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Citations de Thierry Wolton (691)


Aux "dates rouges", nom donné aux fêtes révolutionnaires en URSS, les chefs du parti et du gouvernement saluent, du haut du mausolée de Lénine, la foule des travailleurs ou la troupe qui défilent. Cette tribune, aménagée sur le tombeau même du chef canonisé, refuge des "reliques sacrées", confère au bâtiment sa fonction clé de fondement du pouvoir en lui léguant la nécessaire légitimité, sorte de pontificat de la nouvelle religion du léninisme, où les défilés des travailleurs remplacent les processions religieuses traditionnelles, et où les portraits des chefs communistes se substituent aux icônes. Lénine et ses disciples se fondent en une seule et même entité, ses successeurs sont perçus comme sa "réincarnation". Un slogan dit "Staline est le Lénine d'aujourd'hui". La symbolique communiste est une adaptation des attributs sacrés dont usent toutes les Eglises pour leur culte. L'Internationale, le drapeau rouge, la faucille et le marteau sont communs aux régimes marxistes-léninistes (...).
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la première biographie officielle de Staline, publiée en 1935 sous la plume de l'écrivain français Henri Barbusse, est un modèle de flagornerie : "C'est l'homme le plus grand et le plus important de notre époque. Sa haute stature domine l'Europe, l'Asie, le passé et l'avenir... Il est de fer... Il est d'acier... Inflexible et souple comme l'acier... C'est Lénine vivant".
(Page 809)
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MIEUX VAUT EN RIRE
Le marxisme, le communisme
* Un communiste, c'est celui qui a lu Marx. Un anticommuniste, c'est celui qui l'a compris.

* Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme, le communisme c'est l'inverse.

* Le communisme c'est comme l'horizon, plus on s'en approche, plus il s'éloigne.

* Un petit garçon rend visite à son cousin, le fils d'un important responsable du Comité central.
- Tu sais, dis le premier, notre chienne, Laïka, vient d'avoir six petits chiots.
- Ce sont des chiens communistes ?
- Bien sûr.
Deux semaines plus tard, les cousins se retrouvent.
- Dis, tu m'en donneras un, de tes petits chiots communistes ?
- Maintenant, ils ne sont plus communistes, ils ont ouvert les yeux.

Le parti
* Un vieux Polonais est sur son lit de mort. Il fait appeler ses fils à son chevet pour leur dire ses dernières volontés. Il leur annonce qu'il veut entrer au parti communiste.
- Papa, tu n'y penses pas ! s'exclament ses fils.
- J'y pense au contraire, dit le vieux. Quand je mourrai, cela fera toujours un membre du parti de moins.

* Aux Jeux olympiques, un athlète hongrois bat de plusieurs mètres son propre record du monde au lancement du marteau. Les journalistes se précipitent pour l'interviewer. L'un deux demande à l'entraîneur :
- Quelles sont vos méthodes d'entraînement ?
- C'est simple, nous lui avons promis que s'il gagnait, la prochaine fois nous lui laisserions balancer la faucille aussi.

* A quoi servent les syndicats dans les démocraties populaires ? A protéger les militants du parti contre la colère des ouvriers.

Les dirigeants
* - J'ai bien peur d'avoir de gros ennuis.
- A cause de quoi ?
- Ce matin, le secrétaire de cellule m'a convoqué, il m'a fait entrer dans une grande salle et là, il m'a montré les portraits de Marx, Lénine, Khrouchtchev et Brejnev accrochés au mur et puis il m'a dit : "Décroche ce salaud-là."
- Eh bien, qu'est-ce que tu as fait ?
- Sans réfléchir, je lui ai demandé : "Lequel ?"

* Castro demande à son fidèle conseiller, Pepito :
- Est-ce vrai, ce qu'on raconte, que beaucoup de gens viendront cracher sur ma tombe quand je serai mort ?
- Euh... On le dit...
- Et toi, tu iras aussi cracher sur ma tombe ?
- Ah non, Fidel ! Pas de danger ! J'en ai par-dessus la tête de faire la queue tout le temps.

L'arbitraire, la répression
* La population soviétique se partage en trois, ceux qui ont été en prison, ceux qui y sont, ceux qui attendent d'y aller.

* Question d'un formulaire : "Est-ce que vous avez été réprimé ? Si non, pourquoi ?"

* Moscou, à l'époque de la Grande Terreur.
Un homme et son épouse dorment tranquillement dans leur appartement quand ils sont réveillés par des martèlements de pas dans l'escalier. La sonnette de l'appartement retentit, accompagnée de forts coups sur la porte. Le mari, plus mort que vif, se lève pour ouvrir. Il revient une minute après.
- Ne t'inquiète pas, chérie, ce n'est que la maison qui brûle.

L'occupant soviétique
* Quel est le pays le plus grand du monde ? La Hongrie. Cela fait plus de vingt ans que les troupes soviétiques y sont et elles n'ont toujours pas trouvé la sortie.
Non, c'est Cuba. L'île a son gouvernement à Moscou, son armée en Afrique et sa population active en Floride.

La pénurie
* - La radio annonce que l'abondance règne dans le pays et notre réfrigérateur est vide.
- Branchez-le donc sur l'antenne de votre radio.

* A Prague, le camarade Polacek entre dans une charcuterie.
- Je voudrais 200 grammes de jambon, dit-il.
- Plus de jambon, camarade.
- Alors, une moitié de jambonneau.
- Plus de jambonneau, camarde.
- Eh bien, des saucisses.
- Plus de saucisses, camarde.
Polacek s'énerve :
- Vous avez du fromage de tête ?
- Non.
- Alors, du saucisson ou du pâté de foie ?
La vendeuse secoue la tête et dit au gérant du magasin :
- Il a une bonne mémoire, le camarade...

* Adrian va commander sa Dacia chez le concessionnaire de Bucarest. Le vendeur lui indique la date de livraison : 16 avril 1992, soit... quinze ans plus tard. Pris d'un doute, Adrian sort son agenda :
- D'accord, mais il faudrait que ce soit le matin, parce que l'après-midi j'attends le plombier qui doit réparer les toilettes.

* Une réunion du parti dans un kolkhoze. Deux questions sont à l'ordre du jour : la construction d'une grange et la construction du communisme. Faute de planches, on est passé tout de suite à la seconde question.

Le communisme, ses tares et ses échecs
* Les 7 merveilles du système communiste :
1) il n'y a pas de chômage, mais personne ne travaille ;
2) personne ne travaille, mais le plan est rempli ;
3) le plan est rempli, mais il n'y a rien à acheter ;
4) il n'y a rien à acheter, mais il y a des queues partout ;
5) il y a des queues partout, mais nous sommes au seuil de l'abondance ;
6) nous sommes au seuil de l'abondance, mais tout le monde est mécontent ;
7) tout le monde est mécontent, mais tous votent "pour".

* Quel enfer est préférable, le communiste ou le capitaliste ?
Le communiste, bien sûr. Soit il n'y a pas d'allumettes, soit on manque de carburant, soit le chaudron est en réparation, soit les diables sont à une réunion du parti.

* Quelles sont les deux étapes du communisme ? La crise de croissance et la croissance de la crise.

* Quelles sont les quatre calamités dont souffre l'agriculture dans les pays communistes ? Le printemps, l'été, l'automne et l'hiver.

* Giscard d'Estaing téléphone à Gierek, le premier secrétaire du PC polonais.
- Edward, je me suis rendu compte que tu as raison. Jai décidé que la France sera socialiste !
- Bien, bien, Valéry. Je t'approuve. Mais livrez d'abord les machines.

L'arroseur arrosé : les blagues
* Un juge sort en riant aux éclats de la salle d'audience. L'un de ses collègues lui demande la cause de son hilarité :
- J'ai entendu une histoire drôle, très très drôle, répond le juge.
- Raconte !
- Je ne peux pas, je viens de donner dix ans pour ça.

* Radio-Erevan institue un concours de blagues, doté de trois prix :
Premier prix : 20 ans.
Deuxième prix : 10 ans.
Troisième prix : 5 ans.

* Conversation au Goulag :
- Tu es ici pour quoi, toi ?
- Paresse.
- Comment ça, paresse ?
- Ben oui, on était trios à boire un soir, on s'est raconté des histoires drôles politiques. Je suis rentré chez moi, et avant de me coucher, je me suis dit qu'il faudrait peut-être aller rapporter tout ça à qui de droit. Mais j'ai eu la flemme, je me suis dit que j'irais le lendemain. Eh bien les autres y sont allés le soir même.
(Pages 787 à 798)
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Servitude, consentement, c'est également d'asservissement qu'il convient de parler. "L'asservissement moral se produit non pas lorsqu'une population ou une partie importante de la population commence à croire à l'idéologie officielle, écrit le philosophe polonais Leszek Kolakowski, mais lorsqu'elle tombe dans l'absence totale d'espoir."
Pour supporter son sort, pour accepter le régime - et s'accepter lui-même dans son rôle public -, l'Homo communistus n'a guère d'échappatoire. Il sombre volontiers dans des paradis artificiels qui lui permettent d'oublier celui qu'on lui a promis. Communisme et alcoolisme sont devenus indissociables dès l'origine. Boire est devenu un moyen d'échapper à la servitude.
(Pages 781 et 782)
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Le régime est-allemand, qui a réussi à imposer une sorte de modèle de consentement à la société tout entière, peut -être qualifié à la fois de "dictature du consensus" et de "dictature d'assistance", puisque beaucoup de ses citoyens ont fini par trouver un certain réconfort sous l'aile protectrice du parti-Etat. Après la chute du mur de Berlin, le rédacteur en chef de Junge Welt, le quotidien le plus vendu de RDA, a résumé en ces termes ses relations avec le régime défunt : "C'est comme lorsqu'on commence à boutonner son manteau de travers, pour ne s'apercevoir de son erreur qu'au dernier moment. Malgré tout, le manteau vous tient chaud." Beaucoup de ses concitoyens se sont accommodés de ce confort-là.
(Pages 778 et 779)
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Dans un régime communiste, "personne ne te demande d'aimer le pouvoir ou de croire en lui, précise Vladimir Boukovski, il est suffisant d'en avoir peur, de te soumettre, de bien faire ce qu'on attend de toi, de lever consciencieusement la main lors des réunions, d'approuver ou bien de condamner avec colère...". Le conformisme est une autre explication possible du consentement chez l'Homo communistus. Rester dans la masse assure une relative tranquillité, quitte à se compromettre avec le pouvoir.
(Pages 777 et 778)
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Ce fatalisme peut expliquer, chez l'Homo communistus, l'acceptation de son sort, l'obéissance, qui peut aller dans le pire des cas jusqu'au "consentement meurtrier" : " Ce ne furent pas des dizaines de milliers, ni même des dizaines de millions, mais d'énormes masses humaines qui assistèrent sans broncher à l'extermination des innocents, rappelle Vassili Grossman. Mais ils ne furent pas seulement des témoins résignés ; quand il le fallait, ils votaient pour l'extermination, ils marquaient d'un murmure approbateur leur accord avec les assassinats collectifs."
Le système communiste n'est pas le seul à avoir transformé des peuples en complices des bourreaux, en revanche aucun autre n'a à ce point systématisé la pratique, facilitée par la massification à laquelle ces régimes ont réduit les individus.
(Pages 776 et 777)
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En d'autres termes, le totalitarisme qui s'est abattu sur les peuples a dû rencontrer chez certains d'entre eux une inclinaison à la soumission, afin de perdurer par-delà la terreur dont il lui a été nécessaire d'user pour s'implanter. Le consentement est l'un des atouts des régimes communistes.
(Page 776)
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Les peuples victimes du communisme donnent l'impression de s'être "donnés" à lui, contraints et forcés il est vrai, puisque ces régimes ne sont jamais arrivés au pouvoir par la volonté populaire. Il n'en est pas moins vrai que l'idéologie s'est peu à peu imposée dans des pays qui semblent avoir été "prêts" à l'accueillir, comme si les esprits avaient été formés à accepter cette nouvelle forme de servitude.
(Page 775)
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"Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux", fait remarquer La Boétie au XVIe siècle, dans son Discours de la servitude volontaire. Il n'y a jamais eu plus grands tyrans que les tyrans communistes parce que les hommes n'ont jamais été autant à genoux qu'en régime totalitaire. La Boétie s'est interrogé en son temps sur les raisons qui font que "tant d'hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d'un tyran seul, qui n'a puissance que celle qu'on lui donne". Pour céder à la servitude, qui n'est pas un état naturel, estime l'auteur, il faut que les hommes aient été auparavant victimes d'un accident, d'un "malencontre" comme il le nomme, qui leur a fait oublier le goût de la liberté. La Boétie n'explique pas ce qu'il entend par "malencontre", en revanche il prétend que le genre humain est devenu mûr pour la servitude à partir du moment où les hommes ont délaissé leur liberté, où ils ont accepté de vivre dans des communautés hiérarchisées, où certains ont commencé à exercer une domination sur les autres, et où les mêmes ont appris à diriger quand le reste de la communauté prenait le pli d'obéir. Ce n'est pas le tyran qui prive le peuple de sa liberté, mais le peuple qui l'a délaissée, estime La Boétie.
(...) La domination du tyran tient par le consentement des individus, c'est en ce sens que l'auteur parle de servitude volontaire.
(Page 775)
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Pour Soljenitsyne, la force illimitée du parti communiste a longtemps tenu au fait qu'une bonne partie des êtres humains "n'ont pas de point de vue qui leur soit propre et manquent du soutien spirituel qui leur permettrait de se battre".
Pris dans les rets de la société totalitaire, l'Homo communistus est contraint d'accepter son sort, de composer avec le parti-Etat. Il n'a plus qu'à espérer pouvoir tirer quelques profits de sa servitude.
(...) Dans une société collectiviste l'individu est esseulé, perdu dans la masse, l'anonymat le protège tant qu'il reste dans le rang. Le concept de "masse atomisée" trouve sa justification dans le quotidien. A force de se méfier d'autrui, l'Homo communistus s'isole, comme le veut le parti-Etat soucieux d'empêcher tout lien de solidarité.
(...) Dans le même temps, la désagrégation sociale fragilise chacun face à l'arbitraire. Le monde communiste est fait d'enfermement, de silence, et de mensonges puisque tous les citoyens sont obligés en public de se déclarer satisfaits de leur sort.
(Page 773)
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Si l'Homo communistus ne peut vivre sans la protection du parti, il n'existe pas non plus hors de lui. Au monopole politique s'ajoute l'emprise idéologique. La prétention du parti-Etat d'incarner la vérité, de représenter la juste ligne, d'indiquer le sens de l'histoire, revient à s'exclure de l'humanité pour celui qui ne croit pas. Critiquer ou défendre d'autres idées, c'est se situer hors du temps en marche. Et puisque le parti-Etat se déclare le seul défenseur des intérêts du peuple - mieux encore, il est le peuple -, s'opposer à lui revient à s'opposer au peuple, à se mettre au ban de la société, à s'autocondamner, à devenir un non-être. L'infaillibilité et le monopole de l'idéologie sont des rouages essentiels des régimes totalitaires, comme on le sait. La tutelle du parti-Etat est si présente, si pesante, qu'une fois sa protection retirée, l'individu est perdu. Tous les repères qui lui ont permis jusqu'ici de s'orienter se dissolvent, sa fragilité devient totale.
(...) L'Homo communistus ne s'appartient pas, il est ce que le parti-Etat a fait de lui, il doit se conformer à la fonction qui lui a été attribuée, à l'image qu'il doit donner, au rôle qu'il doit remplir dans la collectivité, sous peine d'être éliminé.
(Page 772)
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En régime totalitaire, le pouvoir est concentré entre les mains du parti dirigeant. Ce truisme est une réalité quotidienne pour ceux qui vivent sous un tel régime, ils en subissent les effets à tout moment, toute leur vie. De sa naissance à sa mort, l'Homo communistus dépend du bon vouloir du parti-Etat.
(Page 771)
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La désexualisation de la société communiste participe du contrôle social généralisé, comme on le sait, pendant que la grisaille quotidienne coupe court aux rêves. Dans un monde uniforme, l'être humain a plus de mal à espérer car il n'a pas de modèle auquel se référer pour croire à un ailleurs possible.
(Page 770)
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Dans L'Archipel du Goulag, Alexandre Soljenitsyne insiste sur l'impact de la peur partagée par tous, qui conditionne les victimes à accepter leur sort, comme des lapereaux tétanisés. "N'ayez pas peur ! " est la première exhortation lancée par Karol Wojtyla, devenu Jean-Paul II. Le nouveau pape s'adressait sans doute ce jour-là à l'humanité, mais plus encore à ses compatriotes polonais et, au-delà, à ceux qui subissaient alors un joug communiste qu'il avait lui-même connu.
(Page 764).
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"Chacun peut perdre quelque chose, aussi chacun a-t-il raison d'avoir peur."
Vaclav Havel
(Page 763).
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Quels que soient sa fonction, son statut social, sa situation familiale, son âge, l'Homo communistus est partout condamné à devenir un auxiliaire de police, plus ou moins volontaire. Le système le sollicite pour surveiller, dénoncer son prochain comme preuve de son engagement, de son comportement de bon citoyen. La fonction de mouchard n'a rien de péjoratif en régime communiste, il agit pour le bien de tous. A partir du moment ou un ennemi est désigné, il est du devoir de chacun d'aider le parti-Etat à le combattre. La pratique de la dénonciation est apparue avec la figure de l'ennemi public développée en leur temps par les Jacobins, durant la Révolution française.
(...) Un employé de bureau sur cinq est un indicateur dans l'URSS de l'avant-guerre. D'autres sources affirment que 5 % de la population totale moucharde à cette époque.
(...) L'Homo communistus finit par devenir schizophrène, en tout cas par mettre une barrière entre ce qu'il vit et ce qu'il dit, à vivre en homme double, à nier la réalité pour s'afficher en héros de la fiction communiste, sans y croire toujours.
(Pages 754 et 756)
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L'insécurité, ou plutôt le sentiment d'insécurité, est une nécessité pour que le pouvoir totalitaire consolide son emprise sur les esprits. L'existence d'ennemis intérieurs et extérieurs est indispensable à la cohésion du système. La psychose d'assiégé imprègne tous les domaines d'activité, la propagande recourt à un vocabulaire belliqueux, les actions menées sont toujours décrites en termes de batailles, de combats, d'offensives, d'armement ou de mobilisation. La propagande parle de "front du travail", de "bataille pour la production" avec ses "héros du travail". La construction du socialisme est une longue campagne au cours de laquelle tous doivent accomplir leur devoir sous peine d'être considérés comme des "lâches", des "déserteurs", des "traîtres", et d'être condamnés en conséquence. L'Homo communistus est en guerre perpétuelle, le parti-Etat se fait un devoir de le mobiliser en permanence pour le protéger.
A Cuba, la population vit l'arme au pied, ou presque, même après la crise des missiles de 1962 à la suite de laquelle les Etats-Unis se sont pourtant engagés à ne jamais envahir l'île.
(...) Dans toute l'île, des équipes creusent des tunnels et les aménagent, dans le but de permettre à la population de s'y réfugier en cas d'invasion. Chaque année, des "journées de la défense" permettent de s'initier aux techniques de la guérilla urbaine, selon le principe développé par les stratèges cubains de "guerre de tout le peuple". Cuba vit dans un imaginaire "guérillesque". Tout progrès, toute amélioration est une "conquête" ou une "victoire", son accomplissement une "bataille" ou une "campagne". Le travail volontaire participe de l'"effort" national, les volontaires sont mobilisés au sein de "pelotons", d'"escadrons", de '"bataillons", et de "compagnies", et les "travailleurs permanents" les plus productifs, regroupés au sein des "centres guérilleros". Cette psychose est une nécessité pour les régimes communistes. Etre en guerre permanente permet d'excuser les difficultés récurrentes du système, d'obliger aux sacrifices et de justifier la mobilisation quasi militaire du peuple.
(Pages 737 et 738)
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(Pages 735 et 736) :
Le mur de Berlin, avec ses 165 kilomètres de long (dont 43 dans l'ex-capitale du Reich), ses 302 miradors et bunkers, ses 124 kilomètres de voies de patrouille, ses 4 000 policiers, ses 600 chiens, et son dispositif de tirs automatiques (à partir de 1970), symbolise cette volonté d'enfermement des pays communistes. Plus de 2 millions d'Allemands de l'est avaient réussi à fuir le pays avant son édification.
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(Page 734) :
Le rideau de fer n'est pas une métaphore. Tous les pays communistes dressent à leurs frontières des barbelés, des miradors, ils font patrouiller leurs gardes avec des chiens policiers, ils font tirer sur quiconque tente de franchir la zone. Le rideau de fer a un double usage, il empêche les fuites, il dissuade les infiltrations. Vu de l'intérieur, il transforme le pays en un camp de concentration, vu de l'extérieur il en fait un camp retranché. La sécurité n'a pas grand-chose à voir avec ce dispositif. Sur la frontière se cristallisent les deux obsessions de tout régime totalitaire, la défiance du peuple et la contamination étrangère. Le paradis doit être protégé de l'enfer, le bonheur doit être préservé des barbares. A l'égard du reste du monde, le parti-Etat oscille entre deux attitudes d'apparence contradictoire, un sentiment d'insécurité à l'égard d'un environnement qu'il considère comme hostile, et un excès de confiance en la victoire finale de l'idéologie. Une ambivalence entre anxiété existentielle et optimisme révolutionnaire.
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