Thierry Janssen

L'argent est, comme la sexualité, une énergie qui révèle qui nous sommes. Dnc, si nous nous donnons la peine d'observer nos rapports avec l'argent et la manière dont nous le considérons, nous pouvons apprendre à nous connaître.

... il n'y a sans doute pas de plus belle chose que de voir un être humain réussir sa vie en se libérant des illusions de celle-ci.

Il est intéressant de noter que le corps physique - qui est en quelque sorte la forme la moins vibrante et donc la plus matérialisée de notre conscience - présente des caractéristiques en fonction des différentes défenses qui ont été développés par l'individu. Ainsi, ceux qui ont privilégié la fuite dans des mondes imaginaires plutôt que d'affronter le risque d'être rejetés ont un corps long et fin dont les différentes parties semblent désarticulées. Leurs articulations sont fines, leurs mouvements semblent mal coordonnés. Leurs jambes sont maigres et donnent l'impression d'être peu connectées à la terre. Lorsqu'ils marchent, on dirait qu'ils ne touchent pas le sol, ils flottent. Leurs mains et leurs pieds  sont froids car ils n'"habitent" pas leur corps. Ils peuvent présenter une scoliose du fait de leur attitude "à moitié là" et du déhanchement permanent qu'ils impriment à leur posture. La majorité de leur énergie apparaît localisée au niveau de leur tête et souvent leurs yeux ont un air vague, le regard perdu quelque part d'où l'on aimerait bien les ramener dans la réalité du monde physique.

Nous sommes tous des monstres en puissance, ne nous leurrons pas. Qui d'entre nous n'a pas éprouvé une jubilation à contrôler ou à blesser autrui ? Car nous sommes tous (désolé de vous décevoir) remplis de sadisme et de masochisme.

Le drame est donc complet. Non seulement nos Masques empêchent le Séparateur d'exprimer ses peurs, son égoisme et sa fierté, mais, en plus, ils nous interdisent l'accès aux véritables sentiments d'amour et de compassion, de sagesse et de responsabilité, de paix et de plénitude menant au détachement véritable des tourments éphémères et symboliques de notre vie quotidienne. Ainsi, la trahison est double, et la défense bien organisée.

Il est important de préciser d'emblée que, dans mon propos, la spiritualité n'a aucune connotation religieuse. Pour moi, être spirituel implique d'être conscient de ses peurs et de ses défenses, de reconnaître t d'accepter ses sentiments et, par conséquent, de vivre dans le respect, la sollicitude et la compassion pour soi et pour les autres. Ainsi, la spiritualité nous aide à définir le sens de nos expériences et le but que nous souhaitons donner à notre vie.

L’autre ne nous blesse pas : il nous révèle simplement que nos plaies n’étaient pas guéries.
Nous avons cru que la rencontre avec un autre nous avait guéri.

C’était une illusion, car la guérison ne vient jamais de l’extérieur, toujours de l’intérieur.

La relation avec l’autre est donc pour nous un révélateur de nos manques et de nos souffrances cachées.

Croire qu’une relation, quelle qu’en soit la nature, peut nous faire oublier nos manques et nos souffrances est un leurre.

Cela conduit inévitablement à la déception.

En revanche, si nous envisageons nos relations avec les autres comme une opportunité de nous connaître, nous pourrons commencer à combler nos besoins et guérir nos blessures.

Tant que nous nous berçons de l’illusion que l’autre possède la clé de notre bonheur, nous restons dans un état de dépendance.

L’autre représente une drogue dont le sevrage nous est intolérable. Le manque réveille notre souffrance, notre crainte et donc notre colère.

Je voudrais vous encourager à écouter le silence à l’intérieur de vous, souvent, régulièrement et joyeusement. Pour vous y aider, voici la prescription que je propose désormais à tous ceux que je rencontre, concrète, très simple et très facile à suivre. Je la qualifie de « spirituelle» puisqu’elle participe à l’éveil de la conscience et à la compréhension de l’esprit de ce que nous sommes. Elle donne accès à l’essence de la vie qui est en nous et autour de nous. Du coup, elle révèle l’essentiel et, de façon tout à fait naturelle, elle permet d’en prendre soin.

Ma pratique de la vie m’a appris qu’il est impossible d’éveiller autrui à une réalité plus large si on ne témoigne pas de cette réalité dans chacune des actions concrètent de sa propre vie. Il n’y a donc pas lieu de convaincre mais seulement de témoigner et de proposer.

Pour arrêter de souffrir, il faut accepter de vivre dans le présent, en profond contact avec nous-mêmes, au-delà des illusions du passé et du futur, dans la pleine potentialité de l’instant. Nous découvrons alors que le présent est le temps de l’amour. Nous pouvons nous pardonner et pardonner aux autres. Nous quittons la peur. Nous commençons à nous réveiller.

L’être humain ne se construit qu’en relation avec d’autres êtres humains. Vivre en paix est donc le fruit d’une réflexion commencée dans mon enfance et nourrie par de nombreux rencontres déterminantes et initiatique. Il serait trop long d’en dresser ici l’inventaire, néanmoins j’aimerais rendre hommage aux héritiers des traditions bouddhiste et taoïste qui les premiers ont déclenché le processus de mon réveil.

Certaines de nos peurs sont un signal d’alarme indispensable à la sauvegarde de notre intégrité et à notre survie. Elles surviennent toujours en rapport avec un événement concret, un danger ou une menace. Mais la majorité de nos peurs se manifestent en l’absence de tout danger. Elles sont fondées sur des faits passés ou bien elles suscitent des craintes à propos du futur. Ces peurs là, soyez-en assurés, ne sont que des inventions de notre ego intellectuel qui cherche à se rassurer.

Quoi que nous puissions en dire, les besoins essentiels de l’être humain sont, avant tout, de l’amour et de la chaleur, de l’intimité et de la douceur. L’être humain est un être de relations. L’isolement entrave son développement. Privé de rencontres affectives et de contacts, l’enfant n’accédera pas à cette parole dont nous sommes si fiers. C’est en relation avec les autres que nous découvrons qui nous sommes.

L’amour au conditionnel est responsable des masques que nous portons. Nous l’avons vu, ces masques sont nos armures de combat. Il est donc urgent d’apprendre à vivre l’amour inconditionnellement, sans chantage ni culpabilisation, en s’acceptant comme l’on est et en acceptant les autres comme ils sont. S’aimer tel que l’on est, ce n’est pas de l’égoïsme ou de l’égocentrisme. C’est simplement un témoignage qui devrait inciter les autres à s’aimer, eux aussi, tels qu’ils sont, sans avoir à se cacher. Le jour où nous serons tous capables d’un tel amour, la face du monde ne sera plus la même.

L’amour répond à une vision unifiée d’un monde où tout est changement, impermanence, unité et relation. L’amour est un état qui ne peut se connaître que dans une conscience spirituelle de la réalité, lorsque notre corps physique, nos émotions et notre intellect s’échangent les informations en harmonie, sans blocage, sans résistance, sans refoulement ni projection. L’amour est la condition de toutes les paix.

Comment expliquer qu’une relation, au départ si satisfaisante, finit par engendrer tant d’insatisfaction ? La réponse est simple : nous avions confondu l’amour avec l’attachement et la dépendance affective de notre égo. L’amour est une affaire d’âme à âme, une connexion d’essence à essence, c'est-à-dire une relation sans peur, basée sur la confiance et l’acceptation inconditionnellement de l’autre. L’attachement affectif est un moyen dont l’égo se sert pour pallier ses besoins inassouvis et ses frustrations insupportables. Nous avons tous connu la peur d’être rejeté, abandonné, envahi, trahi, incompris. En nous unissant à notre « moitié », nous espérons ne plus jamais devoir revivre ces blessures du passé, notre bonheur en dépend. Notre bonheur dépend donc de l’autre.

Être apprécié pour ce que l’on fait est un sentiment très agréable, mais être apprécié pour ce que l’on est procure une joie incomparable. Encore faut-il être. Être est la chose la plus simple et pourtant la moins comprise qui soit.

Lorsque nous avons peur de ne pas être à la hauteur et que nous cherchons à masquer ce que nous jugeons être nos imperfections, nous devenons à ce point rigides que plus personne ne peut voir la beauté et la créativité débordante qui nous habitent. Ainsi, en cherchant à être parfaits, nous devenons réellement imparfaits.

La communication étant le point crucial et critique de tous les processus de paix, je vous propose ici, d’une manière un peu scolaire, de passer en revue les points essentiels :

Principe 1 : Tous les êtres humains ont un bon fond. Il y n’y a pas de bons ou de mauvais, ni de gentils ou méchants. Il n’y a que des êtres blessés, qui souffrent et qui ont peur. Au fond de chaque être humain se trouve son essence. Celle-ci est cachée par la personnalité.

Principe 2 : la paix est une affaire d'essence et non de personnalité. Notre personnalité est constituée des défenses créées en réaction à nos peurs. Notre essence ne connaît pas la peur, elle n'a pas besoin de se défendre, elle n'exprime que de l'amour. Tous les êtres humains se différencient par leur personnalité et se ressemblent par leur essence.

Règle 1 : un dialogue réussi repose sur notre capacité à:

1) observer sans analyser ni juger,

2) être relié à nos sentiments,

3) savoir reconnaître quels besoins se cachent derrière nos sentiments,

4) savoir demander à l'autre de nous aider à satisfaire nos besoins.



Règle 2: tout dialogue implique notre participation et celle d'un autre être humain. Nous devons être capables d'exprimer sincèrement ce qui se passe en nous dans l'instant, sans adresser de critiques ni de reproches à l'autre. Nous devons aussi être capables d'écouter ce qui se passe en l'autre sans émettre de jugement à son égard ni entendre de critique ou de reproche à notre égard.

Il est important de comprendre que, si notre émotion s'exprime avec agressivité et violence, c'est parce que nous croyons ou que nous voulons faire croire qu'un autre est responsable de notre colère. Or cela est faux: nous ne sommes jamais en colère à cause de ce que les autres font ou disent. Nous sommes en colère parce que nous souffrons, nous ressentons un manque et nous avons peur. Cela nous appartient en propre: il n'y a donc jamais lieu de punir l'autre en déchargeant sur lui notre agressivité et notre violence, ni de tenter de le culpabiliser, ce qui serait de la manipulation.