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Citations de Thierry Wolton (691)


Quelques jours après la signature du pacte germano-soviétique, des intellectuels français expriment leur "stupéfaction devant la volte-face qui a rapproché les dirigeants de l'URSS des dirigeants nazis à l'heure même où ces derniers menacent, en même temps que la Pologne, l'indépendance de tous les peuples libres." Un certain nombre de compagnons de route figurent parmi les signataires. Pour certains, l'indignation sera de courte durée. Frédéric et Irène Joliot-Curie, Paul Langevin, Jean Perrin notamment vont vite retrouver le chemin de Moscou.
(Page 542)
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Les communistes français ne pardonneront jamais à [André] Gide sa "trahison". Lorsqu'il va recevoir le prix Nobel de littérature en 1947, l'hebdomadaire du PCF Les Lettres françaises, dirigé par Aragon, écrira qu'il s'est dégoûté des bolcheviks parce qu'ils n'étaient pas des pédérastes. A son décès, L'Humanité titrera "Un cadavre est mort".
(Pages 534 et 535)
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Idéal, méthode ou regrettable nécessité, la Terreur est omniprésente dans la conscience intellectuelle française. Elle fait partie des processus sociaux que la Révolution a légués à la pensée dans ce pays : il n'est pas de véritable changement sans rupture claire et nette.
(Page 474)
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L'organe du PCF appelle à pactiser avec l'occupant : "Il est particulièrement réconfortant, en ces temps de malheur, de voir de nombreux travailleurs parisiens s'entretenir amicalement avec les soldats allemands, soit dans la rue, soit au bistrot du coin. Bravo, camarades, continuez, même si cela ne plaît pas à certains bourgeois aussi stupides que malfaisants." La "fraternité franco-allemande" est vantée : "Apprenons à nous connaître, souhaite L'Humanité. Et quand on dit aux soldats allemands que les députés communistes ont été jetés en prison pour avoir défendu la paix, (...) on travaille pour la fraternité franco-allemande."
Venu de Belgique, Jacques Duclos arrive à Paris dans les roues des chars allemands, à bord d'un véhicule soviétique sous immunité diplomatique. Il s'installe à l'ambassade d'URSS. Avec Maurice Tréand, il y prépare une demande de reparution officielle de L'Humanité à présenter aux autorités d'occupation.
(Pages 210 et 211)
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"Le péché de presque tous les gens de gauche, c'est d'avoir voulu être antifascistes sans être antitotalitaires".
George Orwell
(Page 125)
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"Lénine vit dans les coeurs de chaque membre de notre parti, écrit la Pravda du 23 janvier 1924, deux jours après le décès du leader bolchevique. Chaque membre de notre parti est une petite partie de Lénine. Notre famille communiste entière est une incarnation collective de Lénine".
(...) A 16 heures, le corps est descendu dans le caveau aménagé au pied de la muraille du Kremlin.
(...) Un long silence se fait. Tout s'arrête, trains, bateaux, usines... Puis la radio reprend : "Lénine est mort, mais le léninisme vit !" Dans le cercueil, le corps du leader bolchevique a été trépané. Son cerveau a été retiré pour être livré à la science afin que son génie soit établi. C'est le côté matérialiste du marxisme. L'embaument de son corps cède plutôt à la superstition de la nouvelle religion communiste.
(Pages 827 et 828)
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Pour Czeslaw Milosz, l'aspect "rassurant", "protecteur", dont le communisme peut donner l'illusion tient à son côté holiste où, au sens sociologique, l'homme et la société ne font qu'un. Puisque l'Homo communistus est un produit du système, qu'il grandit avec lui, il est logique qu'il s'en satisfasse à la longue.
(...) L'Homo communistus est prisonnier du tissu social. "Il est un homme ligoté et surveillé 24 heures sur 24, rappelle l'historien hongrois Miklos Molnar.
(Page 779)
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Le totalitarisme de basse intensité peut paraître moins cruel, il n'en est pas moins efficace puisqu'il vise non plus à se débarrasser brutalement des "opposants", mais à obtenir une reddition générale, une résignation de la société tout entière. En "basse intensité", le contrôle des esprits est essentiel. La propagande y aide, la répétition des slogans finit par conditionner les comportements. Il est difficile d'entendre, de répéter soi-même quinze fois par jour "Vive le parti communisme !" sans en être affecté. Les méthodes de conditionnement sont variées. A Cuba, le régime use de la mobilisation pour abrutir les esprits. Dans cette société en militance perpétuelle on défile, on écoute des discours, on se rend sans répit à l'aéroport pour accueillir un camarde soviétique, un combattant du tiers-monde, une vedette communiste, on se rassemble, on approuve, on vote, on acclame, on fête des héros, on conspue les yankees voisins, on exalte la victoire des peuples contre l'impérialisme...
La frontière entre haute et basse intensité s'avère plutôt poreuse, puisque la seconde phase est la suite logique de la première qui a préparé les esprits à la subir. La peur ne devient générale et intégrée, tel un réflexe conditionné, qu'une fois passée la période de terreur.
(Page 767).
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La "haute intensité totalitaire" est un passage obligé pour le communisme, parce que l'idéologie doit s'imposer de force à la réalité. Dans la période de "basse intensité totalitaire" qui lui succède, la répression brutale, sanglante et aveugle du parti-Etat laisse place à un contrôle plus subtil, plus global et plus systématique de la société. Après la fermeture des camps en Europe de l'Est, au début des années 1950, puis partiellement en URSS après 1956, les différentes polices politiques ont commencé à pratiquer une répression dite concentrique, touchant des franges de plus en plus larges de la population. La répression brutale reste utilisable et utilisée, mais l'arsenal de la surveillance s'enrichit de pressions psychologiques et sociales comme la perte d'emploi, l'exclusion des enfants de l'université, le divorce sous la contrainte, la mise au ban de la société, etc. La provocation, la diffamation, la désinformation sont des pratiques généralisées qui donnent à la population le sentiment d'une police politique omniprésente. La multiplication des "informateurs", le quadrillage de la population parachèvent la mise en place du système. Les effectifs de la police politique augmentent, l'appareil répressif est même le seul secteur à connaître une réelle croissance en pays communiste.
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"Kaderakte" est le nom donné au dossier confidentiel tenu à jour conjointement par le parti, la police politique et l'employeur de chaque Allemand de l'Est. Ce dossier contient des informations sur son éducation, sa carrière, ses convictions, ses liens familiaux, ses amis, son engagement idéologique, ses contacts étrangers, ses habitudes personnelles et tout autre renseignement utile pour tracer un portrait complet de l'individu. La Kaderakte accompagne le citoyen depuis son premier jour de travail jusqu'à sa retraite.
(...) Le nombre de dossiers générés en quarante ans d'existence par la Stasi "équivaut à peu près à toutes les archives de l'histoire allemande depuis le Moyen Age", déclare en 1996, l'historien Klaus-Dietmar Henke, en charge à l'époque du département de la recherche sur l'ex-police politique, devant les juristes de l'Association internationale du barre au, réunis en Congrès à Berlin. Mis bout à bout, l'ensemble de ces dossiers représenteraient 120 kilomètres de long. Une partie de ces archives, déchirées manuellement par les fonctionnaires est-allemands au moment de la chute du Mur, est en voie de reconstitution par des équipes spécialisées. Compte tenu du nombre de dossiers à restaurer, il faudra environ quatre siècles pour venir à bout de ce puzzle.
Les Berlinois ont longtemps surnommé le quartier général de la Stasi "la maison aux milliers d'yeux", une image qui fait écho à ce slogan khmer rouge sur l'Angkar, baptisé "les yeux de l'ananas", une organisation capable de tout voir. Durant le IIIe Reich, un Allemand sur 2 000 était un agent de la Gestapo, estime-t-on ; l'URSS de Staline aurait compté, elle, un mouchard du NKVD pour 5 830 habitants en moyenne ; en RDA, une personne sur 63 est devenue un indicateur de la Stasi. Si l'on compte les informateurs "occasionnels", la proportion atteint une personne sur 6,5. A la veille de la chute du régime, les 80 000 fonctionnaires de la Sécurité d'Etat, chargés de surveiller une population de 17 millions d'habitants, pouvaient compter sur 170 000 "collaborateurs non officels", "Inoffizielle Mitarbeiter" en Allemand, les IM.
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(Pages 733 et 734) :
La Corée du Nord a résolu le problème en empêchant toute communication avec la partie sud du pays. Les Nord-Coréens se comparent à des "grenouilles dans un puits", ils ne voient que le cercle de lumière au-dessus de leur tête, tel que le pouvoir le circonscrit pour eux. Tout poste de radio et de télévision de marque étrangère - il n'existe pas de production locale - passe par le Bureau d'inspection des transmissions, qui les règle et les bride sur les seules fréquences nord-coréennes. Des scellés sont apposés sur le matériel vérifié et gare à ceux qui trichent, qui trafiquent le réglage. Le Bureau des inspections fait des descentes surprises dans les habitations. Regarder la télévision sud-coréenne est une promesse de camp de concentration, écouter la radio de Séoul peut valoir un an d'isolement dans une cellule noire.
La Chine du XXIe siècle, présentée parfois comme un modèle de développement, offre un bel exemple de la persistance de la censure en régime communiste. L'Internet, ce nouvel ennemi de la surréalité idéologique, y est sous étroite surveillance. Deux millions d'employés scrutent et censurent quotidiennement la Toile, elle-même placée sous une vaste bulle, l'Intranet, chargée d'isoler les internautes chinois du reste du monde, sans toujours y parvenir tant le trafic est dense et la tâche immense.
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(Page 726) :
Le pouvoir ne demande pas à ses citoyens de croire à ces mensonges, mais il les oblige à les répéter pour marquer son emprise sur eux. Plus le mensonge est énorme, plus le pouvoir s'affirme avec éclat. En pleine Grande Terreur, Staline lance son fameux slogan : "La vie est devenue meilleure, la vie est devenue plus gaie", que les Soviétiques doivent répéter les dents serrées, les larmes aux yeux.
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(Page 722) :
Pour convaincre le peuple qu'il vit au paradis, il faut encore le persuader que l'enfer règne partout ailleurs. La propagande s'y emploie avec succès tant il est difficile, voire impossible, à la plupart d'aller vérifier sur place.
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(Page 722) :
Dans le Vietnam des années 1980, en Corée du Nord encore de nos jours, les principales agglomérations sont équipées de haut-parleurs chargés de diffuser quotidiennement des slogans à la gloire du régime. La sono du métro de Pyongyang informe les passagers des victoires du socialisme ; les appartements des grandes villes sont sonorisés pour la diffusion des annonces officielles.
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(Page 722) :
Dans sa Lettre aux dirigeants de l'Union soviétique, écrite au moment de son expulsion d'URSS, en février 1974, Alexandre Soljenitsyne, dénonce cette schizophrénie collective qui empoisonne les esprits : "Ce mensonge général, imposé, obligatoire, est l'aspect le plus terrible de l'existence des hommes de votre pays, accuse le prix Nobel de littérature. C'est une chose pire que toutes les infortune matérielles, pire que l'absence de toute liberté civique. Et tout cet arsenal de mensonges (...) est le tribu payé à l'idéologie (...). Enlevez-nous cette défroque malpropre, imbibée de sueur, sur laquelle il y a tant de sang qu'elle ne permet plus de respirer au corps vivant de la nation !"
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(Page 636) :
Pour les travailleurs, la NEP [Nouvelle Politique Economique] signifie "Nouvelle exploitation du prolétariat", comme il se dit à l'époque. L'ouvrier n'a plus aucun moyen de se défendre. La grève conduit au licenciement, à la privation des cartes de rationnement (distribuées dans le cadre de l'entreprise pour empêcher la mobilité sociale), à l'expulsion du logement (propriété de l'entreprise le plus souvent), et même à l'arrestation. Les syndicats, qui travaillent "main dan la main avec la direction", ne sont d'aucun secours.
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(Pages 441 et 442) :
Les autorités nord-coréennes ne cachent pas leur intention d'"exterminer" - myulhada en coréen - les "ennemis du peuple irrécupérables", tous condamnés à perpétuité. Ces hommes, ces femmes, avec leurs enfants, sont envoyés sur de grands chantiers pour travailler à la construction de complexes militaires, ou à la fabrication d'armement. Internés jusqu'à leur mort, ils ne livreront jamais de secret militaire. Pour Kang Chol-Hwan, qui a passé dix ans au camp n°15, le parti-Etat réalise de cette manière "une belle économie" : non seulement il ne gaspille pas de balles pour les tuer, mais il bénéficie d'une main-d'oeuvre très peu onéreuse puisqu'elle n'est quasiment pas nourrie".
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(Page 441) :
Les camps d'extermination existent, ceux dont on est certain que les prisonniers ne reviendront pas vivants pour cause d'exploitation mortelle.
(...) Un rescapé de Boutougychag [en Sibérie soviétique] se souvient qu'ils étaient envoyés en zone de traitement au bout d'une vingtaine de jours de travail dans cet enfer. Pour commencer, les jeunes Ukrainiens perdaient leurs cheveux, puis ils se mettaient à saigner du nez et des oreilles, premiers signes des radiations subies. Ils ignoraient qu'ils avaient manipulé, fait sécher et chauffer sans aucune protection de l'uraninite.
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(Page 430) :
Les conditions imposées aux détenus punis en Corée du Nord sont pires encore. Kang Chol-Hwan, rescapé du camp de concentration n°15 de Yodok, évoque le calvaire de ceux qui subissent ces sévices : "Les séjours au cachot brisent physiquement les hommes les plus résistants. Ils peuvent y survivre mais ils en sortent souvent handicapés, et parfois avec des séquelles graves. La privation de nourriture dans une atmosphère confinée, l'obligation de rester à genoux, les deux mains sur les cuisses, sans bouger, ou en tailleur, est quelque chose d'atroce. A force de rester immobile, le postérieur sur les talons, le condamné sort souvent du cachot avec les fesses noires, nécrosées, et dans l'incapacité de marcher."
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(Pages 165 et 166) :
Au printemps 1919 apparaissent les samedis communistes, soubotniki, un jour de travail supplémentaire, "volontaire", non rémunéré. Ces samedis obligatoires sont d'abord réservés aux communistes, pour qu'ils donnent l'exemple, avant d'être appliqués à tous. En juin 1919, le livret de travail est institué. Il devient impossible pour tout citoyen de plus de 16 ans de changer d'entreprise sans ce document. Un parfait instrument de contrôle social, qui rappelle les méthodes capitalistes du XIXe siècle avec le livret ouvrier.
Au début de 1920, un tour de vis supplémentaire est proposé par Trotski. La Russie soviétique lui doit déjà les camps de concentration et la prise d'otages comme moyen de rétorsion, elle s'engage grâce à lui sur la voie de la militarisation du travail. La notion de "travail libre" est bourgeoise, proclame-t-il, il faut inspirer "à chaque ouvrier le sentiment d'être un soldat du travail, qui n'a pas le droit de disposer librement de lui-même".
(...) Selon lui, le travailleur doit obéir comme un simple soldat. "S'il reçoit un ordre, il doit l'exécuter, précise-t-il. En cas de non-exécution, il sera condamné pour désertion et devra subir le châtiment."
Travailler ou mourir, voilà la nouvelle alternative. A en croire Trotski, la capacité du socialisme d'enrôler une main-d'oeuvre de force est un avantage décisif sur le capitalisme. Le retard de la Russie en matière de développement économique devait être compensé grâce au pouvoir de contrainte étatique.
(...) Trotski précise sa pensée au congrès des syndicats, en avril : "On dit que le travail coercitif est improductif. Si cela était vrai, toute l'économie socialiste serait condamnée, car il n'est pas d'autre voie vers le socialisme que la répartition autoritaire de la main-d'oeuvre par l'autorité économique supérieure de l'Etat. Si cette main-d'oeuvre organisée et répartie autoritairement doit être improductive, alors mettez une croix sur le socialisme."
Jamais l'aveu n'a été aussi clair.
(...) Il [Trotski] plaide pour la suppression des droits syndicaux et la subordination des syndicats à l'appareil du parti-Etat. L'idée fera son chemin, les syndicats allaient bientôt devenir de simples courroies de transmission du pouvoir.
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