Voici trois romans très différents, mais portés par un souffle singulier. Chasse à l'homme à travers la toile des réseaux djihadistes dans le second volet du triptyque de Frédéric Paulin consacré à la genèse du terrorisme. Chasse à l'ours dans les forêts du Kamtchatka où Sandrine Collette confronte une jeune femme à sa vérité. Chasse tragique au plus intime de l'identité d'un jeune criminel, homme-enfant déchirant, dans le nouveau roman de l'Irlandais Stuart Neville. Trois textes subtils et oppressants.
"Prémices de la chute" de Frédéric Paulin (Agullo)
"Animal" de Sandrine Collette (Denoël)
"Ceux que nous avons abandonnés" de Stuart Neville (Rivages/Noir)
+ Lire la suite
Cet homme a vraiment craché sur mon tapis ? ...
— je suis désolée, dit Audra se tournant pour quitter la pièce.
— Désolée ? Ne soyez pas idiote. Trop de femmes s’excuse du comportement des hommes.
"Le fou se croit sage , mais le sage sait qu'il n'est qu'un fou. "
[ Shakespeare ]
Patrick disant qu'il l'aimait. Qu'il l'aimait malgré tout. Comme si la femme qu'elle était ne méritait pas son amour. Il avait toujours manié la langue comme une douce lame avec laquelle la poignarder, si douce qu'elle en sentait la blessure que bien après coup, lorsqu'elle gisait dans son lit et que les propos de Patrick lui revenaient en mémoire. Roulaient dans sa boite crânienne comme du gravier dans un bocal, s'entrechoquant comme ...
En posant sur le comptoir les quatre bouteilles en plastique, elle remarqua la vitrine fixée au mur. Une douzaine de pistolets de différentes formes et tailles, revolvers, semi-automatiques, pour autant qu'elle sache les reconnaître. Elle avait toujours vécu sur la côte Est et, même si elle savait que l'Arizona était un Etat pro-armes, elle trouva choquant l'étalage de cette artillerie. Un soda et un flingue, s'il vous plaît, pensa-t-elle, et cette idée faillit la faire rire.
Il n'a peur de 'personne', j'ai dit. Les chocottes dans le noir, c'est un autre sujet...
La mort colle aux hommes qui l'ont donnée, comme la puanteur d'un abattoir. Fegan se figura que tous deux devaient la sentir chez l'autre, de même qu'un chien reconnaît à l'odeur un ami ou un ennemi. Il sortit de la maison, conscient du regard de Campbell dans son dos.
En posant sur le comptoir les quatre bouteilles en plastique, elle remarqua la vitrine fixée au mur. Une douzaine de pistolets de différentes formes et tailles, revolvers, semi-automatiques, pour autant qu'elle sache les reconnaître. Elle avait toujours vécu sur la côte Est et, même si elle savait que l'Arizona était un État pro-armes, elle trouva choquant l'étalage de cette artillerie. Un soda et un flingue, s'il-vous-plaît, pensa-t-elle, et cette idée faillit la faire rire.
Une âme humaine pouvait supporter la honte presque jusqu’à l’infini tant que celle-ci restait tapie à l’intérieur de soi, dissimulée aux yeux d’autrui.
Un silence éloquent s'installa à l'autre bout du fil. Le chef de la police poussa ensuite un long soupir qui résumait toute sa pensée.
"Monsieur le ministre... Certains d'entre nous, confrontés à de lourdes tâches, savent faire face à leurs responsabilités. D'autres en sont incapables."
Hargreaves redressa la tête sur le coussin en cuir.
"Pilkington ?
- Oui, Monsieur le ministre.
- Je ne vous aime pas.
- C'est réciproque, Monsieur le ministre. A présent, je vous laisse tranquille. Vous avez une longue nuit qui vous attend.
- Allez au diable."
La communication fut coupée. Quelle heure était-il ? se demanda Hargreaves. Et où avait-il posé sa montre ? Ah oui, sur la cheminée. Il se leva et s'approcha du manteau en marbre surmonté d'un miroir. Rien.
"Salope", dit-il.
Hargreaves ne cesserait jamais de s'en étonner: les gens votaient pour des criminels en pleine connaissance de cause. L'électorat d'Irlande du Nord était sûrement l'un des plus cyniques au monde. L'homme du peuple savait lire entre les lignes d'un discours mieux que n'importe quel analyste politique, sans en croire un traître mot. Et pourtant, les suffrages s'exprimaient à l'Identique, élection après élection. Finalement, songeait Hargreaves, on ferait aussi bien de compter les voix par appartenance religieuse , ce serait plus simple.