Citations de Stéphanie des Horts (119)
Je te propose de transcrire tout ce qui te fait peur, ou mal. Tu n'es pas obligé de rédiger de grandes phrases d'écrivain...
- De grandes phrases d'écrivain, Mummy ?
- Écris ce que tu ressens. Comme tu le ressens. Ainsi ton souci s'évanouira comme par enchantement. Noter la diffi-culté, c'est effleurer la solution. Mon chéri, ce que l'écriture t'apportera, c'est la force de vie. Tu verras, cela te propulsera en avant, tu franchiras tous les obstacles, comme à saute-mouton, et cela te sauvera, je te le promets.
S'il m'arrivait quelque chose, souffle John à sa sœur, je veux être incinéré et jeté dans l'océan. Je refuse d'être un arrêt sur le circuit d'un autocar de touristes.
Le lendemain matin, Carolyn sort acheter des framboises, des Cranberry et des groseilles pour son petit déjeuner. Elle est prise en chasse par les reporters, les halos lumineux de leurs appareils l’aveuglent, elle se met à courir, trébuche, fait tomber le sac de papier brun, les fruits s’écrasent par terre, les paparazzis les piétinent. Elle rentre chez elle, essoufflée et les mains vides. Tous les yeux sont braqués sur elle. Carolyn Bessette n’aurait jamais imaginé que le prix à payer pour être la femme de John Kennedy serait si élevé.
Les voilà repartis pour une folle chevauchée à l’ombre des gratte-ciel de verre et d’acier. Les antennes sur le toit, des buildings captent des messages cosmiques où il n’est question que d’amour et de caresses. La nuit cède la place à l’aube, les prostituées se couchent quand se lève les traders, ils se croisent lors d’un bref instant de grâce, Manhattan se teinte de mélancolie.
Jackie et Lee, deux piranhas dans un aquarium.
- Mon avenir, Pierre, est derrière moi, Je suis une vieille femme.
[…]
- Mon avenir, Jeanne, est avec toi, tu es la vieille femme de ma vie.
Daisy Fellowes, héritière de la dynastie Singer, devient l’une de mes plus grandes clientes. Arbitre des élégances, sa seule vocation est de devenir inoubliable, elle est la reine de la médisance et se plaît à organiser des dîners de gens qui se haïssent. « Sainte Daisy, médisez pour nous », prient ses chers amis.
« Être toujours la première, lancer la mode, mépriser ceux qui la copient, Jeanne Lanvin confond remugle et fragrance, qu’elle bourgeoise », commente Coco en s’aspergeant de N•5.
Je croise le regard de Charlotte, elle lève son verre et s’exclame « à l’avenue chérie, droit devant et jusqu’à l’infini ! » Puis elle vide sa coupe d’un trait, la jette derrière elle et le passé se fracasse dans un cliquetis sinistre.
Et puis le mariage, de toute façon n’a rien à voir avec les sentiments, c’est bien connu, on épouse des femmes de bien, on aime des filles de rien.
J’ai honte, Jeanne. C’est tout. J’ai honte de n’avoir pas su t’imposer. J’ai honte de t’aimer aussi. J’aime mon monde et je t’aime toi. Il semblerait que cela fasse beaucoup. Affronter ton regard, ta déception, devoir le reconnaître, pardonne-moi Jeanne mais tu ne seras jamais comtesse de Quinsonas et je dois te l’avouer, au fond de moi-même je l’ai toujours su.
Une foule s’est amassée rue de la Paix. Ce n’est pas pour apercevoir Édouard VII ou le maharadjah de Kapurthala entrer chez Cartier. Non, il s’agit d’une arrestation, mon arrestation.
Pas un regard pour mes employés. Ils risqueraient d’y lire mon désarroi. Forte, rester forte. Toujours. Pour la légende, le souvenir, ce personnage que j’ai forgé année après année. Une femme d’airain. Une dame de fer. La carapace force le respect, la froideur est mon rempart, l’émotion me terrifie. Tenir coûte que coûte, garder la tête haute et maîtriser ma peur. Enrayer la panique. Pas de larmes, pas de pleurs, avancer droit devant, comme toujours.
J’ai toujours accordé un soin extrême à mes entrées et celle-ci subsistera dans les annales de la maison. Campée sur la dernière marche, la main tremblante agrippant la boule de cristal de la rampe, je choisis d’affronter celui qui semble être leur chef. Werner Best, donc. Je suis la panthère de Cartier. A près de cinquante-cinq ans, je n’ai plus rien à prouver, plus rien à perdre non plus, surtout pas ma dignité. Oui monsieur Best, surtout pas ma dignité !
On prend des leçons de danse au Colony Club et on parle français pendant le dîner. Pour chaque mot anglais accidentel, un gage nous est donné. Le credo de Janet, une discipline d'acier, qu'elle nous enseigne à chaque repas :
- Il y a deux choses essentielles dans la vie. L'argent et le pouvoir. Ce sont les nerfs fondamentaux de la guerre et le secret du bonheur éternel.
Jackie se tient bien droite et sa poitrine pigeonnante ressort. Voilà longtemps que Jackie l'a dépassé en taille.
- Les hommes aiment les femmes féminines. Vous devez vous marier et vous marier bien. J'ai fait la bêtise une fois, mais pas deux ! Observez la vie que nous offre Hughgie, ce n'est pas avec votre père que nous aurions été reçus chez les Vanderbilt ou les Rockefeller ! Marry Money !
J'ai onze ans, une gouvernante, deux femmes de chambre et un cuisinier. De quoi d'autre pourrais-je avoir besoin ? D'amour, maman, d'amour et de tendresse, mais tu ignores ce que c'est. Du plus loin que je m'en souvienne, j'ai toujours connu Janet les lèvres pincées. Elle est petite, très mince et possède des yeux perçants, deux flèches acérées, et cette bouche si fine que l'on pourrait penser qu'elle n'en a pas. Au fond d'elle-même, je pense que ma mère est méchante.
Lee et Stas passent de plus en plus de temps à Washington depuis que Lee est nommée dame de compagnie. Dans l'ombre de sa soeur. Encore et toujours. Ainsi qu'elle lui a expliqué.
- C'est simple, Pekes, tu fais tout ce que je fais, trois pas derrière.
Il possède cette fougue qui effraie les timorés et stimule les audacieux.
-Tu n’as rien compris, Michal, le mensonge sauve de tout.
…l’âme humaine est ballotée sens dessus dessous.