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Citations de Sue Grafton (184)


Etant toujours chez moi, j'ouvris le tiroir de mon bureau et en retirai un paquet de fiches neuves où je reportai les renseignements que j'avais glanés jusqu'alors - soit quatre fiches environ. Au cours des dernières années, j'avais pris l'habitude d'utiliser les fiches de ce type pour y noter les découvertes que je faisais pendant mes enquêtes. Après quoi je punaise mes fiches sur un panneau au-dessus de mon bureau et, à mes moments perdus, je les dispose et redispose au hasard. A un moment donné, je me suis aperçue à quel point un détail peut paraître différent lorsqu'on le voit hors de son contexte ordinaire. Comme les pièces d'un puzzle, la réalité semble changer de forme selon les circonstances. Ce qui paraît étrange ou inhabituel peut ainsi être parfaitement raisonnable une fois placé dans le cadre qui convient. De la même manière, ce qui ne semble pas devoir retenir l'attention dévoile parfois de précieux secrets sous une lumière différente. Ce système, je l'avoue, ne m'apporte en général absolument rien, mais m'a récompensée juste assez souvent pour que j'aie décidé de le garder. En plus, c'est reposant, cela m'aide à m'organiser et me rappelle, visuellement, ce qu'il me reste à faire.
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- Je ne pense pas me tromper en disant que ces deux semaines vont être très longues, murmura Henry.
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Je ne crois pas l'avoir jamais vu si mince, si jeune, si beau. C'est cela, la mort. Une amante dont l'étreinte vous entraîne par le fond sans prévenir. Ni fuite ni résistance, et la capitulation est voluptueuse. Il me tendit la main.

p. 343
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Il devait être un de ces hommes qui fonctionnent avec leur thermostat de chaleur corporelle poussée au maximum, car une pellicule de transpiration lui couvrait déjà le visage. D'un geste inconscient, on l'aurait dit, il prit le pan de sa cravate pour éponger les gouttes de sueur sur sa joue.
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L'affaire était épineuse. Sans parler de moralité, il n'est pas correct, aux yeux de la société, de copiner avec un duo de tueurs dénués de toute sensibilité.
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J'avais mis l'individu dans un cercueil et l'avais immergé dans les profondeurs de mon océan affectif, où il languissait depuis.
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Une créature née du stress s'était détachée du reste de ma personne et planait dans les hauteurs, afin d'analyser la situation sans être partie prenante de ma souffrance et de mon humiliation.
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Je m'autorisais un de ces petits gémissements que seule perçoit la gent canine.
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Je restai assise un moment à faire des grimaces au téléphone, ce qui est habituellement ma façon la plus adulte de traiter le monde.
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Il est difficile d'avoir foi en la nature humaine quand on est obligé de constater ce dont elle est capable.
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Mon répertoire culinaire se limitait aux sandwiches au beurre de cacahuètes avec des cornichons et aux œufs durs avec beaucoup de mayonnaise et de sel.
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La bonne chère est le seul vice qu'il me reste et je suis bien décidée à vivre dans le péché aussi longtemps que mon palais m'y autorisera.
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Le regret est une sensation déplaisante qui vous laisse au cœur un vide angoissant.
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J'ai l'air d'une victime. Personne n'aime les victimes, moi encore moins que les autres.
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Le menu, ronéotypé à l'encre violette, était à peu près équilibré - autant de graisses que de cholestérol. Tout ce que j'aimais. Je commandai un cheese-burger géant, deux portions de frites, un grand Coca et une tarte aux cerises meringuée à la chantilly. A fondre de plaisir.
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Dans quelle mesure leur "mariage moderne" l'était-il vraiment ? Si je n'exigeais pas beaucoup de notre relation, je trouvais tout de même fort désagréable de ne jamais savoir sur quel pied danser.... J'avais l'impression de jouer un rôle secondaire dans une pièce pour laquelle je n'aurais pour rien au monde acheté un billet.
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Une fois chez moi, j'éprouvais un de ces brusques accès de mélancolie auxquels j'étais sujette depuis le départ d'Henry pour le Michigan. Ce n'est pas mon genre de me lamenter sur ma solitude ni de déplorer, même fugitivement, mon indépendance. J'aime être seule. Je trouve la solitude stimulante et je connais des tas de façons de m'amuser. Le problème, c'était qu'il ne m'en venait pas une seule l'esprit...
A 20 heures, j'étais dans mon lit, tous feux éteints. Pas brillant brillant pour un détective privé qui s'est juré de lutter sans merci contre les méchants qui rôdent dans l'ombre.
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- Vous savez ce qui me plaît en vous ? me dit-il.
- Non ?
- Quand je suis avec vous, je n'ai pas l'impression d'être difforme et repoussant. Je me sens bien, presque normal. Je ne sais pas comment vous faites, mais c'est formidable.
Je le regardai quelques secondes, brusquement intimidée, puis je lui souris.
- Je vais vous le dire : vous me faites penser à un cadeau d'anniversaire que quelqu'un aurait envoyé par la poste. Le papier est froissé et l'emballage a souffert, mais le contenu est toujours sensationnel. J'aime beaucoup votre compagnie.
Un demi-sourire naquit sur ses lèvres, puis disparut. Il avait quelque chose d'autre en tête, mais il ne savait pas comment le dire.
- Oui ? dis-je pour l'encourager.
Son regard se planta dans le mien, et j'y reconnus une petite flamme qui m'était familière.
- Si j'étais... si je n'étais pas en morceaux, est-ce que vous auriez été tentée d'avoir une aventure avec moi ?
- Vous voulez la vérité vraie ?
- Seulement si elle est flatteuse.
J'éclatai de rire.
- La vérité, c'est que, si je vous avais rencontré avant l'accident, j'aurais été pétrifiée de timidité. Vous êtes trop bien, trop riche et trop jeune. Alors je crois que j'aurais dit non. D'ailleurs, si vous n'étiez pas "en morceaux", comme vous dites, je ne vous aurais sans doute jamais connu. Vous n'êtes pas du tout mon type, vous savez.
- C'est quoi, votre type ?
- Je ne sais pas, je n'ai pas encore dressé de portrait-robot.
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En gros, un enquêteur privé n'a pas plus de droits qu'un citoyen ordinaire et se repose sur sa débrouillardise, sa patience et sa pugnacité pour obtenir des renseignements dont les services de police disposent naturellement. C'est frustrant, mais on peut s'arranger. Je suis en relation avec des gens qui participent au système à un point ou à un autre de la chaîne. J'ai des contacts au télécoms, dans les organismes de crédit et les compagnies de gaz et d'électricité, et au bureau des cartes grises. A l'occasion, je peux m'adresser à des organismes fédéraux, mais seulement si j'ai quelque chose à leur donner en échange. Quant aux informations plus personnelles, je peux en général compter sur les gens pour dire du mal les uns des autres à la première occasion.
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En fait, elle n'est peut-être jamais arrivée à l'aéroport de Santa Teresa, à moins qu'elle n'ait fait escale en route. A vérifier point par point. Dans la vie d'un détective privé, il n'y a pas de place pour l'impatience, la négligence ou les états d'âme. Exactement comme pour les mères de famille.
La plupart des enquêtes se font ainsi. D'interminables prises de notes, des vérifications et des contre-vérifications sans fin, la poursuite méticuleuse de pistes qui parfois ne mènent nulle part.
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1982 : "Je m'appelle Kinsey Millhone. Trente-deux ans, deux fois divorcée, et appréciant la solitude. Je suis détective privé à Santa Teresa en Californie. Certains prétendent que ce n'est pas un métier pour une femme. Les préjugés ont la vie dure. Mais en général les clients sont plutôt contents de mes services". A comme ...

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