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Citations de Thierry Wolton (691)


(Page 729) :
Les régimes communistes ne peuvent se développer que dans un univers clos. L'interdiction de se rendre à l'étranger, qui frappe la plupart de leurs ressortissants, ne sert pas à les préserver des mauvaises influences, il s'agit plutôt de les empêcher de connaître une autre réalité. A l'intérieur du pays, ce rôle est rempli par la censure. Le régime bolchevique en a pris l'initiative en en confiant la responsabilité, et la mise en application, au commissariat du peuple à l'Education. Dans l'esprit des dirigeants, éduquer et censurer sont deux missions complémentaires, ils savent ce qui est bon ou non pour leurs concitoyens. La censure s'est d'abord attaquée à la culture existante. Kroupskaïa, la femme de Lénine, s'est chargée d'épurer les bibliothèques russes des oeuvres "périmées", le plus souvent des classiques. L'obsession de la table rase est commune à tous les régimes communistes. Le jour de la prise de Phnom Penh, en avril 1975, les Khmers rouges ont brûlé des milliers d'ouvrages de la Bibliothèque nationale cambodgienne, sans distinction puisqu'un grand nombre des jeunes exécutants étaient analphabètes. Quand les livres "dangereux" ne sont pas détruits, ils sont interdits. Chaque grande bibliothèque soviétique disposait d'un "département de conservation spéciale" où étaient entreposés les revues et ouvrages interdits.
La censure intervient sur tout ce qui s'écrit, se dit, se met en scène, se filme, s'écoute, se regarde, se diffuse.
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(Page 717) :
"L'individu doit être la pièce la moins importante du mécanisme".
ERNESTO GUEVARA
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(Page 717) :
"Toutes ces choses ne faisaient qu'un : les machines parfaites, semblables à des hommes, et les hommes parfaits semblables à des machine".
EVGUENI ZAMIATINE
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(Pages 715 et 716) :
Toute autre "vision du monde" (Weltanschauung) est exclue pour le jeune Est-Allemand. Ce qui n'est pas sans similitude avec l'époque nazie. Du temps de Hitler, la Weltanschauung était national-socialiste. L'analogie ne s'arrête pas là. Les Pioniere pour les plus jeunes, et la Jeunesse allemande libre (FDJ) pour les plus âgés, reprennent le modèle des organisations de jeunesse nazies, les Pimpfe pour les uns, les Hitlerjungend pour les autres. Les costumes portés sont similaires, seule la couleur du foulard diffère.
(...) Toutes les jeunesse embrigadées par les régimes communistes dans le monde ne sont pas devenues criminelles, mais toutes ont été préparées à l'être.
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(Page 714) :
Le pionnier est préparé pour devenir membre des Jeunesses communistes, son espoir. Baptisé en URSS "l'aide du parti", le Komsomol est une étape obligatoire pour quiconque espère entrer au PC. Pour ce faire, il faut attendre la trentaine. La sélection est rigoureuse, il n'y a pas de place dans le parti pour tous les komsomolets et komsomolka. La demande d'adhésion se fait par écrit, elle doit être parrainée par un membre du PC ou à défaut par deux membres des Jeunesses ayant au minimum deux ans d'ancienneté dans l'organisation. La structure du Komsomol est calquée sur celle du parti, une cellule par classe en général. Ces Jeunesses doivent effectuer un travail idéologique auprès de leurs camarades, organiser des divertissements politiquement corrects et veiller aux bonnes moeurs. Ils exercent sur tous un double contrôle, politique et moral, ils sont les garants du code de bonne conduite communiste.
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(Pages 712 et 713) :
L'idée a été émise avant octobre 1917 par le socialiste allemand Karl Liebknecht, mais mise en pratique par les bolcheviks avec la création des Jeunesses communistes, le Komsomol, dès novembre 1918. Considérées comme l'antichambre du parti, ces Jeunesses s'adressent aux 14-18 ans. Pour les plus jeunes, à partir de 9 ans, l'organisation des pionniers est créée en 1922. Pour les plus jeunes encore, les 7-9 ans, vont être institués par la suite les "petits octobristes". Dûment encadré, devenu militant, l'élève assimile de façon active l'idéologie qu'il apprend passivement dans les matières scolaires. Il participe à des campagnes "collectives" qui lui font quitter ce groupe équivoque qu'est la classe, pour être enrôlé dans des brigades ouvertement et exclusivement militantes.
Dès son entrée à l'école, le jeune élève soviétique devient un oktiabrionok, un petit octobrien, au cours d'une cérémonie où il lui est remis l'insigne de l'organisation. On surnomme ces écoliers les "petits-enfants d'Ilitch" (Lénine).
(...) Cette approche prépare les enfants à devenir pionniers, le premier véritable engagement de l'Homo communistus. Le foulard rouge, acheté par les parents, marque l'événement. Il représente dans l'imaginaire militant un morceau du drapeau rouge. Lors de sa rentrée, l'enfant prête serment : "Moi, jeune pionnier de l'Union soviétique, je jure solennellement devant mes camardes d'être fidèle aux préceptes de Lénine, de défendre fermement la cause de notre parti communiste et la cause du communisme."
(...) L'organisation est militaire, les pionniers sont ordonnés en brigades, ils ont leurs étendards, leurs drapeaux, leurs chants, leur uniforme, pantalon ou jupe sombre, chemise blanche, foulard rouge. Chaque enfant aspire à devenir pionnier. Ceux qui en sont exclus, pour cause de mauvaise origine sociale surtout, en conçoivent un sentiment de honte, d'infériorité. "Former des combattants communistes révolutionnaires totalement libérés des poisons de classe de l'idéologie bourgeoise" est l'objectif qu'avait donné dans les années 1920 Aron Zalkind le psychanalyste russe devenu l'un des principaux porte-parole du parti en matière de conditionnement social.
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(Pages 711 et 712) :
Le Kampuchéa démocratique représente la plus épurée des conceptions éducatives sous un régime communiste. Les parents n'ont plus le droit de punir leurs enfants, l'Angkar [le parti-Etat] s'en charge au nom de la collectivité. Dès 7 ans, le petit Cambodgien est pris en charge par des éducateurs khmers rouges qui lui apprennent des chants révolutionnaires, qui lui confient de menus travaux aux champs.
(...) "De 13 à 17 ans, j'ai assisté à cinq cours d'alphabétisation, pas un de plus, témoigne Rithy Panh. Nous n'avions ni papier, ni crayon. Ni livre, ni journal, ni siège, ni table. Aucun temps libre. Aucun temps de réflexion. Aucune autre leçon que les discours révolutionnaires et les hymnes sanglants." Les jouets sont interdits par les Khmers rouges, comme dans certaines écoles maternelles au début du bolchevisme.
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(Page 711) :
Les livres utilisés présentent une vision manichéenne du monde, leur but est de fournir une pensée, une doctrine. La correspondante du New York Times à La Havane s'indigne, au début des années 1960, de cet endoctrinement ou l'inculcation de la haine des Etats-Unis va jusqu'à comparer le FBI au parti nazi. La journaliste est vite déclarée persona non grata sur l'île.
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(Pages 700 et 701) :
Le "communisme de guerre" des premières années de la Russie bolchevique a lié socialisation du commerce et abolition de la propriété privée. Il a même été question dans un premier temps de supprimer l'argent, d'instaurer un mode de rationnement universel, ce que réaliseront un demi-siècle plus tard les Khmers rouges.
(...) Des formes de vie collective se mettent en place pour tous ces travailleurs, des dortoirs et des baraquements sont directement rattachés aux lieux de travail. Au pays du prolétaire roi, les travailleurs deviennent souvent les plus mal lotis et les plus exploités. Peu à peu, la "ville-usine" devient la norme, l'entreprise y contrôle tout, l'emploi et les services.
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(Page 694) :
Eugénisme et totalitarisme vont de pair, les pays communistes ont pratiqué la "sélection" non pas forcément sur des critères raciaux, mais en termes de classes sociales.
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(Page 678) :
Dans sa folie collectiviste, Mao est allé jusqu'à vouloir supprimer les noms de famille. Dans le Henan, province communiste modèle, épicentre du désastre du Grand Bond, les paysans sont envoyés aux champs avec un numéro cousu dans le dos, comme au Laogai [camp de concentration maoïste].
Les Khmers rouges appliquent cette dépersonnalisation à l'échelle du Cambodge tout entier.
(...) Un autre rescapé témoigne : "Lorsqu'on rencontre quelqu'un, la consigne est : ne pas demander d'où il vient, ni où il travaillait. Pas davantage qui sont ses parents, ou quel est son vrai nom. On ne doit connaître ni sa véritable identité ni sa situation antérieure. Chacun a reçu un autre nom dans la "nouvelle société".
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(Page 672) :
L'idéologie finit par infantiliser la population, son assimilation est nécessaire pour obtenir la "totalitarisation" de l'individu, préalable à l'édification de l'"Homme nouveau".
Quand tous les vecteurs convergent pour inculquer en chacun que le parti Etat est un tout, que rien ne peut exister hors de lui et sans lui, alors il n'y a plus qu'à se soumettre à l'entité transcendante. Les idées, les désirs, les espoirs, les besoins, tout est ramené au coeur du projet totalitaire pour que le pouvoir se charge de les forger à sa manière avant de les satisfaire à sa façon.
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(Pages 670 et 671) :
Aux recettes du despotisme classique, les régimes communistes ajoutent en outre l'intériorisation de l'autorité, dans l'intention de rendre l'individu responsable de sa propre obéissance au pouvoir. Tant que l'être humain maintient une relation extérieure avec la puissance tutélaire, sa soumission repose sur la peur du châtiment ou sur une soif de reconnaissance. Il obéit à un autre que lui. Avec l'intériorisation, l'Autorité devient partie de lui-même, obéir c'est répondre aux ordres de sa propre conscience. La critique/autocritique, cette méthode prisée par tous les PC pour leur mode de fonctionnement interne, et pratiquée dans les pays communistes à l'échelle de la population tout entière, oblige chacun à se faire police soi-même. Aucun despotisme antérieur n'avait jusqu'alors systématisé pareille méthode. "Le contrôle de la pensée n'est pas seulement négatif, mais aussi positif, précise George Orwell. Il ne se borne pas à interdire d'exprimer - ou de penser - certaines choses, il vous dicte également ce que vous devez penser, il crée une idéologie à votre intention, s'efforce de régenter votre vie émotionnelle et impose un code de conduite." La perte d'autonomie, et avec elle l'abandon de toute dignité, caractérisent le processus qui conduit à l'Homo communistus.
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(Pages 669 et 670) :
Le despote ne demande pas qu'on l'aime, il lui suffit que ses ressortissants se détestent entre eux, précise le philosophe historien [Alexis de Tocqueville]. Le communisme va perfectionner la méthode en apportant des techniques supplémentaires de domination pour élaborer cet Homo communistus espéré. Casser les solidarités, isoler les individus en les enfermant dans une problématique de survie, les mettre en concurrence les uns par rapport aux autres, sont des moyens que les dirigeants communistes vont utiliser en despotes classiques. Y seront ajoutées d'autres pratiques comme, par exemple, l'usage de grands rassemblements où l'individu sera submergé au sein d'une foule qui devra célébrer l'événement, ou le Chef. Il s'agira dans ce cas de développer l'instinct grégaire de l'être humain, et de renforcer sa dépendance par rapport à l'Autorité chargée, justement, de transcender les masses, agrégées en des "foules anonymes" sous influence. Tous les régimes totalitaires vont user du procédé pour subjuguer l'individu.
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(Page 669) :
Trotski va plus loin en rêvant de créer un "type biologique et social supérieur, un surhomme". Deux sociétés eugéniques voient le jour au début des années 1920 sous l'autorité du commissariat aux Affaires intérieures et de l'Académie des sciences. L'homme communiste est pensé en termes de "nouvelle race", l'idée va persister jusqu'aux années 1930.
(...) Tout finit par se concentrer sur la doctrine de l'Homo communistus éternellement perfectible sous l'influence bénéfique de son environnement socialiste. Les théoriciens soviétiques en reviennent aux principes de base : transformer l'être nécessite de détruire l'ancien système social, économique, étatique, il leur faut abolir les rapports humains antérieurs (famille, éducation, religion, mémoire, langue), pour livrer l'individu à la toute-puissance du parti-Etat, le nouveau Léviathan, chargé de le forger pour son nouveau destin.
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(Page 636) :
Initiateur de la militarisation du travail, Trotski y voit la seule méthode capable de mener à bien la construction du socialisme : "Il n'est d'autre voie vers le socialisme que la répartition autoritaire de la main-d'oeuvre par l'autorité économique supérieure de l'Etat", écrit-il. Il en est si convaincu qu'il ajoute cette phrase prémonitoire : "Si cette main-d'oeuvre, organisée et répartie autoritairement, doit être improductive, alors mettez une croix sur le socialisme." C'est exactement ce qui devait arriver. La faillite économique du communisme qui va déterminer sa déroute politique est due en grande partie à son mode d'organisation totalitaire du travail.
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(Page 635) :
L'enfermement et le travail forcé sont dès cette époque des mesures utilisées contre la classe ouvrière. L'étape suivante est la militarisation du travail, une autre idée de Trotski, partisan d'"un régime qui inspirera à chaque ouvrier d'être un soldat du travail". Dans ce cadre, le travailleur "n'a pas le droit de disposer librement de lui-même, précise le révolutionnaire. Recevant un ordre, il doit l'exécuter. En cas de non-exécution, il sera condamné pour désertion et devra en subir le châtiment". Un Comité du travail obligatoire est mis en place en février 1920, sous la direction de Félix Dzerjinski, le chef de la Tchéka. En deux ans de bolchevisme [communisme], l'équation "travail = travail forcé" est effective. C'est ce que les mutins de Kronstadt dénoncent dans leur manifeste comme "une nouvelle forme d'esclavage".
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(Page 635) :
"Les perturbateurs obstinés qui refusent de se soumettre aux sanctions disciplinaires sont passibles du licenciement et de l'incarcération dans les camps de concentration", précise un décret pris en novembre 1919.
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(Page 635) :
"Le droit de la dictature est d'envoyer tout ouvrier à l'endroit où on a besoin de lui, conformément au plan de l'Etat", édicte Trotski.
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(Pages 616 et 617) :
La ruine de l'économie cubaine a souvent été attribuée à l'embargo décrétée par Washington en 1960 après la nationalisation de tous les biens américains par le nouveau régime. Cette sanction appliquée aux seuls échanges américano-cubains n'a jamais empêché La Havane d'entretenir des relations commerciales avec le reste du monde. Les causes de la faillite castriste sont internes. Les choix politiques et économiques faits dans les premières années de la révolution, à une époque où les frères Castro et Ernesto Guevara ne juraient que par l'URSS, en sont la vraie raison. Le Che, qui ne connaissait rien à l'économie, a pris en charge ce secteur avec quelques idées bien arrêtées.
(...) Pour mener une industrialisation volontariste, les richesses de l'île sont sacrifiées ou négligées. La production de canne à sucre tombe de 6,5 millions de tonnes en 1961 à 3,8 millions deux ans plus tard. Pour la première fois de son histoire, Cuba est contrainte d'acheter du sucre sur le marché mondial.
(...) Le Lider Maximo met fin à la diversification agricole, il revient à la culture intensive de la canne à sucre en vue de relancer les exportations, mais il s'en remet plus que jamais à l'URSS et aux pays frères du Comecon, le "marché commun" socialiste.
(...) A la fin des années 1980, 85 % des échanges commerciaux de l'île se font avec le bloc socialiste, les subventions soviétiques s'élèvent à 6 milliards de dollars chaque année.
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