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3.07/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Stéphanie Sauget est historienne, spécialiste du XIXe siècle. Ancienne élève de l’ENS Fontenay-Saint-Cloud (actuelle LSH), elle est agrégée et docteure en histoire contemporaine. Sa thèse a été publiée en 2009 chez Tallandier sous le titre À la recherche des pas perdus. Une histoire des gares au XIXe siècle.

Maître de conférences en histoire contemporaine

Bibliographie
2009 "À la recherche des Pas perdus. Une histoire des Gares parisiennes au XIXe siècle", Paris, Tallandier

2011 "Histoire des maisons hantées. France, Grande-Bretagne, États-Unis (1780-1940)", Paris, Tallandier,

2012 "Les Âmes errantes", direction d’ouvrage collectif, Creaphis, collection « silex »

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Pour sa 6e édition, le Marathon des images atteint sa vitesse de croisière. La formule qui a fait le succès de ce rendez-vous reste inchangée : 24 historiennes et historiens feront l'analyse en 5 minutes « montre en main » d'une image ou d'un très court extrait de film. Mais le Comité organisateur continue d'innover : l'an passé, les trois présidents de séance avaient soumis aux spectateurs une « image mystère », que le public était invité à commenter. Cette année, dans un esprit participatif, le Comité lancera un appel à projets auprès du public et sélectionnera deux propositions d'intervention. Les festivaliers dont l'image aura été retenue seront invités à en faire le commentaire en toute fin de Marathon. Dernière nouveauté : la troisième séance sera suivie d'un échange informel entre le public et les Marathoniens, autour d'un verre. Avec: Bruno BERTHERAT Régis BERTRAND Corinne BONNET Catherine BRICE Tal BRUTTMANNGuillaume CALAFATCaroline CALLARDAnne CAROL Isabelle CARTRON Dominique CASTEX Joël CHANDELIERPhilippe CHARLIERPaul CHOPELINGuillaume CUCHETJean-Paul DEMOULEVanessa DESCLAUXMarie FAVEREAUJérémie FOAMathieu GRENETEmmanuel LAURENTINMichel LAUWERSFlavie LEROUXDidier LETTPascal ORYAnnie SARTRE-FAURIATStéphanie SAUGETLydwine SCORDIAClaire SOTINEL Mileva STUPAR William VAN ANDRINGA

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
En France, en Grande-Bretagne et en Amérique se diffuse la pratique des photographies post-mortem ainsi qu'en témoignent les fonds d'archives Burns. Les premières publicités de photographes professionnels proposant des clichés de personnes décédées apparaissent en 1846 aux États-Unis et peu après en France. La pratique se banalise dès la seconde moitié du XIXème siècle. Les daguerréotypes sont montés en pendentif, en broche, dans des albums soignés qui leur servent d'écrins plus ou moins ouvragés.

Et l'on espère même pouvoir capter par le procédé photographique l'image d'un spectre à partir des années 1860-1870. C'est en tout cas ce que se' propose de faire le photographe professionnel Daniel Buguet dans sa boutique de Montmartre à compter de 1873. D'après Clément Chéroux, la photographie spirite permit à Buguet d'augmenter de 20% son chiffre d'affaires, jusqu'à son arrestation pour escroquerie en avril 1874. Et malgré la découverte et l'aveu de la fraude et des trucs pour réaliser les photos (grâce à un jeu de surimpression), la croyance des personnes trompées ne parut pas ébranlée. Les photographies sont conservées dans les albums de famille.
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La peur domestique provient donc de l'intrusion invisible mais manifeste. La hantise au XIXème siècle est beaucoup moins une affaire de fantômes et d'apparitions, c'est-à-dire de phénomènes visuels, que de manifestations spectaculaires incompréhensibles et invisibles. Les informations véhiculées par l'ouïe mais invalidées par l’œil par exemple produisent des phénomènes de brouillage sensoriel qui génèrent l'affolement et qui sont vécus comme des violences insupportables. Les contemporains du XIXème siècle accordent une nouvelle place à leur sens de l'observation qui est la clé de voûte du positivisme. Ne pas voir ou voir sans comprendre produit sur les esprits rationnels du XIXème des effets de malaise vertigineux.
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Dans une optique d'histoire compréhensive, il faut resituer les contemporains de ces récits de maisons hantées dans leur environnement : celui-ci est fait d'un vieux fonds d'histoires de fantômes, renouvelé au XIXème siècle, et d'un goût partagé part les élites pour le bizarre et le style "gothique". Ce style "gothique" qu'on retrouve dans tout l'espace atlantique occidental n'est pas anecdotique. Il informe de mutations politiques et sociales importantes et il est diffusé par de puissants relais médiatiques, même si l'heure n'est pas encore à la culture de masse. Tout cela permet de comprendre que les "lunettes gothiques" sont les principaux outils à disposition des contemporains pour parler de bien des décalages et des changements à l’œuvre au cours du XIXème siècle.
S'intéresser aux représentations littéraires des maisons hantées aux XIXème et XXème siècles, mises en relations avec d'autres types de texte, permet de mettre en lumière la façon dont les récits les plus fameux se servent du dispositif de la maison hantée pour présenter les principaux dysfonctionnements des cellules familiales contemporaines et en particulier pour y montrer des femmes en situation d'aliénation.
Enfin, le déplacement permanent opéré par les contemporains entre les lieux de la hantise et les occupants hantés amène évidemment à sonder les terres fertiles de la hantise. Y a-t-il des régions, des pays plus hantés que d'autres, des classes sociales plus visées que d'autres ?
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Les bonnes sont formées dès l'enfance, entrent dans un personnel de maison, sont intégrées à l'intimité du foyer, moralisées, séparées des autres salariées. Dans ce lieu privé, où les tâches multiformes ne peuvent être précisément décrites, le contrat de travail ne fixe aucune durée de travail et rend la domestique corvéable à merci. Les domestiques sont censées êtres les fantômes invisibles de la maison au service de la "fée du logis" que représente leur patronne. Dans les maisons les plus riches, elles ne se déplacent librement que dans les espaces de service qui leur sont dévolus (escaliers et couloirs de service), car dans le reste de la maison, elles doivent étouffer leurs pas, être des ombres. On leur demande de réaliser leurs tâches dans la plus grande discrétion, si possible hors de vue, et de ne faire "apparition" qu'à condition d'être sonnées. Anne Martin-Fugier le révèle dans on travail remarquable sur la domesticité féminine française et plus spécifiquement sur les "bonnes couchantes" qui vivent et dorment dans la maison du maître :
"Faire le portrait des bonnes de nos grands-mères - si nos grands-mères avaient des bonnes -, ce n’est pas tracer l'arbre généalogique des femmes de ménage actuelles, ce n'est pas évoquer avec nostalgie les familles bourgeoises du siècle dernier, mais c'est rendre visible la bonne qui vit en chacune de nous, restituer ses traits au fantôme pour le regarder en face et commencer à le congédier".
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Pour beaucoup d'hommes et de femmes de cette époque, les femmes sont des êtres fragiles et névrosés par une société étriquée qui ne leur offre que la perspective d'être une bonne épouse, une bonne maîtresse de maison et une bonne mère. Rien d'étonnant donc à concevoir les femmes obsédées par d’insupportables désirs d'autre chose, et pourquoi pas "d'au-delà", surtout quand elles croient échouer dans ce qui semble être leur mission ou leur destin. Il est assez facile de trouver des exemples qui montrent que certaines femmes se sont conformées à ce schéma explicatif. On peut ainsi penser à Mme Abraham Lincoln.
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Walter Benjamin a souligné à quel point le XIXème siècle avait été le siècle de l'habitation. Pour lui, les contemporains vont très loin dans la transformation de la maison en boîtier ou en étui qui "doit porter l'empreinte de celui qui l'occupe". Dominique Pety, qui a étudié les ouvrages de décoration intérieure au XIXème siècle, confirme un "goût tapissier" qui domine entre 1850 et 1890 en France : les contemporains abusent des tentures, du redoublement systématique des portes par des portières, du capitonnage et du rembourrage. En élargissant à la maison les caractéristiques que Claude Duchet observait dans l’œuvre de Flaubert à propos de la passion des objets et des bibelots, on peut repérer un triptyque : protection, profusion, symétrie. La maison se doit d'être pleine comme un œuf. Elle révèle la possession et l'identité de ses propriétaires. Elle protège d'un monde extérieur incertain, effrayant ou trop changeant.
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La maison hantée au XIXème siècle est un thème, voire un sous-genre de la littérature gothique ou fantastique. Or le genre fantastique, qui se développe fortement au XIXème siècle, apporte de nouveaux récits qui associent assez souvent "maisons hantées" et secrets de famille qui mettent en jeu des rapports de pouvoir entre hommes, femmes et enfants. C'est une nouveauté par rapport aux usages anciens - et très rares - de la maison hantée dans les textes littéraires.
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Dans la Bible et dans sa théologie, l'Église catholique reconnaît l'existence d'un monde invisible en "contact" avec le monde des vivants. Depuis le Moyen Âge, ce monde invisible peut prendre trois figures différentes : les anges et les saints (venant du ciel et du paradis), le diable (échappé de l'enfer) et les âmes du purgatoire (venues d'un troisième lieu, "inventé" aux XIIe et XIIIe siècles et qu'a étudié Jacques Le Goff). Les "contacts" avec les vivants sont exceptionnels dans la doctrine chrétienne, qui cherche à les contrôler et à les limiter.
Depuis, semble-t-il, le Ve siècle, le thème de la maison hantée est présent dans la littérature chrétienne. Jean-Claude Schmitt indique bien que, pendant tout le haut Moyen Âge, les récits de revenants sont rares. À cette époque, la crainte des morts malfaisants et celle de démons se confondent. Ils ne deviennent plus nombreux qu'avec l'apparition des ordres mendiants qui les utilisent pour stimuler la pénitence et inciter les chrétiens à acheter des messes pour les morts. Les revenants ressortent donc timidement et les âmes errantes pullulent même littéralement dans le village cathare de Montaillou au XIVe siècle jusqu'à l'arrivée de l'Inquisition. Pour l'historien, les revenants sont l'un des rouages de la structure économique qui soutient l'Église à la fin du Moyen Âge : ils sont donc parfaitement intégrés au système religieux, même s'ils doivent rester rares. Mais les choses changent au XVIe siècle, peu avant la Réforme. En effet, le prédicateur strasbourgeois Geiler de Kaiserberg soutient dans un sermon l'impossibilité pour une maison d'être hantée pour plusieurs raisons : "Les âmes ne font pas de bruit ; celles qui sont en enfer n'en sortent pas ; celles qui sont au ciel ne s'occupent pas de ces sottises et celles du purgatoire ont autre chose à faire." Les cas, déjà peu nombreux, diminuent encore dans les récits chrétiens. Ce qui ne veut pas dire que les rumeurs de maisons hantées ne continuent pas à circuler à cette époque. Ce qui change, c'est le regard de l'institution chrétienne, catholique, en Allemagne peu avant la Réforme.
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Le bruit et les coups sont les deux phénomènes les plus fréquents et les plus redoutés du XIXe siècle. Ce qui provoque l'angoisse des habitants d'une maison plongée dans la pénombre sont la plupart du temps des phénomènes d'ordre acoustique et sonore : plusieurs occupants disent par exemple entendre des sortes de martèlements qui sont jugés particulièrement inquiétants quand ils proviennent du plancher ou du plafond. Les sons ne semblent pas naturels : on trouve les expression "martèlements", "bruits de scie", "grattements, mais aussi "détonations d'artillerie".
En dehors des bruits étranges, l'autre grande source d'inquiétude est la violence gratuite subie dans le cadre protecteur du foyer. Cette violence peut être indirecte, c'est-à-dire subie par des meubles violemment déplacés ou entrechoqués, des murs ou des volets criblés de projectiles divers, mais elle peut aussi être directe et atteindre physiquement les corps. Dans La Revue spirite, on peut ainsi lire des histoire d'occupants giflés (Castelnaudary, 1848) mais aussi ballotés ou suspendus au-dessus du sol par des forces "magnétiques" (Aube, 1856).
La peur domestique provient donc de l'intrusion invisible mais manifeste. La hantise au XIXe siècle est beaucoup moins une affaire de fantômes et d'apparitions, c'est-à-dire de phénomènes visuels, que de manifestations spectaculaires incompréhensibles et invisibles. Les informations véhiculées par l'ouïe mais invalidées par l’œil par exemple produisent des phénomènes de brouillage sensoriel qui génèrent l'affolement et qui sont vécus comme des violences insupportables. Les contemporains du XIXe siècle accordent une nouvelle place à leur sens de l'observation qui est la clé de voûte du positivisme. Ne pas voir ou voir sans comprendre produit sur les esprits rationnels du XIXe des effets de malaise vertigineux. Le doute scopique, le doute sceptique, peuvent aussi conduire à douter de la santé mentale ou e la solidité de l'environnement. C'est la première façon de comprendre que "quelque chose ne va pas", la plus évidente. Toutefois, il serait réducteur de n'y déceler que cela.
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Stéphanie Sauget
La maison hantée au XIXème siècle est un thème, voire un sous-genre de la littérature gothique ou fantastique. Or le genre fantastique, qui se développe fortement au XIXème siècle, apporte de nouveaux récits qui associent assez souvent "maisons hantées" et secrets de famille qui mettent en jeu des rapports de pouvoir entre hommes, femmes et enfants. C'est une nouveauté par rapport aux usages anciens - et très rares - de la maison hantée dans les textes littéraires.
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