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Citations de Thibault Isabel (29)


Proudhon accordait une valeur considérable à l'idée de tolérance, qui mérite selon lui de devenir le pivot de la pensée politique, non pas dans le sens lénifiant d'un relativisme béat ou l'acceptation molle des différences, mais dans le sens d'une ouverture philosophique au débat et à la contradiction : " Il y a là de quoi humilier l'intolérance des fanatiques qui ne peuvent entendre parler d'une opinion contraire à la leur sans éprouver une sorte d'horripilation ..."
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Il existe en l'homme des aspirations antinomiques, divergentes (...) Nous désirons en même temps une chose et son contraire, et ne pouvons donc être pleinement satisfaits. Les faiseurs d'utopie sont dangereux parce qu'ils nient le caractère tragique de l'existence. En réalité, nous ne verrons jamais naître un pays de cocagne où tout le monde sera heureux.
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Comme toujours, la perspective proudhonienne apparaît sous un angle fondamentalement moral, non pas selon le principe du bien et du mal, ou de l'impersonnalité du devoir, mais selon la finalité du développement de soi et de la structuration émotionnelle.
Le régime de petite propriété et de mutuellisme contribue à favoriser en nous certaines attitudes, à la manière d'un moule psychologique qui imprime ses formes sur notre être intérieur. Equilibrer le régime de propriété, dans la société, contribuerait à nous équilibrer nous-mêmes, en raison des liens analogiques entre l'homme et le monde - tout comme le fait de nous équilibrer moralement contribuerait à nous détourner d'une cupidité abusive et assoirait la petite propriété.
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Proudhon se défiait des "lendemains qui chantent". Jamais les hommes ne seront unanimement animés de sentiments purs et vertueux. jamais ils ne seront capables en toutes circonstances de maturité. Cela signifie que la société elle non plus ne sera jamais parfaite. Peu importe, nous dit Proudhon ! Nous devons tendre vers la perfection, autant que nous le pouvons, que ce soit individuellement ou collectivement. Mettons en oeuvre des projets, par la base plutôt que par le sommet (...) tâchons d'êtres justes et honnêtes (...) l'anarchisme a besoin d'une morale, précisément parce qu'il entend se passer des lois.
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Pour les païens, l’homme n’est ni bon ni mauvais. Il complète la nature ou se heurte frontalement à elle. De là découle son bonheur ou son malheur.
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Le paganisme ne repose pas sur une foi, sur un Créateur qu’on ne voit pas et auquel on devrait cependant croire, mais sur un certain rapport à l’existence.
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Là où les modernes se bornent à être ce qu’ils sont, les anciens nous conviaient à devenir ce que nous sommes. L’égo se conçoit d’une manière dynamique : il est en perpétuel mouvement. Sans idéal à atteindre, sans route à parcourir, l’accomplissement de soi ne serait qu’un songe inconsistant. La vérité d’une âme n’est autre que le chemin qu’elle emprunte ; son potentiel n’est autre que le sentier qu’elle est faite pour gravir.
L’écart qui sépare l’homme de ses rêves est infini, comme est infini l’écart qui nous sépare du monde divin. La lumière des étoiles brille pourtant à travers le firmament et déverse sur la terre une sagesse théophanique, qui, si elle est interprétée avec justesse, nous aide à trouver la Voie. En toute chose, soyons guidés par le juste souci d’être heureux. Faisons preuve de discernement. Appliquons-nous à grandir, à mûrir, à être davantage et surtout mieux que ce que nous étions. Le perfectionnement est constitutif du bonheur. Nous ne nous affirmons que dans l’effort. Pour Héraclite, « les hommes seraient moins heureux s’il arrivait toujours ce qu’ils souhaitent ». Une satisfaction parfaite nous laisserait désœuvrés.
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La vraie justice n’est pas indifférence. Elle dévoile les différences avec perspicacité.
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Aristote a rendu célèbre l’éthique du juste milieu, à laquelle on associe son nom, alors qu’il en a donné une interprétation faussée, presque chrétienne avant l’heure : il envisage le juste milieu d’une manière fixiste, qui oblitère l’aspect dynamique de la nature. Il jouira pour cette raison d’une grande renommée à l’époque de la scholastique et du thomisme. Chez Aristote, les extrêmes deviennent des vices ; il conçoit le milieu comme un pivot pour ainsi dire immuable. Toute sa réflexion repose sur une acception ordonnancée de la réalité.
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Du point de vue païen, le monde n’a pas été créé par un Dieu extérieur ; il est le fruit d’une formation progressive, d’une autocréation. Il ne peut pas y avoir de vérité révélée, de dogme venu de l’au-delà. En lieu et place du sur-monde, c’est le monde qui est divin, et l’homme qui est un dieu à travers lui.
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Nous avons voulu une mondialisation outrancière ; nous avons eu en même temps l’individualisme, le réchauffement climatique, le dumping social, la standardisation culturelle, le mercantilisme, la guerre pour les parts de marché, le repli national face aux excès de circulation des flux, le terrorisme, l’élevage industriel ou la dévastation des sols surexploités – et nous avons maintenant aussi la Covid-19. Notre cure forcée de quarantaine nous contraint à méditer, comme des moines en ascèse. Lorsque tout sera terminé, nous ne pourrons pas recommencer comme avant. Alors, à défaut de changer le monde dès aujourd’hui, essayons au moins de le penser.
Thibault Isabel (préface)
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Les philosophes, autrefois, se souciaient moins de développer une connaissance théorique que d'accéder à une sagesse pratique. Le "comment" primait sur le "pourquoi" : connaître le monde devait nous orienter vers le bonheur, qui tient dans l'harmonie avec la nature.
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Après la République romaine, au cours de la période impériale, on a assisté à une brutale évolution des mentalités « païennes ». Un certain puritanisme moral se faisait jour ; le salut de l’âme et la métaphysique étaient à la mode ; on commençait à ostraciser les croyances déviantes. Sous le règne de Marc Aurèle, le stoïcisme a teinté le discours public d’ascétisme, en invitant à une lutte acharnée contre la dépravation des passions. L’accouplement se trouvait réduit à un « frottement du ventre et à l’éjaculation d’un liquide gluant accompagné d’un spasme » [Marc Aurèle, Pensées pour moi-même, VI, §13]. Enfin, le siècle de Cicéron et celui des Antonins ont bouleversé la conception des rapports conjugaux ; au sortir de cette métamorphose, la morale sexuelle païenne ressemblait beaucoup à la future morale chrétienne du mariage et l’adultère y était sévèrement condamné. Le paganisme s’était donc déjà « christianisé » avant même que le christianisme ne devînt une religion bien implantée.
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Le courage, le sens de l’honneur, la loyauté, le respect de la parole donnée, la générosité et l’exigence illustrent quelques-unes des vertus païennes les plus importantes. Ces valeurs ne sont pas vertueuses parce que le Créateur l’a décrété pour nous, mais parce qu’elles nous rehaussent dans notre humanité. Celui qui les bafoue n’ira pas en enfer ; il rendra le monde moins beau. Le paganisme est d’abord une esthétique – une esthétique de vie.
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Nietzsche […] ne voyait pas la mort de Dieu d’un œil tout à fait favorable. Cette mort nous ouvre certes de nouvelles perspectives, puisqu’elle met un terme aux vieilles morales de l’ascèse et de la culpabilité ; mais elle nous confronte aussi à un très grave danger. Le nihilisme guette lorsque nous renonçons à toute valeur et à toute spiritualité. Nous ne croyons plus en rien ; nous n’attendons plus rien ; nous ne savons plus vraiment qui nous sommes. L’être humain constitue une arche entre le passé et l’avenir. S’il perd le souci de bâtir des œuvres et des institutions susceptibles de durer des siècles, comme les cathédrales, s’il se met même à douter du bien-fondé de son action, il cède à une léthargie mortifère.
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La bourgeoisie avait longtemps été une classe de moindre importance, brimée par la carcan de l'Ancien régime: tant que les nobles s'arrogeaient la majeur partie des affaires lucratives, les roturiers ne pouvaient espérer faire fortune. Mais la révolution de 1789 leur avait laissé le champs libre, et, tout en prétendant abolir les vieux privilèges, avait permis aux jeunes loups ambitieux de conquérir une position prééminente. Le peuple ne s'était dressé contre la tyrannie, au doux chant de "liberté, égalité, fraternité !", que pour voir ses idéaux trahis. A quoi bon se défaire de l'allégeance au roi si l'on se trouve ensuite soumis à un patron ?
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Si la modération se situait toujours au milieu exact entre deux extrêmes, être moral ne nous demanderait aucun effort. Cela reviendrait à suivre un dogme, puisque le juste milieu serait statique. Mais le monde est dynamique : ce qui est modéré dans une situation ne l'est pas dans une autre. Il n'y a pas de juste milieu entre le courage et la prudence : l'héroïsme se manifeste à propos, au moment où la lâcheté risquerait d'inhiber notre action, tandis que la témérité s'applique hors-de-propos à des situations qui auraient nécessité davantage de retenue. Il est raisonnable de s'exposer au risque lorsque le jeu en vaut la chandelle. Etre modéré réclame de prendre des mesures extrêmes si elles sont justifiées ; et c'est un signe de sagesse que de ne pas rester timoré face aux embûches.
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La doctrine de la Nouvelle Académie, qui remonte au IIIème siécle et au IIéme siécles av. J.-C, se révélait beaucoup plus proche du paganisme archaïque. Quoique sceptique dans son inspiration, elle était anti-pyrrhonienne. Pour la Nouvelle Académie, le sceptique ne doit pas s'abstenir de formuler des points de vue ; il doit refuser d'en faire des certitudes péremptoires. Nos "vérités" ne sont rien d'autre que des jugements probables, toujours soumis à révision ; et c'est au nom de ce probabilisme qu'on peut désormais envisager le scepticisme comme une doctrine dotée d'un contenu de connaissance objectif, à rebours de l'attitude morale [ndlr purement] subjective préconisée par Pyrrhon.
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Les travers de la modernité avaient incontestablement germé avant que le christianisme ne fût en mesure de dominer l'Europe. Nietzsche disait qu'on en voyait la trace dans l'idéalisme philosophique de Parménide et de Platon ; mais il faudrait remonter à l'Egypte d'Akhenaton pour circonvenir les origines du mal, avec son culte dictatorial du Soleil - Aton l'Unique -, son prophète-roi, sa traque violente des faux dieux et ses prétentions orgueilleuses à l'immortalité.
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L'autre apport déterminant du paganisme réside dans ses propositions éthiques. La morale païenne raffine nos cœurs, sans jamais interdire la jouissance ni mortifier les chairs : la pulsion et l'instinct, au lieu de se voir réprimés, nécessitent d'être magnifiés par l'excellence de l'esprit. La sexualité doit s'éduquer pour ne pas devenir vulgaire, bien qu'elle s'épanche de la meilleure des manières dans l'érotisme ; et la force doit être maîtrisée pour ne pas devenir bestiale, bien qu'elle sache se montrer farouche lorsque les circonstances l'exigent. Point besoin de prêcher l'abstinence ni de tendre l'autre joue après avoir été frappé. La vie est un jeu, une lutte, un combat devant lequel on ne saurait se défiler sans faiblesse.
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