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Critiques de Thibault Isabel (13)
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Pierre-Joseph Proudhon : L'anarchie sans le..

Proudhon est moins connu que Marx car le communisme a été dominant face au mouvement anarchiste pourtant bien implanté au 19ème siècle. Proudhon (1809-1865), homme simple issu d'un milieu populaire, a payé ses idées d'années d'exil et de prison. Il privilégie la responsabilisation et l'organisation par le bas. Plus l'Etat intervient, moins le peuple est maître de l'économie, plus se développent l'injustice sociale, l'aliénation et la misère. Il préconise les réseaux associatifs, le fédéralisme comme régime politique car tous les régimes existants tendent soit à la bureaucratie, soit à la tyrannie. Il ne cherche pas à dépasser mais à concilier les contradictions, le mot clé de la réussite étant l'équilibre.



En matière d'économie l'idéal est la propriété et le mutuellisme qui permettent un travail coopératif et d'éviter la constitution de grands monopoles.



Pour arriver à cette évolution de la société, l'éducation est essentielle pour que l'homme comprenne quel est son intérêt. Le capitalisme en effet pervertit l'homme. Mais l'idéal anarchiste ne doit pas être imposé de manière autoritaire ou par l'usage de la force. C'est un mouvement qui doit se déployer localement, à l'initiative de la base et faire son chemin. L'actualité de la pensée de Proudhon peut s'observer aujourd'hui face à l'essoufflement, voir la décomposition du capitalisme qui génère un mode de vie destructeur. Mais les quelques initiatives que l'on peut observer aujourd'hui sont-elles réellement les signes d'un renouveau ou les ultimes aménagements d'un système qui parvient à s'adapter en permanence à des formes nouvelles ?



Car si l'analyse de Proudhon est intéressante - il est vrai que l'aliénation du salarié est une réalité, que les injustices continuent à s'accroître, que la violence règne - on voit mal comment l'application de son programme est possible - par la simple évolution des mentalités...



Cela dit le livre de Thibault Isabel est très clair dans sa présentation d'un auteur à re-découvrir. Une pensée non dogmatique, en mouvement et dont l'évolution peut apporter des éléments de réflexion pour une action politique concrète face à une réalité de plus en plus insatisfaisante pour la majorité des hommes et la tentation toujours plus grande des paradis artificiels ou des promesses d'au-delà mortifères.

Merci à Babelio et aux éditions Autrement pour cette stimulante découverte.
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Pierre-Joseph Proudhon : L'anarchie sans le..

Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions Autrement pour ce livre offert dans le cadre de la Masse critique de mai 2017.

Précédé d'une préface de Michel Onfray, ce livre nous donne à lire, dans une langue claire et précise, la vie et l'œuvre de Pierre-Joseph Proudhon, penseur et théoricien de l'anarchisme au XIXe siècle.

Plutôt que d'essayer de le résumer en évitant la paraphrase, je pense que ce livre se suffit à lui même et expose d'une manière très accessible les grands débats qui agitent la contestation à l'économie bourgeoise et capitaliste.

Ce livre me paraît nécessaire pour tous ceux qui s'intéressent à ce sujet, et pour un plus grand nombre, à la reconstruction d'une vraie pensée de gauche aujourd'hui en France.

À lire, donc !
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Pierre-Joseph Proudhon : L'anarchie sans le..



Le mot « Anarchie » a été galvaudé, il est à tort, synonyme de désordre, de chaos et de violence. De même, on retient de P.J. Proudhon (1809-1865) une seule citation « La propriété c’est le vol » qui, tronquée, sonne creux, il fallait bien-sûr comprendre : La propriété du capital et de l’outil de travail par quelques oisifs, c’est le vol des travailleurs et des salariés. Dans ce livre, Thibault Isabel cherche (et réussit) à rétablir et à expliquer la pensée et l’œuvre de Proudhon. Selon celui-ci, l’anarchie doit se construire sur 2 bases solides. L’une politique ; le fédéralisme, qui est ni plus ni moins que la démocratie directe, c.-à-d. locale (Quartiers, Communes ... ou associations, syndicats), le pouvoir et ses décisions sont alors « délégués » à l’étage supérieur jusqu'à l’état fédéral (le pouvoir s’exerce donc de bas en haut et non l’inverse comme dans nos sociétés). L’autre est économique ; le mutuellisme qui favorise l’association et la solidarité de travailleurs libres et propriétaires de leur outil de travail (autogestion, artisanat ...). Cette belle architecture ne peut reposer que sur une humanité responsable, mature et honnête, l’anarchie de Proudhon doit donc être morale et intègre. Thibault Isabel nous dit que Proudhon savait cela, il savait aussi l’impossibilité de mettre en place ce genre de société d’autant qu’il été contre toute vaine révolution violente (contrairement à la foireuse utopie marxiste par exemple), et que l’homme est d’abord paradoxal dans ses aspirations (besoin de liberté mais aussi d’une autorité « sécurisante » (la fameuse servitude volontaire de La Boétie), volonté d’égalité mais soif d’enrichissement ...etc.). Mais l’anarchie de Proudhon est aussi pragmatique et positive, elle n’exclut pas de tendre (quel verbe magnifique, non ?) vers l’équilibre de cet idéal, de façon locale, individuelle ou collective (Comme un peintre pointilliste parvient à construire un tableau cohérent par petites touches (ceci étant ma vision de la question)). L’anarchie proudhonienne reste donc un espoir d’émancipation et de liberté. Un bouquin très intéressant à l’heure où nos démocraties parlementaires bafouillent et tanguent. Allez, salut.

P.S. Je n’oublie pas, tout comme T. Isabel, de dire que malgré ses belles théories, P.J. Proudhon était un misérable misogyne, doublé d’un homophobe-antisémite (Il parait qu’a l’époque c’était commun !?!).



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Manuel de sagesse païenne

Eloge du paganisme, ce manuel aiguise ses arguments en s’établissant contre le catholicisme.





Puisqu’il est ici question de manichéisme, revenons-en à ses déclinaisons. Alors que le catharisme s’est distingué du catholicisme en exacerbant la dualité de l’esprit et du corps, proposer d’utiliser les qualités du premier pour mettre fin aux qualités du second afin que, de vie matérielle sur terre – allégorie de l’enfer – il n’y ait plus, le paganisme que nous dépeint Thibault Isabel est une forme de contestation inverse basée sur le regret que le catholicisme ne manifeste pas davantage les joies de la matérialité. Thibault Isabel, refusant au christianisme le dogme du péché originel, estime en effet que l’homme est bon par nature et qu’à condition de vivre dans un équilibre du corps et de l’esprit, il trouvera par lui-même la voie du Bien.





La nécessaire définition de l’idée qu’entend Thibault Isabel dans son emploi du terme de « paganisme » est donnée en début d’ouvrage. « Le mot paganus a donné en français les termes « païen » et « paysan » » et les deux déclinaisons du terme seront prises en compte. En défendant le paganisme, Thibault Isabel poursuit une forme de défense de la marginalité poursuivant le Bien selon la règle de l’intelligence, et non de la soumission aux dogmes établis – mais quelle idée sous-tend la présupposition selon laquelle intelligence et acceptation du credo seraient incompatibles ? Le paganisme désigne ainsi, dans cet ouvrage, toute religion non révélée dépourvue de croyance métaphysique mais également l’état d’esprit de l’homme enraciné en son terroir, considéré ainsi comme source d’un savoir de l’éternel, qui s’oppose à l’obéissance inconditionnelle au dogme, considéré comme temporel.





« Le paganisme ne repose pas sur une foi, sur un Créateur qu’on ne voit pas et auquel on devrait cependant croire, mais sur un certain rapport à l’existence », écrit encore Thibault Isabel. Il devient rapidement clair que la comparaison entre le paganisme et le christianisme n’a alors pas de raison d’être puisqu’il s’agit d’une part d’une « esthétique de vie » rattachée au monde matériel et de l’autre d’une religion et d’une métaphysique, n’excluant pas le monde matériel mais ne s’y limitant pas. La description faite du paganisme est extrêmement élogieuse, mais elle ne fait l’objet d’aucune forme d’argumentation : « Le courage, le sens de l’honneur, la loyauté, le respect de la parole donnée, la générosité et l’exigence illustrent quelques-unes des vertus païennes les plus importantes ». Pour un peu, l’esprit taquin, nous pourrions supposer que l’approbation que nous faisons porter à des qualités telles que le courage, le sens de l’honneur, etc. est un pur produit du christianisme – en tout cas, celui-ci ne s’y oppose pas. La modernité sont des idées chrétiennes devenues folles, disait encore plaisamment Chesterton.





La lecture progressant, il devient de plus en plus évident qu’à travers le paganisme, Thibault Isabel ne semble parler que du christianisme, bien qu’il l’ignore, puisqu’il réduit celui-ci à la religion d’État. Ainsi ne pourfend-il pas la religion en elle-même mais les aspects sous lesquels elle transparaît lorsque, récupérée par certains hommes, elle se fait enjeu de pouvoir et de domination. Le paganisme dont parle Thibault Isabel n’est en effet qu’une façon de se trouver lié à l’existence d’une façon esthétique et de se tenir à l’écart des formes du pouvoir. Il est dommage toutefois que le pouvoir soit ici assimilé à ce qui en fut le prétexte – le catholicisme – alors qu’il m’aurait semblé plus fécond de porter un regard humain sur les machinations humaines pour ne pas perdre de vue la beauté de la religion elle-même – vaste projet esthétique – eut-elle été récupérée en vue de la réalisation d’un quelconque objectif temporel, plutôt que d’ajouter à la confusion de notre époque en dressant un hypothétique paganisme, décrit tout de roses vêtu, contre un christianisme rapidement éludé et réduit à l’ambition politique.

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Manuel de sagesse païenne

Dans le Manuel de sagesse païenne, Thibault Isabel considère que le temps des monothéismes est en passe d'être révolu... a-t-il vraiment tort ? Face aux grands déséquilibres provoqués par une mondialisation sans réels contre-pouvoirs, l'Eglise semble d'autant moins diserte qu'elle ne fut pas étrangère à l'universalisation des modes de pensées pour convenir à ses dogmes. Cette uniformisation fut la première étape du mouvement de mondialisation qui s'est par la suite imposé. L'islam, tout comme les monothéismes qui l'ont précédé, serait promis au même reflux de son influence en tant que religion révélée. Les manifestations spectaculaires de ses franges intégristes seraient le signe d'un ultime soubresaut.



Il s'agit donc de découvrir, ou plutôt de redécouvrir des sagesses capables de relayer les monothéismes, notamment abrahamiques. Ceux-ci ont en commun de se focaliser sur la relation de l'homme à un Dieu créateur, ils sont de ce fait peu adaptés aux enjeux éthiques de notre époque. Ils s'intéressent peu à la nature tandis que son altération n'est, aujourd'hui, ni une vue de l'esprit ni un problème à la marge. La nature humaine est sous le feu des projets transhumanistes, le biotope s'appauvrit dangereusement, la pollution globale progresse. Thibault Isabel considère que le paganisme peut répondre à de tels enjeux, en portant l'enchantement de notre regard sur le monde qui nous entoure plutôt qu'en direction d'un arrière-monde qui, d'ailleurs, a été évacué de l'horizon imaginaire avec l'hégémonie du matérialisme.



Je souhaite ici apporter un contrepoint au manifeste de Thibault Isabel, il se loge dans une nuance. Si, en effet, il est vain de spéculer sur la réalité qui se situe au-delà des capacités d'entendement de l'esprit humain, on ne peut affirmer pour autant qu'une telle réalité n'existe pas. Thibault Isabel écarte l'option panenthéiste, qu'il assimile à la première marche conduisant aux monothéismes et à leurs dérives. Le panenthéisme est une façon de concilier l'immanence du monde et son aspect non pas surnaturel, mais peut-être « super-naturel ». On est en droit de se demander si les dieux ne sont pas une réalité plutôt qu'une mythologie produite par la seule psyché humaine. On est en droit, à l'instar de Carl Gustav Jung, d'au moins suspendre son jugement sur la question. Et de nous demander de quel esprit on parle lorsqu'on parle de l'esprit dans le monde et dans tout ce qui le peuple ? Qui sait si, un jour, l'homme ne trouvera pas les réponses à ces questions à la faveur d'un saut évolutionnaire, celui-là même qui a fait se distinguer l'humanité des autres espèces du règne vivant ? Dès lors, l'humanité pourrait accéder à cette réalité super-naturelle qu'aujourd'hui, elle ne fait que deviner au travers de l'expérience religieuse, mystique ou du sacré.



Thibault Isabel considère donc que la dérive dogmatique était en germe dans les panenthéismes tels que l'orphisme, les cultes à mystères égyptiens, l'hindouisme qui a introduit les divinités pour faire du védisme un système religieux, notamment. Non sans ajouter avec lucidité que des dérives comparables ont émergé dans des contextes résolument païens : on pense notamment au stoïcisme ascétique de Marc-Aurèle, virant au puritanisme et à la crispation durant la phase de déclin de l'Empire romain. Et de mentionner également la dérive idéaliste du platonisme ayant succédé aux philosophies présocratiques d'Héraclite ou d'Anaximandre. Cet idéalisme nous a éloignés d'une vision de l'existence tragique plus difficile à porter, mais peut-être plus juste. Faut-il donc considérer, à l'instar de Nietzsche, que le passage des philosophies naturelles aux sagesses idéalistes ou aux croyances révélées fut le signe d'une dévitalisation de l'existence et d'un déclin de la pensée ? Peut-être s'agit-il plus simplement d'une évolution des systèmes de croyances répondant aux contextes de leurs époques et à la grande loi des cycles de naissance, d'apogée et de déclin des civilisations.



L'ouvrage de Thibault Isabel est empreint d'une sagesse pratique, il peut être mis au service d'un projet de société, d'un projet politique pourrions-nous dire si seulement le terme n'avait pas été tant déprécié et galvaudé. Si thèse il y a de la part de l'auteur, c'est autant pour exposer avec minutie et force d'arguments la sagesse de la vision païenne que pour affirmer la pertinence de cette vision au regard des enjeux actuels. Le propos est accessible et d'une grande clarté, l'exercice m'a convaincu.

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Manuel de sagesse païenne

Le but de Thibault Isabel n’est pas de proposer une histoire savante de la philosophie antique et moderne, mais bien un « manuel de sagesse », c’est-à-dire un ensemble de préceptes, une conception cohérente de la vie bonne qu’il s’agit d’expérimenter, en usant pour cette tâche d’une panoplie très large. Et si cette sagesse est païenne, c’est parce qu’elle se tient soigneusement à l’écart de la tradition du christianisme, comme du judaïsme et de l’islam.
Lien : https://www.causeur.fr/manue..
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Pierre-Joseph Proudhon : L'anarchie sans le..

Beaucoup plus connu, à la fin du XIXème siècle que son « outsider » allemand, Karl Marx, le philosophe PJ Proudhon est une personnalité politique qui m’intéresse grandement d’autant que je partage un certain nombre des valeurs éthiques et politiques qui étaient les siennes. Je crois qu’il vaut mieux étudier l’œuvre originale de ce père fondateur de l’anarchisme, ou bien lire l’une des nombreuses biographies qui lui ont été consacrées par d’autres auteurs, plutôt que de lire cette réinterprétation droitière écrite par Thibault Isabel. La manœuvre est habile, d’autant qu’elle est appuyée par un Michel Onfray, philosophe de plateau télé, louvoyant entre une réputation de libertaire et des sympathies droitistes de plus en plus glauques. Thibault Isabel était, quant à lui, collaborateur de la revue de sociologie « Krisis », aux côtés de gens comme Alain de Benoist, pudiquement étiqueté « Nouvelle droite ». Il participe maintenant à « Front Populaire » revue « ni de droite, ni de gauche », parrainée par Michel Onfray, mais largement ouvertes aux thèses de l’extrême droite. Histoire de mélanger un peu plus les repères politiques, ces gens s’autoqualifient de « souverainistes ». On s’approprie des concepts ou des personnalités célèbres, traditionnellement apparentés à « la Gauche » pour appâter le chaland. Un bel exemple de récupération sémantique dont cette brochette de « penseurs » est capable pour essayer de dorer un peu un blason qui n’a rien de reluisant !

La personnalité de PJ Proudhon a séduit plus d’un des « philosophes » de cette Nouvelle Droite. L’extrème sincérité de ce penseur, alliée à la précocité et au manque de clarté de certaines de ses thèses facilitent la manipulation. Il y a certes de brillantes analyses dans le travail de Thibault Isabel, mais surtout une volonté d’intégrer ce socialiste de la première heure dans sa propre manière de voir les choses. De nombreuses techniques de manipulation sont à l’œuvre : paraphraser certains énoncés plutôt que de les citer, ce qui permet de les déformer à volonté, omettre ce qui peut déranger l’ordre de l’édifice intellectuel en cours de construction, partir d’un ensemble d’hypothèses pour élaborer des conclusions peu conformes à l’éthique de l’auteur… L’ensemble, plutôt bien écrit, coule comme de l’eau de source, et le lecteur se laisse doucement bercer par une romance pas toujours conforme à la réalité des faits. Mais plus on avance dans la lecture plus il y a de quoi être surpris, quand on apprend finalement que Proudhon avait de fortes sympathies pour les thèses royalistes. Ainsi, page 84 : « Proudhon ne se serait pas nécessairement opposé à ce que le garant de cette unité fut désigné par l’hérédité plutôt que par l’élection ». Sans commentaire…

Le titre : « l’anarchie sans le désordre » laisse la porte ouverte à une large redéfinition des concepts. Ayant trouvé les paroles de la chanson anarchiste « la mahknovchina » sur un site d’extrême droite dressant l’inventaire des soulèvements populaires, plus grand chose ne me surprend de la part de certains maquignons. Ne pas confondre, dans la mêlée, libertaire et libertarien, vous risqueriez de ranger dans le même chapitre de l’encyclopédie sociale Trump et Bakounine, Le Pen et Louise Michel… !

J’ai reçu cet ouvrage dans le cadre d’une opération « masse critique » ; je ne connaissais pas la biographie de l’auteur, et je m’attendais pas à ce genre de choix éditorial de la part des éditions « autrement » (mais il faut se rappeler que cette maison fait partie des éditions Flammarion depuis 2010). Si vous ne connaissez pas la vie et l’œuvre de PJ Proudhon, ce n’est pas par ce biais, plutôt trouble, qu’il faut les découvrir.

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Le paradoxe de la civilisation

Thibault Isabel est un penseur perplexe et hésitant. Il perçoit avec netteté et franchise tout ce que le monde comporte d'injustice, de violence, de cruauté. Pourtant, contrairement à la plupart de nos contemporains, il ne se contente pas de ce sentiment misérabiliste pour bâtir, par opposition, des idéaux mièvres et irréalistes, qu'on serait tenu de faire advenir dans l'optique d'un progrès permanent de l'espèce humaine. Plutôt que de postuler la médiocrité de l'existence pour chercher dans les songes une idylle qui lui serait opposée, il prend le parti de prendre le réel pour ce qu'il est, et de comprendre pourquoi il est. Le monde n'est pas mauvais en soi ; qui ne voit que le mal ne voit qu'une partie de la réalité. Or, pour Thibault Isabel, que l'on sait irrigué par l'enseignement taoïste, la vérité est multiplication des perspectives ; puisque nous sommes tous borgnes, nous ne pouvons, n'en déplaise à Descartes, nous contenter de notre seule subjectivité pour appréhender la vérité de l'Être...



C'est avec ce regard porté sur le monde que Thibault Isabel entame son enquête sur la civilisation, dans une démarche très fortement influencée par Jacob Burckhardt et Friedrich Nietzsche. Celle-ci se réalise à travers douze essais, qui permettent d'éclairer progressivement la notion de civilisation telle que l'entend Isabel, d'en cerner les mécanismes et les limites. Le sommaire du livre est sans doute nécessaire pour en comprendre la portée et la démarche.
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Pierre-Joseph Proudhon : L'anarchie sans le..

On est bien loin des Black Blocs et de Bérurier Noir, que ce soit clair depuis le début.

Le livre s'ouvre sur une préface de Michel Onfray qui ne dure que 5 pages mais qui lui octroie le droit d'avoir son nom sur la page de couverture écrit aussi gros que celui de l'auteur ; j'ai d'abord cru qu'il s'agissant d'un livre écrit à deux, mais non, juste une préface très promotionnelle du genre win-win, sans doute.

Ladite préface tout comme l'ensemble du bouquin s'entend d'ailleurs davantage comme une critique anti-marxiste que comme un véritable encouragement à l'émancipation anarchiste.

Ceci dit le livre n'est pas inintéressant mais on sent que le tout est quand même plus orienté vers une pensée souverainiste que réellement mutualiste. En tout cas c'est mon ressenti.

Au bout du compte, j'en conçois une plus grande attirance pour les idées (et la prose) de Pierre-Joseph Proudhon que pour celles de Thibault Isabel.
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Pierre-Joseph Proudhon : L'anarchie sans le..

La lecture de ce livre m'inspire quelques regrets, ceux de n'avoir pas étudié où de n'avoir eu que si peu de références à P-J Proudhon en cours de philosophie, voire d'économie !

J'étais personnellement à mille lieues de ce que représentait et symbolisait réellement ce mot « anarchie » ! C'est peut-être aussi pourquoi son évocation dans l'enseignement se fait peut-être si confidentielle, voire très discrète dans sa véritable expression, tout comme elle se trouve stigmatisée dans son évocation falsifiée voire erronée. Notre enseignement aurait-il un goût de formatage ? Nous cacherait-on également le goût du vrai sens moral, les vraies responsabilités d'échanges et de dialogue, l'acceptation de nos ambivalences ? Cet essai nous livre les grandes lignes de la pensée de P-J Proudhon, bien éloignée de la couleur sépia dont à priori nous serions tentés de la teinter. Cependant, sommes-nous vraiment capables de devenir une société adulte, tolérante, créatrice, responsable, à la fois altruiste et égoïste, à la fois indépendante et solidaire ? n'est-il pas plus confortable de se contenter des urnes et des contestations violentes ? le désengagement plutôt qu'un engagement de tous les jours à force de tolérance ?

Merci Monsieur Thibault Isabel, de nous avoir proposé cette vulgarisation de la pensée de Pierre-Joseph Proudhon.



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Pierre-Joseph Proudhon : L'anarchie sans le..

Point de vue intéressant
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Pierre-Joseph Proudhon : L'anarchie sans le..

Un excellent survol de l’œuvre du père de l'anarchie par trop dévoyé ou récupéré. Les détracteurs de l'émancipation que requiert l'anarchie ont dénigré l’œuvre de Pierre Joseph Proudhon pour valoriser des modèles idéologiques en la tordant dans ses recherches où les nuances sont légions, quand ils ne se contentèrent de dénigrer l'homme qui manquait pour certains de la validation de diplômes ou d'origines sociales moins terriennes. L'émancipation effraie les dictateurs en puissance que nous pouvons tous devenir quand nos raisons des plus humanistes s'égarent. De pareilles torsions se peuvent à reprendre son œuvre au service de thèses totalitaires au fond quand les nuances préservées ici comme au fil de l'avancement du philosophe, l'interdisent sans équivoque.

Je recommande vivement pour stimuler l'immersion pas à pas dans l’œuvre d'origine.
Lien : https://lyncee.me
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Manuel de sagesse païenne

Bof...
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