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Citations de Stephen Jay Gould (216)


Tant mieux, car les débats qui s’éternisent sur des points insolubles constituent réellement une grande perte de temps, nous mettent de mauvaise humeur et sapent notre énergie, la détournant des objectifs véritablement importants. Réservons plutôt nos luttes intellectuelles, non pour l’établissement du paradisiaque millénium, car je doute que l’homme soit vraiment capable de perfection, mais du moins pour l’édification d’une Jérusalem sur une planète qui pourrait être verte et où il ferait bon vivre.
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Je suis un de ceux qui voient dans la science non pas un mécanisme objectif, dirigé vers la vérité, mais une activité humaine dans sa quintessence même, influencée par les passions, les espoirs et les préjugés culturels.
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Pour gratifiants qu'ils soient dans l'abstrait, les triomphes posthumes sonnent creux
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Le Gideon Society, qui pourvoit au confort spirituel des voyageurs, persiste à placer la date de la Création en 4004 avant Jésus-Christ, dans les notes sur le premier chapitre de la Genèse. Selon les géologues, notre planète est au moins un million de fois plus âgée : environ 4,5 milliards d’années.

Toutes les sciences ont contribué à mettre en toute l’idée suivant laquelle l’homme aurait une importance cosmique. L’astronomie a montré que nous occupons une petite planète, à la frontière d’une galaxie de taille moyenne, parmi des milliers d’autres. La biologie nous a retiré notre statut d’exception aux lois de la nature, créée à l’image de Dieu. La géologie, elle, nous a donné l’immensité du temps et nous a appris que notre espèce n’en avait occupé qu’une part dérisoire. (p. 157)
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Pour résumer, quitte à me répéter un peu, la nasse de la science, son magistère, concerne le domaine empirique : en quoi consiste l'Univers (les faits) et pourquoi il fonctionne ainsi (la théorie). Le magistère de la religion s'attache, lui, aux significations ultimes et aux valeurs morales. Ces deux magistères n'empiètent pas l'un sur l'autre. Par ailleurs, ils ne recouvrent pas toutes les sortes de recherche - que l'on songe notamment au magistère de l'art, au sens de la beauté. Pour reprendre des lieux communs, (...) la science étudie comment fonctionne le ciel, la religion comment faire pour le gagner.
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« … la tradition humaniste de la Renaissance a entravé le développement de l'histoire naturelle en accordant davantage d'importance aux assertions littéraires des auteurs anciens qu'à l'observation directe des espèces en question, et en privilégiant les fables et les légendes, essentiellement parce que ces portraits remontant à Ésope et Aristote court-circuitaient les sources nouvelles d'informations physiologiques ou anatomiques susceptibles d'expliquer l'origine biologique et la fonction de formes et des comportements observés. (…) il envoie au diable ces naturalistes si convaincus de la croyance humaniste dans la supériorité et la complétude des textes anciens qu'ils passent leur temps à argumenter sur les remarques brèves et cryptiques de Pline, alors qu'ils pourraient plus utilement observer les organismes eux-mêmes, et se forger une conviction avec leurs propres yeux et leur propre intelligence. (…) Grew donne en revanche son aval à une approche toute nouvelle, contraire aux visées de l'humanisme renaissant, mais bien dans l'esprit de la science en germe. Il suggère deux règles de conduite, chacune opposée à l'esprit et à la pratique de la tradition humaniste : 1) distinguer entre les vraies et les fausses affirmations plutôt que répéter tout ce qui a été dit en rapportant toutes les opinions exprimées auparavant ; et 2) baser ces distinctions sur l'observation directe plutôt que sur le respect des déclarations des auteurs classiques... »
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« Mais ces collections anciennes, comme l'indique le nom de leurs lieux d'exposition – Wunderkämmern, chambres des merveilles ou cabinets de curiosité – expriment les sensibilités et les buts variés de la Renaissance et de l'époque baroque : évoquer la peur viscérale de la diversité naturelle ; montrer les raretés et les bizarreries (pour exciter la jalousie des autres collectionneurs), mettre l'accent sur l'étrange et le superlatif (le plus monstrueux, le plus grand, le plus beau) ; et mélanger les productions de la nature et celles de l'industrie humaine en regroupant tout ce qui est digne d'intérêt dans l'espace le plus restreint possible. Mais sous l'effet de la révolution scientifique, les collectionneurs s'intéressent davantage à comprendre l'ordre de la nature qu'à prendre la mesure des craintes humaines, et ils imaginèrent des musées capables de montrer à travers des objets concrets l'histoire, les lois et les systèmes de la nature. »
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« Eldredge et moi faisons référence à ce mécanisme sous le nom de système des équilibres ponctués. (...) Si le gradualisme est plus un produit de la pensée occidentale qu’un phénomène de nature, il nous faut alors étudier d’autres philosophies du changement pour élargir le champ de nos préjugés. Les fameuses lois de la dialectique reformulées par Engels à partir de la philosophie de Hegel, font explicitement référence à cette notion de ponctuation. Elles parlent par exemple de ’’ la transformation de la quantité en qualité’’. La formule laisse entendre que le changement se produit par grands sauts suivant une lente accumulation de tensions auquel un système résiste jusqu’au moment où il atteint le point de rupture. »
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« Ainsi, les chercheurs s'embarquent dans des problèmes pour des raisons tout à fait bizarres et accidentelles. Les projets se développent comme les organismes avec le don de la découverte et un grand pouvoir d'adaptation et non pas selon le déroulement linéaire d'une démonstration de géométrie plane. »
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“ Darwin n'aurait pu qualifier d'évolution au sens vernaculaire que possédait alors ce mot, le processus géré par son mécanisme de sélection naturelle. Car ce mécanisme ne génère qu'une adaptation croissante aux modifications de l'environnement local, et non un progrès prédictible au sens usuel de perfectionnement cosmique ou général contenu dans les notions occidentales d'accroissement de la complexité ou des aptitudes mentales. (...) En outre, la sélection naturelle n'adaptant les organismes qu'aux seuls environnements locaux, environnements qui se transforment de manière aléatoire sur des durées géologiques, les voies de l'évolution adaptative sont imprévisibles. Ainsi, pour ces deux raisons fondamentales – absence de direction intrinsèque et absence de prédictibilité –, le processus géré par la sélection naturelle pouvait difficilement suggérer à Darwin ” l'usage d'un mot qui signifiait alors exactement le contraire de son idée.
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Il cite Darwin : “ Pour grande qu'elle soit, la différence d'esprit entre l'homme et les animaux supérieurs est certainement une question de degré et non pas de nature. ”
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“ Les taxinomies révèlent nos schémas de pensée privilégiés (...) [l'objectif de la discipline des taxinomistes] est la recherche d'une classification naturelle. Certes, ce qualificatif naturel peut paraître bizarre, voire arrogant, pour décrire un système de classification optimal, mais les raisons de ce choix sont claires. Si toutes les taxinomies expriment nécessairement des théories sur l'ordre de la nature, on peut alors définir la classification la plus naturelle en disant qu'elle est celle qui respecte, révèle et reflète le mieux les causes qui génèrent la diversité des organismes. ”
(un passage très intéressant, qui me rappelle une conférence du même acabit de Guillaume Lecointre)
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“ l'absence apparente de clavicules chez les dinosaures sembla interdire un lien ancestral direct avec les oiseaux (...) la récente découverte de clavicules chez plusieurs dinosaures – notamment chez les formes les plus proches des oiseaux – remit immédiatement à l'honneur la vieille hypothèse de Huxley sur une descendance évolutive directe. ”
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“ Nous reconnaissons peut-être que le vieux déterminisme du progrès prévisible ne peut plus s'appliquer strictement, mais en même temps nous considérons que la seule alternative est une option inapplicable : celle du pur hasard. (...) Je m'oppose totalement à tout schéma conceptuel inscrivant la distribution des options sur une seule ligne et soutenant que la seule alternative à un couple de positions extrêmes est une option située quelque part entre les deux. Des perspectives bien plus intéressantes peuvent s'ouvrir dès lors que nous choisissons une position située en dehors de la ligne descriptive de la dichotomie. En écrivant ce livre, j'ai pour but de proposer une troisième alternative située hors de cette ligne. J'estime que la reconsidération de la faune de Burgess et sa mise en perspective par l'expérience fictive consistant à redérouler le film de la vie fournissent un puissant soutien à cette façon différente d'envisager l'évolution de la vie : chaque fois que l'on déroule le film, l'évolution prend une voie différente de celle que nous connaissons (...) Chaque nouvelle voie empruntée est tout aussi interprétable, tout aussi explicable a posteriori que celle qui a été réellement suivie et que nous connaissons. Mais la diversité des itinéraires possibles montre à l'évidence que les résultats finaux ne peuvent être prédits au départ. ”
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Les façons traditionnelles de se représenter l'évolution, du moins telles qu'elles sont traduites dans la culture populaire, l'envisagent plutôt sous la forme d'un processus lent et imposant, guidé au long de sa trajectoire par des adaptations judicieuses, et menant à la fois vers une plus grande complexité des formes les plus élevés et vers une diversité plus abondante à tous les niveaux. Une telle vision permet de rendre compte des trois surprises exprimées dans le cas des trois questions paléontologiques envisagées ci-dessus, car la courte explosion cambrienne apparaît, dans ce cadre, manifestement trop brusque et iconoclaste ; l'indépendance de l'évolution des insectes et des fleurs suggère un chaotique manque de coordination ; et l'apparition d' Homo sapiens, en tant que évènement historique qui survient en un seul lieu, invoque le capricieux et l'aléatoire.
En revanche, ma propre vision du monde prend en compte et prédit tous ces phénomènes de rythme évolutif, d'absence d'interactions nécessaires entre groupes et de lieu unique de naissance des espèces. Je considère depuis longtemps que la stabilité est la norme évolutive en vigueur la plupart du temps, tandis que le changement évolutif est un phénomène relativement rapide, ponctuant la tranquillité et faisant passer les systèmes en de nouveaux états.
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Ainsi, il ne reste que Quatre spécimens empaillés de l'hippotrague bleu, une espèce d'antilope d'Afrique du Sud, dans les muséums de Stockholm, Vienne, Leyde (près d'Amsterdam) et Paris.
A peine découverte en 1719, et décrite en 1766, la dernière Hippotragus leucophaeus a été tuée par un chasseur boer en 1799.
Le spécimen de Leyde est devenu le “ type ”, c'est à dire le spécimen officiel de l'espèce.
Ces fossiles sont “ d'une précieuse rareté en tant que seuls témoignages du premier cas de la série d'extinction des espèces, qui va aujourd'hui en s'accélérant. Elles nous regardent depuis Leyde, Paris, Vienne et Stockholm. Ce sont les quatre antilopes de l'Apocalypse, nous observant silencieusement pour voir à combien d'autres espèces nous allons faire subir leur triste destin ”.
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Mais si ma comparaison est valable, il se pourrait bien que la vérité soit précisément à l'opposé. Si les comportements rares sont à la source de l'histoire, alors notre nature, telle qu'elle se manifeste couramment, doit être définie par ces actes habituels que nous accomplissons dans le cadre du quotidien, mais qui ne règlent pas le sort des nations. Les déterminants de l'histoire sont sans doute à l'opposé des processus ordinaires qui ont cours à chaque instant ou presque... (...)
L'histoire est déterminée par la guerre, la cupidité, la soif du pouvoir, la haine et la xénophobie (et quelques autres motivations, plus admirables, intervenant de-ci, de-là). Nous estimons donc généralement que notre nature fondamentale est définie par ces traits humains évidents. Ne nous a-t-on pas souvent dit que l'homme est, par nature, agressif et ne cherche qu'à accumuler égoïstement des richesses ? (...) Que voyons-nous, n'importe quel jour ordinaire ? (...) Des milliers d'actes de gentillesse, minuscules et sans grande importance et des milliers de témoignages d'égards. Nous nous écartons pour laisser passer quelqu'un, sourions à un enfant, bavardons sans but avec une connaissance ou même un inconnu. (...) Non, presque toute rencontre avec une autre personne est, au minimum, neutre, et, le plus souvent, assez agréable. Homo sapiens est une espèce remarquablement douce.
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La nature, selon le mot de François Jacob, est un excellent bricoleur et non un artisan divin.
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En notre époque technologique, où les avions peuvent se transformer en bombes puissantes, les rares actes de dépravation semblent anéantir notre paysage, tant géographique que psychologique. Mais la simple décence d'un milliard de petits gestes de gentillesse, accomplis par des milions de braves gens, forme un contrepoids puissant bien souvent invisible en raison de son peu d'intérêt médiatique.
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Les gens ont de l'esprit, mais pratiquement personne n'a jamais dit le bon mot qu'il fallait au moment où il le fallait. Par conséquent, presque toutes les phrases célèbres ont été inventées après coup (ce sont des phrases que les gens auraient bien aimé avoir prononcées, mais qu'ils n'ont pas réussi à formuler à l'instant opportun).
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