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Citations de Steve Sem-Sandberg (52)


Elle se félicite d’avoir relevé ses cheveux et de les avoir cachés sous un foulard. D’après sa mère, seules les prostituées portent les cheveux défaits, parce qu’elles n’osent pas montrer leur visage.
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Pourtant, plus que la vision du Führer, c’est son discours, résonnant à travers les haut-parleurs tout là-haut au-dessus de la masse, qui fit au garçon la plus forte impression. Et ce, bien qu’il fût impossible d’en distinguer le moindre mot : le son saccadé se noyait dans le brouhaha des dizaines de milliers de personnes qui, comme eux, criaient, agitaient des drapeaux à croix gammée et levaient le bras.
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Quand les déportés et les morts sont plus nombreux que les vivants, ils se mettent à parler à leur place. Les vivants ne sont plus en nombre suffisant pour avoir la force de porter la réalité ; c'est aussi simple que cela.
A présent, Adam comprend : c'est de là que viennent les voix.
Quand il fait froid et sombre et que l'humidité brouille toutes frontières, la balance penche de l'autre côté ; alors que le ciel là-haut n'est plus à lui, mais à eux. Ce sont eux qui marchent sous la voûte : en route pour Marysin depuis la prison de la rue Czarnieckiego, par rangs de trois ou cinq, escortés par les gardes ; ou bien debout derrière la clôture de la Maison verte, leurs petites mains oubliées pendues au grillage.
En d'autres temps, un silence absolu régnait dans les colonnes de marche. A présent, il entend les hommes chanter. Tous les dos chantent. C'est un chant sorti de la terre, sourd et puissant comme un grondement qui croît et grossit à l'intérieur de son corps. Car ce chant résonne aussi en lui. Le monde entier tremble et retentit de cette complainte. Il se bouche les oreilles de toutes ses forces pour la repousser ; en vain. Car quand les morts chantent, rien ni personne ne peut empêcher leurs voix de s'élever ; rien ni personne ne peut les faire taire.
Lorsqu'il se réveille enfin, il ne reste que l'écho de son propre cri. Mais cet écho se répercute au loin, bien au-delà de lui-même, comme s'il avait malgré lui dessiné les contours de tous ces morts et absents, dans un rayon de plusieurs milliers de kilomètres.
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Mais comment peut-il y avoir de Vérité s'il n'y a pas de Loi, et comment peut-il y avoir de Loi s'il n'y a plus de Monde ?
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Ces derniers jours, je me suis attelé pour de bon à la lecture des oeuvres posthumes de Kaufmann, pas seulement son journal, mais également les autres livres de sa bibliothèque,
que Sigrid Kaufmann, après la guerre, avait obligé Johannes à aller chercher à la ferme.
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Je me rends compte que je m'oriente dans la maison comme si j'étais encore un enfant. Je me précipite vers ma chambre, dans laquelle je me suis installé après cette longue nuit que Minna a passé à la ferme avant de nous quitter, comme ça, sans crier gare.
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Je me souviens d’avoir pensé un soir que si toute cette déliquescence autour de nous - Johannes qui se soûlait à longueur de journée et dormait dans ses couvertures souillées d’urine, le jardin en friche, la maison qui moisissait, la façon qu’avait Minna de perturber le voisinage avec ses hurlements stridents d’adolescente -, si toute cette vie chaotique que nous menions ensemble pouvait être échangée contre un seul instant de calme et de paix, ce serait celui-là. Alors que, debout, dans la nuit silencieuse, nous observions les étoiles immobiles dans le ciel. Si notre vie pouvait s’imprégner de cette tiède obscurité au dessus de nous. Nuit après nuit. Ce même sentiment de sécurité, ces mêmes constellations constantes et immuables. Voilà ce que j’ai pensé. Voilà comment pense un enfant.
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Le brouillard me rappelle le morceau d'étoffe blanche dont Johannes recouvrait les cerisiers pour les protéger des oiseaux. Derrière la brume, les arbres sont encore nus et, dans l'eau, seuls se reflètent leur branchage noueux et les rochers.
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...le meilleur travailleur est celui qui a l'estomac vide. Les ouvriers au ventre plein sombrent dans la torpeur. Ils n'ont plus la force de tenir leurs outils. Ils tombent sur le train. Et s'ils ne tombent pas sur le train, ils ont les yeux rivés à l'horloge, dans l'attente du signal qui leur permettra de se lever et d'aller reposer leur corps suralimenté. [...] Il s'agit de maintenir les cochons dans une condition où ils ne sont jamais rassasiés. Ainsi la nourriture les obsède ; la pensée qu'ils pourront bientôt manger les pousse à travailler un peu plus longtemps, à donner toujours un peu plus : ils sont toujours à la à limite d'être tirés d'affaire, sans l'être tout à fait. (P.61)
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Quand les Allemands évoquaient les juifs, ils ne parlaient pas d'êtres humains mais d'un matériau foncièrement exécrable quoique utile. Être juif constituait en soi une déviance. Le seul fait que le juif revendique une forme d'individualité était une monstruosité. Les juifs étaient réduits à une forme collective. A des nombres arrêtés. Des quotas, des quantités. Rumkowski réfléchit donc de la façon suivante : afin d'amener le monstre à te comprendre, tu n'as d'autre choix que d'adopter sa façon de penser. Ne pas voir l'individu, seulement la masse. (P. 52)
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Mais non : rien de ce qui touche le corps ne se produit à l’aveuglette. Les recherches en génétique ont clairement démontré qu’il n’existe aucune maladie affectant l’organisme – pas même une banale infection – qui ne comporte une composante héréditaire. [….] Pour être efficace une anamnèse ne doit pas se limiter à déterminer si tel patient a déjà eu telle manifestation d’une maladie par le passé. Pour être efficace, une anamnèse doit prendre en compte toute l’histoire pathologique du patient, y compris son origine sociale et raciale . (P. 97)
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« Celui qui jouit d’une bonne santé ne craint pas la lumière ».
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