Anna et George, la désarmante sincérité de George, sa vérité humaine sont décrits par de très fines touches , jamais outrées, évitant la caricature .Ce roman est anglais par le cadre, par les références nombreuses à la littérature britannique .L’esprit de Virginia Woolf est bien repris, cette façon de partir du détail pour extraire la vérité des personnages .La familiarité et la proximité de la littérature anglaise dévoilées par Stéphanie Hochet nous font aimer ce beau roman , suggestif, porteur d’interrogations sur les thèmes les plus intimes .

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William

Dans ce récit, l’autrice navigue entre ce que l’on sait et ce que l’on ignore de la vie de cet immense écrivain qui on l’oublie souvent a aussi été acteur : William Shakespeare.

Mais il y a tout un pan de sa vie qui reste méconnue, celle à partir du jour où il a quitté femme et enfants et sa ville natale pour suivre une troupe de comédiens, ne refaisant dans les récits historiques surface que 7 ans plus tard.

S’appuyant sur les faits connus de la vie de Shakespeare et sur la vie au quotidien de l’époque, l’auteure nous raconte ce qu’on pu être ces « années perdues », entrecoupant son récit de sa propre vie, mêlant ainsi les expériences qu’elle attribue à William et les siennes.

Un joli livre qui oscille entre biographie et essai et nous plonge dans une époque à laquelle les comédiens n’étaient pas adulés comme ils peuvent l’être maintenant, mais au contraire bien souvent méprisés et tenus à l’écart puisque pour beaucoup ils incarnaient la représentation même du mal.

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William

Qui n'a pas entendu parler de William Shakespeare? Pas grand monde, vous en conviendrez. Mais figurez-vous que cet homme recèle encore bien des secrets. Ainsi, dans sa biographie, 7 années manquent à l'appel, 7 années pendant lesquelles on ne sait pas ce qu'il a fait, 7 années que l'on appelle "les années perdues".

Avec ce roman, Stéphanie Hochet s'est amusée à imaginer ce qui aurait pu se passer durant cette période ou il est passé de tout jeune homme, marié et père de 3 enfants à dramaturge et comédien dont la carrière commence à décoller.



C'est un roman très intéressant de part ce mystère mais surtout par les parallèles que fait l'auteure entre William et elle. En effet, au fil de notre lecture on comprend pourquoi Stéphanie Hochet est tant attirée par ce personnage dont la vie fait parfois écho à la sienne. Au delà de l'histoire du célèbre dramaturge, c'est sa propre histoire qu'elle nous révèle.

J'ai beaucoup aimé mais ma lecture a souffert de la comparaison avec Hamnet de Maggie O'Farrell que j'avais lu juste avant. Ce n'était pas une bonne idée d'enchaîner les 2 livres car bien qu'ils ne se centrent pas sur les mêmes choses et que les styles soient très différents, j'ai eu du mal à passer de l'un à l'autre et je ne doute pas du fait que je l'aurais beaucoup plus apprécié si je l'avais lu à un autre moment.



William est un roman très intime qui explore des problématiques universelles comme l'emprise de la famille, le besoin de liberté, celui de poursuivre un rêve, l'androgynie ou l'homosexualité qui saura vous charmer tant par le fond que la forme.
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Pacifique

Un très beau roman nous faisant partager la jeunesse d'un japonnais de son enfance isolée à sa carrière militaire qui devait le conduire à un destin tragique.

On est avec le personnage dans ses questionnements, ses désirs, ses avancées et ses péripéties.
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Pacifique

Dans ce court roman de 148 pages, Stéphanie Hochet donne la parole à Kaneda, jeune kamikaze japonais qui va embarquer dans son avion pour la mission Kikusui IV (Chrisanthème volant IV) qui doit s'abattre sur des navires américains en cet été 1945.



Juste avant d'embarquer dans son avion-suicide, Kaneda se aconte à la première personne : élevé par sa grand-mère aux principes d'un autre âge, qui voulait que son petit-fils ne subisse l'influence de son père, trop laxiste. Il a ainsi bénéficié des meilleurs professeurs, découvrant même la littérature anglaise et Shakespeare dont il a trouvé des réminiscences dans la littérature classique japonaise.



Mais elle lui a surtout inculqué les préceptes traditionnels japonais et en particulier une dévotion et une obéissance sans limites à l'Empereur.



Revenu auprès de ses parents, Kaneda a eu du mal à s'intégrer au lycée, restant un excellent élève, mais ayant du mal à accepter la promiscuité avec des camarades moins rigoureux. 



Son objectif, dès la pré-adolescence était de devenir un pilote de chasse. Ses bonnes notes lui ont permis d'en intégrer l'école, mais au fil des mois, au fils des disparitions de pilotes expérimentés dans des missions suicide sur la flotte américaine, son enthousiasme s'est un peu craquelé tout en restant intact.



Il se prépare ainsi à cette première mission, en rédigeant une lettre pour ses parents, qu'il accompagne d'une mèche de ses cheveux comme le veut la tradition avant de s'envoler   ... 



Mais il n'atteindra pas son but ... 



Un roman sur l'obéissance, la préparation à un destin que l'on croit tout tracé après en avoir subi, dès l'enfance, les rêves de gloire d'une aïeule dépassée, mais aussi un roman sur les nécessaires renoncements qui font grandir et devenir adulte.  



Un roman sur l'apprentissage, l'acceptation d'un destin puis celle du changement.



Un roman servi par une écriture douce et poétique, qui compenses la dureté des propos sur l'enfance de Kaneda. 



Un roman qui montre qu'un kamikaze n'est que le fruit d'une éducation et que la culture aide à dépasser les limites d'une éducation rigoriste.



Un auteur que j'ai découvert par hasard sur les rayons de la médiathèque du village voisin et ddont je vais chercher d'autres ouvrages. 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Les éphémérides

L’Annonce a ébranlé le monde. Le 21 mars, tout va changer. « La plus grande menace des dernières décennies proférée contre l’Occident, celle avec laquelle tout le monde était censé vivre, le premier enjeu métaphysique qui ne serait pas un choix mais un enfer déposé sur terre que chacun devait aménager à sa façon. » (p. 53) Il reste trois mois à l’humanité pour y faire face. Alors chacun réagit à sa façon. Alice quitte la France pour retrouver Tara, son premier amour, en Écosse. Tara et Patty, dans leur ferme, tentent de créer une race parfaite de chiens. À Londres, Simon redécouvre l’amour avec Ecuador, son amante, et se remet à peindre avec frénésie. Ecuador, beauté noire comme celle que Shakespeare célébrait dans ses sonnets, profite de sa fortune pour se permettre tous les plaisirs. Sophie tente de protéger son enfant, Ludivine, de l’angoisse causée par l’Annonce. Que faire quand il ne reste qu’un hiver, que le printemps ne viendra pas ? « Les gens avaient des comportements d’animaux pressentant une éclipse, ils s’affolaient sans savoir pourquoi. » (p. 45) Autant lâcher la bride et tout oser !



Totalement emballée par le roman jusqu’aux toutes dernières pages, je suis désolée de ne pas comprendre la conclusion. Peu m’importe que l’Annonce ne soit pas clairement définie, il y a suffisamment d’éléments pour comprendre la menace. Ai-je manqué un indice au cours de ma lecture ? Qu’advient-il des personnages ? L’Annonce se réalise-t-elle ? Quel sens donner au sinistre fantôme de Margaret Thatcher qui plane sur l’intrigue ? Je reste avec mes questions, un peu déboussolée. Je suis toutefois ravie de retrouver un thème que l’auteure a récemment exploité avec talent dans son dernier roman, L’animal et son biographe, celui de la bête ancestrale que l’homme tente de faire renaître. Ici, ce n’est pas un auroch, mais un chien terrible dont il est question. « Jadis c’est avec cette race pure qu’on gardait les enfers. » (p. 88)



Dans ce roman, j’ai retrouvé la plume à la fois brute et érudite de Stéphanie Hochet, ce style qui me séduit de plus en plus à mesure que je découvre l’œuvre de cette auteure. Lisez Un roman anglais ou Éloge du chat. Et aussi Sang d’encre : même si ce texte ne m’a pas tout à fait convaincue, sa réflexion sur le passage du temps fait écho à la problématique des Éphémérides.

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Éloge du chat

Malicieux et roublard le chat est devenu le roi de nos maisons. Sous ses manières douces se cache un félin égoïste mais câlin. L’Éloge du chat est un essai sur l’espion aux pattes de velours qui accompagne l’homme depuis des siècles.



Ce petit livre est un éloge intelligent du chat qui est sans conteste un véritable roi libre et caractériel. Ici le chat se fait calculateur. Faussement domestiqués, les chats sont passés maîtres dans l’art de tromper l’homme. Contrairement à ce qu’on pourrait croire c’est bien le chat qui nous gouverne et non le contraire. Indépendant, il aime son confort et profite de notre compagnie sans jamais renoncer à sa liberté. En bref il vient chercher des caresses et non nous caresser lorsqu’il se frotte « affectueusement » à nous !

Entre les références mythologiques et les citations, l’auteure nous entraine dans l’histoire passionnante du chat et de nos rapports avec lui à travers les âges. Le chat y est croqué sous toutes les coutures.

Court et bien écrit, cet essai n’aura de cesse de vous rappeler votre animal si vous hébergez un de ces terribles félins. Stéphanie Hochet parvient en quelques chapitres à cerner notre amour pour les chats et expliquer pourquoi on lui accorde tant de place tant dans nos vie que dans notre imaginaire. Qu’on l’utilise pour caricaturer ou qu’on lui prête des pouvoirs, dans les deux cas le félin a su s’imposer sournois et conquérant. Il règne sans partage sur son domaine dont nous sommes les esclaves.

Lien avec les Dieux notamment en Égypte antique ou connexion avec les affres de la magie noire, le chat fascine. Aimé ou détesté, on lui confère des capacités surnaturelles et son corps d’athlète souple et agile souligne la fluidité. Indépendant il sait cependant bien s’entourer et vous le rendra dans des élans égoïstes que vous saurez saisir.

A défaut d’être aussi libre que le chat, l’homme a su préserver et entretenir la liberté du petit félin à qui on pardonne sans cesse le moindre désir de ‘échapper de nos bras …



L’Éloge du chat est une réflexion intéressante sur le chat comme sur l’homme et son désir d’être aussi libre. A lire surtout si vous êtes un amoureux des félidés.


Lien : http://www.adam-et-ender.com..
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Sang d'encre

Un texte court, dense, l’épaisseur des pages, des mots. Eloquent. Pas une rhétorique, une réflexion, des phrases aiguisées qui font mouche et l’art du portrait. L’écriture comme l’aiguille du tatoueur pointant tous les paradoxes du tatouage – sacrifice et talisman -, dessinant sur cette narration à la première personne les lignes d’une vie parvenue au temps de la question au présent sur le passé dans le futur. La question de l’empreinte, de ce qui survit.



Toutes blessent, la dernière tue. Le narrateur s’interroge sur le féminin de cette phrase. Les mots se mêlent dans son esprit, des prénoms et la maladie insinuée dans son sang qui habitent ses heures. Qui habille ses heures ?



Le tatouage pour donner du sens, tracer le sens, l’écrire, l’inscrire, à défaut de l’entendre ou de le dire, le dévoiler dans l’intimité; une nudité au-delà du corps comme la formule de sa singularité, une incantation.



» A quoi bon mettre son propre corps à contribution si tout le monde se reconnaît dans ce que vous avez tatoué ? »



Le regarder vraiment, au delà des apparences, ce narrateur. En affichant ce tatouage qu’il porte en croix sur la poitrine, c’est sa croix qu’il porte, attirant le regard sur l’endroit du corps où se trouve le cœur… Parce que au-delà de cette nudité qu’il exhibe, il attend un message en réponse à son message, attend qu’on le lise, qu’on l’écrive aussi; un homme en quête de traces qui se marque pour poser ses marques face à l’attente et l’éphémère.



Une histoire de peau et de sang, de mémoire de peau et de sang qui se lit d’un souffle. Touchée.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
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William

J'ai arrêté ma lecture au bout d'une centaine de pages. Je n'adhère à rien, ni aux suppositions sur les années dont on a perdu la trace de la carrière de Shakespeare, ni aux considérations de l'autrice sur son parcours personnel. J'espère que ce récit trouvera son public malgré tout.

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L'animal et son biographe

Stéphanie Hochet est une très grande romancière à mes yeux, et ce, depuis un certain temps déjà, même si elle n'est pas encore très connue du grand public. j'ai l'impression qu'avec son Pacifique, magnifique roman, elle prend le chemin de la notoriété. Elle se renouvelle à chaque roman, étonne, touche, émeut, énerve aussi, et retourne les sens...ou plus précisément, le sens des choses préétablies.

Je découvre dernièrement l'animal et son biographe, de façon fortuite, sur un post d'Instagram, et vite court l'acheter, car, merveille, il se passe dans le Lot!

Et que je suis lotoise, et amoureuse de mon environnement.

Ce que je croyais être un atout, bien connaître le lieu du roman, s'est avéré être plutôt un handicap!

En effet, je me suis plus focalisée sur ce que l'auteure dit du Lot, ses descriptions de paysages et de Cahors(où je vis) de Marnas (qui n'existe pas dans mon département) des campings.....j'ai relevé tant de choses surprenantes( par exemple Lascaux n'est pas dans le lot , mais en Dordogne, en revanche nous avons entr'autres une superbe grotte ornée Pech Merle, plus vraie car non reconstituée...) que je n'ai pas été prise dans le récit.

Bon, quand même un peu, j'avoue, mais pas autant que ce que j'aurai désiré; c'est mon chauvinisme, mon esprit de clocher qui me sussurait régulièrement au cours de ma lecture: quoi, mais les lotois ne sont pas aussi rustres, quoi, mais on est civilisés, quoi, mais non, on ne vit pas de la chasse, quoi, mais enfin les causses, les bois, les roches, c'est sublime, pas inquiétant pour le moins! Bref bref, il a fallu que j'évacue de mon cerveau le lieu de l'intrigue pour mieux l'apprécier, l'intrigue!

J'y suis parvenue un peu, j'ai trouvé intéressant l'évocation de la bête humaine, j'ai trouvé très fort, très envoûtant ces mots évoquant cette chasse , cette course, cette déshumanisation, cette traque, ce désir viscéral, profond de nature, de retour aux sources. Oui, c'est secouant ce récit, principalement la dernière partie, L'auteure touche aux tréfonds de l'être humain, celui qui est encore sauvage et vierge.

J'ai lu plusieurs avis rapprochant notre écrivain national, Serge Joncour à ce s écrits de Stéphanie Hochet. Il y a deux thèmes en commun certes, celui du rôle, ou pas, de l'écrivain, et celui de la place de la nature animale, dans leurs bouquins, mais chacun les aborde différemment, leurs styles ne sont pas similaires. Et puis aussi Serge Joncour connait parfaitement le Lot! ;)

Ce roman là, l'animal et son biographe, est fort, il est à découvrir, surtout si on n'est pas lotois! ;)
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Éloge du chat

Cet ‘’éloge du chat ‘’rend hommage, tout d’abord au chat, mais aussi, à une grande partie des artistes, écrivains, poètes, dessinateurs, réalisateurs de films... qui ont célébré le chat dans leurs œuvres.



De Stéphanie Hochet

« Fauve il fut, félin, il demeure. »



de Stéphanie Hochet :

« Le règne du chat n’est donc pas dû au hasard. Il est le fruit d’une longue évolution et d’une collaboration avec l’humain. Qu’il se confonde ou se dissocie de son maître, le chat sait mettre sa flexibilité au service de l’autocratie. »



La forme du chat diffère de nous, mais c'est nous que nous voyons quand nous le contemplons.
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Pacifique

Coup de coeur pour ce roman qui m'a plongé dans un Japon ancestral même si l histoire se déroule au moment de la seconde guerre mondiale. Une belle écriture, fine, délicate telle les fleurs du sakura. J'ai aimé les interrogations de Kaneda, la description de son éducation reçue de sa grand-mère. L'auteure aborde le Japon, la tradition, les valeurs, l'éducation, mais aussi style un style de vie différent. Je vous le commande vivement.
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Pacifique

Très beau livre sur un sujet,qui,à priori,ne m'intéresse absolument pas.

J'y ai trouvé beaucoup de sensibilité et une certaine sérénité,ce qui dans cette période singulière apporte une légère brise d'espoir.
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