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Critiques de Taylor Brown (77)
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Le fleuve des rois

En Géorgie, le fleuve Altahama et ses multiples bras forment un vaste labyrinthe marécageux avant de se jeter dans l'Atlantique en un immense delta. Il alimente une zone de nature préservée, riche d'une formidable biodiversité incluant des espèces rares, ainsi que d'impressionnantes créatures comme de gigantesques poissons-chats, des brochets-crocodiles, des alligators, des serpents venimeux, et même, selon la légende, un monstre semblable à celui du Loch Ness, l'Altamaha-ha. le marais n'abrite que peu d'humains : autrefois de pauvres familles ruinées par la Grande Dépression, de tout temps des marginaux et des hors-la-loi fuyant le monde, tout un petit peuple survivant de la chasse et de la pêche et logeant misérablement dans des habitations flottantes.





Le pêcheur de crevettes Hiram Loggins était l'un de ces habitants. « Etait », parce qu'il est mort voilà un an, dans d'obscures circonstances qui font s'interroger ses deux fils, Lawton et Hunter. Les deux frères se sont lancés dans la descente du fleuve en kayak, un voyage de quatre jours avant l'océan où ils comptent disperser les cendres paternelles. le trajet est pour eux un pèlerinage sur les lieux de leur enfance et sur ceux où leur père acheva sa vie en vieux solitaire, mais aussi, espèrent-ils, l'occasion d'en savoir un peu plus sur l'accident qui lui fut fatal. Car l'homme connaissait le fleuve et ses dangers comme sa poche. Brutal et attaché comme il l'était à son marais, il aurait aussi bien pu gêner quelque braconnier, pêcheur à l'explosif, ou encore récupérateur des « mérous carrés » largués par avion par les narcotrafiquants colombiens...





Dès lors, la narration ne cesse d'alterner entre trois récits, vibrants de la même tension addictive : les investigations contemporaines, teintées d'aventure et de nature-writing, des deux frères ; la vie du père, toute entière dédiée au fleuve et réservant bien des surprises ; enfin, dans une mise en perspective éclairant l'histoire du marais et l'origine de ses légendes, la dramatique installation au 16e siècle des premiers colons français sur ces terres inhospitalières et leur confrontation violente aux amérindiens Timucuas. Trois époques, trois tableaux, mais un théâtre unique : une « cathédrale marécageuse » dédiée au culte d'une nature sauvage, splendide et impitoyable, qui, jusqu'ici, mais pour combien de temps encore, s'est toujours montrée plus puissante que la convoitise humaine.





Réaliste dans ses moindres détails et proposant même quelques-uns des dessins du cartographe et membre de l'expédition de 1564, Jacques le Moyne de Morgues, le roman se construit autour de personnages croqués au plus près de leur psychologie et de leurs ambivalences. Epique, violent, sans concession, il emmêle, dans un fil narratif qui n'a rien à envier à la puissance du grand fleuve, L'Histoire, l'aventure, le mystère et le nature-writing. Bousculé dans les rapides du récit ou suspendu à la majesté de ses évocations, jamais le lecteur ne sent fléchir sa fascination pour cette contrée envoûtante, dont la magnificence n'a d'égale que son inhospitalité. Une dualité qui imprègne tout le livre, puisque capable d'autant de mal que de bien, la nature humaine y apparaît elle aussi d'une complexité pleine de contradictions.


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Les Dieux de Howl Mountain

Howl Mountain, Caroline du nord, 1952. Rory Docherty, après avoir perdu une jambe pendant la Guerre de Corée, revient s'installer auprès de sa grand-mère, Ma. le soir venant, il monte au volant de son coupé Ford, surnommé Maybelline, arpente les vallées et les sentiers forestiers et livre, pour le compte du vieil Eustace, le bourbon distillé aux bars clandestins, maisons de passe et bungalows miteux. Et ce n'est qu'à l'aube qu'il rentre chez Ma. Parfois, ils vont ensemble rendre visite à sa mère, Bonni, devenue muette et internée en hôpital psychiatrique depuis un terrible accident survenu trente plus tôt. Un épisode bien sombre que le jeune homme va essayer de comprendre. Mais, bientôt, les ennuis ne vont pas tarder à pointer le bout de leur nez : le trafic d'Eustace est dans l'oeil du viseur du shérif et d'un agent fédéral de Washington et un certain Cooley Muldoon cherche à se venger de la déculottée reçue par Rory...



Trois générations habitent ce roman profondément noir de Taylor Brown : Ma, la grand-mère, guérisseuse par les plantes, assise sur son rocking-chair, un fusil sur les genoux, qui a perdu son mari pendant la première guerre mondiale ; Bonni qu'un terrible drame survenu en 1930 a rendu muette et qui, aujourd'hui, dessine des oiseaux et enfin, Rory, revenu estropié de la guerre de Corée, qui va tenter de venger sa mère. Autour d'eux, Eustace, véritable baron du commerce local ; Eli, son neveu et grand ami de Rory ; l'intrigante Christine ou encore le déjanté pasteur Adderholt. Une galerie de personnages sombres, singuliers, meurtris et parfaitement dépeints, au coeur d'une Amérique rurale et désenchantée. Entre vengeance, coups bas, trahisons, trafics, secrets de famille, amour et haine, ce roman haletant, à l'ambiance oppressante et de plus en plus inquiétante, se révèle au fil des pages pour ne plus vous quitter, une fois la dernière page tournée. de sa plume riche, descriptive et travaillée, de son style remarquable, l'auteur nous plonge littéralement au coeur de ces années 50.

À la fois émouvant et éprouvant...
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Le fleuve des rois

Voilà déjà quelques jours que j’ai terminé ce livre et pourtant encore maintenant, j’y pense souvent. Véritable épopée le long du cours du fleuve de l’Altamaha River, c’est une quête très personnelle qui sert de point de départ à ce livre, à savoir un hommage à leur père disparu pour Lawton et Hunter, deux frères que beaucoup de choses opposent.



Taylor Brown offre un livre d’une très grande qualité aux lecteurs. Au travers d’un triptyque original, on parcourt ce fleuve sauvage de Georgie, dont les eaux renferment de nombreuses légendes. Pourquoi je vous parle d’un triptyque ? Parce que c’est aux travers de trois époques bien différentes que l’on remonte son cours.



D’abord, bien entendu, la plus récente est celle de ces deux frères qui souhaitent répandre les cendres de leur père dans l’océan, mystérieusement décédé dans ces eaux. Ensuite, l’histoire même de ce père, entourée de mystères comme le fleuve qui a baigné toutes les périodes de sa vie. Et puis pour finir, on effectue un grand bond dans le passé pour se retrouver au XVIème siècle lors de l’arrivée et de l’installation des premiers colons français sur les terres indiennes du Nouveau Monde.



Alternant ces différentes périodes, c’est à la fois fortement passionnant et instructif. En ce seul livre, j’ai énormément appris sur ce coin des Etats-Unis, qu’est la Georgie et ce fleuve, ô combien sublimé par cette superbe plume. J’ai beaucoup apprécié la façon dont a l’auteur de raconter ses terres à la fois sauvages et inhospitalières. Difficilement classable, ce livre est à la fois une ode à la nature, aux liens humains, à la nécessité de préserver notre terre.



Quel merveilleux voyage que j’ai pu faire grâce à ce bouquin ! Malgré souvent des thèmes difficiles, comme la pollution, la violence, la drogue, il en ressort un roman noir éblouissant qui offre une très forte évasion, ce que je cherche aux travers des lectures en cette période encore assez difficile.
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La poudre et la cendre

Un titre prometteur, l'image d'un splendide cheval noir en première de couverture, et dès les premières pages, le lecteur est emporté dans le tumulte, la violence et le sang versé lors de la guerre de Sécession.



Emporté avec deux très jeunes héros, 17 et 15 ans, Ava et Callum, immédiatement très attachants par leur jeunesse, leur simplicité, leur confiance mutuelle qui se forge au fil des jours et des pages, leur amour s'épanouissant au milieu de l'horreur qu'eux-mêmes subissent tragiquement. Ils sont unis, chevauchant un animal magnifique qui les emmène toujours plus loin, dans une fuite éperdue vers un avenir incertain qu'ils osent espérer meilleur tout en doutant à chaque instant d'une issue salvatrice pour eux.



Au fil de cette poursuite impitoyable qu'ils subissent d'hommes cupides ou assoiffés de vengeance sanglante, ils rencontrent divers protagonistes qui les aident ou les menacent. Ainsi, ils réalisent une belle rencontre avec un vieil homme, Lachlan, distilleur d'un whisky des collines très particulier, un bienfaiteur qu'ils n'oublieront pas, sachant qu'ils ne le reverront plus.



Le style de Taylor Brown, le choix des mots et leur puissance évocatrice, la richesse et la finesse de la traduction de Mathilde Bach font de ce roman épopée une vraie réussite, avec un suspense sanglant jusqu'aux dernières pages.



Je n'avais pas apprécié le deuxième roman de Taylor Brown, Les dieux de Howl Mountain, au point que j'ai l'impression de n'avoir pas lu le même auteur tant ces deux oeuvres sont différentes dans leur style, la première tout en pudeur et délicatesse malgré la violence omniprésente, la deuxième égarée dans de pauvres considérations sentimentalo-sexuelles qui n'ont pas entaché La poudre et la cendre.



Alors, si vous aimez la nature, sa sauvagerie bien plus tendre que celle des hommes, les descriptions du froid de la montagne, l'impétuosité des rivières, la douceur inquiète des bivouacs, la clarté des étoiles, aucun risque de déception avec ce très beau roman.
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Les Dieux de Howl Mountain

«  Les montagnes semblaient planer sur l'horizon comme de la fumée , de toutes , Howl-Mountain était la plus haute et la plus sauvage » .

«  L'amour qu'ils se portaient les avait faits souverains de cette terre. Ils étaient tout- puissants , sauf pour ce qui concernait les battements du coeur de l'autre » .

Deux extraits de ce roman puissant qui aurait pu figurer dans la catégorie nature writing tellement l'observation de la nature est minutieuse, les descriptions poétiques riches de rives fraîches et ombreuses, de sentiers forestiers , de vieilles routes en lacets , d'eaux noires et d'arbres formant des voûtes , précipices Route 321, au coeur de L'Amérique rurale, en Caroline du nord , années 50.

Ici les habitants de Howl-Mountain se rappellent leur vallée , autrefois prospère, puis inondée en 1931, par certains promoteurs pour produire de l'électricité .

Les personnages de ce roman noir , haletant, aux multiples facettes ne nous laissent pas un instant de répit.

Rescapé de la guerre de Corée , où il a perdu une jambe, Rory Docherty de retour chez lui convoie , en toute illégalité le précieux tord - boyaux ,alcool clandestin : le bourbon , au volant de sa Maebelline, nom donné à son monstrueux coupé Ford, pour le compte d'Eustace Uptree , l'un des barons de la contrebande locale , amant occasionnel de sa grand-mère , Ma, auréolée d'une bonne dose de sorcellerie salvatrice , guérisseuse , rebouteuse, dénicheuse de plantes récoltées dans la montagne , initiée autrefois par une vieille femme qui lui avait livré ses secrets .

Grâce à sa connaissance des plantes , elle soignait toutes sortes de maux , les épouses venaient chercher des remèdes ancestraux , des poudres à verser dans le verre de leur mari qui leur ramèneraient de la vigueur entre les jambes , ,ancienne prostituée , et bonne tireuse, elle possède fusil et cartouchière , un sacré personnage , la guerre lui avait enlevé son homme , resté en terre de France .

Rory , lui, tente de se reconstruire et de résoudre le mystère de ses origines .

Sa mère Bony , muette et internée en hôpital psychiatrique n'a jamais pu lui révéler .

Mais le jour où le shérif du comté jusqu'alors bienveillant , en échange de quelques billets , a décidé de changer les règles du jeu sous la pression croissante des trafiquants , Rory devient la cible de règlements de compte obscurs , violents comme l'avait été sa mère , d'ailleurs, plusieurs mois avant sa naissance .



S'ensuivront à déjouer la surveillance des fédéraux embuscades, courses poursuites au volant de son bolide monstrueux dans les méandres de Howl Mountain , vengeance ..

Entre trafics illégaux , contrebandiers , alambics clandestins , cérémonies religieuses exaltées ,teintées de sorcellerie, courses automobiles à fond la caisse, ronflements de moteurs frelatés, , corruption , tous les personnages semblent porter en eux une malédiction , j'allais oublier l'ivresse de la bouteille et les fantômes d'un lourd passé qui explosera à la fin .



Les personnages paraissent se démener sans cesse , en proie , à leurs démons sauf l'inaltérable Ma, assise dans son vieux rocking-chair se balançant , la pipe à la bouche ,le fusil dans les mains .

Ils s'exposent à la foudre des dieux .

Ce livre haut en couleurs , puissant , violent , attachant , sauvage, à l'atmosphère inoubliable, qui ne laisse pas un instant de repos au lecteur montre une Amérique démoniaque , noire , livrée à des croyances oubliées , aux moeurs brutales , à la pire des corruptions, dans ces coins reculés .

La plume est chatoyante, sensuelle, pėtrie de sensibilte , envoûtante, descriptive, travaillée et poétique.

L'auteur , que je ne connais pas possède un immense talent de conteur .

À suivre donc!

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Les Dieux de Howl Mountain

Chope une flasque de bourbon, jette un dernier coup d’œil à la splendeur sauvage de ces montagnes de Caroline du Nord, embrasse ta grand-mère et grimpe dans le coupé Ford surgonflé de Rory pour t’élancer sur les pentes dangereuses de Howl Mountain, la plus belle, la plus majestueuse, celle qui surplombe la vallée.



Une vallée qui fut prospère autrefois avant qu’on l’inonde et qu’on y construise un barrage qui a repoussé les hommes un peu plus haut, dans les villages paumés de la montagne. Pour y survivre, on distille. Du bourbon. Plus ou moins pur, plus ou moins bon. Et quand vient la nuit, les revendeurs partent au taf dans leurs bolides, équipés pour ravitailler tous les boxons et bouges des alentours, trafiqués pour échapper aux fédéraux qui cherchent à faire un exemple.



Jeune vétéran de Corée privé de l’usage d’une jambe, Rory Docherty est l’un d’entre eux. Il vit avec Ma, sa grand-mère, et rend régulièrement visite à sa mère internée à Raleigh, murée dans le silence depuis une sombre et mortelle nuit, trente ans plus tôt. Entre rivalité avec ses concurrents trafiquants, jeu de chat et la souris avec les flics et découverte de l’amour avec Christine, Rory veut savoir, comprendre et venger le drame familial.



Dans Les Dieux de Howl Moutain, Taylor Brown – traduit par Laurent Boscq – nous offre un sacré bon roman noir, à l’agréable faux rythme, celui qui te berce dans la langueur d’une nature montagnarde magnifiée avant de te projeter sans prévenir à 150 miles à l’heure au cœur d’une course de voitures sur anneau sans règle. Brown excelle dans la peinture de ses personnages : Ma, ancienne putain devenue guérisseuse, mais restée à sa manière aimante, généreuse et accueillante ; Rory, corseté dans son mal-être qu’apaise juste un peu la vitesse et la belle mécanique, à défaut de vengeance ; et Kingman, le Fed dont l’ombre plane sur la majeure partie du livre avant d’apparaître magistralement sur la fin.



Brown surfe sur tous les genres - polar, noir, atmosphère, nature et même amour – et les maîtrise tous étonnement. La patte d’un grand assurément.

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Le fleuve des rois

Comment vous dire combien j'aime ce roman magistral qui prend l'allure du cours du fleuve américain Altamaha en Georgie.



Le fleuve des rois et sa légende ont ce côté merveilleux qui fait briller les yeux et nourrit les rêves enfouis au plus profond des âges.

Le roman de Taylor Brown s'ouvre comme un triptyque que sont trois périodes alternées mais dont les évènements ont tous lieu sur Altamaha River.

J'ai appris tellement de choses en lisant ce livre, emportée que j'étais par la plume épique de Taylor Brown.



J'ai été séduite par la richesse et la qualité des évènements historiques que je ne connaissais pas. C'est un roman éblouissant et bien documenté sur l'expédition française des Huguenots en Floride (La Nouvelle-France) en 1564. J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt leur formidable épopée à travers les yeux du cartographe Jacques le Moyne de Morgues dont nous fait bénéficier Taylor Brown à travers la reproduction des dessins dans le roman. J'ai beaucoup aimé l'histoire des habitants du Fort Caroline même si elle est tragique. Elle est auréolée d'un mystère et d'une aura dignes de l'Altamaha.



Le fleuve des rois, c'est aussi un vibrant plaidoyer à tout un environnement en péril, à la richesse et la diversité de la vie aquatique dont la menace d'extinction se fait de plus en plus sentir.

Le fleuve et ses méandres, les îles, les marais, la foret primaire et les gigantesques cyprès. Tout un vaste monde se cache derrière l'Altamaha. Les descriptions sont très détaillées, elles sont superbes sous la plume poétique de Taylor Brown.



Dans cette odyssée outre-Atlantique, l'intime rejoint le cours du fleuve en nous faisant entrer dans l'histoire contemporaine de deux frères que tout oppose. A la mort suspecte de leur père, Hunter et Lawton descendent l'Altamaha en kayak pour disperser ses cendres.

Leur parcours au fil de l'eau prend le cours de l'histoire présente et passée, l'époque du temps des conquérants français et des endroits fantômes.

Le milieu du triptyque est l'histoire de Hans à l'époque où les frères étaient encore enfants. La vie de Hans est marquée par la vie du fleuve et de ses maisons flottantes. Il délivre à nous seuls son secret.

J'ai vécu la descente du fleuve comme un lent rapprochement entre les deux frères mais aussi comme un véritable enfer avec la dure réalité du fleuve aujourd'hui.



Taylor Brown est un aquarelliste du détail et des couleurs du fleuve que le soleil comme un Dieu rend tous les jours changeant. Sur le fleuve, rien n'est sûr ni persistant. A défaut de preuve, subsiste le mythe.



Je remercie infiniment Léa du groupe FB PicaboRiverBookClub et les éditions Albin Michel pour m'avoir fait découvrir ce très beau roman nord américain.

Un grand merci au traducteur Laurent Boscq.
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Le fleuve des rois

Taylor Brown s’est imposé, en l’espace de quelques années, comme un écrivain majeur de la nouvelle génération d’auteurs américains. « Le Fleuve des Rois« est son troisième roman à paraître en France, le second aux éditions Albin Michel dans la collection Terres d’Amérique. Un roman foisonnant, puissamment évocateur et envoûtant, s’embarquant dans deux histoires distinctes, à quelques siècles d’intervalle, mais ayant pour point commun de suivre les méandres de l’Altamaha River, un fleuve de Géorgie aux Etats-Unis. Profondément ambitieux et même vertigineux tant dans sa forme que sur le fond, « Le Fleuve des Rois » ne nous perd jamais en route. Le récit s’écoule tel ce fleuve, limpide et les chapitres alternent d’une histoire à l’autre sans que l’intérêt du lecteur ne fléchisse. De nos jours, deux frères, Lawton et Hunter décident de descendre l’Atamaha River en Kayak afin de disperser les cendres de leur père, Hiram Loggins, mort dans des circonstances mystérieuses, un an plus tôt, sur ce fleuve qu’il aimait tant. Lawton est nageur de combat dans l’Us Navy et Hunter étudie l’histoire à l’université. Leur père était un homme colérique, violent avec ses enfants et sa femme, un pêcheur de crevettes raté qui détestait l’océan mais adorait ce fleuve qui l’avait vu grandir. Quels secrets cachait donc ce père ? De quel puit sans fond venait cette rage contre tous ou presque ? Un roman qui aborde aussi la question de la relation fraternelle, comment se construit-on, quel homme devient-on lorsque l’on a subit un tel déchaînement de violence physique ? Taylor Brown décrit magnifiquement les paysages de cette région fluviale. Il est au plus près des sentiments, de la psychologie des deux frères qui sont des personnages très attachants. Le manichéisme n’a pas sa place ici. Chacun des protagonistes à ses zones d’ombre et de lumière. Car l’Altamaha River est un endroit propice aux légendes notamment celle du premier fort européen construit sur ses berges au XVIème siècle, ce qui donne lieu à un second récit aussi violent, qu’hypnotique, un flash insensé à l’ADN d’un Terrence Malick absolument indéniable. On y raconte le destin de Jacques Le Moyne De Morgues, dessinateur et cartographe du roi de France Charles IX qui prit part à l’expédition de 1564 au cœur de cette Nouvelle France comme ils l’appelaient alors. La découverte de ce monde, la relation aves les amérindiens, ce choc entre deux perceptions de la nature, de ses richesses, la guerre enfin inévitable… Une histoire magnifique, pleine d’aventure, de souffle, de violence mais aussi de moments de grâce comme autant d’instantanés d’un monde qui se corrompait déjà. La question du bien et du mal transcende les époques et les sortes d’hommes. Comparé à juste titre à Cormac Mc Carthy et Ron Rash, Taylor Brown signe un roman épique, ambitieux, magnifiquement écrit. Le tragique et le sublime se conjuguent au passé, au présent et on l’imagine au futur. Les hommes et les époques peuvent passer, les terres être ravagées ou bien repeuplées, seul au fond le fleuve poursuis indistinctement son chemin vers l’océan. Nous ne sommes que poussières, même les rois ne sont que de passage mais le seul souverain en ces terres est le fleuve lui-même : l’Altamaha River. Taylor Brown est un auteur à découvrir absolument. « Le Fleuve des Rois » fait partie de ces romans que l’on n’oublie pas de sitôt. Un énorme coup de cœur !

Je remercie très chaleureusement les Éditions Albin-Michel et sa collection « Terres d’Amérique » pour cette lecture et leur confiance !
Lien : https://thedude524.com/2021/..
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Les Dieux de Howl Mountain

Édité chez Albin Michel, ce roman noir aurait très bien pu l'être chez Gallmeister dans la collection Nature Writing. Je vais m'y pencher plus sérieusement sur la collection Terres d'Amérique ; deux très bonnes pioches récemment !

Les Dieux de Howl Moutain, c'est une aventure prenante, addictive, très rythmée qui nous emmène dans les montagnes de Caroline du Nord dans les années 50. C'est un cocktail détonant : un roman sombre avec de bien bon salopards, de l'action, de la violence, de la corruption, des luttes de pouvoir et courses poursuites extrêmes, un trafic de bourbon rondement bien orchestré et du rythme; mais également un roman rural qui fait aussi une part belle à la nature. Les descriptions que nous offrent Taylor Brown des liens forts que l'être humain tissait encore avec la nature dans les années 50 sont de très belle facture, elles ralentissent le rythme, apportent un peu de douceur et sont un vrai souffle d'air pur ! Idéal pour s'évader en confinement !

Des protagonistes attachants, des écorchés vifs : Rory personnage central, revenu de Corée amputé d'une jambe, la mère de Rory, Bonnie muette et enfermée dans un asile, Eustache Uptree, à la tête du commerce d'alcool... et Ma, la grand-mère de Rory, personnage que j'affectionne particulièrement. Une grand-mère au tempérament de feu, ancienne prostituée devenue herboriste dont la renommée n'est plus à prouver, d'une sagesse remarquable, qui veille sur ses proches vigoureusement, son fusil toujours à porter de main et de bons conseils pour son petit-fils. « Ne passe jamais la bague au doigt d'une fille avant de la mettre dans ton lit, mon petit. C'est un principe de vie. Si elle désire Jésus plus que toi dans son corps, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche. » ;-)

Au coeur de ce roman, une histoire de famille, un lourd secret, et au bout, une vengeance implacable !

Je recommande vivement !

Merci Christelle de la médiathèque de Pontault pour cette chouette découverte !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Les Dieux de Howl Mountain



Rory, jeune vétéran tout juste revenue de Corée, est de retour au pays chez sa grand mère en Caroline du nord,à Howl Mountain.

Entre trafics d alcool et course de voiture, Rory à bord de Maybeline, sa Ford, est en quête du passé de sa mère qui a été placé en Hôpital psychiatrique, suite à une agression



Les dieux de Howl Mountain de Taylor Brown



L’auteur nous emmène au fin fond de la Caroline , 20 ans après prohibition. Avec des personnages vrais, avec leurs faiblesses et leurs caractères propres.

Dans une ambiance pesante et noires.

Avec une histoire originales qui a ses secrets, ses actions et ses montées en pressions.

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Les Dieux de Howl Mountain

À force de fréquenter les fabricants de bourbon de contrebande, je vais finir par tourner mal ! Bintôt, je vais commencer à distiller mon propre bourbon pour le vendre et je finirai au poste de police… Je n’aurai plus qu’à plaider les mauvaises fréquentations littéraires.



La Caroline du Nord, dans un coin paumé, comme toujours et dans ses montagnes, difficiles d’accès, où vivent des personnages hors norme, dont certains distillent du bourbon… Effectivement, il vaut mieux se planquer, même si la prohibition est terminée. C’est tout de même de la contrebande.



Le personnage principal, Rory Docherty, un jeune vétéran revenu de la guerre de Corée avec une jambe en moins. Élevé par sa grand-mère, ancienne prostituée, il a perdu son père avant sa naissance et sa mère, témoin de l’agression qui tua son amoureux, en est restée muette et incapable de l’élever. Elle a été placée en institut psychiatrique. Notre Rory, lui, travaille pour Eustace, qui distille du bourbon…



Une fois encore, c’est un récit qui prend son temps, qui ne roule pas aussi vite que les voitures trafiquées qui transporte le bourbon de contrebande. L’inconvénient, c’est que l’histoire n’est pas très addictive. On a le mystère sur l’agression de la mère de Rory, puisque l’on ne sait pas qui sont les coupables et on a un peu d’adrénaline avec les agents du FBI qui viennent de débarquer dans la petite bourgade.



Le personnage le plus intéressant, c’est la grand-mère maternelle de Rory, Maybelline, surnommée Ma et qui pourrait en rendre à la célèbre Ma Dalton. Elle sait tirer à la carabine et connait les plantes qui soignent. C’est un personnage très fort, très profond et je l’ai adorée. Tout comme j’ai aimé Rory, amputé sous le genou, blessure reçue à la guerre.



Ce roman noir, qui pourrait un peu lorgner du côté des western, est un roman fort descriptif, où l’auteur parle de ses personnages, de la nature, des décors, détaillant parfois un peu trop leurs actes. On a un méchant, sorte de vilain garçon, concurrent de Rory en contrebande, mais on ne saura jamais le pourquoi du comment de leur contentieux. Je suis mitigée avec ce personnage et sa manière de quitter la scène.



Sans doute qu’avec quelques pages en moins, ce roman aurait acquis un peu plus de rythme. Bien que son charme soit aussi dans ce rythme assez lent. Tout dépend de ce que vous cherchez. J’avoue que j’ai eu un peu de mal avec les péripéties qui arrivaient entre deux moments trop calmes et qui n’avaient pas toujours leur raison d’être.



Un roman noir aux ambiances sombres, des vengeances, de la violence, de l’alcool, des mystères, de la contrebande, une touche d’amour, du sexe, de la religion, des croyances, une touche de sorcellerie, une rebouteuse, des coups bas, dans le dos,…



Le tout porté par une plume descriptive (trop ?) et des personnages intrigants, peu bavards, qui en disent peu, tout étant dit dans leurs silences, leurs secrets.



Bref, un roman noir où l’on pourrait penser qu’il n’y a plus d’espoir. En fouinant un peu, on pourra le retrouver, bien caché… Une sacrée tranche de vie de la Caroline du Nord, dans les pas des contrebandiers d’alcool. Qui pourraient se reconvertir dans un autre produit, pas encore interdit…



PS : de cet auteur, j’avais déjà lu « Le fleuve des rois« , où j’avais navigué à contre-courant, aucun des personnage n’ayant réussi à m’émouvoir.


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Le fleuve des rois

Voilà un triptyque qui n’est pas banal et qui n’est jamais arrivé à me faire vibrer totalement.



Pour les incultes du fond de la classe, un triptyque n’est pas un vélo à trois roues, ni une partie de jambes en l’air à trois.



Les trois récits se déroulent à des époques différentes, dont une bien distincte.



Le premier met en scène le périple de Lawton et Hunter, remontant Altamaha River (Géorgie) en kayak pour disperser les cendres de leur père à un endroit précis.



Le deuxième va nous parler de la vie de leur père, un homme ténébreux, mystérieux, qui avait des multiples secrets, quant au troisième, il nous plongera dans le passé, en 1564, avec le récit de Jacques Le Moyne de Morgues.



C’est instructif, je ne le nierai pas. C’est très bien écrit, je ne pourrai pas le reprocher à l’auteur. Les décors sont très bien décrits, l’auteur ne lésine pas sur les descriptions sans que cela ne devienne lourd, les personnages sont travaillés, réalistes, avec leur part d’ombre, leurs qualités, leurs défauts, jamais manichéen.



Quant aux atmosphères, elles ont des vraies gueules d’atmosphère ! Nous sommes sur des terres à la fois sauvages et inhospitalières, où une légende parle d’un monstre marin, l’auteur nous parle aussi de préservation de la Nature, de l’exploitation exagérée par l’Homme des différentes ressources du fleuve, de leurs cochonneries qu’ils laissent trainer partout, de la pollution, de trafic de drogue, de l’installation des premiers colons français (Huguenots)…



Oui, une fois de plus, il y avait tous les ingrédients pour me plaire. Non, l’auteur ne s’est pas dispersé dans ses multiples sujets puisque tous se recoupent, se rejoignent, sont approfondis…



Où le bât a-t-il blessé ? Je cherche encore pourquoi j’ai ressenti de l’ennui à un certain moment, pourquoi j’ai décroché du récit et que la suite ne fut qu’une longue lecture dont je ne voyais pas la fin, comme un repas dont vous avez du mal à terminer.



Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que je navigue à contre-courant (c’est le cas de dire, ici) des autres critiques et que je passe à côté d’un roman qui me tentait fort et qui possédait tout pour me faire vibrer.



Hélas, aucun personnage n’a réussi à m’émouvoir, à recevoir mon empathie, mon amitié. Malgré une belle écriture, du réalisme dans les décors, dans les personnages et dans l’histoire, je suis ressortie de cette lecture avec un sentiment mitigé. C’est le seul sentiment qui est ressorti de ma lecture.



Dommage…


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Les Dieux de Howl Mountain

LES DIEUX DE HOWL MOUNTAIN de TAYLOR BROWN

Rory est revenu de la guerre de Corée avec une jambe en moins, il vit chez Ma, sa grand mère, maîtresse femme qui fume sa pipe en maïs et connaît tout de l’utilisation des plantes. Sa mère est à l’hôpital alors qu’enceinte, elle s’est fait agresser par 3 hommes dont un auquel elle a arraché un œil alors qu’elle entretenait une relation avec le fils Paxton, un gros bonnet du secteur. Depuis elle ne peut plus parler. Rory fait le convoyeur de Bourbon avec Eli son cousin pour le compte d’Eustache, le producteur, son oncle. On est à HOWL Mountain, Caroline du nord en bordure d’un lac artificiel, au milieu d’une épaisse forêt. Le lac qui a permis d’avoir l’électricité dans cette région a noyé les prairies gorgées du sang des morts de la guerre de sécession, des indiens Cherokee et de tous ceux qui les précédèrent. Ma, à la mort de son mari a élevé seule Bonni, la mère de Rory, elle tenait un bordel réputé, gagnait beaucoup d’argent mais l’éducation de Bonni s’en ressentit. (On s’en doute)Dans ce contexte curieux, l’arrivée d’un nouveau shérif va bousculer les organisations en place. Rory a eu la mauvaise idée de provoquer leur principal concurrent en bourbon, il tombe amoureux de la fille d’un pasteur qui élève des crotales et quand les flics débarquent chez Ma, il s’interroge sur qui les a dénoncés avec force détails.

Un excellent thriller montagnard sur fond de trafic de Bourbon et trahisons entre amis( ou pas). La grande qualité de ce roman c’est l’épaisseur donnée à Rory et à Ma, lui auquel on s’attache dès le début et elle, impayable matrone habituée à gérer les hommes de tout poil avec son fusil. Lisez le.
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Le fleuve des rois

Je viens de terminer un livre merveilleux, d'une beauté, d'une sauvagerie, d'une ampleur éblouissantes. C'est une incroyable épopée, sur plusieurs siècles.

Je dois dire qu'au premier abord (puis au deuxième, au troisième, etc) j'ai trouvé que la couverture ne rendait pas du tout hommage aux merveilleux, au mystérieux, à l'or des conquistadors, et l'argenté des armures des conquérants français de la même époque, et le rouge du sang versé. Les armures, les indiens, ce fleuve sombre et mystérieux, ces créatures légendaires... et le présent du fleuve, ses habitants, et ses particularités, tous ces méandres.

Et les deux frères, à notre époque, qui descendent l'Altamaha River avec les cendres de leur père. La couverture aurait dû être flamboyante....

Alors, futurs lecteurs, enlevez la jaquette et embarquez, il faut juste un kayak, ou un bateau de pêche pas très gros, ou un trois-mâts des années 1564 qui a fait le chemin depuis la France jusqu'à cette partie inconnue du Nouveau Monde,, la Nouvelle France, qui deviendra la Géorgie.

Et plus particulièrement à l'embouchure d'un fleuve presque inconnu : l'Altamaha River.



Un an après le décès de leur père, Lawton et Hunter entreprennent de descendre l'Altamaha River en kayak pour disperser ses cendres dans l'océan. C'est sur ce fleuve de Géorgie, et dans des circonstances troublantes, que cet homme ténébreux et secret a perdu la vie, et son aîné compte bien éclaircir les causes de sa mort. Il faut dire que l'Altamaha River n'est pas un cours d'eau comme les autres : nombreuses sont ses légendes.



On raconte notamment que c'est sur ses berges qu'aurait été établi l'un des premiers forts européens du continent au XVIe siècle, et qu'une créature mystérieuse vivrait tapie au fond de son lit. Et on y croit encore, actuellement, ce monstre est réputé comme Nessie, dans le Loch Ness. D'ailleurs, il lui ressemblerait .

Remontant le cours du temps et du fleuve, on est à la fois en 2017 avec Lawton et Hunter, deux frères que tout séparent : l'ainé fait partie des Forces Spéciales des Navy Seals, Hunter quant à lui, est encore étudiant, en Histoire. Ce qui les rapproche, par contre, c'est leur père, Hiram, qui leur a fait connaitre ce fleuve, avec ses incroyables méandres et recoins, affluents, criques, où l'on trouve de tout pour peu qu'on connaisse les itinéraires, et qu'on aie un bateau. Ou un kakak, assez grand pour des provisions d'eau, et des rations de l'armée. Eux ont en plus un sac contenant les quatre kilos de cendres de son père. Ils doivent descendre le fleuve, et disperser ces cendres à l'embouchure de l'Altamaha River avec l'Océan.

En retraçant les jours et les nuits de leur épopée sur le fleuve, on comprend la complexité des relations entre les deux frères et leur relation avec leur père, et tous les secrets. On est aussi à la fois avec Hiram en 1970, en 1980'.....



On est en même temps avec Jacques le Moyne de Morgues, dessinateur et cartographe du roi de France Charles IX, qui prend part à l'expédition de 1564 au coeur de cette région mythique. Sur des bateaux à voiles, des navires de guerre de trois cents tonneaux. Trois navires qui ont appareillé au Havre, avec trois cents colons à bord, des marins, des soldats et des aristocrates, tous des Huguenots, qui fuient les guerres de religions et les catholiques. Les bateaux accostent à l'embouchure de l'Altamaha, et rejoignent le Fort Caroline, au bord du fleuve, pour reprendre main sur le territoire, après la désastreuse expédition de 1562. Il reste quelques survivants, devenus interprètes avec les Indiens. le Moyne va raconter ce qui arrive, et dessiner ces cyprès géants, encombrés de ces toiles grises qui pendent, la "mousse espagnole". Il va dessiner les indiens, leurs coutumes, les batailles, et le monstre qui vit au fond du fleuve, l'Altamaha-ha. .



Et là j'ai immédiatement les images d'"Aguirre et la colère de Dieu" de Werner Herzog, de Apocalypto de Mel Gibson, de "Mission" de Roland Joffé, et même parfois de "La Forêt d'Émeraude" de Boorman. Cette atmosphère verte, humide, violente d'une forêt traversée par un fleuve, de la violence, des conquérants du "Vieux Monde" essayant de s'adapter à une région, un nouveau monde, soit pour installer la suprématie de leur pays, soit pour évangéliser les indiens, soit les deux.

J'ai passé un temps infini sur Wikipédia et sur les divers liens qui parlent du fleuve, de sa géographie, de son passé, de sa cryptozoologie. J'en ai appris, des choses intenses, en lien avec ce livre, qui est flamboyant, épique, douloureux et fort. Et bien sûr, je le recommande, c'est une vraie découverte, des moments intenses, des aventures, c'est presque magique !



Je remercie les éditions Albin Michel, et leur collection Terres d'Amérique pour leur confiance, et pour ces heures passionnantes passées en lisant ce livre de Taylor Brown.






Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Les Dieux de Howl Mountain

Dès le début je n'ai pas accroché à cette histoire qui mélange trop de genres à mon goût : quelques jolies descriptions de la nature, de la forêt, du ciel, avec cependant trop de clichés qui entament leur esthétique, la guerre de Corée et le retour du jeune soldat blessé, amputé d'une jambe et qui doit donc tenter de se reconstruire, une grand-mère ex-prostituée (pourquoi pas?) qui parle assez crûment à son petit-fils ou à ses copains (essentiellement de leurs bites - sic), un pasteur, sa fille, un shérif, tous d'une fadeur totale, des crotales et des chiens de défense (là on sort un peu de la torpeur), bref rien de très novateur.



Seule la personnalité de la grand-mère sauve l'histoire par sa témérité et sa détermination. Elle donne au passage quelques bonnes recettes quant à l'utilisation des plantes de la forêt.



J'ai quand même apprécié les scènes de courses automobiles et celle de l'action finale, mais que de temps pour en arriver là. Je passe sur les quelques scènes de sexe, inabouties, d'une pauvreté à déconcerter Priape, qu'elles soient rêvées ou réelles.



Bref, un roman que j'ai trouvé globalement ennuyeux, même s'il est émaillé de quelques bons moments, rien d'anthologique.
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Le fleuve des rois

Une très belle lecture une fois encore grâce à la collection Terres d'Amérique, je découvre peu à peu cette littérature américaine et j'aime infiniment...



Quel livre ambitieux et quelle jolie réussite ! Autour de l'Altamaha River en Georgie se déclinent deux histoires bien distinctes.

0n descend le courant avec deux frères unis dans le deuil et on remonte le temps jusqu'au XVIe siècle au moment des grandes explorations, un voyage autant géographique que temporel. Des destins qui se forgent, des histoires qui s'écrivent au bord de ce fleuve majestueux et immuable sur et autour duquel se concentrent des légendes et bien des passions humaines.



Hunter et Lawson en kayak portent les cendres du père, décédé un an plus tôt, pour les disperser dans l'océan mais aussi pour faire la lumière sur cette mort étrange. De deux tempéraments différents, l'aîné est nageur de combat et porte avec lui le spectre de la guerre et le second étudiant à l'université, ils entretiennent des relations fortes faites de connivence, de confiance, d'entraide et de sourde rivalité. Ce lien prend sa source dans le rapport au père, figure autoritaire dont la présence reste prégnante, un homme de silence, un homme de terrain mais aussi un homme de passions qui cache bien des secrets et dont la forte ascendance sur ses fils perdure au delà de la mort... Les frères sont unis autour d'une éducation et de souvenirs communs qu'ils ne peuvent partager avec personne d'autre, une part d'enfance qui n'appartient qu'à eux. J'ai été très touchée par ces deux hommes qui, entre souvenirs et révélations, doivent faire le deuil du père, deuil physique mais aussi moral. Un voyage périlleux qui peut tout autant raffermir les liens que les défaire....



Jacques Le Moyne de Morgues est dessinateur et cartographe du roi Charles IX, il accompagne l'expédition de 1564 qui vient implanter le Fort Caroline dans le nouveau monde.

Il est le témoin privilégié de l'arrivée des colons et des difficiles relations avec les autochtones. Un moment d'Histoire passionnant ! Installation, enthousiasme, alliance, pacte, trahison, bataille, famine, rébellion, lâcheté mais aussi courage, il y a un véritable condensé d'humanité dans cette fantastique épopée. Ses dessins d'époque enrichissent le récit et lui donnent une dimension supplémentaire, une réalité plus tangible.



Le fleuve reste le point commun de ces deux histoires, cours d'eau majestueux, auréolé de mystères (ne dit-on pas qu'il abrite une bête monstrueuse aperçue plusieurs fois au fil des ans...), il s'étire le long des berges en réservant parfois des surprises, en occasionnant des rencontres insolites, souvent dangereuses... Tantôt rassurant, tantôt menaçant, il déploie ses multiples facettes au fil des pages,



L'écriture somptueuse magnifie le récit (merci au traducteur pour la grande qualité de son travail), une plume absolument magnifique, sensible qui donne à voir, à sentir, à entendre, qui offre des moment suspendus, des moments de grâce et d'autres effroyables toujours avec justesse. Les descriptions pleines de poésie sont un véritable hymne à la nature trop souvent malmenée, qu'il faut préserver...



Mais ne vous y fiez pas, rien d'idyllique dans tout cela, les hommes déchainent les passions, le danger omniprésent et la mort jamais bien loin font glisser le récit doucement mais sûrement vers le roman noir ! Une réussite !


Lien : https://chezbookinette.blogs..
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La poudre et la cendre

J'ai adoré ce roman un peu style western. Un jeune homme prend la fuite avec une jeune femme enceinte. Ils sont à cheval et combattent le froid et la dureté de leur poursuivant.

ça m'a rappelé un peu "la route" de McCarthy.

On est avec eux durant toute leur chevauchée.

Lisez-le, ça vaut le coup du dépaysement !
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Le fleuve des rois

L'Altamaha River en Georgie.

Un même lieu à trois époques différentes.

Ce genre de découpage a le vent en poupe dans la littérature actuelle.

Parfois cela fonctionne. Parfois c'est indigeste.

Pour moi, le recit historique avec ce cartographe français du XVIe S qui cherche un monstre dans le fleuve et se bat contre les indigènes, aurait pu être un roman à part entière.

Ici, c' est un intrus.

Il n'apporte rien au roman et au contraire, il en casse le rythme. Même si l'auteur avait voulu faire du fleuve le personnage principal de son roman, cela n'aurait pas fonctionné car ce qui se passe autour du fleuve est bien plus signifiant que ce qui se passe sur le fleuve.



Par contre, l'histoire de Lawton et Hunter qui viennent répandre les cendres de leur père dans le fleuve, tout en menant l'enquête sur sa disparition mystérieuse s'articule parfaitement avec le récit de sa vie passée et de ses mésaventures sur ce fleuve.

Les relations entre les deux frères et avec le père, un homme brutal mais généreux, sont dans la veine de cette littérature d'aventure et de nature-writing, certes intéressante mais assez viriliste, tant la place donnée aux femmes reste anecdotique.
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Le fleuve des rois

Deux frères décident de descendre en kayak l’Altamaha, un fleuve mythique de l’Etat de Géorgie « luisant dans la terre comme un long muscle noir », dans l’intention d’y disperser les cendres d'Hiram, leur père, qui « était un homme du fleuve [et qu’il] le protégeait.



Homme complexe et troublé, qui toute sa vie a « ressenti l’appel avide des ténèbres », Hiram est devenu pêcheur mais a joué de malchance, perdant par deux fois ses crevettiers, dont un parce qu’il avait rapporté dans ses filets des paquets de marijuana jetés d’un avion par un trafiquant.



Avant d'entreprendre ce périle, les deux frères soupçonnaient la mort de leur père de ne pas être un accident, mais ils sont abasourdis quand la vérité éclate et leur donne accès à des informations qui vont redéfinir leurs souvenirs comme leur avenir.



Cette fresque familiale qui nous entraine sur les rives du fleuve l'Altamaha River mêle la vie des hommes à la la nature et aux mystères de la nature est l'occasion d'explorer le thème universel de l'homme qui cherche à trouver sa place dans la nature aussi majestueuse que peu hospitalière.

Parrallèlement à son récit contemporain, Taylor Brown embrasse le destin véridique de l’établissement par les Français de Fort Caroline en 1564, et de leur expédition sur le fleuve, raconté par l’artiste de l’expédition, Jacques Le Moyne de Morgues, dont les dessins de l’époque sont reproduits dans le livre.





Parallèlement à son récit contemporain d'inspiration très "nature writing", Taylor Brown embrasse le destin véridique de l’établissement par les Français de Fort Caroline en 1564, et de leur expédition sur le fleuve, raconté par l’artiste de l’expédition, Jacques Le Moyne de Morgues, dont les dessins de l’époque sont reproduits dans le livre.



Dans la lignée d'un Ron Rash, Taylor Brown raconte les tâtonnements des Français et les inscrit dans le parcours et la quête des deux frères sur la clé du mystère paternel.



Âpre et profondément élégant, Le Fleuve des rois est un roman complexe à l’intrigue tortueuse et virtuose qui nous raconte l'histoires d'hommes bercés par les fleuves depuis la nuit du temps.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La poudre et la cendre

Les éditions Autrement ont le don de trouver de très belles pépites notamment dans la littérature américaine, en voici une très belle preuve : La poudre et la cendre !



Si l'aspect historique est certes intéressant, l'auteur décide d'utiliser le contexte spatio-temporel au profit des personnages et non l'inverse. Dès lors j'ai été heureuse de voyager dans une autre époque, dans une épopée qui ne peut que rappeler l'œuvre de Cormac McCarthy : un mélange harmonieux entre Histoire et nature writing mais dont le véritable point fort repose sur les personnages principaux.



C'est un récit qui repose sur ces deux protagonistes : Callum et Ava, deux êtres attachants du fait de leur jeunesse, de leur courage, de leur volonté de survivre et ce malgré une période néfaste, des chasseurs à leurs trousse et une nature sauvage et dangereuse. Le lien unissant ces deux êtres va progressivement devenir le cœur du livre : deux destins entremêlés où la confiance est le seul moyen d'avoir l'opiniâtreté de continuer à avancer.



L'écriture est à la hauteur des grands romans de nature writing, la traduction de Mathilde Bach est vraiment excellente : une plume sincère, émouvante, poétique... Un bel hommage aux grands espaces, aux récits d'aventure où l'amour peut s'épanouir même dans les contextes les plus difficiles. J'ai vraiment adoré ce livre !



En définitive, je ne peux que saluer ce premier roman qui signe les grands débuts de Taylor Brown !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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