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Citations de Thierry Wolton (691)


(Page 448) :
Au Cambodge, les cadavres ne sont pas jetés n'importe où ; les morts de faim, d'épuisement, de sévices sont généralement enterrés là où ils peuvent encore servir, comme engrais cette fois. Pour les Khmers rouges un "ennemi" mis en terre est plus utile qu'incinéré selon les traditions bouddhiste et hindouiste. A Cuba, il est arrivé que le corps du prisonnier mort ne soit pas rendu à sa famille sous prétexte qu'il lui faut payer toute sa dette envers la révolution. Son cadavre reste la propriété de l'Etat.
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(Pages 447 et 448) :
La mort fait partie de la "rééducation par le travail" au point que l'administration des camps a dû régler le problème de l'ensevelissement des cadavres dès le début. Aux Solovki, le premier camp soviétique, la direction a fait creuser les tombes à l'avance durant l'été, sachant que le sol gelé en hiver ne le permettrait plus. Et comme la neige recouvrait une grande partie de l'année les fosses préparées, on y plantait des planches venues de la scierie du camp pour marquer les emplacements. La terre de l'ex-Union soviétique est ainsi couverte de charniers et de fosses communes anonymes.
"Ce n'est pas seulement de l'or, de l'étain, du tungstène ou de l'uranium qui se trouvent dans les sous-sols de la Kolyma, écrit Chalamov, mais aussi des corps humains non décomposés."
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(Page 442) :
Margarete Buber-Neumann, qui a connu les camps soviétiques, puis les camps nazis entre 1938 et 1945, avait déjà témoigné dans ce sens, dans un article paru en France au début de 1950 : "Dans les camps russes, il n'y a pas de chambres à gaz. Mais ce n'est qu'une différence de méthode ! écrit-elle. Les moyens utilisés pour la déchéance de l'homme sont assez nombreux dans les camps russes. Ce n'est pas dans les chambres à gaz, ni dans les crématoires que les vies humaines sont broyées, mais on assassine là-bas par la faim, la saleté et le froid. Qui a connu le camp de la Kolyma, dans l'extrême nord de la Sibérie, sait que la nuit polaire glacée est une des armes meurtrières les plus sûres."
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(Page 429) :
"Mes instructeurs m'ont sommé de considérer les détenus comme des chiens et des porcs, a raconté An , gardien de camps en Corée du Nord pendant sept ans, avant de se réfugier en Chine en 1994. On nous a appris à ne pas les voir comme des êtres humains. Les instructeurs nous ont ordonné de ne jamais montrer de pitié. Ils nous ont dit : "dans le cas contraire, vous deviendrez des prisonniers".
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(Page 422) :
La faim a fait des ravages dans les camps. Environ 10 % des détenus du Goulag en sont morts dans les années 1930. Pendant le Grand Bond en avant chinois, la mortalité dans certains laogaidui a été considérable : de 20 à 25 % à Hapuha jusqu'à 75 % au camp de Tangemu.
Entre 1959 et 1962, près de 4 millions de détenus chinois sont morts de faim.
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(Page 405) :
Le bagne de l'île des Pins, où Castro fut incarcéré dans les années 1950, sous la dictature de Batista, a d'abord servi de lieu principal de détention pour les opposants. Rebaptisée "Ile de la jeunesse" en 1965, le travail forcé y est devenu le régime courant. Un camp de travail a été ouvert en 1960 à Guanajay, mais c'est la création en 1964 des Unités militaires d'aide à la production (UMAP), placées sous l'autorité de l'armée, qui amorça réellement le système concentrationnaire castriste. Réservées à l'origine aux homosexuels et aux "asociaux", les UMAP sont vite devenues des camps pour jeunes, réquisitionnés pour des travaux de terrassement ou les récoltes. Vingt-cinq mille jeunes y ont été internés avant la disparition officielle de ces unités au début des années 1970. Le nom des camps a disparu, les miradors et les barbelés ont été enlevés, mais même "désactivés" , les lieux ont continué à servir.
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(Page 405) :
Cambodge.
Sous le régime khmer rouge, toute la population a été soumise au travail forcé dans les villages-coopératives d'où il était impossible de s'échapper. Ce système concentrationnaire généralisé a été complété par des camps réservés aux travaux d'irrigation (construction d'ouvrages hydrauliques) ou à des travaux d'intérêt collectif comme la construction de voies ferrées, de routes, de ponts. Ces camps regroupaient surtout de jeunes célibataires et des adolescents de plus de 14 ans ou des membres du clergé bouddhique.
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(Page 404) :
Corée du Nord.
Les "centres de contrôle et de gestion", kwanliso, sont des colonies pénitentiaires qui s'étirent sur des kilomètres dans les montages du Nord. Les condamnations y sont généralement à perpétuité. Le plus souvent, parents, enfants, fratries sont condamnés en même temps, pour extirper le "sang impur". Ces centres appelés aussi "zones de dictature spéciale", au nombre d'une douzaine, désignées par des numéros, regroupent de 150 000 à 200 000 prisonniers politiques. Des "centres de rééducation", kyohwaso, sont censés pour leur part réhabiliter les condamnés. On estime à 1,5 millions le nombre de détenus morts dans les camps depuis le début du régime en 1945.
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(Page 403) :
Le NKVD soviétique a été le gestionnaire direct des camps en Allemagne de l'Est, dont un grand nombre d'anciens camps nazis "réhabilités", avant qu'elle ne devienne la RDA. Entre 1945 et la fin 1949, ces Speziallagern ont détenu précisément 122 671 citoyens est-allemands, 42 889 y sont morts, 12 270 ont été déportés en URSS.
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(Page 386) :
Contrôler les esprits a été l'ambition de tous les régimes communistes. L'éducation, la propagande, l'encadrement de la vie quotidienne y concourent. Celui qui pense autrement, qui vit différemment, qui se distingue tout simplement, est dangereux, il témoigne de l'échec du système. La camisole chimique a été largement utilisée pour s'attaquer aux esprits déviants ; ne pas être, ne pas faire, ne pas raisonner comme tout le monde peut être assimilé à de la folie dans une société totalitaire.
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(Pages 384 et 385) :
La Chine des années 2000 organise un trafic d'organes très rentable en puisant sur son capital de prisonniers.
Le prélèvement d'organes se fait sans l'autorisation du prisonnier, il se pratique même parfois de son vivant pour être plus "frais". La famille du condamné n'est jamais informée de l'exécution. Elle apprend sa mort le jour où est déposé, sur le pas de sa porte, une urne avec les cendres du supplicié. Ainsi ne saura-t-elle jamais à quoi son corps a servi.
Les autorités ne cachent même pas ce trafic : le nombre de greffes pratiquées correspond comme par hasard au nombre d'exécutions annoncées. L'utilisation de ces "détritus" pour le bien d'autrui est un acte de charité envers le reste de la société, a-t-il été dit officiellement. A raison de 100 000 dollars le foie ou le coeur greffés et environ 60 000 dollars de rein, le pouvoir dispose là d'un commerce fructueux destiné, en premier lieu, aux riches Occidentaux, les seuls capables de se payer de la matière première humaine à ce tarif.
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(Pages 383 et 384) :
En Corée du Nord, c'est le corps des suppliciés morts qui serait utilisé si l'on en croit le témoignage d'un ancien gardien de camp. An Myung Chul, réfugié au Sud en 1994. An a rapporté une conversation entendue entre membres du personnel d'encadrement du camp n°13 : "J'ai vu hier les fumées à la cheminée du Troisième Bureau, dit l'un. Est-il vrai qu'on comprime les corps pour en extraire de la graisse ?" Le chef de la garde répondit qu'il était allé une fois voir le tunnel du Troisième Bureau, près d'une colline. "J'ai senti l'odeur du sang et vu des cheveux collés au mur... Je n'ai pas pu m'endormir cette nuit-là. Les fumées que tu as vues viennent de la crémation des os des criminels."
D'autres gardes lui ont parlé d'expériences pratiquées dans ce camp, comme de laisser mourir de faim des prisonniers afin d'étudier leur résistance. "Les préposés aux exécutions sont devenus de vrais experts, ont raconté ces gardes. Il leur arrive de frapper des prisonniers avec un marteau, derrière la tête. Les malheureux perdent alors la mémoire ; et ces demi-morts deviennent des cibles vivantes pour les exercices de tir.
Quand le Troisième Bureau manque de sujets, un camion noir surnommé "le corbeau" vient en chercher de nouveaux, semant la terreur parmi les prisonniers. Une fois par mois, "le corbeau" emmène de 40 à 50 personnes, nul ne sait où."
Le "corbeau" est également le nom qui était donné sous Staline aux véhicules du NKVD chargés de transporter les détenus : un hommage sans doute aux méthodes apprises par les Nord-Coréens auprès des Soviétiques.
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(page 383) :
Khan, un gardien, raconte : "Pour la prise de sang, on emmenait les prisonniers dans la maison des médecins, en face de l'entrée de S-21. On les menottait sur des lits en fer, des deux côtés. On bandait les yeux, on bâillonnait la bouche. Puis on les piquait, un tuyau dans chaque bras, les poches de sang en dessous. J'ai demandé aux médecins combien de poches de sang ils prenaient à chaque prisonnier. Ils m'ont dit que, pour une personne, ils prenaient quatre poches. Une fois la prise de sang terminée, on les laissait au pied du mur, abandonnés là. Ils respiraient comme des grillons, les yeux révulsés. Et on creusait les fosses pas loin." Selon un témoin cité dans le cadre du tribunal de Phnom Penh, "pas moins de mille personnes" seraient mortes à la suite de prélèvements sanguins.
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(Pages 382 et 383) :
Lors de l'instruction qui a précédé le procès des dirigeants khmers rouges devant le tribunal spécial de Phnom Penh, Duch a reconnu l'existence de ces autopsies pratiquées sur des êtres vivants. Il s'est par ailleurs souvenu que l'épouse du maréchal Lon Nol, qui dirigeait le Cambodge avant la prise du pouvoir par Pol Pot et ses camardes, avait été disséquée vivante.
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(Page 380) :
A cet effet Lénine décide la création, en 1921, d'un laboratoire secret de produits toxiques dont le règlement stipule qu'il servira à "combattre les ennemis du pouvoir soviétique". Le leader bolchevique en choisit le nom, "Cabinet spécial", et place ce laboratoire sous ses ordres en tant que président du Soviet des commissaires du peuple.
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(Pages 379 et 380) :
La déshumanisation de l'ennemi s'inscrit dans la logique d'un mode de pensée totalitaire ; son "animalisation" en est la transcription au plan pratique, elle permet au régime de se débarrasser de l'importun en toute bonne conscience et aux bourreaux de le traiter sauvagement. Les sévices dont ont été victimes les prisonniers politiques dans les geôles communistes sont une conséquence du messianisme révolutionnaire qui a accompagné ces régimes. Les nationaux-socialistes ont éliminé des "races inférieures" par conviction raciste, les marxistes-léninistes ont torturé et liquidé des "ennemis du peuple" par certitude idéologique. Pour les victimes, la différence importe peu.
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(Page 376) :
Les passages à tabac durent parfois plusieurs heures par jour et se répètent quotidiennement des semaines entières, jusqu'à ce que la chair des suppliciés se détache en lambeaux. On leur fait subir des sévices sexuels. Ils sont obligés de se nourrir comme des bêtes, allongés par terre et lapant dans la gamelle. On leur fait avaler leurs propres excréments et, s'ils vomissent, ils doivent recommencer. On leur maintient la tête dans la tinette jusqu'à ce qu'ils donnent des signes d'étouffement, tout en leur interdisant, ensuite, de se nettoyer. On les brûle avec des cigarettes sur les parties les plus sensibles du corps et on leur fait subir des chocs électriques. Tout cela en présence des autres détenus ; les "rééducateurs" comptent sur le déroulement de la torture pour obtenir un choc psychologique, le fait d'assister au supplice de son semblable pouvant être plus traumatisant encore que d'être soi-même torturé. Dans certains cas, le tortionnaire pleure tandis qu'il inflige tous les tourments à sa victime qui, elle, demande à être frappée pour que son bourreau d'ami ne soit pas torturé à son tour. "Au lieu de la haine et de la vengeance, je sentais le plaisir et la satisfaction, confesse un supplicié, Dumitru Bordeianu [prisonnier à la prison de Pitesti en Roumanie], parce que ceux qui me frappaient ne le faisaient point par haine, mais parce qu'ils étaient fous, contraints et torturés pour faire ce qu'ils étaient en train de faire. A cet instant, je les aurais serrés dans mes bras et j'aurais embrassé les plaies et les bleus sur leur corps."
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(Pages 371 et 372) :
La torture fait partie de l'univers carcéral communiste. Même après être passé aux aveux, même condamné, le prisonnier n'en a pas fini d'affronter ses bourreaux. Il entame sa phase de rééducation, il doit expier ses "crimes" d'ennemi du peuple pour être pardonné par le parti-Etat et réintégrer si possible la société d'où il a été exclu. En Chine, l'usage de la matraque électrique se charge de remettre les prisonniers sur le droit chemin : " Le courant électrique me tritura le crâne comme s'il devait m'arracher tous les nerfs et me battre le cerveau à coups de trique, témoigne le poète Liao Yiwu, soumis à ce traitement. L'électricité me parcourut de la nuque jusqu'aux pieds et mon corps se mit à trembler sans que je puisse le contrôler. (...) Un autre coup m'atteignit à droite, sur les côtes. Je bondis comme si j'avais été touché par un tison incandescent et tendis le bras pour m'emparer de la matraque. (...) Deux ou trois matraques furent alors pointées vers moi. Un crépitement d'étincelles s'échappa et mon corps fut secoué de violentes convulsions."
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(Page 359) :
Dans le cimetière de Kalitnikovskoïe, situé dans la capitale, un endroit était réservé pour recevoir "en pleine nuit des tombereaux de corps nus, la tête entourée de chiffons pour boucher les deux trous qu'ils avaient dans le crâne."
(...) Nul ne sait si les victimes du communisme sont allées au paradis. Ceux qui ont réussi à échapper à la mort, ceux revenus d'entre les torturés, ceux à qui le parti-Etat voulait réserver un autre sort, ceux-là, en revanche, il est certain que l'enfer les attendait.
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(Pages 358 et 359) :
"Les cadavres ont leur utilité, ils permettent de fertiliser les terres", a dit Mao. Les paysans chinois ont reçu l'ordre de semer et de planter sur les parcelles où l'on inhumait les morts. Iejov, à l'époque de la Grande Terreur, avait poussé le cynisme jusqu'à préciser quel type de plantation il fallait installer sur les fosses communes, pensant peut-être que leur luxuriance camouflerait l'ampleur du crime. La gestion de milliers de cadavres a été un souci permanent pour les bourreaux. Khrouchtchev a parlé du "hachoir" à propos de la Grande Terreur, ce qui n'était peut-être pas qu'une image.
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