Sylvain Forge

À l’emplacement du buste : disparition complète des parties molles dans un épais tapis de résidus pulvérulents. Les os de la cage thoracique sont presque entièrement calcinés. L’avant-bras est préservé ; présence d’un bracelet de quatorze perles de couleur blanche autour du poignet. Le bijou est congloméré dans la chair. Il sera notre scellé numéro 2 lors de son extraction, durant l’autopsie. Au final, nous ne constatons ni blessure apparente ni trace de liens.
Isabelle fit un pas en arrière pour s’affranchir une seconde de l’odeur.
— J’aimerais la retourner, mais j’ai peur que tout me reste dans les mains. On va attendre qu’Hugo soit là pour les photos.
Bruno hocha la tête sans répondre, il s’agaçait à tenter de déplier un fauteuil roulant, rangé dans un coin.

Isabelle s’approcha du lit et porta le micro à ses lèvres.
— Soixante-dix pour cent du corps est réduit à l’état de cendre : identification anthropométrique impossible. La taille initiale pourrait être d’un mètre soixante environ. Seuls n’ont pas brûlé la calotte du crâne, où pend une touffe abondante et grise de cheveux, les membres inférieurs – au niveau des genoux – et l’avant-bras droit. Observons des chicots épars dans un reste de mâchoire. Nous en prélevons quatre aux fins de comparaison ultérieure avec le dossier dentaire de la victime. Disons qu’ils constituent le scellé numéro 1. Du fait de la chaleur intense, les articulations sont fracturées à hauteur des jointures supérieures et inférieures.

À mon âge, je n’ai plus grand-chose à escompter et je n’ai aucune envie d’être muté à l’autre bout du pays. Un poste à l’Information générale me rapprocherait de la préfecture de Nantes. J’ai intérêt à m’y faire des alliés dès maintenant.

En fait, ce n’était pas d’être une mère imparfaite qui l’angoissait le plus, c’était d’être insensible. Car il lui arrivait parfois, quand elle regardait sa fille, d’éprouver pour elle des bouffées d’amour, le reste du temps, une conviction tenace l’assiégeait : celle de vivre un des pires moments de sa vie.

Tous ces articles qu’elle avait étudiés, ces forums qu’elle avait consultés, interrogeant une dizaine d’inconnues. Le verdict était tombé : « phobie d’impulsion ».

Isabelle émit un petit sifflement d’admiration.
– ces machines devront équiper une base lunaire européenne, construite à partir de modules imprimés en 3D..

– Nos travaux sont financés à 80 % par l’ESA, l’Agence spatiale européenne, et plusieurs de nos scientifiques sont issus du laboratoire de planétologie de l’université de Nantes, fit-elle en commentant les images qui défilaient sur l’écran. Pour dire les choses simplement, nous concevons des robots spatiaux.

Les escape room, selon ce qu’il comprenait, étaient des jeux d’évasion grandeur nature où les participants, réunis en groupes, disposaient d’un temps donné pour s’échapper d’un endroit clos. Pour ce faire, ils devaient découvrir des objets et résoudre des énigmes, en se prenant pour des chevaliers, des détectives ou les passagers d’une navette spatiale, selon les thèmes du moment.
Un truc pour se faire peur.

- Ces étoiles au-dessus de nous, fit-elle, je les regarde souvent en pensant à toi. Mais une chose me déchire le cœur, chaque fois : savoir que si loin l'un de l'autre, nous ne partageons pas le même ciel.

- Tu espères la retrouver dan l’au-delà, c’est ça ? Mais, mon chéri, il n’y a rien là-bas, rien que les ténèbres. Un sommeil sans rêves qui ne finit jamais.

Pourquoi est-ce si facile de pirater un robot sur la Lune?
-Il suffit d'introduire un virus dans son systeme avant qu'il ne quitte la Terre, répondit l'ingénieur, en accédant à son enveloppe par une clef USB ou en profitant d'une vulnérabilité, dès sa conception. Une fois arrivée dans la base lunaire, la machine pourra se connecter aux réseaux sur place et permettre a sa charge nocive de se dupliquer, à plus grande échelle. Dans notre jargon, on nonmme ça une « latéralisation »: 1a recherche par un programme malveillant de ressources d'intérêt pour accaparer des accès privilégiés avant de prendre le contrôle du complexe tout entier.

Tous ces articles qu’elle avait étudiés, ces forums qu’elle avait consultés, interrogeant une dizaine d’inconnues. Le verdict était tombé : « phobie d’impulsion ». en fait, ce n’était pas d’être une mère imparfaite qui l’angoissait le plus, c’était d’être insensible. Car il lui arrivait parfois, quand elle regardait sa fille, d’éprouver pour elle des bouffées d’amour, le reste du temps, une conviction tenace l’assiégeait : celle de vivre un des pires moments de sa vie.

- Nos travaux sont financés à 80 % par l’ESA, l’Agence spatiale européenne, et plusieurs de nos scientifiques sont issus du laboratoire de planétologie de l’université de Nantes, fit-elle en commentant les images qui défilaient sur l’écran. Pour dire les choses simplement, nous concevons des robots spatiaux.
Isabelle émit un petit sifflement d’admiration.
- ces machines devront équiper une base lunaire européenne, construite à partir de modules imprimés en 3D..

— Tous les matins, j’ai mon lot de courriers d’insultes, mais les lettres de félicitation et d’encouragement sont plus nombreuses encore. Je me suis engagé à éradiquer la violence de cette ville, et je vais y consacrer toute mon énergie.
— Tu ne sauveras pas le monde à toi seul, mon amour.
En feuilletant Presse Océan, le regard du maire tomba sur un court article.
« Nantes. Olivier Jacquemin est le nouveau chef de la police judiciaire »
Il lut rapidement le papier et lança à sa femme :
— Je ne suis pas seul, je viens de trouver un allié.

Qui c’est ce mec ? songea-t-elle.
— Je suis le capitaine Lucas Berthet, ton nouvel adjoint.
— On m’avait parlé d’un renfort avant que je parte en congé, dit-elle. J’ignorais qui serait l’heureux élu. On s’est croisés dans les couloirs ?
— Aux Stups, j’étais souvent sur le terrain, rarement dans mon bureau.

— La guerre contre les truands se fera dans la rue, comme dans le cyberespace. Jamais plus, à Nantes, un hacker n’osera s’attaquer à ce symbole de la République qu’est la police judiciaire, j’en prends l’engagement devant vous.

elle résuma la carrière de Jacquemin : Office central de répression du banditisme, brigade de recherche et d’intervention de la préfecture de Police de Paris (l’ex-Antigang), des postes en police judiciaire dans les villes « chaudes » : Lyon, Marseille, Bastia… Et, pour couronner le tout, la réputation d’être un « incorruptible ».
Le commissaire divisionnaire se tenait au milieu d’un cercle formé par ses nouvelles troupes.

À l’étage où se trouvait la direction territoriale de la police judiciaire, tout avait été refait à neuf. Disparues, les traces de la cyberattaque qui avait paralysé le service : une humiliation pour les forces de l’ordre. Toute l’infrastructure avait été « durcie », comme disaient les informaticiens, avec porte blindée équipée de détecteurs biométriques et attribution d’une flotte d’ordinateurs dont les disques durs étaient chiffrés. Du matériel dernier cri. Le ministère de l’Intérieur avait dépensé sans compter, sa crédibilité était en jeu.

Sur de grands panneaux, le nouveau maire, Guillaume de Villeneuve, rappelait le slogan qui lui avait fait gagner, à la surprise générale, les dernières élections : « Votre sécurité, ma priorité ».

Depuis sa séquestration, des gestes ordinaires, comme se pencher sur le garde-corps d’un pont, restaient éprouvants. Elle avait choisi de soigner le mal par le mal. C’était son rituel à elle. Elle s’immobilisait au bout de la passerelle et fixait calmement l’autre extrémité. Ensuite, elle s’engageait résolument en tenant la rambarde d’une main. Isabelle était toujours terrifiée à l’idée de tomber, de se noyer, mais sa volonté prenait le dessus.